Mouiller le maillot mais pas que

Le contexte

Rappel des derniers épisodes : la Suède a gagné contre la Corée du Sud, le Mexique a gagné contre l’Allemagne, le Mexique a aussi gagné contre la Corée du Sud et maintenant la Suède et l’Allemagne s’affrontent. Résumons les enjeux : l’Allemagne ne doit pas perdre ; l’Allemagne peut difficilement se permettre un match nul ; la Suède peut se permettre un match nul ; la Suède peut se permettre une défaite ; mais la Suède aimerait quand même bien une victoire.

Restons courtois, la Suède n’a pas gagné depuis 11 matchs contre l’Allemagne, c’est à dire depuis une quarantaine d’années. Ils ont gagné le premier match. Vous savez ce qu’ils vont se dire là maintenant : le match contre l’Allemagne est notre soupape, concentrons plutôt nos forces sur notre ennemi direct, le Mexique. Et vous savez ce se sont dit les Allemands avant le match : on va les manger, les occire, les réduire à des petites choses qui feront ce que nous voudrons, nous vengerons l’humiliation du match contre le Mexique en leur roulant dessus, il ne restera rien de cette sous race. Voilà en quelques mots, l’état d’esprit de l’équipe d’Allemagne à quelques secondes de fouler la pelouse et pas que d’une grande page de son histoire comme il en existe tant

Dans ces conditions, il est faux de dire qu’une victoire arrangerait les deux équipes. Pour l’intégrité physique des petits jaunes, seule une victoire allemande arrangerait les deux équipes.

 

Le match

Il n’y a pas eu de match. Ce fut une domination nette et sans partage de l’Allemagne : à la 11e minute, l’aigle flamboyant en était à 122 passes, les petits poussins en avaient 6. C’était presque touchant, on ne voulait pas trop les casser. Oh qu’ils étaient mignons avec leurs maillots trop grands ces petits Suédois. Stérile.

Et vint la 13e minute qui a tout cassé. Contre rapide de la Suède, Berg se présente devant Neuer, va tirer et gros retour Boateng qui éjecte l’attaquant. Seul un blaireau aveugle d’arbitre en cabine ne verrait rien. Figurez-vous Arsène qu’il s’agissait de Clément Turpin. Ouais mon con, Turpin. Bref. La formidable machine allemande a eu peur et tout s’est déréglé : blessure de Rudy, hésitation sur son remplacement pendant de très longues minutes où l’Allemagne a joué à 10, remplacement par Gündogan et but d’un cul-de-jatte toulousain, Toivonen à la 32e. Des occasions des deux côtés jusqu’à la mi-temps mais rien chez nous. Inefficacité totale avec 75% de possession. Branle-bourse doit venir de Brandebourg. Putain sa race. Il est impossible de perdre, d’être éliminé.

Non c’est impossible. 48e, but de Reus, une évidence, le réveil ne peut venir que de lui, je vous le disais lors de la dernière académie. Oui je l’ai dit. Il est déjà devenu titulaire, une première en coupe du monde pour lui, et il est là le coup du sort, enchaînement Werner, Gomez, passe décisive pour son premier ballon et Reus qui la met du genou en passant devant les cages. Oui cela devrait être sale, on en est là, on est là, on y reste, on ne bouge plus. Un but venu après 34 tirs sur les deux matchs. ET c’est reparti, on se remet dans le camp suédois, on avance, on creuse nos tranchées, on sort l’artillerie, on attaque, on prend des risques, on combat jusqu’à la dernière goutte, nous ne tomberons pas ou si nous tombons, nous serons tous morts : frappe de Kroos, tête de Müller, talonnade de Reus, Boateng en meneur de jeu qui distribue des deux côtés pour déséquilibrer, Werner qui déborde, ils sont là les valeureux qui veulent décrocher l’étoile, la Lune étant pour les romantiques. Une occupation en règle de l’Allemagne. Mais le score n’est encore que de 1-1…

L’Allemagne est encore loin du compte. Alors les esprits s’échauffent un peu. Boateng prend un jaune et commence à faire un peu trop sentir sa frustration, beaucoup trop de gestes tendancieux sur deux matchs, cela va commencer à se voir. Müller, très attendu pour cette compétition n’a toujours rien montré et se permet un croche-pied assez vilain sur un Suédois, il aurait mérité de sortir, mais ne le disons pas trop fort. En revanche, Boateng a finalement bien le droit à son rouge pour un tacle par derrière de boucher à la 81e, premier carton rouge en coupe du monde depuis 2010. Les derniers moments arrivent, l’Allemagne s’acharne pour ne rien regretter, Gomez voit sa tête écartée d’une manchette par Olsen, Brandt rentre encore pour quelques minutes et trouve un joli poteau. Et vient la 95e, faute sur le côté gauche la surface, une sorte de corner ouvert. Kroos et Reus autour de la balle. Kroos décale, Reus stoppe la balle, Kroos enroule au 2e poteau, petit filet merveilleux. Une exultation profonde et blanche comme un beau maillot allemand immaculé. But incroyable, c’est plié. Les joueurs exultent. 94’42’’, pour l’histoire ce sera le but le plus tardif de l’Allemagne en match (hors prolongation).

 

La pression, les amis, la pression, voilà ce qu’on en fait en Allemagne, on se la sert au petit déjeuner. Retour à la normale, l’Allemagne est devant. Alors les pleureuses ?

 

L’équipe

Low a mis de côté le milieu de terrain historique Khedira-Ozil, a renvoyé Plattenhardt à ses études, Hummels à sa retraite. Place à la dynamique de victoire Rüdiger est dans l’axe, Hector sur l’aile gauche, Rudy soutient Kroos au milieu, Reus fait son entrée devant. Logique. Low vise aussi bien le principe de réalité des échecs du premier match versus homme en forme que l’électrochoc chez certains cadres indéboulonnables. Personne n’a bougé. Personne n’a crié. On ne veut voir qu’une tête et rien qui ne dépasse.

Bilan positif forcément mais il faudra remplacer Boateng qui, même s’il a frôlé l’expulsion lors des deux matchs, a abattu du gros boulot et pas mal d’adversaires. Il faudra bien évaluer l’état de forme d’un Gündogan, désastreux pour ses 60 minutes de jeu. Enfin, il y a la question Müller. Cela deux compétitions qu’on ne le voit plus, il n’a plus de fraicheur à ce stade de la saison et il pèse négativement. L’option Gomez d’entrée est à sérieusement étudier pour offrir à Werner un vrai point d’appui à son niveau puisque les attaques lancées ont du mal à se conclure. Cela dit, Müller pourrait sauver sa tête si Draxler sort du 11 titulaire, ce qui un choix conseillé.

Les joueurs

Neuer (3/5) : Ridicule sur le but et a finalement eu assez peu l’occasion de briller. Une belle présence qui monte en confiance et en puissance. Il sera au rendez-vous.

Hector (2/5) : Un but encaissé -> sous la moyenne. A été plus intéressant que son prédécesseur, ce sera un rôle ingrat pour toute lé compétition.

Rüdiger (2/5) : Un but encaissé -> sous la moyenne. Moins de classe qu’Hummels, moins puissant que Boateng, il est obligé de bosser plus.

Boateng (1/5) : Un but encaissé -> sous la moyenne + un carton rouge. Faut pas abuser, tu vas faire les choses proprement, tu n’es pas chez ta mère. A raté son match, a mis son équipe en difficulté dans un moment critique de son histoire. Je t’en veux mais tu as été présent. 5/5 sur le sentiment mitigé.

Kimmich (2/5) : Un but encaissé -> sous la moyenne. Clairement un monstre en devenir et déjà beaucoup de métier, un profil très apprécié de ma personne.

Kroos (4/5) : la RDA taille patron. Encore une fois, le sauveur de l’équipe, le leader technique en l’absence d’Ozil et pendant la sieste de Draxler et de Müller. Attention à ne pas compter sur lui tout le temps après la 90e. 144 ballons, record allemand.

Rudy -> Gündogan (1/5) : Rien vu. Absent et mauvais choix. Un mauvais coaching.

Draxler (1/5) : Esprit, es-tu là ? A grillé sa place en sortant à la mi-temps. On le reverra en dynamiteur de prolongations lors du deuxième tour.

Reus (4/5) : la star espérée, le sauveur, l’affamé de trophées à la carrure pour tirer les autres vers le haut. Une bonne surprise pour un très bon joueur.

Müller (1/5) : Le cadavre de Gerd Müller aurait été plus efficace et plus agréable à voir.

Werner (3/5) : il lui manque encore quelques automatismes et un copain de bac à sable pour concrétiser. Gomez devrait venir bientôt.

Les remplaçants

31e : Gündogan entre à la place de Rudy : Non.

46e : Gomez entre à la place de Draxler : Oui.

87e : Brandt entre à la place de Hector : Oui.

 

Vous n’avez pas fini de me lire.

 

 

Permettez-moi d’insérer une réaction suite à ce match, celle d’un illustre ancien du site qui a réalisé une Klakette Moustache il y a quelques années : M. Luissette (@R_direktor). Son analyse correspond au sentiment vrai d’une grande partie de la population allemande. BA à lui et à très vite patron. 

5 thoughts on “La Klakette-Moustache Académie a l’exultation tardive

  1. Certes. A vérifier tout de même.

    Rappelons que la plus belle victoire ne coupe du monde, celle de la France en 98, ce merveilleux pays gagne 3 matchs à 10. Petits joueurs.

  2. Le cas de Müller m’interpelle : manque de fraîcheur ? De motivation ? Jeu meix ciblé des adversaires et donc moins de place ? Depuis la CdM 2014, il n’a presque plus brillé avec la NM.
    Özil et Khedira doivent comprendre que leur place n’est pas assurée. Malgré son âge et sa lenteur, Gomez a pesé sur la défense,, tout enermettant à Werner de passer à gauche, là où il a été bien plus remuant et dangereux.
    Neuer ridicule sur le but ?? Messi met le même but avec contrôle de la poitrine en pleine course et petit lob pour marquer, on en parle pendant 3 semaines.

  3. Tellement heureux pour Reus. Quel bel homme. Quel jouor. Viens à Liverpool.
    Herr Müller je ne sais plus quoi en penser. Il est fantomatique mais reste capable de marquer un but dégueulasse à la 90′ en demi-finale.

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