Aïoli les sapiens,

Après quelques semaines à un seul match dont on avait fini par oublier qu’elles devraient représenter la normalité, voici le retour du calendrier sadique et de ses matchs tous les trois jours. L’avantage cette saison étant que, si l’overdose reste proche, au moins l’OM a le bon goût de faire de ces moments un plaisir pour l’instant renouvelé à quasiment chaque occasion. De l’enthousiasme, nom d’un slip ! surtout quand l’affiche du soir nous offre la possibilité de reléguer notre rival du soir à huit points.

Les Longorious Basterds 

Blanco
Mbemba– Gigot– Kolasinac
Ünder – Rongier– Veretout (Gueye, 86e) – Nuno Tavares
Malinovskyi (Payet, 86e) – Guendouzi (Balerdi, 46e)
Sanchez

Pau Lopez est ménagé pour une blessure que l’on annonce légère, alors que Clauss ne devrait pouvoir faire son retour que ce mercredi. Bailly purge quant à lui le quatrième de ses sept matchs de suspension pour son hommage à l’aigle de Prométhée et à Hannibal Lecter en un seul tacle.

Sur le plan mercatal, Ben Seghir part s’affûter à Valenciennes, tandis que Dieng est transféré à Lorient. Cela faisait de toute façon un certain temps que de lourds nuages menaçaient notre histoire avec Bamba, qui promettait pourtant d’être si belle. On ne peut que lui souhaiter la réussite pour la suite de sa carrière (mais pas trop quand même, s’il devient un crack cela nous fera chier de nous en être séparés de la sorte). Côté arrivées, le milieu maroco-angevin Azzedine Ounahi est à Marseille, et à moins qu’il ne soit venu pour participer au congrès du parti socialiste, on peut logiquement considérer que c’est pour signer demain au club. On signalera par ailleurs qu’avec les départs de Dieng et Suarez avant lui, Alexis Sanchez se trouve épaulé par un effectif ahurissant de zéro attaquant, et qu’il ne reste guère que deux jours pour pallier cela.

 
Le match

Le combat des chefs débute avec l’intensité qui sied à une telle rencontre, à un détail près : l’OM mène chaque action avec le dixième de seconde de retard qui convient pour se trouver à côté de la plaque. Les Monégasques esquivent notre pressing aussi facilement que les procureurs financiers et s’ouvrent d’innombrables boulevards dans notre défense. Blanco se met dans le match avec une RAIE dès la troisième minute, avant de voir Vanderson échouer d’un souffle à reprendre un centre dangereux. Au quart d’heure, Ben Yedder est idéalement lancé à gauche mais trouve le moyen de rater la cible à son tour.

Prenant acte de la maladresse incroyable de ses attaquants, Golovine expédie un coup-franc directement sur la tête de Veretout : en déséquilibre, Jordan dévie la balle juste ce qu’il faut pour inscrire une superbe tête décroisée qui eût représenté un geste offensif admirable, si seulement elle avait été inscrite dans la cage opposée et non contre son camp. (0-1, 16e)


Cela étant, vu les loupés cataclysmiques des Monégasques dans ce premier quart d’heure, on aurait bien mauvaise grâce à se lamenter sur la malchance qui couronne ce geste mal assuré. L’affaire aurait en effet pu prendre une tournure bien pire encore à l’approche de la demi-heure. Généreux comme à l’accoutumée, le jeu de l’OM voit Gigot évoluer en meneur de jeu et Mbemba en ailier gauche sur la même action : forcément, en cas de perte de balle, mieux vaut autre chose que le pressing d’empoté de Malinovskyi pour empêcher les adversaires de remonter 80 mètres en deux passes. Il faut ici une nouvelle RAIE de Blanco pour éviter la douloureuse, une tête hors cadre se chargeant d’entretenir le slipomètre dès le corner suivant. Impossible à trouver malgré son activité incessante, Sanchez prend aussitôt ses responsabilités et redescend pour participer à la relance : intention noble mais résultat dégueulasse, avec cette horrible passe interceptée qui envoie Ben Yedder seul face au but.

Par bonheur, l’attaquant monégasque se trouve précisément ce soir-là en plein trip chamanique peyotl-mezcal. Au lieu de pladupiésécuriser son face-à-face comme il l’a fait des dizaines de fois dans sa carrière, Ben Yedder se prosterne devant Blanco en psalmodiant « je te salue, ô ! grand crapaud sacré, reçois en offrande ce champignon de notre mère la terre » puis, après avoir vu son faible piqué freiné par notre gardien, reprend la balle et la tire à côté du but en hurlant au ballon « fuis, ô cèleri-rave céleste, fuis loin de la folie des hommes et transmets ce message d’amour aux dieux cosmiques ». Nous revoyons ce joueur une dernière fois à la mi-temps, bavant et les yeux exorbités, avant que son entraîneur ne profite de la pause pour l’exfiltrer prudemment dans un centre de désintoxication.

Dans ces circonstances irréelles, on serait presque ravis de revenir aux vestiaires avec un seul but de retard, d’autant que les dernières minutes de cette première période montrent enfin des signes encourageants de la part des nôtres.

Pas si facile, de taper, taper, taper, ce soir.


Plus encourageante encore est la confusion du gardien monégasque, qui se désaltère à la pause en buvant par mégarde dans la gourde abandonnée par Ben Yedder. Ainsi, quand Nuno Tavares est servi à droite de la surface par Ünder après une percée de Rongier, Nübel savonne avec amour sa prise de balle sur le tir pourtant pas terrible de notre Portugais. Sanchez rode et sert aux Monégasques sur un plateau d’argent leurs propres gonades prêtes à mastiquer, avec supplément sel et condiments (1-1, 47e).

Nuno Tavares à droite, me direz-vous ? C’est qu’à la pause, notre coach a coaché en tentant de cocher toutes les bonnes cases pour ne pas louper le coche. En retard d’une guerre, Guendouzi est remplacé par Balerdi, ce qui a pour effet de faire monter Kolasinac à gauche, de reporter Nuno Tavares à droite, et de faire monter Ünder en compagnie de Sanchez.


Conjugués à la baisse physique des Monégasques, ces ajustements permettent enfin le démarrage du rouleau compresseur habituel. Les duels tournent à notre avantage, le ballon est récupéré plus facilement et plus haut, et les menaces s’accumulent. Nos occasions sont incarnées par la multitude de tirs tentés par Nuno Tavares, avec une certaine diversité dans la persévérance (les tirs ratés alors qu’il y avait une autre solution à tenter, les tirs bien sentis mais ratés, et les tirs pas idiots et pas mauvais mais ratés quand même).

Alors que la pression s’accroît, un corner au deuxième poteau de Veretout est remis devant le but par Sanchez. Balerdi domine les défenseurs mais voit son coup de tête échouer sur la barre. A la retombée, Kolasinac envoie sa reprise au-dessus, quand dans le même temps Maripan lui assène un tacle d’assassin sur la cheville. La providence nous sourit ici à deux titres : d’une part la victime est Sead dont, rappelons-le, les faits de gloire sont d’avoir repoussé à mains nues des braqueurs à machette et d’avoir servi de doublure-cascade à un réfrigérateur dans Indiana Jones 4. Autant dire qu’un tel geste relève pour lui de la chatouille, quand n’importe quel cocaïnomane bolsonariste aurait mis six mois à s’en remettre. D’autre part, en cette année 2023, le fait que l’agression ait échappé à l’arbitre est sans incidence puisque l’assistance vidéo est à l’œuvre et permet de corriger ces inattentions. Nous attendons donc sereinement que justice soit rétablie depuis le car vidéo, quand de celui-ci émane la voix du responsable, un dénommé Wilfried Bien par son père et Profond par sa mère : « non, y a rien, pourquoi ? ».

Est-ce la visite de Chibrald Darmanin ce même soir au stade, qui a conduit les arbitres vidéo à croire que les images de violence, ça sert regarder entre potes pour rigoler ? Pour être tout à fait honnête, reconnaissons toutefois que l’arbitre n’a pas asséné de carton jaune à Kolasinac pour refus d’obtempérer et que le syndicat des arbitres n’a pas insulté la mère de Sead sur les réseaux sociaux. C’est cette mansuétude qui nous permet de conserver un certain espoir dans la corporation arbitrale qui, si elle peine encore à s’élever au-dessus de l’espèce porcine dans l’échelle de la fange, reste quoiqu’on en dise à des altitudes incomparables avec la Police nationale.

Quoi qu’il en soit et ne souhaitant pas commettre d’impair, nous attendrons prudemment la chronique de Médéric Gasquet-Cyrus pour savoir s’il faut dire « enculerie » ou « enculade », et utiliserons dans l’attente le terme français correspondant de « fait de jeu ».


Ce fait de jeu, donc, est d’autant plus regrettable, outre la coloscopie non remboursée et sans anesthésie qu’il nous procure, que notre fraîcheur physique s’émousse à son tour. Les débats s’équilibrent en fin de match, alors qu’apparaissent de sinistres réminiscences du match OM-Tottenham en Ligue des Champions. En effet, nos joueurs ne se sont toujours pas fait à l’idée qu’un match nul, c’était mieux que rien. Un tel panache serait à saluer s’il se traduisait par de réelles occasions. Or, dans un manque total de lucidité, nous tentons des contre-attaques surnaturelles qui ne nous amènent aucune action intéressante, mais seulement à rendre cette balle que nous venions pourtant d’arracher avec toutes les peines du monde. Nous offrons ainsi de multiples surnombres que les Monégasques ne parviennent pas à exploiter, faute eux aussi d’une vivacité de corps et d’esprit.

C’est que le combat fut beau, et c’est une très belle action qui vient d’ailleurs le ponctuer : un amour de talonnade d’Ünder trouve Gueye pour un amour de centre sans contrôle, lequel échoit à Payet pour un amour de volée hélas hors-cadre. De quoi nourrir de légers regrets, dont précisément celui de ne pas avoir vu Dimitri faire son apparition plus tôt dans la rencontre. Pour le reste, compte tenu du scénario du match et des scores alentour, ce solide match nul est loin d’être infamant.


Les joueurs

Blanco (4-/5) : Le tableau d’affichage montrait d’abord 0-4, mais Ruben est venu y mettre du Blanco.

Mbemba (3/5) : Peu de différences provoquées, ce qu’est pas top pour un latéral droit, mais peu de différences subies, ce qu’est cool pour un défenseur central.

Gigot (3-/5) : Ses sorties de défense à contre-temps me font penser à ces Philippins qui s’exhibent en se plantant des clous dans la bite à chaque Pâques pour revivre la Crucifixion. En seconde mi-temps, il a cessé d’ouvrir des boulevards et a plutôt assouvi sa passion pour le martyre en prenant une multitude de baffes dans la gueule, sur un mode moins spectaculaire mais plus habituel.

Kolasinac (3/5) : Fruit de l’accouplement d’un congélateur soviétique avec une jument de trait, Sead est dur au mal, inusable, incassable. Dire que s’il était un petit peu plus fragile, on aurait peut-être obtenu le pénalty. Bon, aurait été bon pour une opération de la cheville et un forfait de six mois, mais on aurait eu le pénalty.

Ünder (2/5) : Le niveau relevé de l’adversaire n’a fait que renforcer cette impression de progrès sans accomplissement, d’un Cengiz qui joue mieux que ce qu’on pouvait craindre il fut un temps mais moins bien que ce qu’il pourrait faire. Bref, c’est flou et on attend qu’en bon Turc, Cengiz finisse une fois pour toutes par mettre les points sur les i.

Rongier (3-/5) : On savoure toujours autant l’intelligence de son placement et son amour de la faute utile (dont l’une bien sournoise après une perte de balle à haut risque  blesse le joueur tout en échappant à l’arbitre).  Ces accès de vice du Rongieur ne nous avaient pas sauté aux yeux jusqu’ici, mais c’est plutôt une bonne nouvelle : les petites putes aux airs de gendre idéal, c’est les mieux. Quand on les a dans son équipe, en tout cas.

Veretout (2/5) : Un CSC noté 3/8 au ratio de Balerdi (ratio de Balerdi : formule mathématique établissant le rapport entre le niveau de maladresse d’un joueur et le niveau de malchance. Exemple : Jérémy Morel avait un ratio de Balerdi moyen de 8/10, c’est-à-dire qu’il était très, très maladroit, et aussi très, très poissard ; ici, avec un ratio de Balerdi de 3/8, on peut dire que le hasard a fait payer très cher la petite erreur de Veretout).

Gueye (86e) : Il devrait tout le temps essayer de centrer en pleine course sans contrôle, c’est presque plus réussi que quand il a le temps de s’appliquer.

Tavares (3/5) : Les optimistes voient le verre à moitié plein et soulignent les multiples occasions crées par Nuno, surtout à droite en seconde période. Les pessimistes voient le verre à moitié vide et sa propension à vouloir tirer dès la moindre occasion (un rapport avec la présence de Chibrald Darmanin, ici encore ?). Nuno, lui, il s’en fout : le verre, il jongle avec avant de l’expédier droit dans la vitre du salon, et quand on lui demande pourquoi faire cela, il répond « boh je sais pas, je le sentais bien ».

Malinovskyi (2/5) : Je t’aurais bien fait une appréciation appelant à la patience le temps que tu trouves tes marques, mais je viens de la réserver à Cengiz. C’est ça qui est pittoresque chez nous : on peut demander de la patience envers un gars présent depuis plus d’un an tandis que le gus arrivé il y a deux semaines, on est à deux doigts de lui dire d’aller niquer ses morts en cas de mauvais match.

Payet (86e) : On conçoit volontiers que Dimitri ne soit pas un titulaire en puissance, mais peut-être eût-il pu rendre quelques services en jouant un peu plus que les quatre dernières minutes.

Guendouzi (1/5) : N’a pas su où se mettre. C’est comme la comète verte, on sait qu’elle est là, on sait où elle est, et pourtant j’arrive pas à la voir. Bon, un mauvais match de Mattéo, si comme la comète verte ça se produit une fois tous les 50 000 ans, ça reste acceptable.

Balerdi (46e, 3+/5) : Sobre, irréprochable, et à deux doigts de devenir le héros du match avec sa tête sur la barre. Si ça continue, les vannes sur ses erreurs vont devenir des antiquités pour musée poussiéreux.

Sanchez (4/5) : La mythologie avait Antée, ce géant qui gagnait des forces à chaque fois qu’il se ramassait la gueule sur le sol ; le football a Alexis Sanchez, ce petit bonhomme qui devient plus teigneux à chaque fois qu’il perd un ballon. Qu’Alexis perde un ballon, et on le voit faire cinq minutes de sprint ininterrompu pour l’arracher et le remonter, se replacer et recommencer. Alors pour peu, comme ce soir, qu’Alexis perde un ballon très dangereux, là ça devient l’orgie : égalisation de renard, récupérations de balle avec les dents, dribbles orgasmiques, sprints ininterrompus. A l’heure qu’il est je suis même pas sûr qu’il soit calmé, autant il pense encore à sa perte de balle de la 29e minute et il est en train de courir à toute allure derrière le bus des Monégasques, convaincu qu’il ne sera apaisé qu’une fois qu’il aura fait l’amour à eux-mêmes et à leurs femmes.


L’invité zoologique : Breel Emboloutre

Incarnation du mignon selon une certaine mode des réseaux sociaux, la loutre est pourtant, doit-on le rappeler, un animal de la famille des mustélidés : belettes, putois, blaireaux et autres saloperies sournoises du même acabit.  On arrive tant bien que mal à l’apprivoiser ceci dit, mais le plus difficile c’est d’arriver à lui passer la laisse.

  • Les autres : « Une grande équipe c’est une attaque efficace et un grand gardien. » On s’abstiendra de commenter ce proverbe, j’ai juste envie de dire aux Monégasques : merci.
  • Le classement : nous ne perdons rien sur Monaco et Lens, et grappillons un point supplémentaire par rapport à Rennes. Sur le strict plan comptable, nous ratons certes le jackpot mais la journée n’est pas si mauvaise.
  • Coming next : Nantes mercredi, Nice dimanche, le PSG en coupe le mercredi suivant, Clermont le samedi suivant. On a vécu avant la Noël un rythme aussi dantesque, mais avec des adversaires plus relevés. En exagérant à peine on pourrait presque avancer qu’en comparaison, ce qui nous attend ici relève de la formalité.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Olivier L. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,
Blaah

3 thoughts on “OM-Monaco (1-1) : La Canebière Académie se fait peur

  1. Merci.

    Aujourd’hui, au lieu des sempiternelles louanges vers notre magnifique camélidé pas camé, je me contenterai, tristement, de donnder un exemple discret mais ô combien révoltant de la déconstruction de l’enseignement de la réflexion dans mon pays.

    (attention, c’est à gerber).

  2. A côté, la compile des d’Alessandrini et son agent passent pour une démonstration d’intégrité et de compétence…

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