Notre footballologue analyse Barcelone-Manchester United (3-1), part 2

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Vous lisez MiroirduFootball.com, Conférence de l’université populaire de Christian Gourcuff, 8ème année de l’An III, aujourd’hui « les évolutions tactiques depuis 60 ans »

Ainsi, les monistes partisans d’un hédonisme footballistique, tenant d’un football « collectif, offensif et créatif », se verraient-ils contraints d’affronter d’odieux mécanistes dualistes, convaincus qu’il n’est de souverain bien que dans la victoire, prêts à  « annihiler les forces de l’adversaire » en faisant rien qu’à défendre, et poussant parfois même le vice jusqu’à faire passer de « la spéculation sur le deuxième ballon » (sic) pour du jeu offensif…

Résumé aujourd’hui sous l’AOC « Football Total », ce style impose la possession du ballon et oblige sa récupération rapide par le pressing tout-terrain d’un bloc-équipe compact placé haut, dispositif rendu possible par le hors-jeu, sans qui il n’est de bonheur footballistique possible. La balle acquise, reste désormais à développer ce « jeu collectif, dans le partage du plaisir de jouer et des devoirs », soit l’échange d’une masse dans un espace que ne cesse de recréer le mouvement des joueurs. L’adversaire n’en finit plus d’adapter ses courses à ces formes mouvantes que détermine la force de l’échange, s’épuise, perd l’équilibre et cède. A ce stade clair-obscur de l’explication, mieux vaut laisser la parole à l’école Centrale de Nantes où, pudique, Pierre dit houle pour moule lorsqu’il parle de la mer, mais n’en résume pas moins les principes du jeu.

Certes, montage et son peuvent déconcerter mais rarement explication sembla plus limpide quant aux principes de l’arlésio-avignonnaise expression de Football Total.

– Le mouvement s’effectue par passes de fréquences, d’amplitude et de directions variables. A fond constant (synthétique dit-on chez les Merlus), la superposition des trois produit le roulis, les « batteurs serpents » déterminent l’angle, et le plic-ploc se fait flic-flac jusqu’au Splash !

– Chaque « école » se démarque en fonction de l’importance donnée à ces variables. Ainsi, jouer sur la fréquence nécessite un mouvement perpétuel des joueurs dans un espace réduit (plic-ploc…ou tiki-taqua en Catalan) ; jouer sur l’amplitude fait « courir le ballon » et sollicite les joueurs sur quelques mouvements savamment choisis dans un espace plus grand (Coco… ?) ; la direction se détermine le plus souvent en fonction des forces et faiblesses de l’état présent.

– Endurance et vitesse du joueur restent les fondamentaux tandis que chaque variante sollicite technique et/ou intelligence. Le célèbre TIPS (Technique, Intelligence, Physique, Speed) évalué aux sélections du centre de formation de l’Ajax illustre ce modèle.

– L’effectif atteint sa plénitude lorsque la palette offerte est complète.

Ainsi, le champion d’Europe 2011 incarne la quintessence de ces principes jusqu’à produire une « identité » de Football Total originale. Par logique anale, la jonction entre les centraux et le couple Xavi-Iniesta impose le roulis, ces derniers font office de « batteurs serpents », orientant la vague jusqu’aux attaquants + Daniel Alves, clinamen à mi temps (alternance de débordements verticaux et de percées diagonales.) Dès lors, Baruch Messi de la Masia épouse le spot dont l’agencement entier le désire. Surfant sur les plis de la vague*, l’autiste kinésique évolue en clinamen révélateur/informateur du flux de matière catalane. Une force déterminant des formes et un surfeur sur les plis de la vague…pour la proposition d’un football baroque mis en espace par Gaudiola.

Concours de Plaisance :

Soucieux d’endiguer le déferlement, les mécanistes cartésiens protègent leur plage en « centrant les masses pour diminuer l’inertie…ou le contraire. » Ça tangue, qui plus est en face des « vagues biscornues » que la science seule ne suffit à appréhender, mais les ignobles n’en restent pas moins susceptibles de contre-attaquer par « vagues scélérates » sur le deuxième voire troisième ballon… « car ils vont trouver la solution tactique, car elle est là la solution, c’est évident. » Un défi de plaisance…

A l’aide de vos connaissances et/ou des éléments proposés, trouvez la solution tactique qui « est là, c’est évident. » Vous proposez votre solution sous forme de composition d’équipe commentée et disposez de l’ensemble de l’effectif mancunien disponible** au soir du 28 mai 2011.

Forum nautique

(Notre Footballologue qui est aussi le votre vous propose de réagir et de proposer vos solutions de l’équation proposée, en bas, dans les commentaires).

* : « surf » signifierait également « liquide amniotique » en hawaïen. La proposition fait référence aux travaux de Gilles Deleuze :

« Les surfeurs ne cessent pas de s’insinuer dans les pils de la vague… Pour eux la vague est un ensemble de plis mobiles »

« Tous les nouveaux sports – surf, planche à voile… – sont du type insertion sur une onde préexistante. Comment se faire accepter dans le mouvement d’une grande vague, d’une colonne d’air, “arriver entre” au lieu d’être origine d’un effort, c’est fondamental. » (Entretien de Gilles Deleuze publié dans Pourparlers, Éd. Minuit, 1990).

** : Berbatov inclus…

7 thoughts on “Notre footballologue analyse Barcelone-Manchester United (3-1), part 2

  1. Article qui propose de décrire un match de foot par une anal-ogie avec des phénomènes d’écoulemen de fluides. L’illustration de ce parallèle est convaincante et plausible.

    Néanmoins, comment valider cette approche lorsque l’on sait que le maitre d’oeuvre ne possède pas toutes les connaissances d’une telle adaptation? Pep est-il réellement celui qui favorise l’émergence d’un tel comportement collectif?

    Les joueurs agissent selon leur propre volonté et ce n’est pas un superviseur nommé Pep qui oriente leur mouvements. Ils sont indépendants, autonomes et libres d’agir et de jouer comme ils le souhaitent.

    Alors cett anal-ogie ne souffre t-elle pas de faiblesses dans sa description? Ne faut-il pas intégrer d’autres contraintes dans le jeu du Barça comme par exemple des notions d’apprentissage par renforcement?

    En d’autres termes, le jeu du Barça est-il l’aboutissement de la répétition d’un style de jeu? Les joueurs ont assimilé des notions tactiques à travers la répétition d’un schéma depuis leur formation et ils ont appris à s’auto-organiser indépendamment de l’adversaire et sans l’aide d’une autorité supérieure (leur entraîneur).

    Sinon pour le forum nautique, j’ai une solution à proposer :

    Le seul club capable de battre le Barça est…le PSG. En effet, comme le rappele la devise de la ville de Paris, le club même battu par les flots ne coule pas. DONC le PSG ne coulera pas et battera le Barça!! Cqfd.

  2. @ Le footballologue & Omario :
    oula, il y a un truc a ingurgiter pour se mettre sur votre planète ?

    @ Omario : Enlève les « ? », les réponses étant dans les questions !

    sinon je suis d’accord, c’était beau, bises

  3. La solution tactique c’était le milieu à trois avec Anderson en gratteur de ballon, Giggs en ordonnateur des dépenses et derrière Carrick en Anchor Man pour dériver les vagues adverses sur les côtés où elles viendraient se briser sur Rafael le peintre et Evra le vrai.

    Après en défense DJ Vidic et Rions Ferdinand et j’aurais mis Kuszack en gardien, juste pour voir si j’arrive à l’écrire.

    Pour l’attaque tout est clair : Berbatov en pointe, parce qu’on est pas con, qu’on a vu le match et qu’on voit bien que Chicharito bah il a rien planté du tout. Rooney en soutien et Nani à gauche et Valencia à droite.

    Merde ça fait douze.

    Bon bah j’enlève Berbatov.

    Attendez… Non, je laisse Nani à gauche, Berbatov en pointe et Rooney à droite.

    Et vous allez me dire : il sert à quoi Berbatov ?

    Ah aaah ! ça vous fait bien chier d’avoir Berbatov en pointe hein ? ah là on sait plus quoi dire ? Et bien Guardiola il aurait réagi comme vous. Et du coup on aurait gagné l’effet de surprise. Après, le match, c’est autre chose.

  4. Très belle analogie, qui rend bien compte de la complexité de l’édifice, tout ça pour qu’au final: le foot apparaisse comme un jeu d’enfant.

    Et puis c’est plaisant de voir le nom de mon école et mon responsable d’option qui parle de foot sans le savoir.

  5. comment aurait dû jouer Manchester en finale contre le Barça?

    autant le jeu du Barça résulte d’une habitude, autant celui de l’adversaire aussi.

    regardez comment le premier but est marqué par le Barça ou le premier but est encaissé par Manchester.

    Xavi pénètre balle au pied, la défence se resserre, Pedro se retrouve démarqué, Xavi fixe, les défenseurs reculent et petit à petit ralentissent leur course dos au but, le ballon est passé sur Pedro, Evra arrive trop tard.

    L’erreur tactique de Manchester? Si Evra ne joue pas le schéma compact que lui impose son entraîneur, le ballon ne serait pas arrivé dans de bonnes conditions à Pedro car Evra et Pedro aurait été ensemble.

    Dans ce cas de figure, les défenseurs latéraux du Barça ne jouent pas ce même schéma tactique.

    Les équipes qui jouent le Barça ne jouent pas instinctives mais calculées (tactiques). L’exemple contre le Real est le plus bel exemple.

    Enormément de but du Barça sont marqués alors que l’adversaire pourrait les éviter si…

    Juste une dernière chose. Si je devais jouer le Barça, j’utiliserais certaines stratégies de jeu empruntées au rugby…

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