Didier n’a plus vu un match des Bleus depuis presque huit mois. Didier pensait que le foot était éternel. Didier déchante. Pire : les matchs de l’Équipe de France de mars, reportés en juin, ont de nouveau été décalés. Didier déprime. Alors Didier va vous raconter pourquoi les Bleus lui manquent.

Zidane a semé la zizounie.

La, la-la, la, la, la-la-la-la-la-la, la-la, la, la, la-la-la-la-la-la, la, la, la-la-la-la-la-la-la-la-la. J’espère que vous l’avez dans la tête dorénavant. Moi oui. Ça me fait plaisir cela dit, parce que j’ai aucun souvenir de 1998. Enfin, si : j’étais amoureux de Cindy, j’avais un pote qui s’appelait Renan (c’est moche), le coiffeur s’appelait Denis et le maître s’appelait Bernard. Mais rapport au foot, rien du tout. Le 12 juillet, jour de gloire, certes, pour ceux qui s’en souviennent. Tout ce dont mon cerveau se rappelle, ce sont les klaxons. Ah ça, ça donnait dans les HLM du quartier des Fontaines. Ça en faisait du boucan dans la rue, un peu trop même. Faut dire que l’isolation était pas top. Cela dit, entre la sortie de Titanic sortir au ciné, le préfet Érignac qui partait les deux pieds devant, Aubry qui se faisait passer pour une femme de gauche, les gens trouvaient enfin une bonne raison de klaxonner. Rien de 98 donc, rien de « corner rentrannnnt et but ! », rien de « Djorkaefffff et but ! … Zidane ! 2e but de Zidane », rien de « à gauche ! à gauche ! » etc. Tout au plus un pull Footix, un pyjama Footix, et l’inévitable peluche Footix. Sachez qu’on ne fera jamais mieux, c’est Didier qui vous le dit. N’empêche, Didier était déjà amoureux des Bleus (Cindy n’était pas jalouse). Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais comme il aimait bien taper dans un ballon – à l’époque, ses ligaments croisés ne l’avaient pas encore empêché d’espérer une carrière de footballeur professionnel au Tours FC – et qu’il aimait bien quand les gens étaient contents, il s’était dit que les maillots bleus représentaient bien le mélange des deux à ce moment-là. Ces tâches bleues en haut et blanches en bas, avec quelques rayures au milieu, parcouraient l’écran et pouvaient, en un clin d’oeil, faire exploser de joie le coeur de maître Bernard comme celui de Renan, de Denis et de Didier (pas celui de Cindy, Didier connaissait ses origines CR7-iennes). Didier n’avait pas encore les mots bleus, mais son coeur l’était déjà.

Gloria est, gloria semper, et tutti quanti

« Nan c’est fini *snif* j’en ai marre *bouhou* j’vais me coucher ». C’est ce qu’a dit Didier deux ans plus tard, à quelques mots près évidemment. Avec son pull Tom & Jerry, et après avoir posé son cartable Poivre Blanc dans sa chambre, il savait qu’il voulait voir les maillots bleus face aux maillots blancs. Les souvenirs sont plus frais, ils n’ont que 20 ans finalement. Il se souvient qu’Henry courait très vite, qu’un maillot blanc a encastré son visage dans le coude de Desailly qui faisait juste un étirement, que Barthez avait les mains sur les hanches parce qu’il avait pris un but, que le même chauve a sauvé les Bleus face à un blanc nommé Pierrot. Et que les maillots blancs se sont rassis. Oh ça oui, tout debout qu’ils étaient les blancs ! Comme s’ils avaient gagné. Puis le chauve a balancé une saucisse devant, ca a atterri sur un autre chauve qui a frappé dans le ballon côté gauche, et le gars qui était supposé prendre le ballon à la main quand c’était à côté de lui, ben il a mis du temps à se baisser et sa main était toute molle. Bref, ils se sont rassis. Sauf que les détails de cette dernière partie, Didier s’en souvient pas vraiment. Pour ceux qui suivent le compte de Didier, ils savent que Didier est un peu nerveux et que, quand les choses tournent mal, lui tourne de l’œil. Il veut pas souffrir pour rien Didier. Alors il lui arrive de rater de belles surprises. Non, c’était pas fini. Un pas, deux pas dans le couloir direction la chambre pour aller pleurer comme l’enfant triste de voir son équipe préférée perdre. Puis le troisième pas. « OUI CHARLES ! Un partout ! ». Bah ça alors, le HLM se remet à crier comme en 98 ! Didier revient. Il est content, mais il est frustré. « Plus jamais je fais ça ! » pense-t-il. Naïveté de l’enfance. Alors il voit la suite, ça il s’en souvient. Oh, Pirès. Oh. Rien que d’y repenser, Didier a presque la larme à l’œil. Il a débordé tous les maillots blancs aussi vite que l’éclair. « Y’a du monde, y’a du monde ! ». Oh. Un pas en avant, un pas en arrière, c’est la politique de « Trézégueeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeet ». Le coup de foudre immédiat. Ce maillot bleu au vent, cette bouche grande ouverte, ces yeux pétillants humectés d’étoiles, ce sourire extatique, ces pectoraux qui s’agitent, et Lemerre qui sprinte à sa rencontre (autant qu’il peut). Le cœur est Bleu.

« Maman, comment on remet au début ? »

Sans souvenirs précis, Didier a beaucoup regardé de cassettes de 98 et 2000. Beaucoup beaucoup. L’ennui, c’est que y’en avait que deux. Autant vous dire que Didier connaissait (et il connaît encore pas mal) par cœur tous les commentaires de toutes les actions des Bleus lors des deux compétitions. Elle était belle sa chaîne à Zizou en 98, et qu’est-ce qu’il courait vite Henry en 2000. Mais à la naïveté de l’enfant et aux yeux émerveillés de la nouveauté succèderont bientôt la tristesse inattendue et l’incrédulité…

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2 thoughts on “Les Carnets (du sous-sol) de Didier – Chapteur 1

  1. En parlant de la chaine de ZZ, on pouvait avoir la même dans les pots de Nutella

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