Au lendemain de la retentissante défaite du PSG, plus que de la victoire de Lyon selon les réactions depuis 12h, il est important de revenir sur l’attitude des joueurs de l’OL plus que sur celle des joueurs du PSG. Et revenir sur une image qui m’a sauté aux yeux au coup de sifflet final : la course d’Alexandre Lacazette seul les bras écartés et criant autant sa joie que sa rage.

Ce sont des images rares et toutes proportions gardées, son visage m’a rappelé le cri de Maradona après son but contre la Grèce pendant la coupe du monde 1994. Celui d’un retour qui fait mouche, celui d’une soif de victoire, grande, belle en osmose avec un collectif et au diapason d’un stade qui veut revivre ce genre de matchs, et non d’exploits, plus souvent, comme dans un passé pas si lointain où cette grande équipe des années 2000 mettait sa misère annuelle au Real Madrid.

Lacazette, décrié, moqué, n’a pas su gérer sa gloire naissante de l’an dernier : fin de saison extraordinaire, intersaison difficile, recrutement qui pouvait l’agacer avec un concurrent qu’on annonçait direct et une attente quasi marseillaise du nouveau prodige de la part de l’environnement du club et du duo avec Fékir. Il a dû se reconstruire seul, gagner en expérience et changer un état d’esprit, celui d’un joueur de grand talent qui doit se muer en leader charismatique et non en star incontestée loin des contingences quotidiennes d’un effectif. Cette course vers la tribune, ses coéquipiers qui le rejoignent, cette joie partagée, cela illustre une belle dynamique de groupe pour utiliser une image éculée. Certes l’effectif lyonnais a pour lui un collectif qui laisse à voir pas mal de bonnes choses et des bons joueurs, il y en a. La course au podium de l’OL est trop longue et souvent décevante. Il est à espérer pour eux que cette place se stabilise pour gagner en sérénité, élément de confiance indispensable pour s’installer en haut de ce championnat dont la fin s’approche.

La sérénité. Ah quel beau mot valise pour juger facilement des contreperformances et essayer de donner un sens aux belles séries des équipes. Cette sérénité qui dans un sens tordu peut qualifier aussi 80% des équipes qui ont affronté le PSG jusqu’à maintenant. Oui toutes les équipes étaient sereines à l’approche du match contre Paris. Sereines de prendre une valise. Sereines de se faire balader, sereines d’approcher des grands joueurs internationaux, sereines de ne pas avoir le ballon, sereines d’essayer sans vouloir réussir. Le nombre d’interviews de joueurs qui disaient en substance : « Oui alors notre prochain match contre le PSG va être difficile, ils sont au-dessus, ils vont avoir le ballon, on va courir après, ce sera difficile de prendre ne serait-ce qu’un point, on va limiter la casse, on va essayer de ne pas se blesser pour la suite,… » Une série d’excuses maladroites sur une défaite évidente en voulant garder le sourire, en entretenant à peine un espoir feint, surtout en partant complètement battu. Dans un contexte particulier, celui d’un PSG assuré du titre mais en constant besoin de confiance pour la Ligue des Champions, Lyon a produit une superbe performance et certains joueurs lyonnais ont mangé leur vis-à-vis parisien.

L’OL est un club mystérieux, souvent détesté et admiré par les mêmes. Admiré pour son président et ce qu’il fait encore aujourd’hui, admiré pour ses résultats incroyables il n’y a pas si longtemps. Le débat est toujours ouvert pour savoir si Lyon fait partie des grands clubs français de l’histoire du championnat. Une chose est certaine, l’OL ne peut pas être un grand club s’il se contente d’exploits sporadiques comme hier soir. C’est le lot d’équipes moyennes qui ont pendant une saison un effectif pour ce genre de coup ou le cas d’anciennes grandes équipes qui ne se contentent que de cela. On attend Lyon pour aller chercher des titres et être en haut du tableau avant la 27e journée du championnat. Et en tant que passionné, j’attends Lyon toutes les semaines à ce niveau sur le terrain et dans les tribunes.

Deux jours après l’élection du nouveau président de la FIFA, deux jours après le spectacle de la longue et douloureuse agonie de sa plus puissante institution, le match d’hier soir a montré que la meilleure des illustrations de la beauté de ce sport se passe toujours sur le terrain.

Frantz-Christophe Van Dustgroski

11 thoughts on “Etreindre les lumières

  1. Article totalement objectif. Pour un lyonnais.

    Mais sinon j’suis d’accord que les 2/3 des équipes de Ligue 1 ont tout à fait leur place en Liga.

  2. Ouais, en fait, Lyon joue bien quand les joueurs sont à leurs postes. Étonnant non?
    Ah oui, et aussi quand Valbuena n’est pas là.

  3. La réponse est dans la question donc.
    Lyon a gagné sa coupe du monde hier, comme les boulanger de Quevilly, Calais et tant d’autre qui ont réalisé l’exploit de sortir une L1 en coupe de France…
    Et ça se permet de prendre de Haut le Zenit, Seville, même la Gantoise sur la scène européenne.

  4. Pour défendre les Lyonnais, ils ont accompli cet exploit en jouant avec Gezzal, c’est un peu comme si la France gagnait une finale de coupe du coupe du monde avec Karembeu titulaire…

  5. Ouais, faut relativiser, quand même, quand on voit la charnière centrale que Blanc est obligé d’aligner…

  6. On a joué contre Séville en LdC? Ca a donné quoi, j’ai raté les 2 matches. Sinon Thiago Motta est toujours à l’image de Sergio Ramos, une salope.

  7. N’importe qui se paluchant depuis plus de 36 journées, vous le dirait: faut que ça sorte, et quand ça part, ça part fort… Alors oui, Lacazette a eu besoin d’exprimer cette extase au bout d’un effort constant et intense de 90 minutes… la perf des Lyonnais est belle car elle ne doit rien à personne (sans vouloir faire injustice à Genesio)… mais je ne peux m’empecher de penser que ces p’tits bouchons choisissent leurs matchs… parce que je suis ronchon

  8. Tu crois qu’ils ont disparu mais non, ils sont là, tapis dans l’ombre prêts à sortir dès qu’on parle de Jean-Mi.

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