Rennes-OM (1-1), La Canebière académie ferme la parenthèse

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S’agirait de grandir.

Aïoli les sapiens,

Dans son quotidien bien sombre, l’OM avait su se ménager des rayons de soleil nommés Bordeaux, Dijon et Amiens. Des victoires faciles qui lui avaient laissé entrevoir l’utopie d’un monde meilleur, où les passes s’enchaîneraient à merveille, où les choix de l’entraîneur (dehors) s’avéreraient toujours judicieux et où notre nouvel avant-centre empilerait les buts dans une déferlante de sourires et d’amour.

Admettons. Nous avons pris trois matchs sabbatiques, très bien, mais ceux qui viennent, Rennes, Nice, Saint-Étienne, le PSG, On a pensé à ça ? Les clubs du haut de tableau ? C’est pas la ligue 1 qui va se plier à nos désirs, mes enfants ! C’est pas 2019, année de la jeunesse, c’est pas comme ça que ça se passe. C’est le vrai monde dehors, et le vrai monde il bosse son football. Alors, les guitares, les troubadours tout ça c’est fini !

Et c’est un déplacement à Rennes qui inaugurait notre retour dans le vrai monde, celui où il est nécessaire de se sortir les doigts pour emporter un match. De cette confrontation à un concurrent direct devait ressortir la réponse que l’on attendait impatiemment : cette série de victoires était-elle le début d’un nouvel élan, ou une heureuse parenthèse permise par la nullité de nos adversaires du moment ? Hélas, la pauvreté du jeu montré cet après-midi fait pencher la balance vers la deuxième option : hormis l’affirmation de Kamara en défense centrale et une capacité retrouvée à gratter des points sales, peu de choses semblent avoir évolué.

L’équipe

Mandanda
Sakai– Kamara – Caleta-Car – Amavi (expulsé, 94e)
Thauvin – Lopez (Njie, 85e) – Sanson– Ocampos (Luiz Gustavo, 75e)
Germain – Balotelli (Payet, 75e)

Hormis Strootman, toujours blessé, l’intégralité de nos forces vives est de retour. Du 442 losange, du 433, du 4231, des schémas avec moult flèches et pointillés, comparaison des mérites offensifs et défensifs des uns et des autres… depuis quelques jours le microcosme footballistique s’agitait fiévreusement pour trouver la solution à cet insoluble problème : comment concilier le retour de Dimitri Payet avec un schéma à deux attaquants ?

Très attendue, la composition préparée par le Maître (dehors) nous apporta alors cette réponse pleine de sagesse : « démerdez-vous, moi je change rien ». Sans qu’on puisse sincèrement lui en vouloir d’ailleurs. Le torrent de merde qui emportait Sanson dans l’opinion publique, ces derniers temps, nous semblait un peu trop contraster avec l’indulgence de la même opinion publique envers Dimitri ; celui-ci n’était pourtant pas le moins douteux dans ce collectif naguère en berne. La solution « on ne change pas une équipe qui gagne », pour peu imaginative qu’elle soit, montre en tout cas aux « anciens » qu’il n’y a pas de passe-droit : statut ou non, désormais les places se méritent (sauf pour Radonjic, expédié en tribune des fois qu’il s’habitue un peu trop à ce qu’on lui donne sa chance).

Le match

Décidé à renouer avec l’esprit « droit au but », l’OM ne s’embarrasse pas de préparations infinies : long ballon, déviation de Thauvin, lourde de Germain sur le gardien. Satisfaction éphémère de voir l’OM aussi percutant, vite effacée par le sentiment que, si nous ne préparons pas nos actions par une construction toute en passes redoublées, c’est aussi et surtout parce que nous en sommes incapables.

Pendant ce temps, Rennes passe par les côtés, et gagne un corner sur la gauche. À la réception d’icelui, André échappe à Kamara et devance Balotelli pour ouvrir le score de la tête (1-0, 7e). Ce but précoce a au moins le mérite de laisser à l’OM le temps de se ressaisir, un temps que nos joueurs mettent à profit pour offrir aux spectateurs une présentation intégrale de l’échelle de Bristol.

De la couverture de hors-jeu, de la passe longue foirée, des duels défensifs affligeants, des tentatives à un contre trois… l’OM représente la manière à la fois la plus chère et la plus élégante de produire des matières fécales, et ce depuis le jour où un Néerlandais a eu l’idée de présenter à la FIAC sa machine à fabriquer des excréments (1 500 dollars la boîte de merde, tout de même).


Rudi Garcia (dehors) l’a bien compris, être entraîneur c’est avant tout savoir s’inspirer des plus grands théoriciens.

La mi-temps s’achève sur un dernier coup-franc dangereux provoqué par le je-m’en-foutisme affiché de Thauvin et la panne de cerveau de Balotelli, à la lisière de son second carton jaune. Manquant de tranchant dans la dernière passe ou le dernier tir, Rennes peut s’en vouloir de ne mener qu’1-0 à la pause.


Du reste, l’OM entame un peu mieux la seconde période et se voit vite récompensé de ses (maigres) efforts. Lopez et Thauvin jouent ensemble un corner, qui se traduit par un centre parfait de Florian au premier poteau. De la tête, Germain catapulte le ballon dans le but avant de se faire défoncer dans le même mouvement par le défenseur, arrivé trop tard. Valère en est quitte pour une belle bosse, voire le statut de héros du match si seulement il n’avait pas repris de peu à côté ce ballon mal renvoyé par Koubek quelques minutes plus tard.

Balotelli, lui, se signale en interceptant le ballon dans les pieds de Benjamin André à l’entrée de la surface bretonne, l’action s’achevant en ne waza sans que l’arbitre ne bronche. L’OM parvient davantage à jouer de l’avant, à l’image de Lopez complètement acculé en première mi-temps et qui retrouve ses aises. La qualité du jeu n’en reste pas moins médiocre, et les approches des Rennais par les côtés toujours aussi menaçantes. Le gros coup de semonce survient à un quart d’heure de la fin, quand Sakai et Lopez se font trouer par Bourigeaud, qui lance Niang seul face à Mandanda. Du pied, Steve parvient à nous maintenir dans le match.


Le dernier quart d’heure se tend après une altercation entre Lopez et Ismaïla Sarr, ce dernier semblant se formaliser de ce que notre milieu de terrain ait tenu des propos intolérables où ya pas de tolérance (sur sa mère / sa sœur / sa couleur de peau / son orientation sexuelle / ses opinions macronistes : à l’heure où nous publions cette académie, rien n’a filtré sur la teneur de ces propos ; nous vous remercions de rayer les mentions inutiles ; nous procéderons aux indignations réglementaires le cas échéant).

La fin de rencontre s’en montre d’autant plus décousue, le sort pouvant basculer en faveur d’un camp tout aussi bien que de l’autre (mais un peu plus du leur tout de même). Sur l’ultime action, Jordan Amavi constate rapidement qu’il n’a aucune chance de rattraper l’attaquant parti dans son dos. Plutôt que de laisser Mandanda exécuter son traditionnel mouvement « sortie d’asthmatique + pénalty + carton rouge », il choisit dans un rare éclair de lucidité d’effectuer lui-même un plaquage en bonne et due forme : nous perdons Jordan mais marquons un point, ce qui, mis ensemble dans la balance, présente plutôt des avantages – voire uniquement des avantages.

Les joueurs

Mandanda (3+/5) : Malgré un retard certain accumulé en début de championnat, il est toujours en course pour inscrire plus de points au classement que sur son appli Weight Watchers.

Sakai (2/5) : Durement éprouvé par les incursions rennaises, voire parfois franchement martyrisé, il réussit à s’en sortir sans casse à force d’abnégation. Une résilience peu étonnante, chez ce ressortissant d’un peuple qui a déjà connu la bombe atomique, Godzilla, Fukushima et le porno à tentacules.

Kamara (3/5) : Un lâchage fatal d’attaquant et quelques relances slipométriques viennent ternir sa prestation. En revanche, les dribbleurs qui arrivaient lancés après avoir souillé nos latéraux ou nos milieux s’écrasaient sur lui comme des hannetons sur un pare-brise.

Caleta-Car (2+/5) : Assez approximatif dans son placement, et surtout dans ses relances : même Mathieu Bastareaud a montré un jeu au pied plus subtil ce week-end.

Amavi (1+/5) : Boulet insupportable pendant 90 minutes, il suscite un regain d’émotion quand il se sacrifie pour sauver la patrie à l’ultime minute. Une sorte de Jar-Jar Binks que George Lucas se serait décidé à tuer à la fin d’un film.

Thauvin (2+/5) : Quand on ne joue pas contre Amiens, c’est plus difficile. Quand c’est plus difficile, Florian s’énerve et essaie de passer à un contre trois sans faire de passe. Quand Florian essaie de passer à un contre trois, il n’y arrive pas, et quand il n’y arrive pas, il marronne et ne se replace plus. Et comme malgré tout ça, Florian arrive à finir son match avec une passe décisive, il n’y a pas de raison qu’il cesse ce comportement insupportable.

Lopez (2/5) : Il a fini par tomber sur une équipe qui s’est dit que ce pourrait être une bonne idée de le presser. Forcé de jouer bien quinze mètres plus bas qu’à l’accoutumée, Maxime a pu retrouver quelque liberté en seconde période, à commencer par la liberté de parole visiblement.

Njie (85e) : Son entrée en jeu alors que Radonjic était mis en réserve laisse à penser que la déesse Erzulie a dorénavant jeté son dévolu sur Clinton, ce qui demeurerait encore l’hypothèse la moins surnaturelle qui soit.

Sanson (1/5) : Alors même que je l’ai défendu sur les réseaux sociaux pas plus tard que le matin du match, voici donc ma récompense. J’ai l’impression d’être l’avocat de Jawad Bendaoud.

Ocampos (2/5) : « Si l’on devait partir à la guerre, ce serait avec Lucas Ocampos ». L’assertion ne se dément pas, c’est juste dommage qu’on soit censés jouer au football et pas à Counter Strike.

Luiz Gustavo (75e) : A mis de l’ordem et du progresso dans une fin de match qui promettait de partir en vrille.

Germain (3+/5) : Prix Patrick Blondeau du joueur n’ayant pas peur d’aller au coup de boule.

Balotelli (1+/5) :Dr Mario s’est effacé derrière Mr Balotellhyde, son double peu inspiré et sortant du match à la première contrariété au risque de frôler l’expulsion. Pour autant il aurait pu se montrer décisif, si seulement un arbitre moins indisposé avait bien voulu expulser le Rennais fautif après son excellent pressing.

Payet (75e) : Un quart d’heure pauvre en étincelles.

L’invité zoologique : Benjamin Bouricaud

Sympathique et travailleur, l’âne est souvent le bêta de l’histoire, par ce mélange de mauvaise tête et de naïveté qui lui collent cette étiquette de loser un peu excessive. Voici donc les observations de notre équidé :

– Les autres : Encaisser un but sur un de nos corners à deux, il fallait vraiment s’appeler le Stade rennais pour y parvenir.

Le classement : Saint-Étienne gagne mais Lyon perd : un bilan mitigé donc. La réception des Verts ce dimanche nous permettra de savoir s’il faut ou non euthanasier nos espoirs de podium.

– Les boutons : lecteur, tu remarqueras quelques lignes ci-dessous de nouveaux et beaux boutons intitulés respectivement « faire un don » et « rejoins-nous ». Comme leur nom l’indique, tu es cordialement invité à cliquer sur le premier si tu souhaites nous aider à pérenniser le site, et sur le second si tu souhaites toi aussi écrire une académie sur ton club de cœur.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Bos Dast remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

2 thoughts on “Rennes-OM (1-1), La Canebière académie ferme la parenthèse

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