Notre Footballologue analyse Benfica-Marseille

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Notre Footballologue nous livre une analyse mysticotactique…

Tirés de leur quiétude hiéronymite, « 12 apôtres + Jesus » attendaient la « Bonne mère » dans l’enfer de la Luz. Consciente qu’étymologiquement Lucifer signifie le « porteur de lumière », la Vierge de Notre Dame de la Garde ne pouvait que se méfier du pseudo-Jesus lisboète et comptait bien sur Deschamps pour exorciser les lieux. Récit d’intranquilité…

Véritable cartographie de l’Amérique du Sud, l’équipage du Benfica résume l’histoire de ce club, porte de l’Europe pour les uns, dernière escale avant retour au pays pour les autres. Ainsi, le 442 « losange » de Jorge Jesus associe une paire de latéraux supposés offensifs (Cesar Peixoto et surtout Maxi Pereira, milieu défensif en service commandé), une paire de tours de Belém Luisao-David Luiz culminant à plus d’1m90, un losange Javi Garcia-Di Maria (gauche)-Ramires(droite)-Aimar et une doublette Cardozo à la tête et Saviola pour les jambes en attaque. Les sosies de Sammy Traoré et Tahiti Coloccini intéressent les « grands clubs », Di Maria et Ramires également, Cardozo ne devrait pas faire de vieux os à la Luz, tandis que Aimar et Saviola, plus de 100 buts par saison à l’entraîneur 98-99, emplissent une dernière fois les comptes avant d’appareiller pour l’Argentine. Bien qu’en terre de conversos, Jesus, juif révolutionnaire, n’a rien perdu de sa fougue et les milieux de son étoile plongent dans les couloirs pour centrer. Ramires (21 et 26ème) s’acquitte de sa tâche avant qu’un réajustement tactique ne le rende plus discret, tandis que Di Maria, pépite au tamis depuis le mondial U20 et les JO de Pékin, rappelle qu’en Argentine, les pibe sont d’oro : centre (15ème), tir de 35 mètres (29ème), ouverture « piquée » en entrée de surface (33ème), combinaison « toque » (40ème), présence devant le but (17 et 44ème.) Malheureusement, Cardozo et Saviola, des dizaines de buts cette saison, marchent à côté de leurs statistiques et l’Aimar de River est tari depuis longtemps. Certes, les apôtres « finissent très fort cette première mi temps » (Jean-Marc Ferreri), mais ce serait quand même « ballot d’en prendre un » (Thierry Roland), tant Deschamps a lu Feuerbach.

Adepte de la thèse mythiste, Deschamps ne voit en Jesus qu’un personnage conceptuel, un « pot pourri » de croyances séculaires littéralement in-carnées dans l’hypothétique figure christique. Aussi, à la Luz de Lisbonne, DD a-t-il sans nulle doute préféré les lumières de Feuerbach pour déconstruire le discours tactique des cénobites. S’appuyant sur ses deux colosses de Rhodes, l’OM bouche l’arrivée au jeune maure, et il faudrait toute la gouaille hyperbolique du vieux port pour qualifier les prestations de Diawara et M’Bia. Le premier, à la découpe des steaks préfère désormais tanner le cuir (26ème et 57ème, décisif face à Aimar), tandis que le second, à coup de gifles « fair play » et d’interventions décisives (à 2 reprises, 67ème), construit façon Stanislavski son personnage de « défenseur agacé », comme l’avait fait avant lui Thierry « attaquant stoïque » Henry. Conscient que ces deux-là exigent un public, l’entraîneur olympien leur adjoint Cissé, interdisant toutefois à ce dernier d’intervenir autrement que dans la récupération du ballon.

Déconstruisant le losange, le probable agnostique a choisi d’aligner Abriel, opposant un trio Cheyrou-Lucho-Captain Brackmard + Cissé au diamant du Christ. Le couteau suisse tactique marseillais laisse sceptique si l’on juge sa prestation individuelle…mais s’il faut considérer que sa présence protestante permet les saillies offensives de Bonnart et Lucho, son sacrifice devient essentiel. En phase défensive, l’OM propose généralement deux lignes de 4 avec Cissé intercalé et Niang en pointe. Le placement de Abriel permet à Lucho de revenir de sa position avancée en ralentissant la contre attaque adverse. En effet, « El Commandante », comme aime à faire claquer El Ferrero, se balade désormais où il l’entend et nécessite une doll pour compenser, comme jadis Zidane avait Makelele ou …Deschamps. Au pressing sur les relances, présent dans la première ligne de 4 ensuite, toujours libre à la retombé des coups de pied arrêtés, à l’affût aux 20, 9 et 6 mètres (14ème, 44ème), le meneur argentin prend possession des lieux, reliant désormais les performances individuelles à l’expression collective.

Sans doute inspiré par Derrida, la déconstruction de Jesus par Deschamps s’attaque même aux détails, soit un latéral gauche d’un mètre soixante-treize dans une défense de géants. En effet, Maxi Pereira se trouve au duel avec Brandao, tandis que Niang impose sa vitesse aux jumelles de Belèm. A la 14ème, Mandanda respecte la consigne en dégageant sur la tête de Brandao, impuissance de mini Max, Lucho et Cheyrou combinent puis renversent sur Bonnart côté opposé, le centre cherche Niang mais parvient à Lucho seul au second poteau : inhabituelle vendange pour l’ancien de Porto. A la 25ème, la vitesse de boulet sénégalais oblige Luisao a faire faute (non sanctionné pour un hors-jeu imaginaire), mais la tour ébranlée, en accord avec Mini Pereira, place Ramires en contrefort. Le brésilien ne centrera plus de la mi temps et son placement sera approximatif durant le reste de la rencontre. Contrepartie du « coup tactique », Brandao servi dans la profondeur par Lucho ne parvient pas à semer son latéral et traverse le terrain en désespoir de pied droit (20ème.) Les pseudo débordement-centre du brésilien (35ème et 37ème) commencent à gêner Deschamps et Stephan, mais son caviar pour Lucho à la 44ème conforte l’idée qu’ils ne sont pas les seuls à trembler devant Joe l’indien. Quoiqu’il en soit, « ça bombarde de tous les côtés », (TR) grâce à « deux équipes ultra-offensives » (JMF.)

Mi temps : « Vous savez, Ferreri, il a marqué son monde. Peut-être pas autant que Leboeuf, mais il a marqué quand même. »

Thierry Roland, solipsisme de l’amertume entre deux « pages en couleurs, car il faut bien gagner sa vie. »

La déconstruction se poursuit en seconde période, toujours sur Mini Pereira, Ramires et Luisao, tant de l’autre côté, David Luiz est une défense à lui seul et Di Maria veille. Cheyrou se recentre afin de déporter Ramires et ouvrir le couloir gauche aux centres de Taïwo (49, 52, 54èmes), pendant que Brandao entraîne Mini Pereira dans sa surface. Benfica déjoue et Brandao servi par Cheyrou renverse la cosmogonie en centrant pour la tête de Niang : sauvetage d’un énième Julio Cesar brésilien (62ème.) Aimar sort sans un regard pour « Jorgesus » (JMF), Mini Pereira « plonge dans sa piscine » (JMF), Diawara et M’Bia peaufinent leur entente, et l’heure de jeu rappelle qu’il est temps de « concrétiser cette domination » (JMF.) Aussi, Deschamps décide d’exposer son dwarf luisant à la Luz, espérant peut-être l’échanger avec un joueur de Porto au prochain mercato. Toujours est-il que Brandao baissant pied, Mini devient Maxi Pereira, latéral très offensif capable de centrer (74ème) du pied comme des bras, et de marquer un « bubête » sur une faute de main de Mandanda suite à un jeu de vilain de Di Maria : 1-0, 75ème. L’ombre de Vata plane sur Lisbonne, Diawara retombe dans ses travers en offrant un coup-franc à l’entrée de la surface (83ème), Ramires sort un « drôle de pétard » que Mandanda détourne sur sa transversale. L’invocation d’esprits malins ulcère la « bonne mère » qui rappelle que, s’il y a l’hénothéisme entre polythéisme et monothéisme, faudrait quand même pas pousser mémère dans le buisson ardent : dédoublement Bonnart-Valbuena côté droit, centre du free-agent à destination de Ben Arfa et « un prophète » égalise, 1-1 (89ème.) Aperçu dans les tribunes, Duga pleure, les jumelles Araujo ont l’air loutre, tandis qu’au loin la Vierge, qui du fils n’a vu que Toto Cutugno, s’en retourne au vieux port en Pessoa-lua…

2 thoughts on “Notre Footballologue analyse Benfica-Marseille

  1. un « bubête » voire un « but de raccro » dixit Roland qui sait se mettre au niveau des amis du café du sport.

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