Saint-Étienne-OM (2-4), La Canebière académie montre les muscles
Aïoli les sapiens,
Nous avions laissé l’OM, avant la trêve internationale, empli de confiance et d’espoir après une belle performance face au rival niçois. À désormais moins de dix matchs de l’issue du championnat, ce retour sur les terrains promettait le conditions idéales pour savoir si nous avons le droit de continuer à rêver un peu, ou bien si notre équipe s’empressera de saloper la moindre dynamique positive qui puisse émerger.
Saint-Étienne, donc. Un quasi-relégable, que nous rencontrons au pire moment qui soit, c’est-à-dire trop tard pour qu’ils se voient trop beaux et trop tôt pour qu’ils soient résignés. Saint-Étienne et son Pascal Dupraz qui partage avec n’importe quel gradé de la Police nationale sa psychologie particulièrement efficace chez les âmes simples (« on vous demande pas d’être capables, on vous demande de taper fort »). Saint-Étienne, et sa neige d’avril, pas assez dense pour épargner aux civilisés la vision de la ville mais trop abondante pour justifier d’y rester un jour de plus que prévu. Ce tableau inquiétant s’enrichit d’un Clément Turpin, dernier indicateur objectif élevant la probabilité d’une contre-performance à une quasi-certitude.
Ou alors, on peut aussi imaginer que l’OM assume son statut de prétendant au podium et pose sans trembler ses gonades sur la nullité des Verts avant de passer à des joutes plus disputées. Y croire non, mais on peut l’imaginer.
Les Longorious Basterds
Lopez
Rongier – Saliba – Caleta-Car– Kolasinac (Ünder, 46e)
Kamara
Harit (Targhalline, 86e) – Guendouzi (Lirola, 86e) – Gerson– Payet (Gueye, 80e)
Dieng (Bakambu, 69e)
La trêve internationale a salement emporquégé notre équipe, dont plusieurs titulaires se sont consumés cette semaine dans des matchs de barrages dantesques pour la Blood Cup. Milik y a gagné son absence réglementaire pour blessure, tandis qu’Ünder et Bakambu sont ménagés. Balerdi est blessé, Luan Peres suspendu, et Alvaro en disgrâce.
La charnière habituelle est encadrée par Rongier et Kolasinac. Harit et Payet sont censés mener le jeu depuis leurs postes excentrés, tandis que Dieng est seul en pointe.
Le match
Première confirmation, si Pascal Dupraz accomplit des miracles chez les équipes de bas de tableau, cela ne va pas jusqu’à les savoir faire jouer au football. Les dix premières minutes sont un festival de ballons savonnés par les verts, dont le principal permet à Dieng de lancer Payet tout seul face à Bernardoni. Le gardien stéphanois maintient son équipe à flot. Bien que n’ayant pas exploité ce joli cadeau, nous avons la politesse de rendre la pareille à nos hôtes. Sur une action comptant parmi les plus élaborées de nos adversaires (une tatane de 60 mètres en profondeur), Kolasinac manque son interception de la tête et rend le ballon à Bouanga. L’attaquant tente un tir tout emporquégé mais sur lequel Pau Lopez commet une faute de main horrible, confirmant que cet après-midi s’annonce alors longue et pénible (1-0, 9e).
On connaît les difficultés de l’OM face aux blocs bas qui refusent le jeu ; or, fort de son avantage offert par nos soins, Saint-Étienne joue en bloc très bas et refuse absolument le jeu. Dans ces conditions, nos olympiens font ce qu’ils savent faire le mieux, à savoir tripoter la baballe des heures en attendant de faire sortir une équipe qui n’en a nullement l’intention. Des duels heureusement à la hauteur de l’intensité opposée par nos adversaires nous permettent de monopoliser le ballon dans leur camp, sans résultat aucun cependant. Lancé par Rongier, Harit s’écroule dans la surface d’une manière plus que suspecte, mais d’une part on n’en attendait pas moins de notre Clément Turpin favori, et d’autre part on se gardera bien de décourager les efforts de cet arbitre qui semble cette saison décidé à devenir un brave homme.
L’OM appuie davantage à la demi-heure : à une volée manquée de Kamara sur corner succède ainsi une très jolie lourde de Guendouzi, bien sortie par Bernardoni. Notre pression s’intensifie et, comme il se doit, c’est précisément le moment que choisit Saint-Étienne pour nous enfoncer : Thioub fait ainsi danser la zumba à Kolasinac et, d’un centre, trouve la tête imparable de Bouanga. L’histoire était écrite d’avance, mais pourtant c’est à ce moment qu’elle s’emporquège : Bouanga est signalé hors-jeu et le but est refusé.
Quelques minutes plus tard, un énième corner finit dans les bras du gardien pendant que Caleta-Car et Mangala se font des mamours au sol. À cet instant, Clément Turpin, dont nous avons toujours loué ce discernement qui fait assurément de lui le meilleur arbitre français, est appelé par la régie vidéo et part consulter le ralenti de l’action. Il s’avère que le Stéphanois place à Duje l’une de ces prises qui vaut waza-ari en judo et pénalty au football : si l’on sent bien que notre filou de Croate ne fait pas grand-chose pour rester debout, la sanction est néanmoins sifflée et convertie à contre-pied par Payet (1-1, 45e+1).
On ne peut plus logique si l’on considère qu’une seule des deux équipes présente dispose à la fois de l’intention et de la capacité de pratiquer le football, cette égalisation n’en est pas moins inespérée. Au cours de ces quarante-cinq premières minutes, l’OM a démontré une fois de plus sa sempiternelle impuissance à châtier des faibles.
Jurant qu’on ne le reprendra plus à écouter les cons qui réclament de voir jouer un latéral gauche au poste de latéral gauche, Sampaoli sort un Kolasinac en grande difficulté. Ünder entre, Gerson passe en milieutéral gauche, et les Marseillais reviennent sur le terrain avec la ferme intention de broyer du vert. Les Stéphanois, eux reviennent avec la curieuse intention de se présenter à nous avec les jambes grandes emporquégées. Le bloc impénétrable de la première période se transforme ainsi en cagette de tomates madures, que nous piétinons avec entrain. Les coups-francs et corners se succèdent, aboutissant à une tête de Saliba sur le gardien et surtout de Dieng sur la barre. Lancé par Ünder, Payet rate une nouvelle fois son face-à-face avec Bernardoni.
Devant tant de souffrance, Kolodziejczak se prend alors pour la machine à bilboquet de Gaston Lagaffe et suicide son équipe moche et mal fichue. Au départ de l’action se produit un une-deux entre Dieng et Harit, qui voit le second se faire déboîter par deux défenseurs : une action on ne peut plus anodine donc. Rongier hérite de la balle et se voit lui aussi mis en échec par Bernardoni, le ballon roulant jusqu’à Kolodziejczak dans les six-mètres. En guise de dégagement, le défenseur réussit alors ce que nous échouions à réaliser depuis le début de match : une grosse sacoche en pleine lucarne (1-2, 60e).
Le naufrage stéphanois est alors tel que ceux-ci semblent alors encore plus nuls que les Bordelais. Leur martyre se poursuit avec deux tirs contrés de Mattéo Guendouzi, servi par Payet puis Dieng au terme de numéros attentatoires à la dignité du footballeur. Le ballon revient inlassablement dans la surface, où Nordin finit par se dire « oh et puis merde » en voyant Gerson se présenter à lui après avoir récupéré un énième second ballon. Une grosse savate de benêt envoie notre Brésilien au sol ce qui conduit Clément Turpin, ce bel homme à qui rien n’échappe, à nous accorder un second pénalty. Payet offre en grand seigneur le ballon à Dieng : après avoir déjà réussi sans trembler deux tirs au but en finale de coupe d’Afrique et en barrage de coupe du monde, il ne fallait pas compter sur Bamba pour s’emporquéger le slip au moment de mettre le but du 3-1 chez le 18e du championnat. Petit contre-pied, pénalty à retirer, sacoche au même endroit, et tu peux me faire recommencer autant de fois que tu veux ce sera le même tarif (1-3, 68e).
Saint-Étienne se rebelle sans trop y croire, ce qui a pour seul effet de nous permettre de lancer Bakambu en contre-attaque. Cédric transmet à Guendouzi qui, pendant qu’Ünder embarque toute la défense avec son faux-appel, décale parfaitement Harit à droite de la surface. Amine pladupiésécurise sans contrôle et finit de noyer les Stéphanois (1-4, 73e).
L’OM gère cette fin de match en faisant tourner le ballon, sans oublier d’inclure à cette attitude un côté toujours aussi agaçant : alors que la dérive de Saint-Étienne rejoint dans le pathétique celle de la campagne de Valérie Pécresse, nous oublions de pousser nos attaques jusqu’au bout malgré les surnombres énormes offerts par des adversaires qui n’en ont plus rien à battre. Quelques fantaisies techniques superflues fleurent aussi le manque de respect. Ne sachant que trop à quels plans foireux ce genre de légèreté nous expose d’habitude, on se dit que les trois buts d’avance en sont pas de trop dans ce dernier quart d’heure.
Ainsi, sans aller jusqu’à dire que nous finissons le match dans la panique, le slipomètre passe quelques minutes à nous dire « et si… et si… » après la réduction du score de Gourna, d’une lourde improbable sur un corner renvoyé par notre défense (2-4, 80e). Quelques pertes de balles trahissent ainsi une fébrilité hors de propos, que les carences techniques des Stéphanoise ne leur permettent pas d’exploiter. C’est ainsi que ce match ne peut finalement pas ressortir à la catégorie « branlée en bonne et due forme » que nous attendons tant d’inaugurer sous Sampaoli, puisqu’il faut toujours trouver à redire même à nos plus nettes victoires. Reste que l’essentiel est acquis, avec cette rouste infligée à celui de nos adversaires qui paraît le plus abordable avant un certain temps.
Les joueurs
Lopez (2/5) : Au moins, lui, quand il commet une grosse bourde c’est sans conséquence, pas comme MandandOH c’est bon Monsieur Di Meco, je plaisantais, posez ce fusil.
Rongier (4/5) : Du bon Rongieur, sans emporquéjade mais toujours là où il faut.
Saliba (3+/5) : Impérial pendant la majeure partie du match puis tout flippé de la vie après la réduction du score stéphanoise, malgré deux buts d’avance et moins de dix minutes à jouer. Encore un coup du Ronquinquant [ndlr : non, ça c’est pas un Motchus – revoir les épisodes précédents].
Caleta-Car (3+/5) : Excessivement solide, comme un homme, un vrai. Et justement, un homme, un vrai, sait aussi assumer sa part de fragilité, en l’occurrence lorsqu’il s’agit de se faire projeter au sol pour obtenir le pénalty. Aucune faute de goût dans ce match, donc.
Kolasinac (1/5) : En fait c’est pas le joueur, c’est le poste qui est maudit. Ça vaudrait presque le coup de sacrifier un changement pour conjurer le sort : tu fais rentrer un gus au hasard, Alvaro par exemple s’il se propose, juste le temps d’attirer sur lui la malédiction du latéral gauche, puis tu le changes au bout de deux minutes une fois que le poste est purifié. Ou alors l’autre solution c’est de jouer sans latéral gauche en mettant Gueye ou Gerson à la place NON MAIS C’EST BON JORGE, TU VAS PAS PRENDRE AU PIED DE LA LETTRE TOUTES LES VANNES QU’ON FAIT ICI, PUTAIN.
Ünder (46e, 4/5) : Bloc bas, possession, duels… la relation stpéhano-marseillaise s’enlisait dans la routine : c’est alors que Cengiz a joué le rôle de l’ensemble porte-jarretelles/string en cuir pour pimenter un peu tout ça.
Kamara (4/5) : Imagine tu est joueur de l’ASSE, tu dois faire un effort surhumain pour que tes pieds exécutent un mouvement vaguement similaire à ce que ton cerveau leur commande de faire, bref après trois seconde de galère et 20 000 calories brûlées t’arrives enfin à contrôler un ballon et là, tu t’aperçois que c’est Kamara qui est face à toi.
Guendouzi (4/5) : Me parlez pas du Chaudron, le chaudron c’était lui. Il a pris les Stéphanois, il les a fondus, il les a touillés et servis à petites louches.
Lirola (86e) : Sans éclat ni panique.
Gerson (4-/5) : Il a beau être décontracté, on l’a souvent vu faire de grandes gestes à ses coéquipiers, surtout en première période. C’est que, en tant qu’ambassadeur du style, Gerson a perçu avant tout autre à quel point ce serait marquer mal que de ne pas s’imposer contre des brêles pareilles.
Harit (4/5) : Comme quoi, Amine est capable de très belles choses quand ses adversaires n’essaient pas de lui casser la jambe.
Targhalline (86e) : Auteur de deux grosses fautes qui auraient très bien pu lui valoir un carton rouge, s’il n’avait pas eu la chance de tomber sur Monsieur Turpin, ce saint-homme dont la compétence le dispute à la grandeur d’âme.
Payet (2+/5) : Il peaufine sa métamorphose en vrai capitaine au service absolu du collectif. Au lieu de tirer lui-même le second pénalty, il le confie au jeune Dieng. Au lieu de donner des caviars salopés par ses coéquipiers, il salope lui-même les caviars des autres.
Gueye (80e) : Habitué à rentrer dans des fins de match à claquer du slip, il a été tout étonné de devoir gérer des boulevards pour le 5e but. Du coup, il a salopé ces surnombres, on a pris un but et commencé à claquer du slip, et là Pape était enfin dans son élément.
Dieng (3+/5) : Après une première mi-temps invisible au milieu de la muraille verte, Cheikh a profité de notre réorganisation pour enfin tenter des appels de partout et surtout être trouvé. Aucun problème de pression sur le pénalty : avec la sélection sénégalaise il a montré que le plus difficile pour lui dans ce genre d’exercice, c’est de rajuster son short pour y contenir ses énormes couilles en fonte.
Bakambu (69e) : Les Stéphanois lui ont promis à son entrée une orgie d’espaces et de surnombres. Dommage que ses copains soient davantage portés sur la modération.
L’invité zoologique : Denis Bouangalinette
Plumée, vidée, farcie, rôtie, la vie d’une poule est peu excitante au-delà du raisonnable, mais l’existence de cet animal ne revêt pas moins une certaine sens, en ce qu’il offre une pitance simple et savoureuse à même de sustenter des organismes plus nobles. Il s’agit donc bien de l’invité approprié pour évoquer cet adversaire toujours prêts à nous offrir les buts et les points nécessaires à notre métabolisme.
– Les autres : collectivement aussi bien individuellement, c’est une équipe totalement emporcégée, je veux dire, on va même au-delà de l’emporcégeure (ça se prononce comme dans « gageure »), on part même sur l’archétype de l’emporcégissime.
– Le classement : trois points d’avance sur Rennes, cinq sur Strasbourg et Nice : sachant qu’il nous reste à rencontrer les deux premiers cités, ainsi que Paris, on serait bien optimiste de parler de « matelas ».
– Coming next : Montpellier, le PSG, Nantes et Reims sont au programme du mois d’avril, entrecoupés de deux matchs contre le PAOK et plus si affinités européennes. On ne va pas se plaindre de pouvoir poursuivre à la fois des enjeux en championnat et en Conference Ligue, mais force est de le reconnaître : ce printemps, ça va être du brutal.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.