Avant-propos – Jamais avare d’une idée pour développer le site, la division marketing de horsjeu.net lance « Horsjeu Kidz » : tout l’esprit de horsjeu.net, mais que vous pouvez sans crainte lire à votre progéniture sans risquer une saisine du juge des enfants. Quoi de mieux pour cela que de vous proposer en première mondiale ce crossover historique entre notre héros local, Superacad, et celle des enfants, Ladybug, dont on est prêts à parier qu’elle a déjà subi desfan-fictionsmoins avouables que celle-ci… quoique.

Nous remercions nos lectrices-test, qui ont semblé apprécier sans avoir besoin de finir chez la pédopsychiatre. Enfin, en cliquant sur la couverture ci-dessous, vous disposerez du récit au format PDF 16-pages imprimable, sans doute plus adapté que la lecture sur le web.

***

Superacad contre Miraculous Ladybug

Alya était toute excitée ce matin, en retrouvant Marinette à l’entrée du collège :

Tu as vu ce message, qu’on a reçu ce week-end ? Un atelier journalisme va ouvrir au collège ! C’est même Eddy Teurbelhomme, le chef du site Horsjeu.net qui va venir l’animer !

– Ah, euh… ça a l’air super, hésita Marinette. Mais Horsjeu, ce n’est pas un média de football, à la base ? Tu as l’intention de lâcher le Ladyblog pour parler de ballon rond ?

– Mais non, voyons, tu sais que je n’arrêterais jamais de suivre Ladybug. Mais un grand journaliste professionnel comme lui, il va forcément me faire progresser à fond. Tu devrais venir, à l’atelier, aussi, après tout toi aussi tu peux t’améliorer en écriture.

– Pourquoi tu dis ça ? Moi je veux devenir styliste, on n’a pas besoin de faire des jolies phrases pour ça.

– Comme tu veux, ma Marinette. N’empêche que j’ai vu ta dernière tentative de lettre d’amour à Adrien et… comment dire… oui, ça serait pas mal de réussir à faire des jolies phrases. Ou des phrases qu’on comprend, dans un premier temps.

Marinette ne réussit qu’à répondre « hgnnnnn » en rougissant jusqu’aux oreilles, comme à son habitude dès lors qu’il était question d’Adrien. C’est ici que son art de détourner la conversation faisait généralement des merveilles :

– Oh, dis donc Alya, tu le connais ce garçon, qui arrive avec une béquille ? Je ne l’ai jamais vu au collège.

– Il s’appelle Timothée, entendit-elle répondre derrière elle. Il s’agissait d’Adrien, qu’elle n’avait pas entendu arriver en compagnie de Nino. Evidemment, la jeune fille sursauta en poussant un cri aigu.

– Oh, pardon Marinette, s’excusa Adrien. C’est vrai, j’aurais dû vous dire bonjour d’abord. En tout cas oui, c’est Timothée. La béquille, c’est parce qu’il s’est tordu la cheville en jouant au foot l’autre jour.

– Il tient un site amateur sur le foot, renchérit Nino, enthousiaste. Un super site d’ailleurs, c’est comme ça que je le connais. Il écrit des comptes-rendus de tous les matchs du Paris Sporting Club, on parle d’ailleurs de lui pour intégrer Horsjeu.net, vous savez, le grand média de sport.

– Aaaaah, ce doit être pour cela qu’il vient au collège, pour suivre l’atelier journalisme. En gros il est un peu comme toi, Alya, sauf que lui, ses super-héros, ce sont des joueurs de foot.

***

L’atelier journalisme s’était rempli d’une petite douzaine de participants : quelques élèves du collège Françoise Dupont, ainsi que d’autres jeunes, comme Timothée, venus spécialement d’autres établissements pour suivre l’atelier. Marinette et Alya s’étaient empressées d’aller faire la connaissance du jeune homme, un roux aux cheveux bouclés d’un abord très sympathique.

– Oui, je suis le PSC depuis que je suis tout petit, leur expliqua Timothée. J’accompagnais mon grand frère au stade, il écrivait des articles pour Horsjeu.net. Malheureusement il a disparu il y a quelques années. Mon rêve, c’est de faire comme lui et de devenir journaliste sur ce site.

– ALLEZ, ON ARRÊTE DE JACASSER, ON SE SORT LES MAINS DU SLIP ET ON S’INSTALLE, retentit une voix, alors que l’Éditeur, justement, faisait une entrée fracassante dans la salle. Grand, sec, impressionnant, tout simplement beau, ses yeux de métal sombre fusillèrent un par un les jeunes élèves, qui s’installèrent sans piper mot. Seule Alya s’autorisa à chuchoter dans l’oreille de Marinette :

Eh ben, moi qui croyais que le père d’Adrien était l’homme le plus inquiétant du monde, finalement il paraîtrait plutôt sympa à côté de lui.

En effet, l’Éditeur était en apparence une sorte de Gabriel Agreste brun, le genre de personne pour qui une seule chose comptait : la rigueur professionnelle. En apparence seulement, ceci dit ; au grand soulagement de l’assistance, l’atelier fut un vrai plaisir, l’Éditeur distribuant conseils et encouragements, sans oublier quelques gentilles vannes au passage. A la sortie, toutes et tous étaient tombés sous le charme.

– C’est suuuuuuuuper ! ne put s’empêcher de crier Rose, venue accompagner son amie, la timide Juleka. Tu vas pouvoir suivre tous les concerts de rock et écrire dans tous les magazines, en plus tu feras la communication des Kitty Section, on va atteindre des sommets !

C’est clair, approuva Alya. En un seul cours j’ai vu tous les défauts que je pouvais avoir dans le Ladyblog, je vais pouvoir améliorer tout ça et je vais exploser le nombre de vues.

– Je vais écrire un magazine de fruits et légumes, tout ça m’a donné la pêche !, cria Monsieur Banane.

– Et toi, Timothée, demanda Marinette. Tu connaissais déjà l’Éditeur, toi, je crois ?

Oui, j’ai déjà fait des stages chez lui, c’est lui qui m’a demandé d’assister à l’atelier pour travailler encore plus. Normalement, si tout va bien, la saison prochaine je commence à écrire des académies du Paris Sporting Club pour Horsjeu.net.

La main de l’Éditeur s’appuya sur son épaule.

– Eh oui mon grand, avec ton style je n’ai aucun doute, tu seras le digne successeur de ton frère. D’ailleurs je voulais te dire, samedi soir tu viens avec moi au Stade des Princes.

Timothée ouvrit des yeux de petit enfant devant une vitrine de Noël.

Voir le match contre les Olympiens Phocéens au stade ? Ouahouh, c’est super, j’aurais jamais pu me payer le billet !

– Remercie Gabriel Agreste, c’est lui qui a offert des places pour les élèves du collège. Tu sais qu’avant le coup d’envoi, ils présenteront le nouveau maillot du club, la collaboration spéciale « PSC x Agreste ». D’ailleurs les filles, j’ai des invitations pour vous aussi, si vous voulez. Pas uniquement parce qu’on parle mode, hein, ça va surtout être un beau match de foot, rigola l’Éditeur. En tout cas vous serez aux premières loges, ça c’est sûr.

Rose, Juleka et Alya sautèrent de joie, seule Marinette restant un peu renfrognée. Sa meilleure amie s’en aperçut et l’emmena discuter à l’écart du groupe.

– Bah alors, t’as pas l’air contente. Attends, c’est le Tout-Paris qui va être au stade samedi, c’est un miracle d’avoir pu attraper des places VIP, on ne va pas gâcher ça ?

– Boh je sais pas, la dernière fois qu’on a fait du foot au Stade des Princes, souviens-toi, on s’est retrouvés avec un super-vilain. C’est pas un grand souvenir.

– Mais ça ne se reproduira pas, voyons, c’est un soir de fête. Et puis tu as oublié le principal.

– Hein ?

– Il n’y a pas que le match, il y a aussi le nouveau maillot. Un maillot du styliste Gabriel Agreste.

– Oui, et alors ?

– Et alors, bécasse, le mannequin qui présentera le maillot, ce sera qui, à ton avis ?

– HIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ADRIEEEEEEEEEN, mais qu’est-ce qu’on attend, faut vite filer au stade, on va être en retaaaaaaaaaaaaaaaaaaard !

– Ho, tout doux, Mademoiselle, c’est samedi, je te rappelle.

***

Le samedi venu, presque toute la classe de Marinette se trouvait dans les salons du Stade des Princes, attendant le dévoilement du nouveau maillot. Il y avait les apprentis journalistes, bien sûr, mais aussi Nino, invité par son pote Adrien. Bien qu’elle détestât le football, Chloé Bourgeois était aussi de la partie, évidemment : en tant que fille du maire de Paris, il était hors de question de rater un tel événement. A plus forte raison si ses pouilleux de camarades de classe y assistaient.

L’Éditeur vint saluer le groupe et plus particulièrement Timothée. Le patron était accompagné d’un homme d’âge moyen en survêtement, claquettes et chaussettes, portant un collier de barbe, d’énormes lunettes de soleil et une chaîne en or d’un kilo environ. L’Éditeur fit les présentations :

– Voici Carmelus Baasz, qui rédige les académies des Olympiens Phocéens pour notre site. Timothée, ce soir tu travailleras à côté de lui, puisque toi tu rédigeras l’académie côté Paris Sporting Club.

Timothée tendit une main timide à l’énergumène :

Content de te rencontrer Carmelus, je crois que tu as connu mon grand frère.

– Hé oué, ça c’est sûr, c’était une épée le garçon. Ah et puis j’ai le souvenir de quelques aventures quand il était venu à Marseille, wola, surtout au bord de la plage quand il avait attrapé le Youtubeur Bangrouste et qu’il lui avait mis son haut-parleur dans… Un coup de coude brutal de l’Éditeur recentra la conversation. Enfin, bon, là faut que je vous laisse, faut que j’aille aux toilettes avant le coup d’envoi, parce que si j’y vais pas, après, pendant tout le match je suis tellement stressé que bon, vous voyez le truc, quoi, une fois j’ai tellement empoisonné la tribune de presse que les stadiers sont venus en croyant que quelqu’un avait allumé un fumigène.

– Oui, merci, on va éviter les détails, conclut l’Éditeur.

C’est bizarre, remarqua Timothée, il a parlé de mon grand frère à Marseille, j’ai pas le souvenir d’avoir déjà entendu quelque chose à ce sujet, je ne savais même pas qu’il était déjà allé là-bas.

Oh c’est une longue histoire, que tu pourras peut-être connaître quand tu seras adulte. Ah, je vois l’assistante de Gabriel Agreste, ça veut dire que la cérémonie va commencer.

En effet, Nathalie venait de faire son apparition, porteuse de l’inévitable tablette par le biais de laquelle Gabriel Agreste intervenait à distance. Elle était accompagnée du maire André Bourgeois, toujours aussi content de son importance et qui entama un discours inintéressant sur le prestige du Paris Sporting Club, le prestige de la marque Agreste, et le prestige que représentait pour Paris la collaboration entre ces deux institutions. Marinette remarqua que Timothée avait l’air de s’ennuyer profondément.

– C’est de pire en pire avec ce club, on finit par donner de l’importance à tout sauf au foot, souffla-t-il.

Le discours de Gabriel Agreste était tout aussi lénifiant, tout juste le public eût-il un sursaut d’intérêt lorsqu’il entendit le styliste déclarer : « il était important de réaliser un geste fort, c’est pourquoi nous avons conçu un maillot innovant qui marque une véritable rupture dans l’histoire du club et de la ville. Mais trêve de bavardages, il est temps pour vous de découvrir le nouveau maillot du Paris Sporting Club par Gabriel Agreste ! »

Les lumières s’éteignirent, à l’exception d’une poursuite braquée sur un petit podium ou apparut Adrien, vêtu de la création.

– Ooooooooooooooooh, firent la majorité des spectateurs émerveillés.

Bêêêêêêurk, firent l’Éditeur et Timothée avec une grimace de dégoût.

Gaaaaaaaaaa, fit Marinette, un filet de bave au coin de la bouche.

S’ensuivirent dix minutes de mitraillage photographique, avant qu’Adrien ne puisse s’extraire pour aller retrouver ses camarades.

– Alors, comment vous le trouvez, ce maillot ?, demanda-t-il.

– Tu es beeeeeaaaaaaaau, répondit Marinette avant de se reprendre. Enfin, non, je veux dire que le maillot est beau, pas toi. Enfin, non, je ne veux pas dire que tu n’es pas beau, mais c’est vrai que ce maillot il est super, comme toi. Enfin, je… oh, mais le match a déjà démarré dites donc, il faut vite qu’on rejoigne nos places !

– HEIN ?, s’écria Timothée en regardant son portable. Mais c’est vrai en plus, ils étaient tellement absorbés par leur ânerie de maillot qu’ils n’ont même pas fait attention au match, ces idiots. On est dans un stade de foot et personne ne s’intéresse au foot.

Tous les jeunes se mirent à courir vers les tribunes, avant de s’apercevoir qu’avec sa canne, Timothée ne pouvait pas les suivre aussi vite.

– Allez-y vite, proposa Adrien à ses camarades, on vous suit avec Timothée.

– Merci Adrien.

– Oh pas de quoi, pour tout te dire ça m’ennuie de courir tout le temps.

– Tu le trouves vraiment bien ce maillot, toi, Adrien ?

– Ah ben je ne suis pas spécialiste des maillots de foot, mais mon père a fait quelque chose de joli, non ? Couleur blanche, reflets légèrement pailletés. Et t’as vu, il a enlevé le logo pour le remplacer par une fine Tour Eiffel dorée en liseré sur toute la hauteur du maillot, c’est plutôt bien vu ?

– Ouais, non, c’est certain, ça claque, mais les couleurs du club c’est quand même bleu et rouge à la base. Et supprimer le logo, quand même. Ça m’étonnerait que les supporters ne protestent pas.

– Ah ça peut-être, je ne connais pas assez le sujet pour savoir. Tiens, on arrive, tu n’as plus qu’à rejoindre ta place.

Tandis que Timothée descendait les escaliers en boîtant, il n’entendit que des compliments émerveillés sur le nouveau maillot blanc et or que portaient les joueurs du PSC.

– C’est dingue, fit-il remarquer à l’Éditeur. Cette équipe joue comme des brêles depuis des semaines, et tout ce que les supporters trouvent à dire c’est « on a un super maillot ».

– Et encore collègue, t’as pas vu le tableau d’affichage, lui lança un Carmelus Baasz tout sourire.

En effet, le match n’avait pas commencé depuis cinq minutes que les Olympiens Phocéens menaient déjà 0-1. Timothée se renfonça dans son siège, passablement agacé. En fait, ce n’était même pas le fait de voir son club mené par le rival historique, qui l’attristait : c’était surtout de constater que l’immense majorité du public n’en avait rien à faire du score, ni même du football en général. De loin, il aperçut Chloé Bourgeois toute occupée à faire des selfies, fière d’avoir pu se procurer le nouveau maillot avant tout le monde grâce à son père.

Adrien, lui, était seul entre deux sièges vides. Son père était absent et Nathalie, quant à elle, s’était éclipsée. Restée seule dans le salon, l’assistante communiquait par la tablette avec Gabriel Agreste.

– Pourquoi n’êtes-vous pas venu au stade ? Ce serait important que le public vous voie en personne, dans de tels moments.

– Nathalie… je viens d’avoir une idée. Imaginez les émotions d’un match de football, répercutées sur 50 000 personnes. Imaginez si le Papillon avait le pouvoir de profiter de toute cette masse d’émotions en une seule fois : ce serait l’arme absolue contre Ladybug et Chat Noir. Ce soir le PSC est en train de perdre contre son pire adversaire, c’est le moment ou jamais. Je dois essayer. NURU, TRANSFORME-MOI !

Pourtant, une fois descendu dans la crypte, le Papillon n’en crut pas ses sens. Il consulta sa tablette, pour vérifier qu’à l’heure de jeu le PSC était pourtant toujours mené au score.

– Ce n’est pas possible, je… je ne ressens presque aucune émotion négative. Leur équipe de cœur joue mal, ils perdent, ils sont même humiliés, et il n’y a personne que cela énerve à part deux ou trois personnes ? Mais qu’est-ce que c’est que ce stade ? Rhââââ, cela ne sert à rien, Nuru, déstransformation.

***

On disputait maintenant le temps additionnel. Dans la tribune VIP, les académiciens Horsjeu, Carmelus Baasz d’un côté et Timothée de l’autre, étaient au comble de la crispation. Le premier craignait de voir son équipe rater au dernier moment une victoire historique, le second désespérait de voir ses joueurs déshonorer leur maillot, nouveau maillot qui lui-même déshonorait l’histoire de son club de cœur. En témoin neutre, l’Éditeur profitait du match, quand tout le reste de la tribune paraissait n’en avoir rien à faire. Timothée se demandait même si la majorité des spectateurs savaient bien quelle équipe jouait en blanc et l’autre en bleu, ce soir.

Marinette, quant à elle, oubliait peu à peu tous les super-vilains que Ladybug avait déjà dû affronter dans ce stade. C’était tout simplement une bonne soirée entre amis, Adrien n’était pas loin, elle le retrouverait à la fin du match sans oser lui parler… rien que de très habituel, en quelque sorte. Sur la pelouse, près de la cage marseillaise deux joueurs sautèrent ensemble pour disputer le ballon et finirent au sol. Clément Pindur, l’arbitre, désigna le point de pénalty à la surprise générale : à la dernière seconde, ce cadeau permit à l’attaquant vedette du PSC d’arracher le match nul.

Un grand « RHAAAAAAAA MON *** DE MES *** D’*** d’arbitre de sa *** la *** [note de l’Éditeur : les mots explicites ont été bipés, nous vous rappelons que nous nous trouvons ici dans la rubrique « Horsjeu Kidz »] se fit entendre quelques rangs plus bas. C’était Carmelus Baasz, rouge et bavant, qui n’avait visiblement pas digéré ce coup du sort arbitral et commençait à fracasser à coups de tête la rambarde de la tribune. Marinette partit aussitôt à la recherche d’une coursive déserte, tâche difficile puisque le public partait déjà en masse sitôt donné le coup de sifflet final. Enfin seule, elle tira Tiki de son sac à main :

Tiki, ce journaliste a été akumatisé, il faut absolument l’arrêter avant qu’il ne fracasse tout le stade. TRANSFORME-MOI !

Ladybug se précipita en bas de la tribune de presse où elle trouva Carmelus Baasz en train d’attaquer avec les dents son cinquième siège de la rangée, tout en continuant à grommeler des propos incohérents mais assurément très impolis. Chose étonnante, l’Éditeur restait à côté de lui tout en manifestant un calme absolu.

– Poussez-vous, cria Ladybug, je vais le maîtriser. L’akuma doit être dans son carnet.

De son yoyo, elle arracha le carnet des mains du journaliste et le déchira. A son grand étonnement, aucun papillon noir ne s’échappa de l’objet. Pire encore, Carmelus Baasz lui faisait face, certes énervé mais pas plus qu’un être humain normal.

– Ho, cacarinette, ça te suffit pas qu’on se fasse *** par ce *** d’arbitre, en plus il faut que tu me rointes toutes mes prises de notes ? Comment tu veux que je bosse, moi, après, ho ?

– Mais, heu, enfin, je vous ai vu hurler et tout détruire autour de vous, j’ai cru que vous étiez akumatisé ?

– Acouquoi ? Je sais pas ce que c’est, moi, ce truc de Parisien, ho. Non non, chez nous on réagit toujours comme ça quand on prend un but dans le temps additionnel. La passion du foot, quoi.

-Ah, heu… dans ce cas, heu… je vous rends les morceaux de votre carnet, j’espère que je n’ai pas trop, enfin voilà, quoi, oh, il faut que j’y aille, je vais me détransformer, au revoir, bon retour chez vous !

Dépité, Carmelus Baasz se tourna vers l’Éditeur :

– Ils sont vraiment bizarres, les gens dans les stades, chez toi.

Le chef ne répondit pas, profondément songeur. On aurait même pu deviner que de multiples engrenages venaient de se mettre en mouvement dans le cortex du patron de Horsjeu.net.

***

Le lundi, Timothée se rendit au collège d’une humeur massacrante, qui s’aigrit encore davantage en constatant que la moitié des personnes croisées, professeurs compris, portait cet affreux maillot. Marinette avait fait le même constat en arrivant en classe. Peu d’élèves portaient autre chose que la fameuse tunique : il y avait Marinette elle-même, qui n’aurait jamais eu l’idée saugrenue de passer son dimanche à faire la queue devant la boutique du club. Chloé, également, se désintéressait totalement d’un vêtement que tout le monde s’était mis à porter. Même Madame Mendeleïev arriva dans l’amphithéâtre porteuse du maillot blanc et or.

A l’atelier journalisme, Timothée se rassura en voyant que l’Éditeur, au moins, n’avait pas commis une telle faute de goût : le chef conservait son traditionnel ensemble col roulé / veste en daim / jean moulant. Cela étant, le chef n’avait pas l’air dans son assiette. Le pressentiment de Timothée se confirma lorsque l’Éditeur le convoqua, seul à seul, à la fin de l’atelier :

– Tu sais, Timothée, j’ai beaucoup réfléchi depuis samedi, et je ne vais pas pouvoir t’embaucher chez Horsjeu.net.

– Comment ça ? C’est mon article qui n’était pas assez bon ? Mais dites-moi ce que je dois corriger, c’est mon rêve d’intégrer Horsjeu.net, je ferais tout pour m’améliorer !

-Cela ne vient pas de toi malheureusement, ton style est parfait. Mais le foot moderne, ce n’est plus cela. Je vais arrêter de demander à mes journalistes de parler des matchs. Ce qui est devenu intéressant, dans le foot, ce n’est plus le ballon, ce sont les maillots, les ragots sur les joueurs… si on ne parle pas de cela plus personne ne va nous lire. Donc je suis désolé, mais je ne vais plus embaucher de journalistes sportifs, je vais prendre des rédacteurs mode et people. Vraiment ça m’ennuie, surtout par rapport à ton frère, mais je n’ai aucune solution. Le foot a changé.

– Mais… mais… gémit Timothée pendant que l’Éditeur s’éloignait.

***

La rosace s’ouvrit dans un bruit sinistre, et un rayon de soleil illumina un Papillon de nouveau confiant.

– Aaaah, je savais bien que le football me procurerait d’intenses émotions négatives. Un jeune homme déçu de voir à la fois sa passion et son rêve professionnel s’effondrer, voici encore mieux que des milliers de supporters fâchés. Envole-toi, mon maléfique akuma, et va noircir son cœur !

En train d’acheter des sandwichs devant le collège, le groupe d’amis s’étonna de ne pas trouver Timothée. Et pour cause, celui-ci était resté dans la salle de l’atelier journalisme, prostré. Il ne releva la tête que lorsque le papillon noir vint frapper sa béquille, et qu’une voix se fit entendre :

– Superacad, je suis le Papillon. Je te donne le pouvoir de botter les fesses de tous ceux qui ont détruit ce football que tu aimes tant. En échange, je te demanderai juste de marquer deux buts pour moi : obtenir le miraculous de Laydbug, et celui de Chat Noir.

– Entendu Papillon, il y a des coups de pied qui ne vont pas être perdus, répondit Timothée tout en se transformant en Superacad.

***

A la caisse du food-truck, Marinette se tourna vers Alya en lui tendant son sandwich :

Tiens-moi ça, s’il te plaît, le temps que je cherche ma monnaie.

– Entendu MarinAAAAAAAAAAAAAAîîîîEEEEEuuuuuu, fit Alya en décollant soudain vers le ciel. Derrière elle se tenait un être gris et difforme, la jambe levée comme s’il venait de tirer un coup-franc de trente-cinq mètres. Grâce à sa béquille, Marinette n’eut aucun mal à le reconnaître.

Oh non, Timothée…

– Il n’y a plus de Timothée, je suis Superacad, et je vais botter les fesses à tous ceux qui ont détruit mon football, à commencer par vous tous qui portez cet affreux maillot.

Parmi toute la bande, Nino, Rose et Kim portaient le nouveau maillot du Paris Sporting Club et comprirent instantanément qu’ils étaient visés. Ils s’enfuirent alors dans toutes les directions. Peine perdue, Superacad ne boitait pas du tout, et les rattrapa un par un. En pleine course, il leur assénait à tour de rôle un formidable coup de pied au derrière, qui faisait s’envoler ses victimes au-dessus des immeubles. Réfugiée au coin d’une rue, Marinette remarqua que les coups de Superacad expédiaient ses camarades tous dans la même direction. Elle s’apprêtait à solliciter Tiki, quand elle vit Adrien sortir à son tour du collège. Elle n’eut pas le temps de crier pour le prévenir, que Superacad lui faisait déjà face, l’air menaçant. Pourtant, Adrien ne portait pas ce maillot détesté, songea Marinette.

– Adrien Agreste, rugit Superacad, tu as été le premier porteur de ce maillot qui nous déshonore. Avec ta séance photo d’avant-match, tu as transformé le Stade des Princes en défilé de mode. Ce sont des gens comme toi qui ruinent ma passion, et je vais tous vous punir.

Adrien commit la même erreur que ses camarades, en prenant ses jambes à son cou dans l’espoir de pouvoir se cacher et se transformer en Chat Noir aussi vite que possible.

Non Adrien, ne lui tourne pas le… commença à hurler Marinette, avant de s’interrompre, navrée : Superacad avait botté déjà l’arrière-train d’Adrien, d’une telle force que son amoureuse secrète ne put réprimer un « ouille » compatissant. Le jeune garçon était déjà en train de suivre à travers le ciel le même chemin que ses infortunés camarades.

Bon, Tiki, il faut vaincre le super-vilain pour qu’ensuite les coccinelles soignent les fesses d’Adrien… oui, ses si belles fes… oui, pardon Tiki, je me concentre : TRANSFORME-MOI ! Allez, allons combattre notre sérial-botteur, en espérant que Chat Noir ne mettra pas trop de temps à nous rejoindre.

***

Ladybug était loin de se douter que le porteur du miraculous du chat naviguait actuellement plusieurs mètres au-dessus de Paris. Malgré la douleur infligée par le coup de pied de Superacad, Adrien tâcha de rassembler ses esprits. Sortant de sa poche, un morceau de brie à la main, Plagg crut bon de contribuer à la réflexion :

– Sacré dégagement, ils devraient l’embaucher au club de foot.

– Ce n’est pas le moment, Plagg, il faut déjà tâcher d’atterrir en un seul morceau.

– Un chat retombe toujours sur ses pattes, Adrien, tu sais ce qu’il te reste à dire.

– Oui, sauf qu’on vole à travers le ciel de Paris, avec les hélicoptères de la télé qui nous filment déjà. On a vu plus discret pour une transformation.

– En tout cas il faut se décider vite, mon garçon.

– Par chance il ne fait pas trop beau temps, regarde, on va traverser un nuage. Tiens-toi prêt, Plagg…

Adrien s’inquiétait pour peu de chose : le ciel parisien était rempli de porteurs de maillots blanc et or, chassés par Superacad à travers toute la ville. Devant ce spectacle incongru, peu de monde remarqua la faible lueur verte qui émana d’un nuage, d’où sortit un Chat Noir en mauvaise posture.

– Ok, maintenant il s’agit d’atterrir. Ah, je comprends, fit Chat Noir en constatant qu’il s’approchait à toute vitesse du Stade des Princes. Attention on va arriver on s’accroch…

Chat Noir se fracassa à toute vitesse sur la pelouse, au fond de l’une des cages de but déformée par les innombrables victimes de Superacad. Celles-ci s’entassaient, toujours plus nombreuses à chaque minute. Il tenta de se relever, avant d’être percuté de plein fouet par Jagged Stone, lui aussi porteur du maillot maudit. Chat Noir se redressa faiblement, mais n’eut que le temps de lever la main en faisant « Je… » : le crocodile du rockeur, vêtu du même maillot mais en taille XXXXL, venait à son tour d’atterrir en plein sur le visage du super-héros. Pire, les Parisiens expédiés ici par Superacad commençaient à former une montagne de corps, maintenus serrés par les filets de but et dont Chat Noir n’aurait bientôt plus aucune possibilité de s’extraire.

Une main gantée de noir émergea alors des corps enchevêtrés, et parvint à agripper l’une des mailles du filet : sous l’effet du Cataclysme, la cage se disloqua et toutes les victimes s’éparpillèrent au sol. Chat Noir se releva difficilement, massant son derrière endolori. Pas mieux en point, les Parisiens vinrent le trouver pour le remercier, mais le super-héros s’excusa avant de s’absenter. Dans un coin isolé, Adrien tendit un morceau de fromage à son kwami. Une fois que celui-ci eût repris des forces, Chat Noir repartit au combat.

***

Le temps de se transformer, Ladybug avait perdu de vue le super-vilain, parti semer la terreur dans toute la ville. Elle réfléchit à voix haute.

Il faudrait que je m’intéresse plus au football pour comprendre sa logique. Je ne pense pas qu’il se contente d’agresser tous les Parisiens qui portent le nouveau maillot, sinon il n’aurait pas attaqué Adrien. Il va viser tous ceux qu’il pense responsables de son malheur, donc je suppose qu’il va à un moment ou à un autre s’attaquer à Gabriel Agreste ? A Horsjeu.net ?

En effet, dans l’immeuble du groupe Horsjeu Média, situé place du Colonel Fabien, l’ambiance était plutôt à l’inquiétude. Pour faire comme dans toutes les grandes entreprises, l’Éditeur avait fait installer un grand écran qui retransmettait les chaînes d’information en continu

Vous voulez de l’info, j’ai ce qu’il vous faut ! Ici Nadia Chamack. Un nouveau super-vilain a fait son apparition à Paris. Il semble plus précisément viser les acheteurs du tout nouveau maillot « Paris Sporting Club x Agreste », qu’il envoie à coups de pied dans le ciel de Paris, comme vous pouvez le voir sur ces images aériennes.

Les regards réprobateurs de tous les collaborateurs de Horsjeu.net se tournèrent vers l’Éditeur. Certains, prudents, s’empressèrent d’ôter leur maillot du PSC. Le rédacteur en chef, Louis Cifert, ne connaissait pas ce problème, lui qui était vêtu depuis trois jours du même T-shirt sur lequel il avait marqué au feutre « ne pars pas Thibaut Pinot ». Au nom de la rédaction, il alla trouver le chef.

Dis-moi Eddy, ce n’est pas qu’on ne te fasse pas confiance, mais juste pour savoir… un surhomme doté de super-pouvoirs qui saccage tout Paris à propos d’histoires de foot… ce n’est pas toi qui as recommencé à faire n’importe quoi, n’est-ce pas ? [NdE : les enfants, si vous voulez comprendre à quels événements Louis Cifert fait référence, demandez à vos parents ou empruntez-leur 16,90 €].

– Non, ça va, plus jamais. Non, je t’avoue, je n’ai aucune idée de qui il s’agit, ni de ce qu’il veut.

– Ici Nadia Chamack, un flash spécial sur l’affaire du super-vilain. Des éléments nouveaux nous parviennent, il se ferait appeler Superacad et, d’après nos informations, il s’agirait à l’origine d’un stagiaire du site de football Horsjeu.net. On ignore encore ses motivations.

L’Éditeur coupa la télévision et quitta précipitamment le bureau. Il se dit que les coups de pied de Superacad seraient encore préférables à ce que ses journalistes risquaient de lui faire subir, après avoir appris qu’un honnête jeune homme venait encore de se transformer en monstre destructeurs de fessiers, moins d’un mois après avoir rencontré leur chef.

Quand Ladybug arriva au HorsJeu Building, elle crut avoir fait mouche, tant l’agitation qui y régnait semblait témoigner de la présence d’un super-vilain. Chat Noir eut la même impression en la rejoignant enfin :

– Alors ma Lady, c’est ici qu’on joue le match ?

– Apparemment, j’ai fait fausse route, ils semblent plus occupés à se battre entre eux qu’à craindre un super-vilain. Il me reste une cible : Gabriel Agreste.

– Pèr… heu, Gabriel Agreste ? Vraiment ?

– Mais oui Chat Noir ! C’est lui qui a conçu le maillot que Superacad déteste. Tu n’étais pas là, mais quand Superacad a croisé Adrien, il lui a botté le derrière encore plus fort qu’aux autres, j’ai eu l’impression.

– Ouille, oui, c’était pas une impression ma Lady, murmura Chat Noir.

– L’autre question c’est : où vont atterrir ces malheureux ?

– Ça je sais : c’est au Stade des Princes ! Mais ils ne craignent rien pour l’instant : qu’on neutralise le super-vilain et tes coccinelles feront le reste.

– Mais comment tu sais ça, toi ?

– Qu’est-ce que tu crois, ma Lady, un vrai chat sait toujours où aller faire traîner ses moustaches. Bon, on va sauver les fesses de Gabriel Agreste ?, pouffa le chat, qui n’aurait jamais imaginé parler ainsi de son propre père.

***

Un coup violent ébranla l’hôtel particulier des Agreste, jusqu’à faire vaciller le Papillon dans la crypte. Tout à sa hâte d’akumatiser Timothée, il n’avait pas prévu qu’en toute logique, la colère du jeune homme se tournerait rapidement vers Gabriel Agreste. Heureusement, l’immeuble ultra-sécurisé n’était pas près de céder, fût-ce à un super-vilain.

– Argh, pesta le Papillon, je viens de marquer un but contre mon camp, mais j’ai largement le temps de reprendre la maîtrise du jeu. Il appela par télépathie son super-vilain : Superacad ! que fais-tu ?

– Je veux trouver Gabriel Agreste, c’est à cause de gens comme lui que le Stade des Princes est devenu un salon à VIP au lieu d’un stade de football. Je vais le lui faire payer, à coups de pieds qui vont le satelliser jusque sur la Lune !

– Allons, allons, Superacad. Tu fais fausse route. Qui est le responsable du stade ? Qui a transformé ton club d’amour en rassemblement de starlettes ? Qui a présenté Gabriel Agreste aux responsables du club ? Qui a eu cette idée de nouveau maillot, en disant que c’était pour le prestige de Paris ?

– Le maire, ragea Superacad. Lui, je vais l’attraper.

– A la bonne heure, approuva le Papillon. Il ne put s’empêcher de soupirer, soulagé à l’idée d’avoir évité un accident qui l’aurait assurément empêché de s’asseoir pendant plusieurs jours.

Quelques minutes après le départ de Superacad, Ladybug et Chat Noir sonnaient au portail de l’hôtel particulier des Agreste. Ils furent éconduits par Nathalie, les assurant que personne d’anormal ne s’était présenté récemment. Suivant le bref échange sur ses écrans de contrôle, le Papillon entra dans une colère noire :

– Rhâââ, à deux minutes près Superacad pouvait affronter Ladybug et Chat Noir ici, à domicile, et c’est moi qui l’ai fait partir ! Je cours après la balle depuis le début ! Mais vous allez voir, maintenant je vais intensifier le pressing, et ce sera moi qui ramènerai les miraculous à la maison !

***

D’un coup de béquille, Superacad fit voler la porte du bureau d’André Bourgeois, maire de la ville et propriétaire de l’Hôtel du Grand Paris.

– André Bourgeois, je t’accuse d’avoir trahi le club de la ville. Tu l’as arraché aux amoureux du football pour en faire un bijou clinquant, hors de prix et vulgaire. A cause de toi notre beau stade est sali par des gens qui n’aiment pas le football et qui prennent la place des vrais passionnés. Tu vas le payer.

Superacad aurait pu éviter une telle tirade, puisque de toute façon le maire n’avait rien écouté, recroquevillé qu’il était, à quatre pattes, cachant ses yeux avec les mains. Si André Bourgeois avait prêté attention au mode opératoire du super-vilain, il aurait sans doute évité de s’installer dans une telle position, qui offrait à Superacad sa cible favorite. Celui-ci se concentra sur le derrière aussi tremblant que volumineux et, les jambes écartées dans la position de Cristiano Ronaldo, prit une profonde inspiration, se concentrant sur les gestes du footballeur. Deux pas en retrait, léger ajustement de l’angle de tir. Prise d’élan, coup de pied précis et puissant, LUCARNE ! Superacad glissa à genoux sur le parquet ciré en criant « suuuuuuuuuuuuuuuuu », tandis que le maire de Paris disparaissait par la fenêtre brisée.

Le vacarme alerta la fille de la maison, Chloé Bourgeois, qui entra dans le bureau et croisa Superacad tout à sa célébration.

– Ah c’est vous ? Vous mettez la pagaille pour un stupide maillot, vraiment c’est d’un ridicule… totalement ridicule. Enfin, puisque vous êtes là, vous allez pouvoir goûter à la puissance de Queen Bee, la meilleure alliée de Ladybug.

– Mais je te reconnais, c’est toi qui as été la première à avoir ce maillot, et qui faisais des selfies au stade au lieu de regarder le match, samedi soir.

– Il y avait un match, à la soirée de présentation du maillot ? Première nouvelle. Bon, allez, je vous laisse continuer vos galipettes ridicules sur le parquet, moi j’ai à faire.

Chloé se précipita sur la terrasse de l’hôtel pour allumer son Bee Signal, cette lampe destinée à manifester sa totale disponibilité auprès de Ladybug.

– Alors qu’est-ce qu’elle attend, encore, pour venir me confier ce miraculous. Si ça se trouve elle ne sait même pas que le super-vilain est ici, c’est ridicule. Ah, et puis cette lampe qui tombe en ruine, aussi, ça m’éneeeeeerve.

De fait, Chloé s’était tellement montrée impatiente qu’à force de secouer son signal dans tous les sens, une vis s’était détachée et était tombée au sol. En soupirant, elle se pencha en avant pour la ramasser, au moment précis où Superacad arrivait derrière elle sur la terrasse…

***

– Bon, mon minou, on va devoir revoir notre tactique. On court après l’adversaire, à chaque fois qu’on arrive quelque part, on est en retard et on se fait dribbler. Il va falloir mieux quadriller le terrain.

– Si seulement on avait un arbitre pour nous donner un pénalty venu de nulle part, ma Lady. Tu ne peux pas sortir ça, de ton lucky charm ?

– Ça ou autre chose, de toute façon on est largués, donc c’est peut-être le moment de le faire entrer en jeu, en effet.

Leur discussion fut interrompue par un cri : c’était Chloé Bourgeois, qui filait au-dessus d’eux en criant :

– Ladybug, tu aurais dû me confier le miraculous avaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaant !

– Mais oui, Chat Noir, on avait oublié une cible évidente !

– Chloé Bourgeois ? Je sais qu’elle est agaçante, mais de là à la considérer comme l’ennemi n°1 du football…

-Mais non, idiot, son père ! Le maire André Bourgeois ! Superacad est à l’hôtel du Grand Paris, on le tient !

Virevoltant sur les toits parisiens, les deux héros eurent tôt fait de sauter sur la terrasse du Grand Paris, où se trouvait effectivement leur adversaire.

– Ladybug ! Chat Noir ! Il semble que je domine largement la partie depuis le début, non ?

– Dominer n’est pas gagner, Superacad.

– Oh, pitié, pas ces clichés de mauvais journalistes. Je vais vous expédier à coups de pieds aux fesses au fond des filets, puis je m’emparerai de vos miraculous.

– Tu parles trop au lieu de jouer. L’important c’est la vérité du terrain, provoqua Chat Noir en se ruant sur le super-vilain.

Celui-ci para l’attaque d’un coup de béquille. Ladybug tenta d’enrouler son yoyo autour de l’arme pour la lui arracher, mais l’akumatisé tira plus fort et fit atterrir la Coccinelle à ses pieds. En un dixième de seconde, il arma son coup de pied, mais c’était sans compter sur Chat Noir qui le déséquilibra d’un tacle glissé à la cheville.

Oh, y a faute là !, se plaignit Superacad.

– Ca va, j’ai glissé, rétorqua Chat Noir.

Les deux camps s’étaient repliés quelques secondes pour reprendre leur souffle. Nos héros en profitèrent pour faire le point.

L’essentiel, c’est de ne pas lui tourner le dos si on ne veut pas qu’il prenne nos fesses pour un ballon de foot. Le problème c’est qu’on ne peut pas l’attaquer de face non plus : il esquive tout avec sa béquille.

– C’est le moment d’un peu de coaching, ma Lady, non ?

– Tout à fait, minou. LUCKY CHARM !

Le lucky charm descendit lentement, pour atterrir dans les mains dépitées de Ladybug. Ce pouvoir lui avait déjà réservé bien des surprises par le passé, mais pas au point de lui offrir ce slip rouge à pois noirs.

Très seyant, ma Lady, ironisa Chat Noir. Tu pourras me le garder, à la fin du combat ? Je suis sûr qu’il ferait très bien par-dessus mon costume.

– Voilà ce qui se passe, quand un club fait des recrutements en panique, s’esclaffa Superacad, avant d’attaquer les héros de nouveau. Ce qui compte dans un grand club c’est l’anticipation, ajouta-t-il tout en envoyant un coup de béquille paré de justesse par Ladybug. La cohérence. L’ambition. Pas vos slips ou vos maillots idiots.

Les multiples attaques de Superacad ne laissaient guère le temps à Ladybug de réfléchir à l’usage de ce lucky slip.

C’est bientôt le coup de sifflet final, sans vouloir te presser, haleta Chat Noir en croisant une énième fois son bâton devant la canne de son adversaire.

Ladybug se tourna vers son partenaire et, dans son esprit, le vit clignoter. Bien sûr ! Chat Noir avait lui-même donné la solution !

– Chat Noir ! Puisque tu as l’air de beaucoup aimer ce slip, enfile-le tout de suite !

– Hein ?

– Fais-moi confiance, insistaLadybug en lui lançant l’objet.

– Même si je ne les comprends pas toujours, tes désirs sont des ordres, ma Lady. Si en plus ça peut m’aider à te séduire…

Son bâton toujours en main, Chat Noir enfila l’accessoire aussi prestement que possible. La perte de concentration fut légère, mais suffisante pour que Superacad profite de l’espace. D’un magnifique ciseau horizontal, il frappa le postérieur du félin, qu’il projeta par-dessus le mur de la terrasse.

– Déborde…, murmura Ladybug pour elle-même, tout en lançant son yoyo vers Chat Noir ainsi catapulté. La ficelle s’enroula autour de la cheville de son partenaire, interrompant son envolée tout en propulsant à son tour Ladybug à plusieurs mètres de hauteur.

Centre… La Coccinelle décrivit dans les airs une élégante courbe, qui la fit passer par-dessus Superacad, à peine en train de se relever.

Je la mets dans le mille !, triompha-t-elle enfin en arrivant derrière son ennemi. Elle récupéra son yoyo, qu’elle utilisa aussitôt pour l’entortiller autour des jambes de Superacad. Celui-ci s’écroula lourdement, tandis que Chat Noir, revenu sur la terrasse, brisait sa canne d’un Cataclysme bien placé.

Tu as assez fait de mal comme ça, petit akuma. JE TE LIBERE DU MAL !

Comme à son habitude, Ladybug tendit son poing pour le « bien joué » d’usage, mais Chat Noir était en piteux état.

Ma Lady, articula-t-il difficilement en se tenant le bas du dos, ça c’est du but en or. La prochaine fois, tu seras gentille de m’expliquer ton schéma tactique avant, par contre.

– C’était « la catapulte infernale », c’était dans un dessin animé que mon père regardait, quand il était petit. Allons mon minou, le football c’est aussi savoir se sacrifier pour le collectif.

– Oui, enfin, j’aurais aimé sacrifier autre chose que mes, mon… enfin, tu vois, de quoi je parle.

– Ne pleure pas tout le temps, on dirait un supporter d’Arsenal. Et puis tu sais que mes coccinelles magiques vont s’occuper de tes précieuses petites fesses, n’est-ce pas ?

-Tu te rends compte de ce que tu viens de dire, ma Lady ?

– Oui, bon. En tout cas pour ça j’ai besoin que tu me rendes ce slip, mon minou.

– Ah oui, c’est vrai. C’est dommage, je m’y étais attaché. On a vécu des choses tellement intenses, ensemble.

-MIRACULOUS, LADYBUG !

***

Le Papillon laissa se refermer la rosace, la tête basse.

– Superacad tu as laissé échapper une victoire qui te tendait les bras. Tu n’es pas un supporter du Paris Sporting Club pour rien, loser. Mais ne vous inquiétez pas Ladybug et Chat Noir, je vous prépare des défis du niveau Ligue des Champions, et cette fois, je vous le promets, il n’y aura pas de remontada !

***

Je ne sais pas ce qui m’a pris, s’excusa Timothée quelques jours plus tard. Je ne devrais pas me mettre dans des états pareils, après tout ce n’est que du football.

On est tous passés par-là, le rassura Alya. Dans ces moments on n’est plus nous-mêmes.

– En tout cas, faut pas que tu t’arrêtes d’écrire sur le foot, mec, l’encouragea Nino. Si le foot est devenu moche, tu es celui qui garde la flamme du football vrai.

L’Éditeur de Horsjeu.net était arrivé sans se faire remarquer des élèves. Il ajouta son grain de sel.

Ils ont raison, Timothée. Et puis, je crois que je vais oublier cette histoire et garder notre site de football comme on l’aime. De toute façon, à chaque fois que j’essaie d’avoir une nouvelle idée, ça se termine avec un monstre qui veut détruire le derrière de tout Paris. Alors continue comme tu sais le faire, et n’oublie pas de t’énerver bien comme il faut.

– Tu peux compter sur moi, Papillon. MAIS NON, C’EST BON, JE PLAISANTE.

Toute l’assemblée rit de bon cœur à ce mot d’esprit. Marinette et Adrien croisèrent cependant le regard de l’Éditeur, et ne purent s’empêcher de ressentir un très léger doute.

« Et si c’était lui ? »

Fin.

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