Trélissac-OM (1-1, 2-4 t.a.b) : La Canebière évite le ridicule
En avant pour la gloire, mais pas tout de suite.

Aïoli les sapiens,
Alors que l’OM entame un début d’année crucial dans sa quête de la 2e place, le calendrier nous offre en apéritif ce déplacement incongru à Limoges pour rencontrer le club de Trélissac. Pour tout second de Ligue 1 normalement constitué, cette affiche équivaudrait à la promesse d’une rouste plus ou moins sévère, la qualification réglée en 20 minutes et on passe à autre chose sans se fatiguer ni se blesser. Sauf qu’évidemment, à l’OM rien ne se passe comme prévu et c’est une triple source de pression qui se profile :
– un traumatisme de 2019 encore bien vivace (l’élimination face à l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon, ndlr) ;
– un match très abordable qui rend paradoxalement plus impérieux d’éviter à la fois le ridicule, les blessures et les suspensions ;
– enfin et surtout le fait que la qualification en Ligue des Champions ce serait très bien, ce serait même vital, mais que jusqu’à preuve du contraire l’essence du football c’est de gagner des trucs. Or, sauf à parier sur le déclassement futur du PSG pour fraude fiscale, soutien à l’esclavagisme et au terrorisme et souillure de légende costaricienne, le meilleur moyen de garnir l’armoire à trophée c’est encore une coupe. Et donc, Trélissac ça ne ressemble à rien mais c’est bien la première étape de ce que l’on nomme, n’ayons pas peur des mots : un objectif.
L’équipe
Pelé
Sarr– Alvaro (Perrin, 120e) – Caleta-Car – Sakai (expulsé, 90e+1)
Rongier– Strootman
Germain (Khaoui, 91e) – Lopez (Radonjic, 82e) – Payet
Benedetto (Aké, 68e)
Villas-Boas choisit de ménager Mandanda et Sanson, de retour de blessure, ainsi que Kamara et Amavi, sous la menace d’une suspension. L’équipe est loin de ressembler à une équipe bis pour autant : les quelques jeunes inclus dans le groupe ne peuvent espérer au mieux qu’un peu de temps de jeu, une fois que leurs aînés auront proprement torché les amateurs 4-0 en une mi-temps comme chacun s’y attend (ha ha).
Pour ce faire, alors que Thauvin n’est attendu au mieux qu’à la fin de ce mois, Germain est préféré à Radonjic pour occuper le côté droit. Aucune autre surprise par ailleurs.
Le match
On avait quitté l’OM satisfait mais néanmoins porteur de bonnes résolutions, relatives notamment au fait de dépenser moins d’énergie physique et nerveuse pour se débarrasser de clubs inférieurs. Il s’avère que cette promesse est vouée à subir le même sort que le dry january que l’on se lance entre potes le 31 décembre à 23h59, et anéanti dès le 1er janvier à 18 heures dans un vomi monumental après avoir terminé les fonds de bouteilles du réveillon.
C’est ainsi que dès le coup d’envoi, Bouna Sarr adresse une passe en retrait mouligasse que Yohan Pelé traite avec l’empressement d’un comateux. Contraint et forcé de bouger son gros derche plus tôt que prévu, notre gardien intervient à temps pour dégager la balle en plein dans le postérieur de Diaby, qui souhaite ainsi la bonne année à tous les lecteurs de horsjeu.net en marquant un but – littéralement – anal (1-0, 1re).
Déjà relativement présente dans les esprits, la crainte n’en est que plus aiguë d’un nouveau naufrage au plus profond du ridicule, à l’image de celui vécu l’an dernier (contre l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon, ndlr). La défense met quelque temps à se remettre de cette ouverture du score précoce, trahissant face au pressing adverse un manque de sérénité certain. Pour autant, nos joueurs ne s’affolent pas et, sans faire vivre aux Périgourdins le déchaînement des enfers, se sortent timidement les doigts. Nos adversaires se montrent notamment assez vulnérables aux longs ballons : après deux échecs de Benedetto et Lopez, la troisième tentative dans ce domaine est la bonne. Rongier régale ainsi Payet d’une admirable galette longue distance. Dimitri transforme l’offrande d’un jouissif lob sans contrôle propre à émerveiller le public de Limoges, cette ville fruste au point de croire que le basket-ball est un sport majeur (1-1, 20e).
L’affaire aurait même pu se plier dès la minute suivante, quand Benedetto s’y reprend à trois fois pour marquer à la suite d’un corner. L’arbitre décide d’invalider le but pour une faute loin d’être évidente sur le gardien. Cette compassion arbitrale pour le « petit » s’avère d’ailleurs rapidement agaçante, tant prédomine l’impression d’être sanctionnés dès lors que nous appliquons un contact physique de niveau Ligue 1. Un peu comme si l’opinion publique considérait un général iranien comme un saint par le seul fait de s’être fait défoncer par un enculé plus puissant que lui, on pourrait à tout le moins suggérer un léger biais d’analyse.
Toujours est-il que l’OM a peu l’occasion de s’apitoyer sur sa mauvaise réputation, étant donné que dans cette première mi-temps, des contacts de niveau Ligue 1, nous en produisons finalement très peu. En fait, hormis l’entente plutôt intéressante entre Payet et Lopez, ainsi qu’un léger sursaut offensif dans le temps additionnel, nous pouvons aisément résumer la production olympienne entre l’égalisation et la pause à : que dalle.
On se prend à rêver à un début de seconde période en forme d’hommage à Antoine Kombouaré, au cours duquel nos joueurs abandonneraient tout état d’âme pour se concentrer davantage sur l’ingrédient indispensable aux matchs de coupe : les couilles. Dix bonnes minutes de bombardement de Dresde sur la surface adverse, les adversaires qui paniquent et nous rendent le ballon en sanglotant et hop, la victoire en poche comme on sait si bien le faire. La réalité s’empresse de corriger nos espoirs en confirmant deux constats qui poignaient déjà avant les fêtes :
– on n’est pas toujours, voire assez peu souvent, en mesure de répéter nos pressings de pitbulls sous amphétamines ; ici par exemple, les seconds ballons récupérés se comptent sur les doigts d’une bite ;
– plus inquiétant, lorsqu’elle ne peut pas s’appuyer sur ces périodes de berserk collectif, l’équipe garde excessivement peu de certitudes dans le jeu, d’autant que celles-ci reposent quasi-exclusivement sur Payet.
Il apparaît donc assez rapidement que nous devons nous préparer à en chier bien au-delà des 90 minutes réglementaires, vu notre impuissance à nous procurer de réelles occasions. Et encore, ceci est une vision optimiste de la rencontre, quand un pessimiste aurait plutôt mis l’accent sur la faiblesse et la désorganisation de notre récupération, un déclin physique plus précoce chez nous que chez les amateurs, et la possibilité toujours réelle d’un accès de n’importe quoi défensif.
La fin de match s’avère particulièrement éprouvante, à commencer par cette lourde de peu à côté signée Agad (un ancien joueur de l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon, ndlr). Magnanime, Valentin Rongier épargne ensuite à Sakai une demi-heure de calvaire supplémentaire en lui adressant une passe particulièrement immonde dans le temps additionnel. Hiroki descend aussitôt l’attaquant et récolte son deuxième carton jaune en deux minutes, ajoutant au piège ce petit arrière-goût de merde qui nous suivra donc jusqu’au match de championnat à Rennes.
Avec un jeu en berne et un joueur en moins, Monsieur Lapin enchaîne les développés-couchés pour s’échauffer avant son entrée en piste. Suivant celles d’Aké et Radonjic, l’entrée de Khaoui au poste de latéral gauche amène de la fraîcheur en même temps qu’une désorganisation supplémentaire. Par chance, la défense centrale en a fini avec ses errements des toutes premières minutes et gère plutôt sereinement les modestes attaques trélissacoises (quoique les cardiologues marseillais contesteront peut-être la notion de sérénité en invoquant le quasi-CSC d’Alvaro, qui essayait désespérément de rattraper un énième étron de Sarr).
Nos occasions sont tout aussi inexistantes que dans le temps réglementaire, à l’exception d’un face-à-face perdu par Aké et d’un bref Radontime s’étendant de la 116e à la 117e minute. Pendant ces quelques secondes, Nemanja met le oai dans la surface avant que Payet ne voie sa reprise contrée devant la ligne, puis s’essaie lui même à un tir difficilement paré par le gardien. Malgré tout, c’est presque soulagés que nous parvenons aux tirs au but, croisant les doigts pour que Pelé nous ressorte son match de Metz où il avait rattrapé son analité sur les phases de jeu par un exploit sur tir à 11 mètres.
De fait, on peut reconnaître à nos joueurs d’avoir mis dans la séance décisive le sérieux qu’ils n’ont pas été foutus de montrer pendant 120 minutes. Payet, Strootman, Rongier et Perrin (entrée uniquement à cette fin) placent ainsi quatre lourdes imparables, tandis que Yohann s’oppose une main dans le slip aux deux dernières tentatives périgourdines.
L’OM évite donc le ridicule de peu. Conservant un certain à-propos, nous proposons à nos hôtes de leur céder notre part de recettes convertie en Sertics, ce qui selon le taux de change en vigueur offrirait à Trélissac un Grégory Sertic entier et un code promo de 20 euros chez Uber Eats Limoges. Comme chacun le sait, le rural est loin d’être un con pour toutce qui touche aux choses de l’argent, et le président refuse l’offre sans se priver de le faire savoir avec forces larmes en conférence de presse. Bref, en tout cas, comme pourrait le twitter Donald Trump, faites-nous passer pour les méchants si vous voulez, mais nous on avance. On sait pas où, mais on avance.
Les notes
Pelé (3-/5) : Sauver son équipe, c’est bien, sauver son équipe qu’on a soi-même mis dans la panade par un geste de poliomyélitique dès la 20e seconde, à force ça ne marchera pas toujours.

Sarr (1+/5) : Bouna ne semble toujours pas avoir compris que les attaquants amateurs savent déborder, ni même que les défenseurs amateurs savent défendre. Pour tout te dire, Bouna, le football amateur c’est comme le porno amateur : ils font en grande partie les mêmes choses que les pros, c’est juste qu’ils sont moins payés. Par conséquent, on ne peut pas s’attendre à grand chose si on aborde le sujet une main dans le slip (je parle du football).
Alvaro (3-/5) : Un petit temps d’adaptation nécessaire pour découvrir, avec ce que cela comporte d’abattement, l’analité dont l’OM est parfois capable en coupe de France. Passé ce choc des cultures, Alvaro a repris sa lucidité pour colmater autant que nécessaire.
Perrin (120e) : Une confiance absolue de Villas-Boas envers notre jeune joueur, en tout cas pour ce qui est de coller une bonne lourde sans état d’âme pendant la séance de tirs au but.
Caleta-Car (3/5) : Il a abordé le match sans se dire : « chouette, des amateurs, on va gagner sans rien branler » ni « au secours, des amateurs, on va perdre et être ridicules. » Juste de manière professionnelle, en quelque sorte, c’est-à-dire pas loin d’être une anomalie cet après-midi.
Sakai (1-/5) : Du tréfonds du Japon ancien, le dit des Heike Monogatari, transporté par le luth des moines aveugles, a soufflé ses mille histoires aux enfants de l’Empire. S’ouvrant au vaste monde, ils ont emporté avec eux ces contes, et c’est ainsi qu’Hiroki-san nous raconte chaque soir le dit de la leçon par la trahison.
Pendant la guerre des Heike et des Genji, il advint qu’un capitaine se trouvât mêlé à une bataille contre de simples paysans, que chacun jugeait gagnée d’avance. L’armée avait par le passé traversé des épreuves bien plus terribles, dont elle était sortie victorieuse, aussi l’affrontement qui se préparait promettait-il de n’être qu’une formalité.
Le capitaine s’inquiéta de voir ses camarades aussi peu concernés. Il s’en ouvrit à son général, qui ne se montra pas moins désinvolte. « Au pire, lui dit son supérieur, nous ne perdrons pas grand chose d’autre qu’un peu d’honneur. Et de l’honneur, nous en gagnerons dans les batailles autrement plus importantes qui nous attendent ».
Pour le bien de son armée, le capitaine se résolut à une innocente trahison. Il indiqua secrètement aux ennemis l’emplacement d’un chariot de vivres. Ceux-ci s’empressèrent de le détruire et l’armée s’aperçut alors que cette bataille, qui s’avérait pourtant anodine, venait de les priver d’une partie de leurs provisions destinée aux guerres futures. Cette leçon leur rappela qu’aucun combat, fût-il le moins glorieux, n’était à négliger.
Et c’est ainsi que, de semaine en semaine, Hiroki-san s’inspire de ce capitaine consciencieux et rappelle ses camarades à la vigilance en livrant un match non seulement complètement niqué mais qui lui vaut de surcroît une suspension pour la rencontre cruciale à suivre.
Strootman (1+/5) : En fait ce n’est pas par appât du gain, que le président de Trélissac pleurniche sur la part de recette que nous ne lui avons pas offerte. Ce qui le révulse, c’est qu’avec cette somme nous ne payons même pas un mois d’un Kevin Strootman qui marche en faisant la gueule, alors que lui en aurait tiré un arrière droit, une paire de milieux, un nouveau tracteur et deux jours non-stop de tournée des putes sur la RN21.
Rongier (3/5) : Un peu démuni au départ, faute de Kamara et de Sanson pour l’aider à concasser les adversaires. Il parvient malgré tout à téléguider une passe décisive vers Payet, avant de monter en puissance et de faire tant bien que mal régner l’ordre dans un milieu de terrain plutôt anarchique.
Lopez (2+/5) : Plaque tournante du jeu olympien, de la même manière que Marseille se proclame régulièrement capitale européenne de quelque chose : c’est très bien, mais ça ne dure pas longtemps et il n’en reste pas grand chose.
Radonjic (82e, 2/5) : Limoges a vu le Radonjic nouveau pendant une minute, celui qui percute, passe et tire. Limoges a aussi vu le Radonjic classique, beaucoup, celui qui court très vite en faisant « aaaaah ». Limoges n’a pas vu le Radonjic qui tente un tir au but et cela, je crois que c’est mieux pour tout le monde.
Germain (1/5) : Avec toutes ces conneries que l’on entend sur la 3e guerre mondiale, Valère a cru qu’on l’emmenait à Limoges pour passer ses tests d’aptitude à la conscription. En bon pacifiste, Valère a logiquement tout entrepris pour se faire réformer, en se faisant passer pour incapable de tout effort physique.
Khaoui (91e, 2+/5) : S’en sort comme il peut, placé à l’arrière gauche à son corps défendant faute d’autre joueur apte à ce poste. Certains objecteront que Villas-Boas aurait pu inclure dans le groupe Niels Nkounkou, latéral gauche de son état. Mais bon, lancer un jeune dans un tel bourbier c’est comme lâcher son enfant dans un salon littéraire à Saint-Germain des-Près, ça peut ne pas lui faire que du bien.
Payet (3/5) : A la suite de son but, la chambre régionale des comptes a immédiatement annoncé cesser son enquête sur le faramineux stade de Limoges : « A la réflexion, si cela permet au public limousin de voir ce genre de geste, l’investissement n’est pas excessif ». Un petit Dimitri, cela étant, mais qui reste indispensable à ce petit OM.
Benedetto (1+/5) : Un but refusé pour cause de « non laissage de ballon au gentil gardien du gentil petit Poucet ». Tout ceci parce qu’en France on n’aime pas la réussite. Enfin, je suppose. Je veux dire que si Dario avait réussi quelque chose dans ce match, la France ne l’aurait sans doute pas trouvé sympathique.
Aké (68e, 2/5) : Une belle occasion ratée en prolongation, et un temps de jeu cette fois-ci suffisamment long pour mesurer les progrès qu’il lui reste à accomplir.
L’invité zoologique : Ange Gnalekoala
Le koala est un animal mignon qui attire la sympathie de tous, sympathie renforcée par son caractère hautement inflammable en période de changement climatique. Le koala est ainsi le symbole de la pureté et de l’innocence bafouée par la faute de ces richissimes enculés des industries fossiles (et qui n’ont même pas la décence de lui laisser leur part de recette). Un symbole puissant, donc, mais aussi un symbole mort, ce qui en fait l’invité approprié pour évoquer avec nous ce sympathique club amateur héraut de la magie de la coupe, porteur des valeurs désintéressées du football, et surtout éliminé.
– Les autres : Sérieux, valeureux, capables de mettre des tampons sans en rajouter dans les coups de putes… et finalement, peut être déjà trop pro pour avoir ce petit coup de folie qui nous aurait fait dérailler.
– Les blagues : Elle tombe bien, cette affaire Matzneff, ‘z’avez vu ? On va pouvoir replacer une à une toutes les blagues que l’on faisait sur les curés, ça c’est de l’économie circulaire.
– Les boutons : as-tu seulement remarqué les boutons qui figurent sous cette académie et qui t’invitent à nous donner respectivement de tes mots et de tes sous. Vois comme ils sont beaux, attrayants et doux au cliquer.
– Les réseaux : Ton dromadaire blatère également sur Facebook et Twitter. Et sur Instagram aussi, tiens, mais voyez ça avec notre chargée de communication, moi je sais pas comment ça marche. Rémi M. inaugure le concours zoologique 2020.
Bises massilianales,
Blaah.
Allez l’OM !! .. s. Quel bel Ânebatros .s .. Allez l’OM !!
Alors, on achète Olivier Giroud ?