Au courrier du cœur : Si Payet part, ce n’est la faute de personne

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Communication piège à con

Voici quelques commentaires autour du communiqué de presse de l’OM sur la situation de Payet daté du 25 juin 2015.

 

L’Olympique de Marseille précise qu’il n’est absolument pas dans son intention de vendre son joueur Dimitri Payet.

TS : Ce sont les forces insondables des plaques telluriques qui le poussent inexorablement sur des terres étrangères où l’herbe est plus verte et les comptes bancaires mieux remplis.

Au début du mois de juin, un accord en ce sens a été trouvé avec Dimitri et son agent.

TS : A noter le changement dès la deuxième phrase pour s’adresser à Dimitri et non plus Dimitri Payet. C’est un peu un membre de la grande famille olympienne, c’est un peu l’enfant chéri, celui qu’on veut garder près de soi. Dimitri, Dimitri, reste, Dimitri

Les deux parties ont entériné à cette occasion que le meneur de jeu de l’OM honorerait ses deux dernières années de contrat.

TS : Troisième phrase et on monte dans les caresses, on est passé de Dimitri Payet à Dimitri et de Dimitri à « LE meneur de jeu de l’OM ». Plus de concurrence avec d’autres joueurs, plus de Valbuena, plus d’Ayew, pas encore d’Alessandrini, pas encore de Thauvin, on ne sait pas où est passé Barrada. Donc Payet est le meneur de jeu de l’OM et avait prévu de rester jusqu’à la fin de son contrat évidemment, et Labrune avouant à demi-mot qu’il est prêt à laisser partir les joueurs gratuitement.

Le 22 juin, l’agent de Dimitri a pourtant sollicité un nouveau rendez-vous avec le président Vincent Labrune.

TS : Le basculement de la bienveillance du rédacteur est dans cette phrase et plus précisément dans « pourtant ». En effet, pourquoi solliciter un nouveau rendez-vous alors que tout était réglé, que tout le monde était content et que Labrune avait la certitude de conserver au moins un cadre de l’équipe en septembre ? On remarquera aussi le dédain du rédacteur dans la formule « l’agent de Dimitri » qui n’a pas de nom, alors que le président est bien Vincent Labrune, prénom + nom.

Lors de cette rencontre, il a annoncé que lui et son joueur avaient ouvert des négociations avec West Ham, précisant que le club anglais proposait un contrat de 6 ans assorti de 30 millions d’euros sur cette période pour le joueur.

TS : Normalement on n’ouvre pas de négociations sans l’accord du club. C’est une règle publique, on ne démarche pas, on ne va pas chercher le client, on n’est pas des vulgaires taxis. La précision de la durée et du montant du contrat est perfide, normal venant de Londres, car on induit une trahison de l’agent et du joueur pour une vulgaire somme d’argent alors que l’amour du maillot devrait être tellement plus fort.

De ce fait, l’agent réclamait une revalorisation colossale et immédiate du contrat de Dimitri Payet pour qu’il reste à Marseille.

TS : Le meneur de jeu de l’OM est redevenu Dimitri Payet, un joueur lambda qui cherche à revaloriser son contrat par un chantage à peine déguisé.

Incapable de répondre à cette demande, l’Olympique de Marseille, par la voix de son président, a d’abord exprimé sa surprise que des négociations aient été ouvertes avec un autre club sans que l’OM n’ait été averti.

TS : Le point juridique est enfin abordé, à la limite, si le président avait voulu être fort, il n’aurait pas exprimé sa surprise, il aurait intenté une action auprès de West Ham. J’émets une légère réserve sur l’emploi du terme « incapable » qui n’a jamais une connotation positive pour son propriétaire. On peut faire preuve de fermeté, on peut ne pas vouloir céder au chantage, on peut demander un temps de réflexion, on peut ne pas vouloir tout simplement, être incapable, c’est être passif, c’est ne pas avoir de pouvoir, c’est regarder partir les trains des titulaires.

Le club a ensuite repoussé les exigences inconsidérées de l’agent de Dimitri Payet expliquant qu’il était d’accord pour réviser à la hausse de manière raisonnable les conditions du joueur mais seulement à la mi-juillet, après avoir respecté ses engagements auprès de la DNCG.

TS : Incapable de répondre mais repoussant les exigences « inconsidérées » qui seraient plutôt considérables d’ailleurs. Mais dans cette phrase, le club part à la faute, une faute typique des patrons qui veulent se sucrer sur le dos de leurs employés. Si le club est d’accord pour « réviser à la hausse » le contrat, pourquoi ne pas le proposer dès la rencontre de juin, comme une preuve de bonne volonté et empêcher l’agent et son joueur de prêter une oreille attentive aux approches de clubs étrangers. Finalement, l’OM dit en substance : « on a essayé de t’enfler en économisant sur ton salaire, tu l’as vu, tu essaies de nous la faire à l’envers, mais on ne va pas se quitter comme ça, je veux bien de donner le supplément grandes frites, mais demain. »

L’agent du joueur, refusant cet échéancier, a demandé à Vincent Labrune une réponse rapide affirmant, que dans le cas contraire, la piste anglaise serait privilégiée.

TS : L’agent du joueur n’a toujours pas de nom, n’existe pas en tant que personne mais seulement à travers sa fonction d’emmerdeur selon le club. Ce qu’il fait bien, il faut le reconnaître.

Surpris par cet ultimatum, le président marseillais a décidé après une demi-journée de réflexion de répondre favorablement à l’offre anglaise qui lui est parvenue au même moment afin de placer son joueur face à ses responsabilités.

TS : L’agent, cette petite ordure a donc bien manigancé avec West Ham pour faire corréler la fin de son ultimatum subtile avec l’arrivée de la proposition officielle du club. Ce qui, visiblement, ne pose toujours pas de gros problème au président qui répond favorablement dès qu’il y a une possibilité de récupérer au-delà de 50 euros en une fois. Et il est un dur à cuire le président, les ultimatum, ce n’est pas pour lui, lui il se permet de ne rien faire et de laisser le transfert se faire sans jamais avoir négocié avec le club demandeur. Si West Ham avait proposé 2 millions, il aurait accepté aussi, rien que pour garder son honneur. C’est beau de voir un tel homme évoluer dans un tel milieu de requins quand même…

– Rester dans un club qu’il dit aimer et attendre la mi-juillet pour une discussion avec son président afin de revoir ses conditions contractuelles à l’OM.

TS : L’amour du maillot ma gueule, c’est l’argument massue. Et la promesse de discuter, mais pas tout de suite, cela ne sert à rien de prendre de l’avance, c’est hyper vendeur, ça donne tout de suite envie de rester.

– Ou choisir le pont d’or que lui propose West Ham.

TS : Le choix s’annonce compliqué résumé à ces deux perspectives.
L’OM souhaite évidemment que Dimitri choisisse de rester à Marseille la saison prochaine.

TS : On a perdu de vue l’agent depuis quelques phrases pour tenter une opération désespérée de massage des pieds à Dimitri. Sans doute pour éviter au pauvre Dimitri de se mettre un grand public à dos et d’éviter la répétition du cas Thauvin (même si beaucoup de choses sont différentes) qui s’engage et puis non. Au final, il faut noter le « je limite la casse mais ce n’est pas entièrement la faute du joueur, ni la mienne » de la présidence de l’OM, le non engagement sur la revalorisation du contrat à court terme, aucun montant. Incapable. C’est lui qui l’a dit.

 

 

The Spooner

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9 thoughts on “Au courrier du cœur : Si Payet part, ce n’est la faute de personne

  1. C’est bien gentil de nous faire des fiches de lecture Mr Cuillère mais ça n’a pas grand intérêt si c’est pour enfoncer des portes ouvertes…
    Le genre d’articles qui pourraient entraîner des dizaines de commentaires dignes de l’équipe ou du phocéen.
    C’est sur que la situation est plus qu’inquiétante, nous en sommes pour la plupart conscients, on y verra plus clair au retour de Bielsa, ou pas (j’ai quand même de gros doutes).
    Les supporters que nous sommes n’ont qu’à arrêté de suivre, je ne parle pas de changer d’église mais d’une VRAIE grève du supportérisme, pour ceux qui ont une autre raison de vivre que leur saint club, surtout quand ce club passe son temps à se moquer de ses supporters.
    Ce qu’il leur faut c’est le plus grand des mépris, un stade vide, des boutiques qui n’arrivent plus à vendre leurs maillots hors de prix et surtout arrêter de relayer la propagande officielle diffusée par Labrune et consorts.
    Et au pire il nous reste Marseille-Consolat (tagada tagada tsoin tsoin).

  2. Pourquoi le club ne propose pas un nouveau contrat à Payet dès le mois de juin ? Ça me paraît clair cher Spooner : le club ne va augmenter sa masse salariale alors qu’il doit passer devant la DNCG à la fin du mois, d’où l’attente du mois de juillet pour la revalorisation.
    Quant au communiqué, c’est simplement un moyen de faire passer la pilule aux supporters. Si Labrune ne voulait pas vendre Payet, il aurait refusé l’offre de West Ham. Simplement il ne peut pas puisque Imbula est encore au club.

  3. J’en profite pour poser une question de néophyte. On est bien d’accord que ça sert à rien les communiqués de presse ?

  4. Si à avoir la parole officielle ampoulée de mauvaise foi. C’est un parapluie pour la shit storm.

    Et c’est aussi ce qui permet aux journalistes d’écrire leurs articles. En fait ce sont de plus en plus souvent leurs articles. Parce que bon il ne faut pas trop les bousculer et leur demander de comprendre des sujets ou de chercher des infos. Pas trop.

  5. Un mois après, je me dis putain le passage sur les taxis c’était risqué à ce moment là… inconscience, goût du risque?

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