Manchester United – Tottenham (1-0) : tout était calculé
Shhhhh

Chateau de Luke Seafer, bureau, intérieur nuit
Les épais rideaux de velours sont tirés, laissant la pièce dans la pénombre. Seule les vives flammes crépitant au coeur de la cheminée laissent entrevoir l’imposant fauteuil fait de bois massif (agrémenté de petits coussinets en velours rouge pour le confort). Luke Seafer enfoncé dans le dit fauteuil fait face à son ordinateur, il pianote subtilement sur son clavier les lignes de texte que vous êtes en train de lire, créant ainsi une incroyable mise en abîme devenant à la fois narrateur et personnage tiers, il éclate les règles de la littérature et prétendra bientôt au Goncourt.
Avec une affiche aussi exceptionnelle dans l’enjeu, retour à un dispositif exceptionnel de live commenté pour mieux vous faire saisir la dramaturgie de cette rencontre.
0 : Une minute de silence est observée en mémoire de Paul Pogba et du fond de jeu de Manchester United absents depuis un mois et demi déjà. Les Spurs respectent sans un bruit . Beau geste.
1re : Serge Aurier réalise son rêve : il est titulaire à Old Trafford.
5e : Ashley Young déborde et cale un petit pont à Serge Aurier. C’était donc la dernière titularisation de Serge Aurier à Old Trafford.
20e: Pressing étouffant et efficace et frappes pétées à ras de terre à 30 mètres des buts, les Spurs respectent totalement l’esprit du match nul.
21e : United ne se laisse pas faire non plus. Abus manifeste de longues patates en guise de relance à destination de Lukaku pris en permanence par trois joueurs. On ne fera pas l’erreur de marquer trop tôt.
25e : Manchester innove et invente le jeu en « contre-pas-attaque ». On laisse venir l’adversaire, on finit par lui prendre le ballon et on le reperd très vite au milieu de terrain.
35e : Delle Alli fait le costaud et toise Ashley Young du regard après une embrouille entre les deux. Les rares mecs qui osent ça face à Marlo Stanfield finissent cramés à la chaux dans un immeuble abandonné…
40e : Smalling et Sissoko au duel ? Nous n’étions pas prêts. Eux non plus. Impact.
45e : Fin de la première période sur 10 minutes d’une rare « intensité anglaise », comprendre par là que ça se démonte à grand coups d’épaules et de tacles dans tous les sens. Les gens se plaignent, je dois avouer en tirer un certain plaisir. Au moins il y a de l’envie. Pas de football, mais de l’envie.
55e : Elle court, elle court la balle le long de la ligne de but. Deux fois. Mais ni Lukaku ni Rashford ne veulent commettre cette erreur fatale de nous donner l’avantage.
62e : Llorente et Dembele rentrent pour Tottenham. Pocchetino ne respecte pas l’esprit du 0-0.
66e : Mourinho au contraire remplace Mkhitaryan par Lingard.
71e : Martial remplace Rashford. Il va quand même falloir nous expliquer qui a légiféré sur leur interdiction de jouer ensemble ? La Premier League, l’UEFA, la FIFA, les Illuminatis ?
78e : Delle Alli est superbement servi aux six mètres mais craque mentalement : il envoie la balle côté pub, plutôt que côté but.
79e : Lukaku riposte en catapultant une tête pourtant impossible sur le poteau.
81e : Le dernier quart d’heure étant entamé, Manchester s’autorise une folie : De Gea dégage, Lukaku prolonge de la tête, Martial dépose deux Tottenhamois et trompe Lloris. 1-0.
86e : Je ne connais pas assez la mère de Delle Alli pour dire certaines choses mais je n’en pense pas moins. 86 minutes qu’il alterne entre plongeons et tacles dangereux.
90e : Corner pour Tottenham renvoyé et formidable cavalcade de Lingard en solo qui s’achève par une frappe en tribune. Ne t’inquiète pas Jesse, personne n’est déçu, tout le monde savait comment ça se finirait.
90+3e : Fin du match. « Anthony Martial offre à Manchester United la place de concurrent direct pour le titre face à City » selon le monsieur SFR en tribune. Sans doute le trophée le plus pété depuis celui de « L’Equipe qui a mené 16 minutes contre le PSG ».
Ah attendez, José Mourinho semble vouloir s’exprimer à nôtre micro :

Les Diables :
De Gea (3/5) : A profité d’une vraie défense et de l’absence d’Harry Kane pour passer enfin une soirée sereine. Aurait pu en profiter pour aller chez le coiffeur.
Bailly (4/5) : A passé sa première période à balancer de longs parpaings inutiles devant. Ca allait mieux en deuxième mi-temps. Défensivement traiteur intraitable.
Smalling (5/5) : Ah ben alors celle-ci, on ne l’avait pas vue venir.
Jones (4/5) : Il y a eu cette mésentente, ce carambolage avec De Gea qui a stoppé mon petit coeur de pierre net. Mais tout est bien qui finit bien et Philou a fait le taf. Comme d’hab.
Young (2+/5) : S’est mis à jouer proprement au retour des vestiaires. C’est pas encore aujourd’hui que Darmian, Blind ou Shaw lui piqueront sa place…
Valencia (3/5) : Pitch fighter II turbo.
Matic (3/5) : D’une constance effrayante. Malheureusement quand autour ça suit moyennement, c’est difficile de briller.
Ander Herrera (2+5) : Intermittent du football.
Mkhitaryan (1/5) : Parasite du travail.
Rashford (3/5) : Il a longtemps (jusqu’à sa sortie) semblé être le seul capable de faire la différence. Mais du coup c’est raté, puisqu’il est sorti
Lukaku (3/5) : A le mérite de rester sur le terrain alors qu’il ne touche pas une balle, en attendant le moment où…
Les suppôts de Satan :
Lingard pour Mkhitaryan, 65e (NN) : Car c’est un bon camarade.
Martial pour Rashford, 70e (NN) : On espère que Guy Stéphan était toujours en tribune, pas aux toilettes.
Darmian pour Young, 90e (NN) : Gain de temps.
Mardi, c’est victoire contre Benfica et qualification pour les huitièmes de Ligue des Champions.
La bise inferanale