Dans la liste des poètes maudits concoctée par Verlaine, il manque une entrée portant mention d’Albert Cartier. Tour à tour traître, agent psychédélique du chaos organisé, cerveau désaxé aux origines d’une transvaluation effective de nos valeurs autrefois familiales et solidaires muées en une bouillasse de crétinisme chauvin et d’individualisme à hauteur de lopette, re-traître, auditeur fervent et au premier degré des tubes d’Ed Sheeran portant chemisette rose sur peau couperosée d’alcoolique défaitiste, l’entraîneur mal nommé de l’AS Nancy-Lorraine cumule autour de sa personne et de sa pratique un nombre de tares que la pénurie de papier nous dissuade de recenser.

Maintenant dressé corps et âme vers l’objectif secret (du moins le croit-il) d’enterrer une bonne fois pour toute l’existence déjà précaire du club qu’une sale engeance dirigeante (pléonasme) l’a chargé de démolir avec l’apparat du constructeur, l’infâme Cartier darde son regard de glace vers la Bretagne et la mer, pensant à porter un nouveau coup de cutter rouillé au prestige vermoulu de Nancy. Il concocte in petto une mayonnaise savoureuse prête à se marier avec les desseins d’une équipe surnommée les thoniers afin de produire une nouvelle défaite qui lui permettra bientôt d’exprimer un lyrisme augmenté par la proximité de cette mer glaciale et des histoires mélancoliques inspirées du chagrin des marins que l’on se raconte beurré à mort pas loin du port.

Si la haine d’Albert est secrète, exprimée seulement par petites touches mâtinées d’ironie lors d’apparitions médiatiques rigoureusement préparées en compagnie de princes de la répartie comme Eric Naulleau ou Franz-Olivier Gisbert, la nôtre est toujours aussi pure et débraillée à son encontre, si bien qu’elle est prête à se déballonner vulgairement pour asséner des coups de gland sur le front du responsable avide de tous nos malheurs. Une relégation n’a pas suffi à l’insatiable ordure qui s’apprête désormais à précipiter son ennemi intime, habilement infiltré, dans les affres d’une course au maintien d’apparence besogneuse dans le troisième étage du football professionnel. Mais nous nous dressons avec pour seule arme la violence stupide de l’insulte et la grossièreté sublime du littéraire blessé qu’il faut pas faire chier sinon il emploie des anathèmes interdits portant sur la religion, les origines géographiques et l’arbre généalogique.

Nous ne sommes pas dupes, Adelbert. Tout Cartier que tu es, nous t’opposerons vigoureusement un doigt du milieu plein et entier fièrement dressé jusqu’à ce que tu te barres ou mieux, que les poules chopent enfin des dents et s’en servent pour venir te croquer le cul dans ton sommeil. Tu dois vivre dans la peur de voir exposés non seulement ton incapacité patente à diriger un match de football en tant qu’entraîneur mais aussi le fait que tu n’es qu’un transfuge d’une entité en tout point dressée contre nous, nos ancêtres, nos valeurs. Bordel, j’en reviens toujours pas que ça ne déclenche pas d’émeutes place Carnot.


Le match

D’abord humiliés à un point jamais atteint par une équipe à domicile simplement meilleure, plus vive, plus disposée à jouer au football, l’ASNL s’est vautrée dans une fange indescriptible réunissant toutes les caractéristiques du match dit « de merde » en première période : incapable de garder le ballon, les vagues offensives adverses se succédant au rythme régulier du clapot breton, nos joueurs ont enchaîné le combo expulsion stupide + but encaissé juste avant la mi-temps à cause d’une déviation malheureuse comme pour nous indiquer à quel point non, le fait d’avoir érigé le coach en punching ball de toutes nos bouffées auto-destructrices n’allait pas suffire à évacuer le malheur turpide que cette équipe de couilles de loutres était prête à nous infliger.

Et puis par un mécanisme de réaction défiant la logique car pourquoi pas, nos dix connards se mettent à mieux jouer en infériorité numérique. Les espaces semblent s’ouvrir chez l’adversaire plutôt que dans notre camp, le bloc recule nécessairement mais répond adéquatement aux incursions adverses, l’envie est retrouvée. Une vertueuse désorganisation à laquelle notre adversaire ne trouve pas la réponse et qui permet à Nangis de bénéficier d’une passe transperçante du jeune et bel El Aynaoui pour aller égaliser. Ajoutez à ça qu’un ballon expédié devant la zone du gardien sur corner suffit à trouver Sakho tellement seul que même une brique aveugle aurait pu marquer ce but et vous obtenez les ingrédients sucrés d’une victoire peu probante mais fort appréciable sur le plan comptable.


Les notes

Sourzac 4/5
Les misérables qui lui servent de coéquipier ne cherchent que sporadiquement à l’aider, certainement pour pouvoir prétendre mettre en valeur ses excellents arrêts ou ses sorties aériennes en fin de partie. Et toujours il est là.

Etchevarria 2/5
Il semble régler l’intensité de son jeu sur sa personnalité. On suppose en conséquence que ses bulletins de collèges regorgeaient d’encouragements mais qu’on passait vite aux suivants parce que pas un prof ne se souvenait réellement de lui.

Mendy 3/5
On sait qu’il portera la défense quasiment toute la saison avec la blessure d’Aloé, libre à lui donc de poser des couilles que l’on devine énormes sur ce championnat de têtes de nœuds, à commencer par les fronts plats des nombreux transfuges du Cartier universe qu’on cherche à lui coller dans les pattes. C’est pas la taille qui compte car pendant ce match il a plutôt été laissé tranquille, mais le plus dur est à venir.

Pellegrini 3/5
On voit arriver un jeune loup en remplacement express du grand blessé susmentionné (ablation du genou pour Baptiste Aloé – son corps change, il est en pleine croissance) et on se rend compte qu’il est, lui aussi, un prototype issu du laboratoire d’expérimentations de notre Docteur émérite en sciences footballistiques occultes et Directeur du Département de Liquidation des Gentils. La lutte continue.

Bussmann 2/5
Non seulement ses montées balle au pied s’apparentent à une solution techno-sciento-débile comme par exemple couper la clim pour empêcher la planète de se réchauffer mais en plus il a dans le regard cette lueur de méchanceté et de vice qui ne trompe pas : Gaëtan, on en est sûr, porte une moumoute.

Ndoye 2/5
Essayant manifestement avec entrain de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, il attire néanmoins notre sympathie par le fait de jouer à un poste ingrat entre une demi-équipe de foot et l’ombre imposante de Neil El Aynaoui.

El Aynaoui 5/5
L’héritage de l’AS Nancy Lorraine n’est peut-être pas mort avec l’émergence de ce jeune homme qui a bien suivi ses cours de philo au lycée, en particulier lors du chapitre sur la repsonsabilité.

Mouazan 1/5
Il est jeune, impulsif, certains diraient complètement con sans qu’on puisse formellement leur donner tort, en particulier sur cet enchaînement de cartons en quelques minutes qui provoquent une expulsion prématurée mais aussi la hargne retrouvée de l’équipe. De là à le remercier et le nommer homme du match, il n’y a qu’un pas.

Nangis 4/5
On est fébrile à chaque coup d’œil sur le CV de nos joueurs, de peur d’avoir à féliciter un gugusse passé par ou formé à Metz, mais dans le cas de Lenny, il se trouve que malgré sa trajectoire sinueuse, on ne déplore pas de réel faux pas dans le parcours (quoique Bastia…). Et il a donc marqué un fort joli but pour sonner la révolte.

Cissé 2/5
Tout n’est pas facile à réaliser dans son jeune esprit embrumé par l’enthousiasme et les promesses d’une belle carrière. C’est justifié car on le sent capable de belles choses ; il faudra maintenant canaliser toute cette débordante énergie et écouter son coa…euh…son instinct.

Sakho 3/5
La voilà la première raison de mettre la moyenne à un Messois. Pas qu’il ait réalisé un match référence ou qu’il mérite quelque trophée symbolique que ce soit (à part peut-être cette statuette qu’on avait confectionnée avec notre caca un soir de désœuvrement éthylique), mais il faut bien le reconnaître : en dépit de la facilité qui lui a été offerte par la démission surprise de toute la défense au moment du corner, c’est bien Diafra qui nous a offert la victoire.

 

Marcel Picon

1 thought on “Concarneau-Nancy (1-2) : La Chardon à Cran Académie en profite

  1. Tant d’amour dans ce retour. Je ne sais cependant pas s’il faut plutôt vous souhaiter de gagner avec le traître récidiviste à votre tête, ou de perdre pour que lui la perde, justement, la tête. Est-ce que le retour en ligue d’eux est souhaitable lorsqu’il se fait au prix de la réhabilitation de ce genre de criminel de guerre ? Le jeu en vaut-il la chandelle ?
    En espérant vous voir bientôt à Bauer, en tout cas, cher Marcel.
    Bises ASaNaLes

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