« Là où on s’aime, il ne fait jamais nuit » On ne sait pas quoi écrire de plus pour une fois.

L’Adieu à Emiliano

Au beau milieu de l’automne 1990, les Argentins ont encore la gueule de bois. La cruelle défaite en finale de la coupe du Monde en Italie contre l’Allemagne est encore dans toutes les têtes. Malgré les exploits d’El Pibe de Oro, les Gauchos avaient dû céder sur un penalty d’Andréas Brehme dans les dernières minutes d’une bien triste finale. Diego avait gardé la tête haute et droite quand les sifflets du San Paolo s’abattaient sur lui, lui le héros de Naples, lui l’idole de la ville.  Ce 31 Octobre 1990, en Argentine comme ailleurs dans le monde, personne ne pensait encore à célébrer Halloween. Le déguisement aurait été vite trouvé. Pour terrifier les gamins du coin, il suffisait de se déguiser en Lothar Matthäus ou porter ostensiblement le vieil imperméable de Beckenbauer. Pourtant à Cululu, au beau milieu de la province de Santa Fé, un drôle de petit bonhomme va marquer son premier but. D’un coup de tête imparable, Emiliano trompe la vigilance de la sage-femme. L’histoire est en marche.

Emiliano vit, avec ses parents et sa sœur à Progreso, une petite bourgade tranquille de deux mille habitants, loin du tumulte de Buenos Aires. Il débute dans un petit club de la province à San Martin. Il y empile les buts avec une facilité déconcertante. En 2004, à quelques kilomètres de la maison familiale, les Girondins de Bordeaux signent un partenariat avec une académie locale réputée : le Proyecto Crecer. Perdu au milieu de cette province de Santa Fé, à quatre heures de route de Buenos Aires, ce centre de formation entre dans une stratégie globale de recrutement. Les Bordelais n’ont plus les moyens de s’offrir des stars, ils veulent alors en découvrir. En plus de l’Argentine, les Girondins étendent les partenariats au bout du monde, au Gabon par exemple ou dans le Medoc. Sala intègre le Proyecto à quinze ans. A vingt ans, il débarque en Gironde. Il n’est probablement pas le gamin le plus doué de sa génération. Mais Emiliano est un bosseur. Il faut en avoir du cœur et de la détermination pour quitter sa région natale et débarquer en Europe dans un pays inconnu, sans parler la langue et côtoyer tous les jours Jurietti et Gregory Sertic.

Emiliano s’impose en réserve. Il y claque sa bagatelle de buts. En 2012, il obtient le Graal, son premier contrat pro. Pourtant, il ne parvient pas à convaincre complètement le staff. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l’immense David Bellion lui est préféré. Chaque été, Emiliano était dans les prétendants. Il jouait les matchs amicaux. Les supporteurs, qui avaient suivi son parcours de près, espéraient qu’on lui laisse enfin sa chance. Mais chaque été, le club prêtait Sala pour qu’il s’aguerrisse dans la froideur du Loiret, dans les Deux-Sèvres ou à Caen (en ligue 1). Partout où il est passé, Emiliano s’est imposé sur le terrain et en dehors. Il a marqué de son empreinte chaque prêt. Les supporteurs en gardent, encore aujourd’hui, un souvenir impérissable. Par son sourire et sa hargne, il ne pouvait que séduire. Son football était pourtant encore balbutiant. Il pouvait rater des occasions immanquables, parfois il semblait un peu perdu avec le ballon dans les pieds. Mais par son activité et son altruisme, il aidait son équipe. D’une déviation ou d’un pressing acharné, il pouvait changer le cours d’un match. Du National à Orléans à Caen (où il terrassa Marseille) en Ligue 1, Emiliano s’est fait un nom, Emiliano est devenu Sala.

Pour grandir, Emiliano a dû se résoudre à partir. Il quitte le Haillan pour la Jonelière. Il ne tardera pas à s’y faire une place, une place de choix. A Nantes, Emiliano est devenu un homme. Il n’était plus ce gamin de San Martin, ce gosse du Proyecto Crecer. Emiliano avait ce don pour faire chavirer la Beaujoire. Le gamin, car pour nous il sera toujours notre gamin, ne s’économisait jamais. Entre ses courses folles et son sacrifice, Sala ne jouait pas un football samba. De toute façon, le jeu à la nantaise n’existe plus que dans les manuels jaunis par le temps et par l’usure. Sur les bords de la Loire, ça fait bien longtemps qu’on ne vibre plus sur le jeu. On regrette amèrement la tendre époque des Patrice Loko, Reynald Pedros ou Japhet N’Doram. En trois ans, Sala jouera près de cent cinquante matchs et il inscrira une cinquantaine de buts. Mais surtout, il redonnera le sourire et la fierté à ce peuple Nantais. Les Canaris s’étaient enfin trouvés un héros, un goleador improbable mais efficace. Sala aimait ce club qu’il ne voulait pas vraiment quitter. Les Nantais aimaient passionnément Emiliano. Il est à vous pour l’éternité. Prenez en soin.

Emiliano est désormais parti pour toujours mais Sala restera. La Scapulaire Académie gardera de toi le souvenir de ce gamin courageux, de ce sourire facétieux, de ce visage d’ange. Emiliano tu es parti pour toujours mais Sala restera. Le stade René Gallice et les Girondins t’ont rendu hommage. Les ultras ont affiché fièrement ton sourire, nous avons applaudi pendant cette neuvième minute en regrettant tous ces moments perdus que nous ne pourrons jamais retrouver. Tu vas nous manquer Emi. Pour l’éternité. Je profite de ce moment pour vous inviter à suivre Virginie Bachelier sur Twitter. Son reportage à Progreso et ses photos vous parleront bien plus que ces quelques mots.

Le Football Comedy Club

Il n’est pas simple de continuer cette académie après une telle introduction. Et pourtant nous le devons. Nous allons vous éviter les sempiternels débats autour de ce derby de la Garonne qui n’en est pas vraiment un. Les deux clubs du Sud-Ouest méritent notre respect et notre admiration. A l’heure où tous les comiques Français se font épingler pour plagiat, Bordeaux et Toulouse rivalisent d’imagination pour égayer le morne quotidien d’un amateur de foot, sans copier personne. La relève comique est là. Vous voulez des preuves ? Après avoir échappé à la relégation de peu la saison dernière, le TEF décide de se séparer de Debève pour reprendre Casanova comme coach. Le bon vieil Alain avait quand même inventé le concept de jouer sans attaquant et sans attaquer largement avant Guardiola. On l’oublie trop souvent. On comprend aisément que le président Sadran regrette la douce époque où le TEF enchainait les 0-0 avec une frénésie enthousiasmante. Casanova n’est pas fou. Il laisse Durmaz sur le banc. Il ne va pas s’emmerder avec un vrai joueur de foot dans son équipe. Porté par Gradel, Toulouse conserve, pour le moment, la tête au-dessus de la ligne de flottaison. Mais pour combien de temps encore ?

A Bordeaux, on pratique aussi le comique de situation sans modération. Jugez par vous même. M6 recrute un entraineur qui ne peut ni se lever, ni parler en conférence de presse. On laisse l’entraineur des gardiens donner les consignes aux entrants et Bedouet se charge de la communication générale avec l’aisance d’un bègue dans une colonie d’hyperactif. Le pauvre Eric est aussi doué en conférence de presse que Maxime Poundjé au marquage. Il est plein de bon volonté, il fait son maximum mais franchement, ça ne ressemble à rien. Mais le ridicule ne s’arrête pas au décorum. On pousse toujours le bouchon un peu plus loin chez nous. Après une dispute avec Colleter, le jeune Karamoh est écarté logiquement du groupe se déplaçant à Marseille. Il profite de sa mise à l’écart pour écumer les boutiques de luxe. Comme il dribble aussi vite qu’il pense, Yann poste ses photos sur Instagram en toute innocence. Il ne pense pas l’instant d’une seconde à l’indécence de son geste. Il est même surpris par ce tapage médiatique. Il l’était également à Caen quand le bus venait le chercher devant chez lui après avoir séché l’entrainement. Il a toujours eu ce comportement de starlette. On lui a toujours tout passé. Alors pourquoi s’emmerder avec les convenances ? Pourquoi se casser le cul à défendre avec ses copains à Strasbourg ? Karamoh a du talent à en revendre mais il ne lui servira à rien s’il ne grandit pas un peu. Après avoir été sermonné et sanctionné par le club, le pauvre Yann et ses conseillers se fendent d’une lettre d’excuse maladroite. Finalement, le gamin ne sera pas renvoyé à l’Inter. Il gagne un sursis ou alors il écope d’une peine encore plus lourde. Il doit finir sa saison en Gironde. Et ce n’est pas une sinécure, croyez le. Car de football, il n’en est pas question. On ne joue pas au ballon. On défend. On n’attaque pas, on profite de quelques opportunités et de la faiblesse de la ligue 1. Karamoh devra donc purger sa peine et la nôtre au Haillan.

Ce pauvre Bordeaux-Toulouse ne sera qu’une farce du début à la fin. Les Bordelais offrent un spectacle consternant. L’attaque toulousaine ne parvient pas à profiter du jeu famélique des Girondins. L’arbitrage est au niveau des deux équipes. Moreira peut tranquillement plaquer Palencia en toute impunité. Sergi devra même sortir sur le côté pour se faire soigner car bordel, ça commence à bien faire la chienlit. Après le terrible monsieur Abed, l’arbitrage Français nous offre son nouveau talent. Souvenez-vous bien de ce Monsieur Ben El Hadj. Il refera parler de lui, sans aucun doute.

Le résumé du Match en Image

But de Basic

Sanogo devant Costil

Le Match de Corentin Jean

Moreira et Palencia

Maja dans ses œuvres

Égalisation de Cahuzac

But de Briand

Les Notes

Costil 2/5

Sanago tire à coté, Moreira ne sait pas faire une tête, Corentin Jean ne sait rien faire. Malgré la médiocrité des attaquants toulousains, Costil a eu le mérite de rester concentré et de rassurer sa défense sur les quelques centres du TEF.

Trichard 1/5

La perspective de voir Maxime Poundjé sur le banc vous remplit tellement de bonheur qu’on pourrait vous faire croire n’importe quoi. Le jeune Trichard n’est pas vraiment jeune. Il a même été lancé en ligue 1 en 2012 par Alain Casanova. Comparé à Tabanou, il a préféré l’exil dans les Vosges plutôt que de se taper les consignes du coach. Pierre Trichard aura fait honneur aux arrières gauches du club. Entre ses contrôles aléatoires, ses passes hasardeuses, il a tout pour réussir chez nous.

Koundé 3+/5

Son début de saison poussif est complètement oublié. Jules a été impérial sur ce match, il ne laisse que quelques miettes à fifi, roro et loulou.

Jovanovic 3/5

On se demande pourquoi Ricardo s’est précipité à faire revenir Pablo. Le Serbe est une des rares satisfactions du moment même si parfois sa relance n’est pas très keynésienne.

Palencia 2/5

Sergi a perdu son combat de MMA contre le terrible Judoka Moreira. L’Espagnol nous livre une prestation insuffisante. Il a la chance de tomber sur un Gradel des mauvais jours.

Otavio 2/5

Le Brésilien est en sérieuse baisse de régime depuis le mois de décembre. Comme il était le seul à ne pas se noyer dans un verre d’eau depuis le début de la saison, vous pouvez imaginer facilement la tronche de notre milieu de terrain. La moindre passe et c’est la panique générale. Dans ces conditions, on ne peut pas jouer. Ça tombe bien, personne ne veut le faire.

Tchouameni 2/5

De retour de blessure, Aurélien a plutôt fait son match. On a toujours la fâcheuse impression qu’il pourrait en faire plus. Il a prouvé à de trop rares occasions qu’il avait une belle vision du jeu et une capacité à l’orienter avec un bon tempo. Mais il a parfois ces petits moments où il manque d’application (la passe sur Carrasso) ou de détermination.

Basic 2/5

Au moins, il marque. Dans une équipe plus joueuse, le croate pourrait apporter autre chose que ses courses dans le vide et du pressing inutile remplacé par Adli à la 90e qui met à profit son échauffement de trente-cinq minutes !!

Kamano 2/5

Une passe décisive et quelques fautes subies. C’est déjà mieux que ses deux derniers mois. Remplacé par désespoir de cause par Préville à la 75e.

Briand 3/5

Depuis quelques matchs, Jimmy est le meilleur joueur offensif du club et largement. Il signe encore une belle prestation avec un joli but qui rapporte trois points.

Maja 1/5

Le pauvre Josh doit encore se croire sur Netflix dans la galère à Sunderland. Le stade est loin d’être rempli, le football est aux abonnés absents, le board ressemble à un casting de The Office et il touche quatre ballons par match à tout casser. Courage Josh. Remplacé par Cornélius à la 67e pour défendre.

Ailleurs dans le monde

Nos anciens jeunes ont brillé en Europe. Yoann Barbet a battu le record du cent mètre pour célébrer le but de Maupay contre Aston Villa. Obertan, quant à lui, livre une superbe performance d’ensemble avec Erzurum. Il participe activement à la victoire contre Sivasspor, enchainant les dribbles et les passes. Il marquera même son petit but.

Vous retrouverez Nausée pour le match contre Jocelyn. En attendant, perdez-vous sur Horsjeu.net et venez tailler le bout de gras sur Twitter.

Pour conclure, on s’autorise à reprendre la banderole des Ultras : « EMI, C’EST TOUT UN STADE QUI TE PLEURE ».


Kiki Musampala

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