LES CARNETS (DU SOUS-SOL) DE DIDIER – CHAPTEUR 4
(Si vous n’avez pas lu les précédentes épopées : chapteur 1 – 1998/2000 ; chapteur 2 – 2002/2004 ; chapteur 3 – 2006).
Un long mardi de fiançailles
Après des éliminatoires poussifs pour accéder à l’Euro 2008 helvéto-autrichien (les Bleus finissent deuxièmes derrière l’Italie et juste devant l’Ecosse de l’inoubliable McFadden – la légende veut que Landreau ait sauté juste ce qu’il fallait pour ne pas dévier le ballon), les Bleus new look post-2006 s’élancent face aux Roumains. Voici la gueule de l’équipe :
Notons également les présences d’Henry, Makélélé, Vieira (blessé tout le long), mais aussi de nouveaux comme Nasri ou Gomis. Trézéguet est écarté par Raymond la science, et le monde ne lui a toujours pas pardonné. Avec tout ça, un 0-0 miteux face aux Roumains d’entrée.
La suite ? Eh bien, assise avec les fesses qui fricotent dans le groupe de la mort, les Bleus doivent encore affronter les Oranje et les Italiens (décidément, ceux-là…). Atomisés 4 buts à 1 par la bande à Sneijder, qui avait déjà étrillé l’Italie 3-0 lors du premier match, les Bleus sont au bord du gouffre. Les Pays-Bas ont six points, la Roumanie en ont deux, Italiens et Français un seul. Il faut donc à tout prix gagner, et espérer que les Oranje ne laissent pas trop couler de leur côté.
Malheureusement, le suspense meurt rapidement : Ribéry, quasi seule flamme vivante de cet Euro, sort d’entrée de jeu sur blessure. Pire, Abidal fauche Toni quelques minutes plus tard. Carton rouge, péno, et but de Pirlo (lui qui a eu l’habitude durant des années de tirer les pénaltys, il aura dorénavant la chance de regarder ses joueurs en obtenir un par match #Didierpavédanslamare). Réduite à 10, sans idées, perdue entre anciens en autogestion depuis 2006 et nouveaux talents sans directeur de bal, la France s’incline deux à zéro. Elle quitte tristement l’Euro dès le premier tour, sans gloire et sans panache, avec un seul but inscrit.
Mais les Bleus ne repartent pas sans rien. Eliminés, certes, mais presque mariés au premier regard. Si le ridicule ne tue pas, il blesse. Depuis 2004, Domenech entourloupe, trace des chemins hors de sentiers battus, ironise, joue, évite, esquive. Il agace aussi, énerve profondément, se croit plus malin que tous. L’incompétence est une chose, le personnage créé en est une autre. Les deux se rejoignent tels Trunks et Goten le soir de l’élimination en 2008 et forment un monstre encore plus effrayant. Soutenu mordicus par la FFF et reconduit encore et encore, ce n’est malheureusement pas la fin, d’accord, d’accord.
Controlare cum la mano humanum est
Toujours là deux ans plus tard alors même que la FFF admet que c’est un sacré échec et une honte, Domenech pose toujours ses sourcils sur le siège de sélectionneur. Fourbe qu’il est, comme sa petite taille le laissait deviner, il promet de changer sa communication. Il aurait mieux fait de promettre de ne plus être con : on n’aurait pas eu de doute sur l’impossibilité de réussir la mission.
Dès les éliminatoires pour accéder à la CDM 2010 sud-africaine, ça commence déjà à puer fort fort. Devancée par la Serbie en poules malgré une écrasante victoire 1-0 face aux Iles Féroé, la France se retrouve barragiste. Raymond semble aimer la difficulté. Après la légendaire demande en mariage, les Bleus ne veulent pas baisser de rythme dans l’industrie du spectacle. Il faut du buzz, du buzz, du buzz. Aussi, après une victoire à Dublin sur un but d’Anelka, les Bleus se mettent dans la panade. Une envie masochiste peut-être. Menés au bout de la demi-heure de jeu, la France est amenée en prolongations par l’Irlande. Quand survient « le fait de jeu », comme il est coutume de le dire.
Sur un coup-franc lointain de Malouda, Titi Henry se faufile côté gauche et contrôle le ballon de la main. Il adresse ensuite le cuir à Gallas, qui, lancé, marque de la tête. 1-1, les Bleus sont qualifiés au meilleur des deux rencontres. Les Irlandais entourent l’arbitre, la presse s’en mêle, la Fédération irlandaise s’emmêle aussi. Elle demande à la FIFA des trucs aussi absurdes que de rejouer le match, de participer quand même à la CDM, de toucher 5 millions en compensation… Bon, les 5 miyons, ils les ont eus donc ils ont bien fait de demander !
Oui y’avait main, tout le monde le sait, et tout le monde s’en fout. Un Irlandais aurait fait pareil, Suarez a fait pareil, Jamel Debbo… c’est quelle main qu’il a pas ? Merde.
Le cirque Pinder de Knysna – prélude
Quand il n’y aura enfin plus d’animaux dans les cirques, on pourra p’tet recycler des joueurs de 2010 en manque de reconnaissance et de pognon. Knysna, c’est unique. Un beau bordel pour cette Coupe du Monde de la majorité de Didier. Avant d’arriver en Afrique du Sud, les amicaux des Bleus sont tristes à voir : défaite 2-0 face à l’Espagne, pénible victoire face au Costa Rica, triste nul face aux Tunisiens, et mémorable défaite face à la Chine. Des Bleus en pleine confiance donc, sans compter 1) que « l’affaire Zahia » est passée par-là 2) l’apparition des fameux « clans » 3) la gestion apocalyptique de Raymond (Ribéry ou Henry à gauche, le capitanat, etc.).
La phase de poules s’annonce relativement abordable, dans le principe : Uruguay, Mexique et Afrique du Sud. Débuter par un 0-0 face aux Uruguayens, il y a pire, rien d’irrattrapable. Perdre ensuite face au Mexique, forcément, ça complique la tâche sérieusement. Et puis si le cirque se met en marche, ça devient impossible.
Le cirque Pinder de Knysna – acte I
Au lendemain de la défaite face au Mexique, le meilleur, pire et monopolistique journal sportif français affiche en Une de bien moches paroles. D’après le journal, Anelka, lassé d’entendre Raymond lui dire d’arrêter de décrocher, lui aurait susurré des mots doux, suite à quoi Big Eyebrows l’aurait fait sortir et remplacer par Dédé Gignac.
Bon, quelques incidents de vestiaires, et après ? Les médias s’enflamment. En conférence de presse, Pat’ Evra alimente le show : selon lui, il faut « éliminer le traître » qui a fait sortir l’info. Une analyse tout en capitanat. Anelka est exclu du groupe, malgré la tentative de certains Bleus de le réintégrer (Anelka refuse de s’excuser publiquement devant Los Grandes Sourciyos). L’Equipe de France parle de la taupe alors qu’on aimerait parler football. Et ce n’est que le début.
Le cirque Pinder de Knysna – acte II
En direct du plateau de Téléfoot, Raymond s’explique sur les mauvaises performances des deux premiers matchs et sur « l’incident ». Et puis le direct de Maurice Astorga est soudain interrompu de manière tout à fait surprise par Ribéry qui débarque dans le meilleur look possible pour faire un mea culpa à base de « désolés, on va mouiller le maillot, mais nique la taupe quand même ». Un grand moment de n’importe quoi, et surtout d’hypocrisie : quelques heures après, c’est le moment. La cerise sur le gâteau, la perruque sur Donald Trump, le pénalty pour Manchester United, le trentième joueur acheté par Guardiola en deux jours : LA GREVE.
Le cirque Pinder de Knysna – acte III
Contre l’exclusion d’Anelka, les Bleus refusent de s’entraîner. Pour les masochistes, ou les nostalgiques, revoyez Laurent Luyat (idolo) et Manu Petit (M. Miroir) analyser la séquence. Scandale sportif, scandale moral, moment hallucinant dont Didier se souvient comme si c’était hier, découvrant l’imposture alors qu’il chantonnait le dernier tube de Rihanna. Les artistes du cirque sont sur la piste, et qu’applaudisse le reste du monde. Le buzz, le buzz, le buzz. Le football n’existe plus.
Le cirque Pinder de Knysna – dernier tour de piste
Battue lors du dernier match par l’Afrique du Sud où les Bleus inscrivent le seul but de leur Coupe du Monde, la France sort piteusement de la compétition, raillée, ridicule, en ruines. Les Bleus ne sont plus les mêmes pour beaucoup. Ceux qui n’aiment pas le foot en profitent pour jubiler, ceux qui l’aiment sont tentés de s’en détacher. Je ne parle même pas de la récupération politique de Sarko et des caïds immatures de Bachelot : le comique aussi a ses limites.
Mais : Le Graët prend la place du président Escalettes, sommé de démissionner, et Raymond El Broussaillico est viré. Domenech aura réussi l’exploit post-2006 de faire tomber les Bleus de Charybde en Scylla en étant les deux monstres à la fois. Son bilan ? 79 matchs, 41 victoires, 24 nuls et 14 défaites, soit 51,9% de victoires, loin, très loin du top 5 :