L’avenir se construira sans vous, il faut vous y faire.

C’est la fois de trop pour moi. Pas de bol, je vais m’acharner sur une ambulance qui roule depuis trop longtemps à tombeaux ouverts pour ne jamais passer définitivement du mauvais côté. Et les titres pour nourrir l’éloge funèbre d’Antoine ne manque pas de jeux de mot savoureux : « L’arnaque Kanak », « Le carnage kanak » et un texte prononcé sur la musique de…. L’arnaque évidemment. Allons-y en fredonnant cette musique guillerette et légère pour accompagner le corps de cet entraîneur français, meilleur exemple pour ce début d’année de la qualité de la filière de recyclage des entraîneurs usagers.

Il n’est bien sûr pas le seul et la France a cette douce et tragique particularité de ne jamais écarter les entraîneurs défaillants avant leur retraite ou mort officielle. On en retrouve pendant 20 ans qui errent de club en club, de plus en plus petit, de moins en moins ambitieux, espérant que la lueur vacillante de leur aura lointaine fera revivre pendant quelques matchs le sentiment grisant d’un retour en grâce dans le sport de haut niveau. En France, plus qu’ailleurs, les mauvais entraîneurs s’offrent un ballet bien organisé pour se relayer dans un tragique va-et-vient pour tristes impuissants. Ils bandent à peine les bougres pour ce ballon sans oser s’avouer que la pelouse humide, grasse et fraîchement tondue ne les excite plus. Pauvres zombis anémiques, ils courent frénétiquement et en désordre dès qu’un nouveau petit club émerge en pérorant, le torse gonflé d’égo, l’argument fallacieux du fameux challenge sportif. Qui est encore dupe de cette mascarade lorsque tout le monde sait que ces petits clubs sont les seuls à vouloir les prendre, poussés par cette idée qu’on ne sait jamais, des fois, qu’un vestiaire décrépi, un terrain bosselé et un public de 200 personnes fassent renaître la flamme, « l’oeil du tigre mec ». Fumisterie. Ce sont les seuls entraîneurs ayant connu le haut niveau qu’ils peuvent se payer pour faire plaisir aux supporteurs, nourrir l’égo de la direction et s’assurer un fusible à moindre coût lorsque tout sautera, parce que tout sautera c’est une certitude.

Et Antoine a sauté une fois de plus. Je ne lui en veux pas à Antoine, il fait ce qu’il peut avec le discernement qu’il lui reste. Il a fait son temps avec l’énergie qu’il n’a plus. Mais comment lui reprocher de s’accrocher comme une moule à son rocher, lui qui a vécu sans doute l’un des plus grands traumatismes professionnels qui puisse arriver : se faire virer en étant premier, mais juste parce que sa gueule et son palmarès n’étaient pas assez bling bling pour Nasser. On lui a préféré Ancelotti qui a fait moins bien que lui avec un effectif meilleur. Comment peut-on se relever d’une telle décision ? Jamais très longtemps loin de la France, il use les bancs, fatigue les dirigeants, éreinte les supporteurs et essore les effectifs mais ravit les clubs en cours de désintégration et n’inquiète aucunement les instances.

Parce que ce n’est pas la faute à Kombouaré s’il trouve du boulot ou si certains veulent le prendre, mais qu’on laisse ces entraîneurs squatter quasi illégalement les bancs pour des résultats sans cesse plus médiocres, c’est une honte. Personne ne se soucie du renouvellement des entraîneurs, du manque d’idée des Français, du fait qu’ils ne s’exportent pas, ou peu, voire très peu, que chaque vieux croulant se refile le poste de l’autre entre des passages en mode consultant dans l’une des 59 émissions débiles qui existent, ou alors conseiller d’un club, ou lors d’intérim qui s’impose, et on repart pour un poste d’entraîneur. Il y a tellement d’entraîneurs sans palmarès, sans idée, sans victoire, avec pour les plus chanceux un pseudo charisme échu d’une carrière de joueur passable, d’un acte glorieux solitaire ou alors d’une saison où leur équipe a marché sur l’eau en terminant 12e. Autant se dire que c’est pathétique.

Pour être sincère, quand je vois ces entraîneurs, je pense toujours au réquisitoire de Desproges sur Roger Coggio. Ces entraîneurs ne sont déjà plus, ils n’intéressent pas, ils font faussement croire à un désert de professionnels compétents derrière eux, ils pillent les idées des plus jeunes, des plus petits, des clubs sans histoire qui bossent dans l’ombre des gros budgets fainéants de rechercher une perle rare alors qu’un nom ronflant rassure. Antoine, je n’ai rien contre vous, j’ai contre ce que vous représentez, ces entraîneurs sans vie mais éternellement présents. Reposez-vous et profitez des beaux moments que vous avez laissés à la postérité, que cette tête d’or ne devienne pas une tête plombée.

5 thoughts on “La valse des pantins

  1. On oublie un peu trop souvent que ces « vieux entraineurs » dans il est question ici sont souvent recrutés parce que, contrairement aux jeunes, ils arrivent avec moins d’idées mais avec un réseau bien établi. Déjà, d’une part il leur permet d’être appelé, d’autre part, leur carnet d’adresses bien plein leur permet de faciliter certains transferts.
    Le mauvais exemple étant Roudi Garcia, le bon étant JL Gasset, principal artisan de la venue de M’Vila et Debuchy à Sainté par exemple.
    Dans le cas de Toulouse et de Kombouaré qui est un peu différent, je pense qu’il a été recruté comme Dupraz avant lui, pour développer un état d’esprit « maintien ». Esprit qu’il n’avait visiblement pas lui-même.

    1. « L’esprit maintien » étant d’être un peu moins mauvais comptablement en souvent niant encore plus la vague idée du football comme jeux ? Alors oui Kambouaré est bien le représentant d’un tel « esprit ». A vomir.

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