L’Impact Académie a des souvenirs à raconter (partie 1)
Entre rêve et analité.
C’est déjà la fin de saison, c’est déjà l’heure du bilan qui n’en est pas un pour l’Impact Académie. D’un point de vue strictement comptable, nous devrions atteindre le chiffre de 12 académies publiées cette saison, soit plus de matches que le véritable Impact n’en a véritablement joués. On ne dit pas ça pour se faire mousser. Ici, pas besoin de changer de staff pour ne pas obtenir de résultats.
Alors que la saison touche à son terme, l’armoire à trophées du club montréalais s’est fait remplir d’une dixième Coupe des Voyageurs épique, tandis que le musée des horreurs du bleu-banc-noir s’est vu adjoindre une nouvelle salle pour sa section « Décisions merdiques : histoire d’une culture de l’instant » et que les têtes réduites de Rémi Garde, Joël Bats et Robert Duverne ornent maintenant les étagères de la galerie anthropologique, aux côtés des précédents coaches de l’Impact, assassinés dans l’exercice de leur fonction.
Il fallait donc une Académie dantesque© pour résumer 2019 et ces deux derniers mois sans publication. Deux mois d’incroyables aventures impactantes, comme on dit en école de commerce, avec la visite de l’un de vos serviteurs chez l’autre de vos serviteurs. Autrement dit chez vous, chers abonnés montréalais. Alcool, rencontres multiples et Nacho Piatti, scénario d’un porno rêvé. Nous avons donc décidé de scinder en deux cette Académie, pour toujours plus de plaisir, et pas du tout parce que la société capitalisto-nikomouk empêche l’un des deux contributeurs de contributer à son aise.
Première partie toute Mauriciesque donc, en attendant un second volet Larsouillesque à souhait.
Le football à la petite semaine
L’Impact a de grandiose qu’il surprend toujours. Il nous a tout autant étonnés quand il a nommé Rémi Garde et son staff expérimenté, Bats et Duverne en chefs de file, que quand il les a limogés mi-août. Bien sûr, la situation allait de mal en pis. Entre les résultats et le contenu consternants, et l’extrasportif toujours plus créatif dans la connerie, tous marchaient sur des oeufs. Surprise, toujours, si l’Impact n’a pas perdu l’habitude de recruter des pipes, il a pris la saine décision de foutre dehors certains éléments perturbateurs ou devenus (révélés) inutiles.
Cela n’a pas directement suffi pour redresser la barre. Rémi Garde n’aura d’ailleurs pas eu l’occasion de profiter des recrues d’un mercato estival lui aussi inhabituel, mais pour une fois assez cohérent. Il aura aussi subi la cabale de ses détracteurs de la première heure, bientôt rejoints par les opportunistes du marasme. La plupart de ces derniers, mais bien d’autres également, avait oublié ce que le staff avait permis à un groupe d’une qualité très limitée, avec des moyens mis au mauvais endroit et l’absence de celui qui porte l’équipe depuis des années. Ce qui a toujours été hors du commun est devenu habituel. Quand la récurrence de l’extraordinaire en fait une routine malsaine.
La culture de l’instant a fait le reste, quand les gens n’ont pas compris pourquoi c’était normal que l’équipe rentre dans le rang et glisse dangereusement au classement. Les erreurs d’un coach visiblement à la limite du nervous break-down ont fini de le fragiliser. Et l’Impact a impacté. Surprenant une bonne partie de sa communauté restée fidèle à l’entraîneur français d’une décision pourtant si commune au club. Alors que l’équipe arrive en pleine saison de clutchisme, avec une finale de championnat canadien à jouer contre Toronto et des playoffs encore atteignables, la direction fout tout le monde dehors, quasiment avec des coups de pied au cul, alors que les dernières déclarations étaient portées sur une éventuelle prolongation d’un staff certes cher mais impliqué.
El famoso électrochiotte
À la façon dont Gilmore l’a expliqué, l’envie lui a pris entre les cacahuètes et le whisky dans un vol vers l’Europe. À l’atterrissage, décision était prise. Tout le monde descend. On prend la décision de faire venir Wilmer Cabrera, tout juste débarqué de Houston, à la réputation disons locale et mitigée, pour accomplir ce rush de fin de saison, dans le cadre d’un intérim ou pas on sait pas trop vous verrez. Un move « de hockey » dira le toujours très juste Eric Chenoix. Comprendre par là, un push pour les séries, un électrochoc qui doit mener l’équipe, à l’aube de trois matches déterminants à domicile, à s’assurer une place dans la grosse première moitié du classement.
Les partisans sont donc passés d’une vision à moyen-long terme avec Garde et son staff, accompagnés d’une restructuration interne et de la nomination toute proche d’un « vrai » directeur sportif, à un schéma à très court terme, trois semaines, un mois, pour sauver une saison que tous avaient déjà considérée ratée. Résultat de ce coup de bambou de la direction : un succès presque miraculeux contre Vancouver, l’équipe au karma négatif ; une branlée 0-3 (en 30 minutes) contre un concurrent direct et une défaite 0-1 contre Cincinnati, équipe la plus éclatée de la saison qui nous aura pris 6 points. Ajoutez à cela une défaite à Los Angeles, un nul (à domicile) contre Atlanta et Montréal échappe une nouvelle fois les séries. Avec un bilan en championnat sous Cabrera consternant : quatre défaites, un nul, une victoire, cinq buts marqués, dix encaissés. Difficile d’en vouloir à Cabrera, comme de ne pas en vouloir à la direction.
Marquons l’histoire
Après les événements de la fin août, certains des plus fervents opposants à Garde avaient déjà retourné leur veste. Même eux, pourtant si prompts à tisser les arguments les plus farfelus pour appuyer leurs salmigondis, n’ont pas su trouver les mots pour expliquer cette gestion. L’aventure de Garde avec l’Impact pouvait bien se conclure au terme de la saison, cela n’y aurait rien changé. Les 4 millions du staff n’auraient pas plus été économisés et l’Impact n’aurait probablement pas fait plus les séries, ou alors un petit tour et puis s’en va. Probablement.
Mais l’Impact, « toujours dans la tendance mais jamais dans la bonne direction », en tout cas pas dans celle qu’attendent ses supporters, aura néanmoins écrit une nouvelle page de son histoire. Une page qui, je le pense, n’aurait sans doute pas été écrite avec Garde dans le contexte de l’été, tant l’encre qui la noircit n’est issue que de l’habituel mais unique mélange de micro-événements qui font les grands chapitres. En nommant Cabrera, le club s’est doté, alors qu’à mon sens la direction visait principalement les playoffs, d’un coach de coupe. En chiant littéralement sur le football contre Vancouver puis DC, l’équipe s’est mise à dos une partie de ses plus fervents supporters. L’embrouille avec Piette, la grogne des Ultras, ce fan qui avise Bojan de l’importance pour les partisans de la double confrontation contre Toronto en finale, les appels au réveil communs des principaux groupes de supporters, sont autant d’épisodes qui n’auraient probablement pas eu lieu avec Garde. Probablement. Car les matches auraient été différents (pas forcément meilleurs, différents), et les joueurs n’auraient peut-être pas pris autant à coeur ce championnat canadien. Et offert un rayon de soleil au moment où on l’attendait le moins. Un rayon chaud et sucré quand il vous frappe tel le péno d’Altidore la barre de Diop.
Et maintenant ?
Malgré la joie générée par ce trophée, le dixième du genre, le premier depuis 2014, et par la qualification en Ligue des champions qui en découle, compétition qui a marqué à tout jamais la communauté foot montréalaise après des épopées mémorables, la même question revient sans cesse avec l’Impact. Et maintenant ? De Santis a été débarqué, un directeur sportif, Olivier Renard le bien nommé, a été… nommé. Mais le staff technique qui apparaissait aux yeux de beaucoup comme l’une des premières pierres posées de notre plan quinquanal de 12 ans a été littéralement explosé. Bats, Duverne et Garde sont partis, Vercoutre, Nancy sont restés, Bernier est monté, deux préparateurs physiques sont en poste… Tout est redevenu est inconcevable merdier pour un bénéfice qui semble tout relatif. Une joie éphémère, mais tout à reconstruire alors que la saison prochaine, l’Impact aura au total trois compétitions à jouer et ses partisans prendront très mal de ne faire qu’un petit tour en Ligue des champions, cinq ans après avoir goûté pour la dernière fois à la scène continentale, et au dessert qui plus est.
Alors que la saison est d’ores et déjà terminée, personne n’est réellement capable de dire de quoi sera faite l’équipe de 2020. Du coach aux remplaçants, en passant par la star, personne n’est sûr de revenir. Aucune ligne directrice sportive ne semble aujourd’hui tracée. Celles dont on avait une esquisse ont été effacées. Le flou est à nouveau total et les six prochains mois seront déterminants pour les années à venir. Ce constat effraiera plus d’un partisan. Il sait que lorsqu’il attend de l’Impact qu’il se mette sérieusement au travail, en particulier sur les questions de gestion(s), il est souvent au minimum déçu, au pire pris de crises d’angoisses chroniques tout l’hiver (québécois) durant.
L’Impact surprend toujours. De ses décisions, il aurait pu inspirer le générique d’Extrême Limite. Virer tout le monde en plein mois d’août a réussi à surprendre alors que le move est très Impact. Gagner le championnat fut une surprise. Le faire à Toronto l’a rendu unique. Le tout au terme d’une série de tirs au but qui pose problème aux historiens de l’Impact, bien emmerdés pour se retrouver la dernière séance de péno jouée par le club en match officiel. Plus que surprenant. Unique. Ravis de ces éclaircies, nous profitons de ces instants rares d’ensoleillement, conscients, parfois découragés, du peu de clémence de la météo. Pourtant, la plupart d’entre nous souhaiterait sûrement avoir de belles périodes estivales. Douce illusion d’un pays où il ne pleut pas. Mais nous, nous avons des perles de pluie.
La perle rare
Je ne connaissais rien de cet Ignacio Piatti quand son nom est apparu dans le flot des rumeurs courant 2014. J’ai d’ailleurs d’abord cru qu’on parlait de Pablo Piatti, l’Impact étant désespérément à la recherche d’un milieu offensif. J’ai découvert une toute petite mais très excitante partie du joueur quelques semaines plus tard, quand les rumeurs devenaient informations et que le transfert semblait en voie de concrétisation. J’ai vu le milieu virevoltant de San Lorenzo, participant à l’épopée de son club en Copa Libertadores, contre Cruzeiro ou le Bolivar, dans des ambiances de folie. Et on ferait venir ce gars-là, 29 ans, en pleine galère montréalaise et en le faisant rater la finale retour de la plus grande compétition sud-américaine ? Et pourquoi pas Drogba à l’Impact pendant qu’on y est.
Mais Piatti, Ignacio pas Pablo, est bien arrivé à la mi-août, auréolé d’un titre plus que majeur auquel il aura participé jusqu’à l’avant-dernière scène. Étrange timing pour un dossier sur lequel De Santis travaillait depuis « plus de deux ans », selon les écrits de Dave Lévesque à l’époque. Si, dans mon souvenir, l’excitation des supporters était teintée d’une prudence logique, compte tenu de la situation catastrophique de l’équipe de Klopas et du profil hors du commun du joueur, celle de ses nouveaux coéquipiers était empreinte d’espoir. « C’est bien d’avoir un joueur de cette trempe à nos côtés », dira Hassoun Camara, qui espérait « un élan positif, un souffle nouveau ».
« Joueur miracle »
L’Argentin n’aura eu cesse de porter cet élan, ce souffle sous le maillot montréalais. Qui mieux que lui a incarné l’espoir parmi les partisans, de sa présence sur une feuille de match à une simple prise de balle ? Ce plat du pied ramenant le ballon devant lui, ce corps faisant basculer son centre de gravité vers l’avant, amorçant une conduite de balle entre les jambes de ses adversaires suffisaient pour que le supporter, yeux rivés sur son n°10, inspire vivement entre ses dents et se redresse sur son siège, souffle bloqué quelques secondes durant, attendant l’exploit, libérateur de ses poumons. Une grimace, une blessure et c’est tout une communauté qui unanimement aimerait prendre la douleur pour elle. De toute façon, pour ce qu’on se sert de nos jambes…
Hassoun Camara, en bon professionnel qu’il est et même s’il a perçu tout de suite le talent de Piatti, avait tempéré les attentes : « On ne peut pas s’attendre à ce qu’il soit le joueur miracle. » Une manière d’enlever une pression dont Nacho n’a jamais semblé ressentir les effets. Le joueur miracle, il l’a pourtant été tout au long de ses cinq années québécoises. Inutile de revenir sur le nombre de fois où il a sauvé l’équipe, arraché une victoire, inspiré les siens. L’épopée en Ligue des champions, dès les premiers mois de 2015, l’a fait entrer d’office dans la légende de l’Impact. Décisif à chaque tour, buteur en demi-finale, en finale (à l’Azteca s’il vous plait)… « Calme et posé » comme il se définissait à son arrivée, tueur sur le terrain chaque semaine, pour redevenir doux une seconde après ses buts quand il rendait hommage à son grand-père.
« Joueur miracle », il l’a même peut-être trop été. On ne lui reprochera pas d’avoir été trop bon. Voire trop bon pour nous. Mais sa présence et son aura sur le terrain suffisaient souvent à faire disparaitre ses coéquipiers, eux-mêmes parfois trop conscients de pouvoir compter sur un tel joueur pour faire la différence. Piatti a souvent été l’arbre qui cachait la forêt. Celui qui nous faisait oublier notre propre médiocrité. Les entraîneurs également ont souvent bénéficié de ce ricochet, aux dépens d’équipes qu’ils ne furent jamais capables de construire. Tout juste auront-ils eu le mérite de lui laisser la liberté d’action que son talent implique.
De Piatti à Nacho
Unique sur le terrain, Piatti l’est aussi en dehors. Bien sûr, il est plus facile de se faire aimer des supporters quand on est le meilleur joueur de l’équipe, quand on est constamment sous les projecteurs de par ses performances. Seule la présence de Drogba a quelques mois éclipsé celle de l’Argentin. Ce dernier s’en est royalement foutu, lui qui n’a jamais cherché la lumière autrement qu’un ballon au pied. Star de l’équipe pendant des saisons, c’est plutôt son humilité qui a fait l’unanimité. Humilité, sincérité, simplicité, gentillesse, attention… Ces qualités ont fait de Piatti « Nacho » dans le coeur des Montréalais, ce pote qu’on aimerait tous avoir. Ce pote qu’on a un peu tous, puisque l’Impact est une petite famille dans laquelle Nacho a été accueilli à bras ouverts, arrivant le sourire aux lèvres et des cadeaux plein les bras pour le lustre à venir.
Nacho a toujours clamé son amour de Montréal et des Montréalais, petit à petit dans un français bientôt impeccable. Il avait dit à son arrivée, après un salut de circonstance dans la langue des vrais colonisateurs, qu’il l’apprendrait. Il l’a fait, car c’est un homme de parole. Sans qu’on lui demande, il a prouvé son amour que les dizaines d’anecdotes de supporters, croisés aux quatre coins du continent, racontent en quelques lignes sur les réseaux sociaux. Alors que la fin de son aventure approche, ces récits se multiplient comme si le joueur préparait un départ de plus en plus proche. Quand il croise un partisan, c’est lui qui pose les questions. Peut-être une façon de savoir plus intimement qui sont ces gens avec qui il a partagé tant d’émotions pendant des années, dans un autre chez loin de chez lui. Il sait, retient, reconnait. Nacho se fabrique une boite à souvenirs géante et nous y invite, remplissant la sienne et la nôtre d’une frappe deux buts.
Le bonheur des grands gamins
« Ce sera ma dernière année à Montréal », avait-il annoncé en décembre dernier. Piatti possède encore une option pour 2020, mais tous savent que son départ est imminent. Au terme de cette (dernière ?) saison polluée par les blessures et après une victoire en championnat canadien qui doit beaucoup à son retour, la question de lever cette option d’une (dernière ?) année semble moins se poser parmi les supporters qu’au début de l’été. Malheureusement, la décision ne nous appartient pas et ça serait lui faire un sacré coup de pute que d’aller à l’encontre de ses envies. Piatti a plus donné à l’Impact et à Montréal qu’il ne le fallait pour accéder au panthéon bleu-blanc-noir. Une légende du club, sans doute le meilleur joueur que nous ayons connu, à la loyauté indiscutable. Tous se devront de respecter son choix, encore plus celui de retourner auprès des siens. Même si un dernier défi, Nacho, pour aller chercher une improbable Ligue des champions…?
Du privilège d’avoir pu le rencontrer quelques minutes, je retiendrai deux choses, outre celles énoncées plus haut. La première, c’est son bonheur. Bonheur d’avoir fait le choix de Montréal, d’y vivre, bonheur de porter les couleurs de l’Impact, de rencontrer et connaitre ses supporters. Un bonheur qui émane et qu’il n’a pas forcément conscience de partager. Une joie de vivre contagieuse, un sourire communicatif. La seconde, c’est la chose la plus évidente avec Piatti : son plaisir de jouer au football. Ceux pour qui le sport est resté un jeu, ce à quoi ils jouaient dans la cour d’école, dans les parcs, dans les rues, n’importe où deux t-shirts faisaient un but, dégagent quelque chose de différent que les supporters ressentent. Car pour eux, pour nous, le foot n’a souvient rien été d’autre que des ballons râpés et des genoux écorchés. Nacho nous rappelle nos courses effrénées vers le but, jeans tâchés d’herbe, à la poursuite d’un instant d’euphorie personnelle et collective. Ce que nous avons toujours été incapables de faire, il nous l’a offert sur un plateau pendant des années, fleur de lys au coeur, partageant avec nous, toujours, sa joie d’enfant, en rallongeant ces instants à chaque match.
Alors qu’il était à quelques jours de reprendre le jeu, sa frustration de gamin m’a fait sourire quand il a évoqué en roulant des yeux le physio et les soins qui l’attendaient, après s’être contenté de quelques exercices physiques. Tout ce que ce gars demandait, c’était un ballon…
Impactorroïde
L’Impact est un peu comme une hémorroïde. On ne sait pas vraiment comment on attrape le virus. C’est un petit picotement qui vous prend un jour. On se questionne. On se demande pourquoi cet endroit vient à s’irriter alors qu’on ne lui a rien demandé. Ce qu’on a bien pu faire pour arriver à ce genre de situation. C’est peu agréable pour le commun des mortels, mais ça monopolise vos sens et votre esprit. C’est un match de fin de saison inutile avec l’équipe bis à Los Angeles à 4h30 du matin.
L’Impact est un peu comme une hémorroïde. L’un touche au coeur, l’autre au trou de balle, mais quoi qu’il en soit, cela vous prend au fondement. Il est difficile de s’en détacher. Elle est dans nos pensées en tous temps, au beau milieu de la nuit comme à la fin d’une journée d’été. Et pour les instants de délivrance une fois l’inflammation passée, il y a énormément de souffrance. On se dandine autant sur son siège quand on a un mal de cul que devant un 0-3 pour DC United.
L’Impact est un peu comme une hémorroïde. Il nous fait mal, provoque souvent une gêne. On croit souvent qu’il arrêtera de nous faire souffrir, mais il ne veut pas cicatriser. Le congédiement de tout un staff expérimenté est la trace de sang dans le calbute au réveil alors qu’on croyait la nuit thaumaturge. Chaque branlée dans un match tournant est une fesse ankylosée de trop supporter tout le poids d’un corps meurtri par une enflure.
La douleur peut être source de plaisir
L’Impact est un peu comme une hémorroïde. Il offre aussi des moments de clémence. Sa communauté est un baume apaisant. La côtoyer, s’enrichir auprès d’elle, partager cette passion commune, c’est s’oindre l’anus d’une grasse crème dont les propriétés n’ont pour unique but qu’un bien généralisé. Dans les moments difficiles, quand vous prenez la plus grosse taule de votre histoire à Kansas City, le supporter de l’Impact est celui qui sait vous faire rire d’une blague bien placée. À l’instar de l’ami qui vous emmène aux urgences, un weekend de beuverie, pour trouver remède à ce qui vous fait chier du sang.
L’Impact est un peu comme une hémorroïde. Il arrive toujours un moment de libération. Des mois d’infamie pour un glorieux instant à Toronto. Des jours de douleurs pour enfin retrouver la douceur de son séant. Une foule de fans dans les travées du BMO Field annonçant une soirée particulière. Un péno qui s’envole d’Altidore comme déclic. On commence à vraiment y croire, à comprendre. Le mal s’est un moment absenté, la coupe presque pleine est de nouveau nôtre.
L’Impact est un peu comme une hémorroïde. Il vit en vous mais vous offre parfois la magie d’un répit. Des semaines, des mois, peut-être un jour des années, de tranquillité et de paix, de pets dans la tranquillité. On profite de ces périodes pour jouir de ses attributs, selon les envies de chacun. On court, on joue, on danse, certs on se voit refuser une accréditation, mais on vous convie à vivre un moment magnifique avec l’un des meilleurs joueurs (le ?) de l’histoire du club, tout autant belle âme que bel homme. Et on vous accueille à bras ouverts, partout où vous allez, malgré vos odes anales. On vous met à l’honneur, on vous fait des cadeaux, dont les plus beaux sont toujours les rencontres.
L’Impact touche au coeur, plus qu’au trou de balle. Et tant mieux, car le premier a tendance à faire l’unanimité plus que le second. Mais l’Impact, en vous laissant des souvenirs à vie, reste un peu comme une hémorroïde.
Merci.
Car il est important de laisser s’exprimer les talents émergents, cette chronique est destinée à accueillir des chefs d’oeuvre dans un style allant du merdico-cubique au débilo-gribouillage abstrait.
Aujourd’hui, nous vous proposons notre fameuse oeuvre évolutive communément appelée « Kikireste/Kikidégage ». Omettant tout ce qui peut être lié à des histoires de contrats, de prêts, l’aspect irréalisable de dégager tant de monde d’un coup, les désirs des uns et des autres, les règles de la MLS et tout le reste, voici ce que nous ferions de l’actuel roster de l’Impact sur l’unique base de notre ressenti. Aujourd’hui, le choix de Mauricio.
La semaine prochaine, retrouvez les hommes de Kurtis.
C’est la fin de cette première partie de l’Impact Académie bilan de la saison 2019. À suivre, une seconde partie plus Larsouillesque que jamais, pour compléter une année riche en émotion, mais finalement assez pauvre en football. On ne se refait pas. À bientôt.
Retrouve Horsjeu sur les rézosocio, mais également ses fidèles sbires Kurtis Larsouille, aussi rédacteur de la Canuck Academy à ses heures perdues, et Mauricio Vincello.
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