2023, L’année du Napoli
Après la défaite contre l’Inter (1-0) le jour de la Befana, certains se sont empressés de clamer que le Napoli commençait sa dégringolade et que l’un des trois rayés du Nord allait remporter le Scudetto en fin de saison. Une habitude de flancher chez les Partenopei qui reste dans les mémoires mais qui a rapidement était mise à mal par la prestation supersonique réalisée par la bande à Spalletti contre la Juventus seulement 10 jours plus tard. Un 5-1 qui restera dans les annales et qui montre définitivement, s’il y en avait encore besoin, le niveau et les ambitions du Napoli. 2023, année du Napoli ? C’est bien probable.
Bien entendu, les tifosi azzurri sont tous en train de nous faire les cornes ou de se toucher les parties génitales mais ils ont beau être les supporters les plus superstitieux de la Botte, eux non plus ne résistent plus à utiliser le terme Scudetto pour parler de la consécration ultime de leur équipe en juin prochain. Il faut dire que le Napoli met toutes les chances de son côté pour remporter un titre de champion d’Italie qui lui manque depuis 1990 et l’époque d’un certain Diego Armando Maradona. D’un point de vue statistique, tout roule comme sur des roulettes. 16 victoires pour seulement 2 nuls et 1 défaite, la meilleure attaque du championnat avec presque 2.5 buts inscrits par rencontre et la meilleure défense (14 buts encaissés) malgré un jeu porté vers l’avant. Difficile voire impossible de faire mieux d’autant plus qu’ils comptent 12 points d’avance sur leur premier poursuivant.
A ce rythme, difficile de ne pas voir les Napolitains célébrer leur troisième scudetto dans les prochains mois. Si les chiffres ne mentent pas, les raisons du succès actuel du club sont nombreuses. A l’intersaison, les départs conjugués de trois tauliers comme Koulibaly, Insigne et Mertens avaient jeter un froid dans la baie de Naples. Une sensation de fin de cycle et d’une baisse de régime quasi inéluctable. C’était néanmoins san compter sur les prouesses de la cellule de recrutement du club qui avait anticipé les départs de KK et de Lorenzo Insigne en signant très rapidement Kim Min-jae et Khvicha Kvaratskhelia. Deux noms pas particulièrement ronflants en juillet mais deux joueurs de très haut niveau et particulièrement fonctionnel au projet napolitain. L’effectif a été ensuite renforcé de façon très intelligente avec les arrivées entre autres de Raspadori, Simeone et Ndombélé. Pas une faute de gout dans les choix de Giuntoli qui, d’un coup, devient le directeur sportif le plus en vue de toute la Serie A.
Bien acheté c’est bien, jouer bien c’est mieux. Les achats estivaux sont fonctionnels au style de jeu prôné par Luciano Spalletti mais fallait-il encore réussir à les intégrer aussi rapidement. La patte du coach toscan sur la réussite actuelle du Napoli est évidente. Elle ne date pas d’aujourd’hui d’ailleurs. Avec le jeu le plus « européen » de tout le championnat, Spalletti marche sur la Serie A. La recette est simple finalement. Une équipe qui joue de l’avant de façon quasi continue, un pressing intelligent et constant, des courses à haute intensité réalisée avec le juste timing et des joueurs clés mis dans des conditions optimales pour faire tourner la machine. Un tout auquel le coach sait apporter les justes motivations pour que chacun donne 110% que ce soit pour 90 ou seulement 5 minutes sur le terrain. Preuve que cela fonctionne à merveille, le projet de jeu est exportable en Champions League puisque les Partenopei ont dominé un groupe composé de l’Ajax et Liverpool en inscrivant la bagatelle de 20 buts en 6 matchs. Seule petite ombre à ce tableau, l’élimination précoce en Coppa Italia contre la Cremonese. Longtemps considérée comme un objectif primaire, la coupe nationale n’aurait été qu’un strapontin cette année tant le Napoli peut viser haut dans les 2 autres compétitions. En cas de victoire finale en championnat, Luciano Spalletti deviendrait, à 63 ans, l’entraineur le plus âgé à remporter le premier scudetto de sa carrière.
Des recrues, un coach et un jeu, que faut-il d’autre pour réussir sa saison ? Les bons joueurs aux bons endroits, pardi ! Pendant longtemps, pour faire une grande équipe, il suffisait d’avoir une colonne vertébrale solide. Aujourd’hui, cela est moins vrai, le jeu se développant de plus en plus sur les côtés (la dernière coupe du monde en est d’ailleurs l’exemple le plus flagrant.) Au Napoli, il ne manque pas grand-chose. Dans les cages, Alex Meret, libéré de l’encombrant Ospina, peut finalement jouer sans crainte et à défaut d’être superlatif, le Frioulan est devenu un gardien en qui on peut avoir confiance même pour le très haut niveau. Capitaine exemplaire, très apprécié par ses pairs, Di Lorenzo est le symbole de ce Napoli en plus d’être un latéral moderne et complet. Le duo Kim-Rahmani offre de son côté une complémentarité certaine dans l’axe. Moins visible et moins bankable que d’autres à son poste, Stanislav Lobotka est néanmoins actuellement le meilleur meneur bas du championnat. Le Slovaque est la plaque tournante du jeu de Spalletti et peut-être le seul indispensable du onze azzurro et Anguissa à ses côtés fait peut-être la meilleure saison de sa carrière. Kvara ne mérite plus de présentation vu tous les articles écrits sur lui dans le monde entier depuis septembre mais ses coups de génie cassent toujours autant les lignes avec une facilité insolente. Dernier élément clé de l’équipe, Victor Osimhen est la définition même de l’avant-centre moderne. Ratio puissance/vitesse hors norme, attaque de la profondeur et froideur dans la finition sont ses armes fatales. Son match contre la Juve est à montrer dans toutes les écoles de football.
Si ces hommes clés sont la base du succès, un groupe qui vit bien est essentiel. Cela semble le cas à Naples puisque tout le monde sait attendre son moment avec calme et sans créer de problèmes. Simeone et Raspadori seraient des titulaires à part entière dans les ¾ des clubs de Serie A, ici ils acceptent de vivre dans l’ombre d’Osimhen et Kvara et font le job à chaque fois qu’ils sont appelés. Cela vaut aussi pour Elmas ou Ndombele qui rentrent régulièrement en cours de match pour maintenir un niveau élevé. La plus belle victoire de Spalletti est d’ailleurs peut-être celle-ci. Avoir réussi à créer un groupe soudé en maintenant une cohésion et un niveau élevé de tous les instants n’est pas donné à tous les entraineurs.
Tant de louanges en étant à peine à mi-chemin peut sembler exagéré mais un Napoli de ce niveau-là ne se voit plus depuis les années Maradona. Personne en Italie ni en Europe n’a réussi pour l’instant à mettre un frein à cette envolée. Les Partenopei ont même su s’adapter aux absences de certains joueurs clés comme Osimhen ou Kvaratskhelia. Un risque d’explosion en plein vol semble totalement impossible, une baisse de régime avec le retour de la Champions League n’est pas à exclure mais faudrait-il encore que les autres équipes en profitent. Le Milan baisse clairement de régime depuis la reprise, la Juve a montré toutes ses limites dans l’affrontement direct et n’est plus dans la course depuis le -15 au classement et l’Inter n’arrive pas à passer le cap qui la rapprocherait des Azzurri. Pour les superstitieux, merci de noter que c’est seulement la 3eme fois depuis l’instauration des 3 points par victoire qu’une équipe atteint la barre des 50 points après 19 journées et à chaque fois, le Scudetto était au bout. Tout semble donc bien en ordre pour que cette saison soit vraiment celle du Napoli.