Caen-OM (1-5), La Canebière académie transperce

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Gang-bang à Michel Pornano.

Sitôt repris par un Américain, l’OM roule sur la Normandie. On ne se refait pas.

Aïoli les sapiens,

La sensation était étrange, pas forcément désagréable. André-Frank refusait de se réveiller, comme dans ces rêves érotiques dont l’on aimerait prolonger la douce irréalité jusqu’au petit matin. Pourtant, il y avait autre chose. Cette caresse humide, ce va-et-vient attentionné avait un je-ne-sais quoi de tangible, trop concret pour n’être que le fruit de son onirisme. Un léger courant d’air le parcourut. André-Frank tendit la main pour rabattre les draps, mais ceux-ci avaient été jetés au pied du lit. Les yeux mi-clos, il considéra le bas de son corps, puis se réveilla tout à fait dans un cri d’effroi. A la place de son membre viril s’érigeait une branche de céleri, qu’une beauté noire astiquait à grands renforts de coups de langue.

– AHPUTAIN. PUTAIN. DEESSE ! QU’AVEZ-VOUS FAIT DE MA BITE !? POURQUOI ? POURQUOI ?

– Du calme, répondit Erzulie. La déesse vaudou eût volontiers employé son ton le plus apaisant pour calmer son protégé, mais elle-même semblait en proie à une exaltation inhabituelle.

– Je… je ne vous ai pas appelée. Si j’ai rêvé de choses, je ne l’ai pas fait exprès, je le jure. Pitié !

– Du calme, répéta-t-elle. Premièrement, j’aime quand tu rêves de moi. Deuxièmement, puisque tu ne m’as pas appelée, il faut bien que j’utilise une plante de pouvoir pour entrer en communication avec toi.

– C’est une plante de pouvoir, le céleri ?

– Oui, on l’utilise dans les rituels de purification au Mexique [authentique, NdA]. Les branches, en tout cas ; pour le céleri-rave je ne sais pas, il faudra que je me renseigne si j’en trouve. Bref, je me suis dit que ce serait le plus efficace pour te réveiller. La preuve.

– Et… pardonnez ma question, déesse, mais… pourquoi faire ?

– J’ai eu une révélation. Tu te souviens qu’il y a deux semaines, ton sort de titularisation éternelle n’a pas fonctionné.

– Et comment, que je m’en souviens. D’ailleurs, un second tour Macron-Le Pen et un 0-0 à Nancy, si je puis me permettre, c’était peut-être un peu excessif comme mesure de rétorsion.

– Allons, c’est du passé, je ne suis plus fâchée. Or donc, tu le sais, quand l’OM est nul, comme la semaine dernière, pas de souci, tu as ta place. Le problème, c’est quand vous jouez bien : là, la conjonction des événements est si improbable que même mon pouvoir vaudou a été mis en échec. J’en ai passé des nuits et des nuits blanches, mais je crois avoir trouvé la solution…

– Pour que je sois sur le terrain même quand on joue bien ?

– Tout à fait. L’idée, ce serait que ton équipe soit suffisamment brillante pour assurer le score à l’heure de jeu. Tu entrerais pour gérer la fin de match, pendant que le titulaire sortirait sous les ovations.

– Parce que ça, ce n’est pas improbable, selon vous ?

– Oh, dis, eh, je me torture l’esprit pour trouver des solutions géniales, et tu fais la fine bouche ? Monsieur le mortel croit qu’on appelle les dieux vaudou comme on prend un Uber ? Monsieur préfèrerait peut-être compter sur son propre talent ?

– Oh non, déesse, je voulais dire que…

– SUFFIT ! Tu sais me mettre en colère, toi, tu sais que ça m’excite. Avant de te sauter dessus, moi, Erzulie, déesse de l’amour, j’en fais le serment : vous allez tutoyer les sommets. Et non seulement tu vas entrer en jeu, mon petit André-Frank, mais pour te montrer la puissance du vaudou, je vais aussi faire entrer Bouna Sarr et Doria à ta suite. Alors tu cesseras de douter.

La tirade laissa André-Frank sans voix. Pour y mettre un point final, Erzulie plaqua sa bouche sur celle du joueur puis, dans une lente reptation, y frotta son corps tout entier jusqu’à chevaucher son visage. Elle commença à jouir d’abreuver son amant à la source des dieux, quand un borborygme interrompit ses ondulations.

– Mmmmppf…

– Quoi, encore ?, soupira-t-elle en libérant les lèvres d’André-Frank.

– Ma bite. Vous pourriez me remettre ma bite à la place du céleri, s’il vous plaît ? »

 

L’équipe

Gomis revient de suspension tandis que la blessure de Sertic n’est pas sans évoquer les meilleures affaires du marché des Arnavaux, aux côtés de la râpe à légumes en plastique ou de l’épaule d’agneau avec la certification hallal qui masque la date de péremption.

 

Le match

Face à une équipe de Caen s’affichant très offensive et ruinant d’ailleurs notre premier slip dès la 40e seconde, l’OM se montre soucieux de corriger l’un de ses principaux défauts, à savoir ces interminables transitions et préparations offensives incapables de bouger le bloc adverse. Le match aura ainsi consisté en la répétition des ateliers « jeu entre les lignes », de toute évidence martelés pendant l’entraînement de la semaine. Première application sur une touche : pas plus de trois passes ne sont échangées, avant que Thauvin ne transperce le milieu d’une très belle transmission à Gomis. Bafé sert instantanément Sanson qui pénètre dans la surface et adresse un centre, mal renvoyé par Da Silva d’une pathétique aile de pigeon. L’erreur fournit l’excuse idéale à Viercoutre, qui dès lors ne prend même pas la peine de tenter quoi que ce soit contre le missile de Thauvin au milieu de la cage (0-1, 2e).

Cet effort de jouer vers l’avant coûte que coûte s’illustre aussi par nos sorties de balle depuis l’arrière, autre problème récurrent chez nous. Notre première phase de jeu de ce style nous fait ainsi passer en une fraction de seconde de la contraction anale extrême à l’extase la plus totale. Pressés par les Normands, Rolando, Pelé et Fanni se mettent tout seuls dans la merde aux abords de notre propre surface ; rien de très inhabituel jusqu’ici, me direz-vous. Sauf que cette fois-ci, Vainqueur vient non seulement jouer les pompiers de service mais en plus, d’un tacle rageur, propulse le ballon vers Payet en éliminant 5 adversaires d’un coup. Le plus dur est accompli, la razzia peut être lancée et conclue par Lopez sur centre de Thauvin (0-2, 50e).

Idéale du point de vue du score, notre entame ne doit pas masquer une absence certaine de sécurité défensive. Les Caennais s’en sont bien aperçus et n’abdiquent pas. En matière de passe entre les lignes, celle qui trouve Da Silva en surprenant à la fois Payet et Sanson n’est pas moche non plus. Le Caennais en profite pour lancer Santini : couvrant le hors-jeu, Fanni et Sakai laissent Rolando être pris dans son dos. Caen fait preuve d’efficacité pour la première et la dernière fois de l’après-midi, avec ce piqué aussi subtil que chanceux de l’attaquant au-dessus de Pelé (1-2, 9e).

Toujours débridée, la rencontre semble partie pour un grand moment de n’importe quoi défensif, aisément pardonnable vu les intentions de jeu des deux équipes. Tout le monde galope, va de l’avant, ce qui se paie inévitablement de risques de contre-attaques meurtrières. Côté olympien, Pelé se charge d’avorter les tentatives caennaises, du moins celles qui n’ont pas été interrompues par de magnifiques « fautes tactiques » au milieu de terrain : l’OM regagne ainsi les vestiaires avec trois cartons jaunes dans la musette.

Malgré ces incertitudes, la qualité de jeu est bel et bien olympienne. Dans ce tableau idyllique, on ne pourrait trouver à redire que sur les trop nombreux centres sans preneur, Gomis étant laissé trop seul à la réception. Lancé en profondeur, Bafé croit cependant y aller de son but, mais celui-ci est refusé pour hors-jeu après de longues palabres arbitrales. Qu’à cela ne tienne, l’OM récupère haut et, après avoir tourné devant la surface, trouve une position de frappe. La lourde de Payet, plein axe, est proprement savonnée par Viercoutre, qui offre la balle à Lopez sur un plateau. L’inénarrable gardien fait à peine l’effort de s’opposer à notre jeune joueur, préférant garder toute son énergie pour engueuler ses coéquipiers coupables de lui avoir masqué le tir – si si, regardez les images, c’est flagrant (1-3, 27e).

L’OM régale dans le jeu et passe près d’aggraver la marque, ce qui ne serait d’ailleurs pas du luxe. Une très belle action collective caennaise donne ainsi l’occasion à Rodelin de saloper une occasion en or, imité en toute fin de mi-temps par Yahia au terme d’un énorme cafouillage sur coup de pied arrêté.

La seconde période est plus apaisée même si, peu avant l’heure de jeu, Pelé doit se fendre d’un magnifique réflexe pour éviter la réduction du score. Fort heureusement, nous plions l’affaire quelques minutes plus tard au terme d’une contre-attaque d’école. Un beau retour défensif de Lopez interrompt une préparation normande ; lui-même attentif à son replacement, Gomis récupère et joue avec Vainqueur, pour une combinaison que l’on n’avait jamais vu réaliser dans un espace si vaste depuis le « une-deux » germano-russe au-dessus de la Pologne en 39. Bafé temporise et sert parfaitement Thauvin. A court de coupable à accuser, Viercoutre ne tente pas de parer le lob de Florian, et préfère rédiger un statut Facebook en reportant la responsabilité sur Jean-Luc Mélenchon, comme tout le monde (1-4, 63e).

Le plan se déroule comme prévu, et les hommes de peu de foi ne peuvent que constater les entrées coup sur coup de Zambo Anguissa, Sarr et Doria.

« Ce document présente une valeur scientifique incontestable. Certaines communautés l’utilisent dans un rituel de domination/soumission. Il traduit une manière de transcender l’affirmation de la virilité par un médiateur symbolique. En effet, dans une société policée, Rudi Garcia ne peut pas exhiber ses testicules et les poser sur le nez de Patrice Garande, c’est impossible. Voilà pourquoi il utilise cette convention, peu explicite au profane mais dont le sens est instantanément compris par tous les initiés. » Jean-Louis Pénien, anthropologue du coach au musée du Quai Branly.

 

En toute fin de rencontre, Vainqueur récupère à 30 mètres de notre but, élimine son opposant une main dans le slip et lance Sanson sur l’autoroute du soleil. Morgan adresse un ultime bijou de passe à Thauvin, qui réalise le triplé malgré l’attitude extravagante de Viercoutre qui préfère pour une fois tenter un arrêt plutôt que de se plaindre (1-5, 89e).

 

Les joueurs

Pelé (4+/5) : Une contribution pleine et entière à la victoire. En exagérant à peine, on se dit que sans lui cinq buts ne nous auraient peut-être pas suffi.

Fanni (3-/5) : Une très grande activité, même s’il donne très clairement le sentiment de s’en remettre à la Vierge sur chacune de ses interventions. Coup de bol, celle-ci était plutôt bien disposée.

Rolando (2/5) : Si Dupont-Aignan se retournait aussi vite que lui, il ne rejoindrait pas le Front national avant la candidature de Cindy Maréchal Le Pen à l’élection présidentielle de 2058.

Evra (3/5) : Il a le bon goût de ne pas se vautrer après avoir fait le fanfaron dans les médias. On n’en demandait pas plus.

Doria (81e) : Doria n’a pas fait mieux.

Sakai (1+/5) : Pour être honnête, je n’ai vu le match qu’en différé, avec la possibilité de repasser les différents actions. Et ce qui apparaît est cruel pour Hiroki, bien trop régulièrement impliqué dans nos moments slipométriques. Qui plus est, il récolte une suspension pour le match crucial à Bordeaux.

Vainqueur (4+/5) : Les antibiotiques qu’il a pris suite à son match à Nancy ont fait effet : il a fini de se prendre pour Alou Diarra. Des récupérations en veux-tu en voilà, qui plus est enchaînées avec des transitions immédiates vers l’avant. Seule une vendange immonde face au but le sépare de la perfection.

Lopez (5/5) : Du replacement, du beau jeu et un premier doublé. Le poireau qu’il porte au visage n’est rien à côté de celui qu’il a fait pousser dans mon slip, si vous me pardonnez la redondance de la métaphore potagère.

Zambo Anguissa (67e) : Pas loin de marquer, mais l’option n’est pas comprise dans le sort de titularisation éternelle. On le retrouvera peut-être arrière droit contre Bordeaux, car le dieu vaudou aime aussi à être farceur.

Sanson (5/5) : On a beau les traiter d’inconscients, les surfeurs réunionnais qui se baignent en maillot de bain Charal au milieu des requins se voient au contraire comme les garants d’un certain art de vivre, une sorte d’esthétisme intransigeant. C’est un peu la même chose en ce qui concerne les milieux de terrain qui refusent de défendre contre Morgan Sanson.

Payet (4+/5) : On reproche aux Marseillais d’en avoir trop fait pour accueillir Dimitri, mais dans ce cas, que dire des Caennais ? C’était la réception de l’ambassadeur, avec tapis rouge, rochers au chocolat et putes à foison. On y reviendra.

Sarr (79e) : Pourquoi pas.

Thauvin (5/5) : Note parfaite, évidemment. Il aurait même été nécessaire d’élargir le barème, pour adapter celui-ci aux dimensions de l’anatomie normande après le passage de Florian.

Gomis (4/5) : Pas de but et de trop nombreux hors-jeux, pour ne pas faillir à sa réputation. Pour le reste, il a largement fourni l’équipe en denrées de qualité, entre appels mobilisant la défense, points d’appui précieux et passe décisive sur le 4e but.

 

L’invité zoologique : Damien Da Silvache.

Regarder passer les trains avant de se faire traire, une philosophie de vie que n’auraient pas reniée nos adversaires du soir. La vache made in Normandie était donc bien l’invitée appropriée pour nous livrer ses observations.

– Les autres : Très volontaires et pas si ridicules balle au pied, mais leur faillite au milieu et une analité quasi-totale à la finition – mention spéciale au match de Rodelin – ne pouvaient qu’aboutir à ce désastre. Quant à parler encore de Rémy Viercoutre, il serait excessif d’en rajouter. Mais nous allons quand même le faire : le voir se révéler sans cesse en ajoutant à la nullité son caractère de pleureuse est d’une suavité sans nom, quand l’on repense à tous les matchs d’escroc qu’il avait pu nous livrer par le passé.

– Les images : Rhâ, lovely.

– Le classement : Nous revoici maîtres de notre destin en vue de la 5e place, voire plus si la Fortune se décide enfin à mettre un juste terme au miracle lyonnais.

– Les minots : ils gagnent leur voyage au Stade de France pour la finale de Gambardella, et je ne souhaite rien de plus que de voir dans ce renouveau du centre de formation le communsymbole du nouvel OM. En attendant, voici les images de la demi-finale.

– La page abonnement : Pour que vive l’Alterfoot cananal historique.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Atmane A. remporte le concours zoologique.

 

« Une rouste infligée à l’extérieur, la qualification en finale de Gambardella, Bordeaux qui perd des points, le PSG qui se fait fesser… Hiroki, peut-on dire que c’est une bonne journée ? »

 

Bises massilianales,

Blaah.

8 thoughts on “Caen-OM (1-5), La Canebière académie transperce

  1. Nous sommes Lundi. Ce Lundi, c’est :

    Lala Canebière Académie !

    William Vainqueu® Globe-trotteur : blon. 6$

  2. Les largesses de Sakai sont récurrentes. Mais cela n’est rien en comparaison de la largeur de la nue parisienne.

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