Troyes-OM (1-1), La Canebière académie a peur de la peur

0

Cuidado con el Ronquinquero

Aïoli les sapiens,

Pablo Longoria aurait pourtant dû lui prêter attention, à cette conversation tenue une soirée de janvier à la Commanderie. Bien sûr, l’espace d’un instant, il s’est dit que quelque chose n’allait pas en voyant Sampaoli livide, bégayant… Mais notre président venait de passer deux heures au téléphone sur le mercato. Entamé par ces semaines passées à tourner sous le régime du deux-deux (deux heures de sommeil et deux grammes de coke quotidiens), Pablo s’est finalement dit que lui-même n’avait sans doute pas meilleure allure que le coach, qu’il écouta poliment sans trop l’entendre.

El Ronquinquero

– Que me dices ?

– He visto el Ronquinquero !

– Eh ?

– El Ronquinquero. Se esconde durante el día. Por la noche acecha en tus peores pesadillas y por la mañana viene a lavar la calle con sus nalgas.

– Esto es cosa de argentinos ? Mira, estamos todos cansados, mejor nos vamos a dormir, ok ?


Et Longoria de planter là son entraîneur, ne sachant de toute façon quoi lui répondre d’autre ni même de quoi il était en train de lui parler. Erreur ! Mais comment en vouloir à Pablo Longoria ? Comment aurait-il pu connaître la créature qui se terrait dans les murs de la Commanderie, la bête immonde qui a terrorisé des générations d’entraîneurs. Personne ne parle du Terrible Ronquinquant, mais il est partout à la fois, tapi quelque part près de nous, prêt à nous vider de toutes nos réflexions, toutes émotions, toute notre âme, pour les remplacer par une seule chose : la peur. LA PEUR.

On ne laisse pas seul celui qui a vu le Ronquinquant. Elie Baup était seul. Villas-Boas était seul. Sampaoli est seul. Seul avec sa peur. Toujours. Sampaoli a peur. Ses joueurs ont peur. Le monde a peur. A chaque match le Ronquinquant fait son œuvre et, au petit matin, vient laver les souillures qu’un Olympique de Marseille lâche et tremblant dépose sur les pelouses de France 90 minutes durant.

Tiens Jorge, avec lui tu te sentiras moins seul .


Les Longorious Basterds

Lopez
Rongier (Lirola, 56e) – Saliba – Caleta-Car– Luan Peres (Kolasinac, 86e)
Guendouzi – Kamara – Gerson
Ünder (Gueye, 86e) – Payet (Milik, 77e)  – Dieng (Luis Henrique, 56e)

L’équipe alignée est classique et cohérente selon nos standards (c’est-à-dire que les latéraux et le buteur sont sur le banc au profit de trois mecs pas à leur poste). De La Fuente est écarté du groupe au profit de Luis Henrique, des fois que son but contre Qarabag risque de lui donner envie de trop attaquer.


Le match

Troyes, dernier de Ligue 1, neuf buts encaissés lors des deux derniers matchs, ses supporters en grève, Troyes, donc nous fait peur. Si nous gardons le ballon, c’est pour le passer en retrait. Le pressing haut et même au milieu de terrain n’est pas une option : tout repose sur la capacité, certes élevée, de notre défense à mettre l’adversaire hors-jeu et à repousser ses centres.

Par séquences, nous décidons d’élever un peu l’impact : nous récupérons alors le ballon plus haut, ce qui nous permet de le conserver plus longtemps en le passant en retrait. Une première exception concerne une percée de Gerson aboutissant à un tir contré de Guendouzi. La seconde voit Kamara adresser une très jolie transversale pour Ünder. Cengiz lance alors Guendouzi dans la surface où, avant de pouvoir centrer en retrait, Mattéo se fait déboîter d’un amour d’hippopotacle par ce maladroit de Baldé. Payet exécute un pénalty-modèle en pleine lucarne (0-1, 24e).

Dix minutes plus tard, le gardien boxe mal un coup-franc plongeant de Payet, mais se rattrape d’une jolie RAIE sur la reprise enroulée de Kamara. Nous nous laissons ensuite exposer à une pression des Aubois assez inoffensive, si ce n’est une ultime action voyant Lopez sortir de justesse devant Baldé.

On pourrait tout autant faire une ellipse jusqu’à la 90e minute tant notre production offensive de la seconde période est aussi navrante que celle de la première. Un souci de précision nous oblige cependant à distinguer deux nuances de caguant : le caguant-slipométrique de la première mi-temps, où le jeu fermé ne nous empêche pas de concéder des situations dangereuses, et le caguant de patron de la seconde où l’adversaire se casse les dents sur notre défense.

Reconnaissons en effet que si la seconde période est copieusement ennuyeuse, la défense olympienne maîtrise son sujet. Lorsque Kamara ou Caleta-Car, notamment, n’interceptent pas tout ce qui se présentent, les quelques moments potentiellement slipométriques sont vite mis anéantis par le drapeau du juge de touche. A partir de l’heure de jeu, l’OM monte d’un cran et parvient sans trop de difficultés à bousculer les Troyens, ce qui m’amène à la question suivante : MAIS BORDEL DE MERDE, EST-CE QUE QUELQU’UN PEUT M’EXPLIQUER L’AVANTAGE QU’IL Y A À JOUER AUSSI SOUVENT DANS NOTRE CAMP ? Quand Kamara se voit transmettre un ballon face au jeu et qu’il freine pour passer à la défense, quel est le but ? L’autre, avec sa tête de proue de pointu, ne cesse de dire en conférence de presse que seul le résultat compte, mais justement, mon vier : alors que l’on peut dominer l’une des équipes les plus faibles du championnat une main dans le slip, qu’est-ce qui a le plus de chance de nous procurer un résultat ? Jouer dans leur camp pour les laisser loin de notre but et essayer de les faire craquer définitivement, ou bien se laisser subir une tonnes de centres jusqu’à la fin du match ?

Milik entre ainsi à un quart d’heure de la fin pour voir nos dégagements lui passer au-dessus de la tête, puis Gueye et Kolasinac sonnent le signal de la traditionnelle rétractation gonadique ; alors que nous étions déjà plutôt raisins secs que biou camarguais, dans les cinq dernières minutes c’est au microscope électronique à balayage qu’il nous faut chercher toute trace de virilité guerrière. Un examen de conscience sera nécessaire aux joueurs, mais surtout à celui qui leur a foutu dans la tête cette trouille permanente, en espérant qu’ils se rendent compte que leur attitude relève du délire total. Ces mecs ont quitté leur famille à 16 ans, endurent une concurrence de taré depuis leur entrée en centre de formation , ont changé plusieurs fois de pays, se sont déjà fait jeter des projectiles par les supporters adverses, et maintenant vous allez me dire qu’ils se caguent devant les redoutables Yoann Salmier et Erik Palmer-Brown ? Je veux dire les mecs ont plus des noms d’animateurs du Club Dorothée que de joueurs de football et tu vas me dire que tu les crains ? Mais deux paires de claques, oui. Bref, au lieu de coller leur 4-0 hebdomadaire à ces viers marins, nous préférons bien suer de la raie jusqu’à la dernière minute et rester à la merci d’un coup de Flubupte. C’est presque salutaire pour le football qu’on en finisse punis, quand à la réception d’un centre de la gauche, deux Troyens combinent côté droit pour éjecter Lirola et Saliba d’un une-deux. Un centre parfait est adressé dans les six-mètres, où Touzghar surgit entre Kamara et Caleta-Car pour marquer à bout portant (1-1, 90e).

Six larges minutes de temps additionnel sont accordées, pendant lesquelles l’OM inflige une forte pression dans le camp troyen, juste pour nous confirmer que s’ils n’ont pas montré un tel esprit offensif de tout le match, c’est bien parce qu’ils ne le voulaient pas et pas parce qu’ils en étaient incapables. L’affaire se clôt par une frappe de Gueye rasant la transversale, ce genre de frappe qui dix centimètres plus bas aurait déclenché un hurlement de joie, mais qui ce soir ne permet d’autre commentaire que : « bien fait pour vos gueules ».


Les joueurs

Lopez (4/5) : Absolument rien à faire vu la différence de niveau entre les deux équipes. Non, c’est faux, mais je voudrais tellement avoir l’occasion d’écrire ça un jour, pour voir ce que ça fait.

Rongier (2-/5) : « Un jour tu iras à Marseille et tu rencontreras un entraîneur argentin qui enrichira ton poste et te révèlera un potentiel que tu ne soupçonnais même pas. » Valentin ce soir se remémore cette prédiction d’une vieille voyante croisée aux Saintes-Maries : « de deux choses l’une : ça veut dire soit que Bielsa va revenir bientôt, soit qu’elle s’est bien foutue de ma gueule ».

Lirola (56e, 2-/5) :  Faisait plus parler de lui cet été quand il n’était pas encore là.

Saliba (2-/5) : Lui n’a pas eu peur des Troyens ; c’est dommage d’ailleurs, ça lui aurait éviter de les prendre de haut et de se faire posséder plusieurs fois comme un gougnafier.

Caleta-Car (4-/5) : Forme avec Kamara un duo infranchissable qui a longtemps légitimé notre approche de gagne-petit. C’est justement ce duo qui se fait surprendre à la toute fin du match, comme un symbole de je ne sais pas trop quoi, mais comme un symbole, c’est sûr.

Luan Peres (1+/5) : Depuis qu’il a eu le malheur de tomber sur le manuel « le vaudou pour les nuls » laissé par André-Frank Zambo Anguissa, Luan Peres a invoqué par mégarde le sort de titularisation éternelle d’Erzulie. Évidemment, quand on est un profane il ne faut pas jouer avec ces choses-là, sinon on ne sait plus comment s’en débarrasser et on finit épuisé.

Kolasinac (86e) : Sens du timing exceptionnel de Sampaoli qui laisse Luan galérer sa race pendant 86 minutes et attend précisément le moment ou le Brésilien réussit enfin deux actions de qualité pour le sortir. Pire, à sa place Kolasinac n’a réussi qu’à renforcer la panique ambiante.

Kamara (2+/5) : Diantre, pourquoi sacquer Kamara alors qu’on a parlé de lui comme binôme efficace de Caleta-Car ? Eh bien, je dirais : parce qu’il fait chier.

Bon, d’accord, je sens que la réponse te laisse sur ta faim. Développons. En tant que centralinelle, c’est-à-dire de sentinelle qui recule en défense centrale, Kamara a intercepté ou renvoyé une tonne et demie de ballons, ce qui est bien. Ce qui est moins bien, c’est qu’il a tellement reculé en défense centrale qu’il n’était plus là pour nous aider à récupérer plus haut ; mais ça, encore, c’est parce qu’on le lui demande. Par contre, le coup de systématiquement jouer en retrait même quand Guendouzi est devant et réclame le ballon – et je sais pas si t’as remarqué, mais un Guendouzi qui réclame un ballon, on ne peut pas dire qu’on ne le voit pas – ça, consigne ou pas, ça commence à être du bon gros gâchis. Kamara ce soir, on aurait dit Scarface déclarant « j’ai les mains faites pour l’or et elles sont dans la merde », mais avec le sourire et content de sa situation.

Guendouzi (3/5) : Les Troyens l’ont sans doute confondu avec Jésus pour lui faire jouer un remake de la passion du Christ, à coups de tacles aux chevilles et de tatanes dans la gueule. Ses coéquipiers aussi d’ailleurs, qui ont dû croire qu’il était descendu parmi eux pour souffrir à leur place et n’en ont donc pas branlé une dans les duels.

Gerson (2+/5) : Reçoit une passe, avance, obtient la faute. Pour du handball c’est pas mal. Encore que non, eux on leur siffle les refus de jeu.

Ünder (2/5) : On va se remettre les matchs de l’été quand il mettait les défenses en panique avec cinq coéquipiers autour de lui dans le camp adverse. C’était beau comme une promesse de gauche.

Gueye (86e) : Entré pour blinder sans y parvenir, avant d’essayer de nous sauver mais sans y parvenir non plus.

Dieng (1/5) : Moi je suggère de réessayer cette configuration trois ou quatre fois encore, histoire d’être bien certains que ça ne fonctionne pas. Évidemment, son remplaçant obtient sur son premier ballon la passe en profondeur que Cheikh a attendu de recevoir pendant une heure, sinon c’est pas drôle.

Luis Henrique (56e, 2/5) : Repris d’extrême justesse par Rami sur ladite passe en profondeur, Luis Henrique a essayé des choses mais trop seul et trop loin du but.

Payet (2+/5) : Cramé physiquement mais quelques petits gestes, un dribble, une déviation – sans compter bien sûr son but – laissent espérer qu’il n’ait pas lâché l’affaire. Ouais, on en est à chercher l’espoir où on peut.

Milik (77e) : A deux doigts de se réjouir de l’égalisation troyenne, seule chance pour lui de voir ses coéquipiers essayer de lui transmettre enfin des ballons d’attaque. Attendre des années d’avoir un buteur de haut niveau pour le traiter comme Benedetto, c’est comme si on butait un chapon de Bresse pour le manger en nuggets KFC.


L’invité zoologique : Tristan Dingo-Mais

Sous-espèce pouilleuse du chien domestique, le dingo pullule sans que son utilité écologique soit réellement démontrée. Une chose est certaine c’est que, même s’il est facile à dégager à coups de lattes dans les gencives, il n’a besoin que d’une seconde d’inattention pour chiper sa proie. Souvent ne témoigne de son forfait qu’un cri dans la nuit, par exemple hier soir  : « EH MON VIER, LA PUTAIN DE VOUS ».

– Les autres : on va pas tourner autour du pot, ils sont nuls. Ah oué, c’est vrai, ils vont au duel et ils se découragent pas. Des promus, quoi.
– Le classement : le pire dans tout ça c’est qu’on prend quand même un point à Monaco et Lyon. Mais bon, de toute façon on vit tellement par procuration que notre objectif ce n’est pas de gagner contre les relégables, c’est de faire chier Saint-Étienne et Bordeaux.
– Coming next : Monaco et Nice en plats de résistance du mois, qui nous verra également aller à Brest et à Bâle. Le pire c’est que même si on gagne tout, on ne pourra pas s’empêcher de vouloir leur mettre des claques en leur demandant pourquoi ils n’ont pas fait ça contre de plus mauvais.
– La note de service : tu auras remarqué que l’adresse de notre mâtin quel site est désormais en .org. Souviens t’en au moment de revenir lire toutes nos belles académies. Le webhamster fait son possible pour que nous retrouvions au plus vite ce « .net » qui est notre âme et notre fierté.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Thibault D. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.