Reims – Nancy (3-0) : La Chardon à Cran Académie émet des doutes.

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Le football Gris de Toul s’exporte mal en champagne.

Tomblaine, an 1 après PC.

« Organisez une Fête de la Promotion pour remotiver les joueurs et mobiliser tout le monde, anciens comme nouveaux. » Voilà ce qu’il m’a dit.
-Une fête de la promotion ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
-Je l’ignore, chef. Il ne m’a rien dit de plus. Seulement de vous transmettre l’information. »

Vincent se prend la tête dans les mains, en douceur afin de ne pas révéler son trouble. Une Fête de la Promotion ? Si c’est bien ce qu’il croit, rien ne saurait être plus humiliant pour lui. Et pourquoi pas célébrer directement son prédécesseur, ou un Noël du Beau Jeu, tant qu’on y est ? Cela sonne comme un message clair de la part de son président : Vincent, tu es seul. C’est probablement cette pensée tragique qui le pousse à détailler l’individu qui lui fait face. Un type sans âge à la figure rongée de plaques de barbe éparses, aux joues creuses et au regard hâve, surmontant un grand corps de pleutre fini à la pisse des montagnes vosgiennes. Affublé d’un imper miteux, d’un pantalon en velours côtelé et d’une chemise portée comme un journaliste sportif à l’ancienne, le triste porteur d’eau semble chercher vaguement une trappe où planquer son organisme détérioré par la faillite du football, sans réellement oser réfléchir.
« Quel est votre nom ? Demande Vincent au grouillot.
-Faisan, chef.
-Faisan. C’est votre vrai nom, ou vous vous appelez Fernandez et vous bossez pour le club incognito ?
-Mon vrai nom, chef.
-Et votre rôle dans cette galère, c’est quoi ? Vous avez une fiche de poste ?
-Non chef. Je suis là comme les autres, par amour du foot. Pour sauver ce qui peut l’être. »
Par amour du foot. Vincent a envie de rire. Serait-il le seul à avoir accepté un poste rémunéré tout en n’aimant pas le football ?
« Tu veux une raison valable de m’appeler chef ?
-Chef…
-Exactement. A partir de dorénavant tu es à mon service. Je te charge de tout mon travail administratif. Tu iras chercher les informations auprès des scouts. Tu les recruteras s’il le faut. Tu iras prendre les directives du président auprès du distributeur de papier cul qui lui sert de secrétaire. Tu organiseras mes causeries auprès des joueurs, et tu transmettras mes demandes au centre de formation. Ça te va ?
-Chef, je…
-Excellent. Bienvenue à la fête, camarade. Désormais tu seras le lieutenant Faisan. Ça sonne bien, ça rime. Allez, voyons voir quel gogo on peut trouver pour fêter une promotion alors qu’on penche plutôt vers la relégation. »

LES ROOKIES.

Pitié quelle plaie ces métaphores militaires. Parlons plutôt de serre-joints, tiens. On ne pratique pas assez la comparaison par l’outillage, dans nos cercles footballistiques. Donc :

LES SERRE-JOINTS.


Retour de ce 4-2-3-1 inodore et sans saveur, à part qu’il coince d’entre les doigts de pieds.

LE MATCHCHCHCHCH.

Croyez le ou non, ceux qui connaissent : le bar des fans de Nancy étant fermé, je l’ai vu aux Artistes. Inutile de dire que mon point de vue sur la jeunesse ne s’en est pas trouvé amélioré.

1 A peine le temps de se demander ce qu’on va boire pour son petit déjeuner de 15 heures du matin que Reims se procure une première occasion.

5 D’un puissant coup de pied, Abergel casse un champomy à l’aide du ballon. Mais quel homme.

10 Sauvetage de l’extrême de Badila au péril de sa vie, qui se disloque toute la cage thoracique contre son poteau et offre le reste de son corps déjà médiocre en pâture aux crampons d’un lourd attaquant rémois. Vincent Hognon lui somme de se relever, fractures multiples ou pas ; Caliméro s’exécute.

17 Manifestement le plan de jeu dit « tous les ballons en profondeur » ne marche pas des masses, car Nancy se fait prendre au piège du hors-jeu pour la 92e fois.

19 Denilson Da Cruz se lance dans un raid solitaire qui abat la moitié de notre défense, et adresse une mitasse champion’s league que Chernik détourne avec une érection qui crève son short. Corner.

21 Le même Chernik surmonte son manque d’afflux sanguin pour capter le corner et lancer le contre. En bout de course, Bassi dribble le gardien rémois et tape le dessus de la barre. À noter que sur cette phase de jeu rapide et efficace, Nordin ne fait pas de la merde.

22 Le retour de karma est donc évidemment fatal à notre défense, puisque sur l’action suivante, Reims marque un but, un but construit et tout, du vrai football même si Siebatcheu a une chatte de cocu des étoiles que le ballon revienne sur lui après sa première tentative. 1-0.

25 Yahia se singularise fort intelligemment par une mandale assénée dans la nuque d’un adversaire au vu et au su de l’arbitre. Ça sent le rouge direct…mais non ! L’arbitre n’a rien vu ; on espère donc que notre défenseur va continuer ainsi, mais qu’il fera vraiment mal la prochaine fois.

29 Robic obtient un corner après avoir attisé la pitié de l’arbitre par de savantes roulades et fait adresser un jaune à un Rémois qui ne lui avait pourtant pas fait grand chose. Ou pas volontairement, en tout cas. Regardez d’ailleurs comme il est bien sympathique : il lui rapporte son tendon d’Achille après l’avoir ramassé dans la pelouse, c’est bien qu’il est de bonne volonté, ce brave Marnais.

32 Jaune pour Diagne qui se met à parler en sémaphore à sa défense au moment où un adversaire tente de le passer à l’aide d’un ballon aérien. Quel malheureux hasard, d’autant que cela se trouve, oui, dans la surface. C’est donc effectivement un penalty. 2-0.

37 Le moral est bon, le moral est très bon. Les longs ballons hasardeux pour personne et les courses dans le vide les bras écartés en hurlant « HODOOOOOOOOR » de nos joueurs en attestent.

Mi-temps, on rentre au vestiaire plein d’espoir : j’ai trouvé une vieille lame rouillée par terre, ce qui me laisse penser que la souffrance morale que ce match m’inflige va pouvoir trouver une intensité équivalente dans la souffrance physique.

48 Entrée en matière parfaite pour prendre le troisième. On est en retard sur tout, à se demander si toute l’équipe a bien été informée qu’il fallait revenir sur le terrain.

54 Hadji sort, remplacé par Dembélé. Point de blague, respectez l’ancêtre bande de merdes à pattes.

56 Coup-franc pour Nancy au poteau de corner, cela ne donne rien.

58 Coup-franc pour Nancy à gauche de la surface, cela ne donne rien.

60 Coup-franc pour Nancy au niveau du rond central, cela ne donne rien.

62 Coup-franc pour Nancy à 45 mètres du but adverse, cela ne donne rien à part que Vincent Hognon s’impatiente, et décide de sortir Nordin pour se changer les idées. Alexis Busin le remplace.

67 Encore un but encaissé sur corner. 3-0.

70 Abergel voit que le temps défile, il se dépêche de prendre son jaune syndical.

75 Marchetti décare au profit de Clément. Ça va tout changer, ça.

80 Coup d’épaule régulier de Cuffaut, pourtant l’arbitre sanctionne une faute. Est-ce ce coude qui est allé subrepticement se ficher dans l’oeil de son adversaire ? Jaune.

87 Busin croque une occasion sur un ballon certes difficilement négociable, mais que cela ne nous empêche pas de toujours réaffirmer quelle chèvre il est.

Allez, rentrez chez vous les ploucs.

LES NOTES.

Chernik 1/5 Abandonné dans les grandes largeurs, mais aussi, il faut bien le dire, assez lamentable dans ses sorties. Et sur sa ligne. Et au sol. Et sur les ballons aériens. NON JE N’AI NI DIT NI ECRIT QUE CELA VOULAIT DIRE QUE J’ATTENDAIS LE RETOUR DE L’AUTRE QUICHE POUR AUTANT, ALLEZ VOUS FAIRE METTRE AVEC VOS INSINUATIONS.

Cuffaut 1/5 C’est ça ou Julien Cétout, choisissez. Mais choisissez bien.

Diagne 1/5 D’une importance aussi relative sur le terrain que la lecture de Jacques Attali dans la formation du parfait révolutionnaire. La révolte ne passera probablement pas par lui.

Yahia 1/5 C’est bien gentil de faire du social avec les ancêtres, mais on n’est pas le Variétés club de France, non plus. Merde.

Badila 1/5 ça fait longtemps qu’on dit qu’il est nul ici. Evidemment personne ne nous lit, alors bon, il y en a encore qui doivent faire les surpris.

Abergel 2/5 Implacable gredin à la force décuplée par chaque coup qu’il prend, il a cependant payé d’être le seul à se défendre face aux physiques de golgoth des Rémois.

Marchetti 1/5 Lui a tenté d’y échapper par la ruse et la vitesse, mais n’étant ni très malin ni très rapide, il a sombré comme les autres.

Bassi 1/5 Pas de pitié, le jeune a beau avoir un niveau technique supérieur à la totalité de ses partenaires, il a croqué et n’a pesé en rien sur ce match.

Robic 1/5 Un instant on a cru qu’il avait maigri, puis on a vu ses nichons s’agiter sous le maillot et on a ressorti les blagues grossophobes.

Hadji NN Laissez le tranquille, il est trop vieux pour ces conneries.

Nordin 1/5 J’espère sincèrement que le club ne verse pas un centime à cet escroc du Forez.

REMPLACANTS.

Pas la peine de s’y attarder, nous gâchons bien assez la bande passante du site pour parler de ces pitres dans les grandes largeurs. Qu’ils se baisent.

NOTE ARTISTIQUE DE L’EQUIPE : 0/5.

Je vous ai bien eus avec cette histoire de souffrance morale contre physique à la mi-temps : il faudrait être le dernier des imbéciles dualistes pour croire encore que l’une va sans l’autre et inversement. Ou pas. À Nancy, en tous les cas, on n’a pas attendu que le bon docteur Freud vienne faire une année d’étude pour le savoir : l’expérience du mal commence par un match de l’ASaNaL, à quoi succède un stade oral qui nous voit avaler des monceaux d’excréments jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Mais ne croyez pas qu’on accepte ça mieux que les autres. Oh non : on souffre autant que n’importe quel supporter dans le monde qui voit son équipe courir après le ballon comme une bande de vieux cabots haletants tandis que de hardis adversaires se font de belles passes tout en regardant vers le haut, prêts à toucher le firmament en fin de saison. Et on se prend à se dire que putain, ce n’est quand même pas le mot « maintien » qui devrait nous préoccuper alors que nous sommes déjà dans cette ligue de bras cassés dont le football ne veut pas. Déjà ? On y a toujours été, ouais…

Bref, on est mal. Rien ne marche, aucune réponse ne semble pouvoir être donnée dès que l’on tombe sur quelqu’un d’autre que Châteauroux, aucun plan n’est assez digne d’être appliqué par nos joueurs. Le football semble une chose trop sérieuse pour être confiée à des footballeurs dans notre club, c’est pourquoi on va attendre patiemment que la trêve arrive et que le seul authentique être humain capable de gagner un match à la fois avec sa tête, ses pieds et ses couilles revienne enfin de blessure et nous sorte de ce bourbier sans nom. Benoît, pourrais-tu récupérer un peu plus vite, s’il te plaît ?

Marcel Picon.

9 thoughts on “Reims – Nancy (3-0) : La Chardon à Cran Académie émet des doutes.

    1. Nan mais vous ne voulez pas faire reléguer Nancy en Natianal, quand même ? On ne vous a rien fait, nous…

  1. Les Foréziens sont impitoyables : il n’y a de la place que pour une seule région sinistre en Ligue 1. Dès qu’ils vous auront terminés, ils vendront M’Bengué à Amiens.

    1. Z’avez pas un Lopes à nous prêter, plutôt que de vous moquer ? Il ne vous sert à rien, en ce moment…en échange on peut vous envoyer de l’eau, par exemple.

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