Napoli – Roma 18/02/1990 (3-1) : La Napoli Académie fait de l’archéologie

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Un peu d’histoire, beaucoup de nostalgie

La Societa Sportiva Calcio Napoli est riche d’un passé glorieux, en particulier pendant les années Maradona, de 1984 à 1991. C’est dans ce laps de temps en effet, que le Napoli remporta ses premiers et, à ce jour, derniers titres de champion d’Italie (1987 ; 1990), mais également une Coppa Italia (1987) et une Coupe UEFA, contre le VFB Stuttgart (1989). Et la fin de cycle qui s’en suivit, jusqu’à la relégation en C pour cause de faillite financière, n’eut pour autre conséquence que de susciter une nostalgie toujours plus profonde chez les supporters, pour cette période dorée. Aujourd’hui encore, alors que les Partenopei ont retrouvé les hauteurs de la première division, il est bon de s’en souvenir.

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Voici donc une académie classique consacrée au match Napoli – Roma, qui eut lieu le 18 février 1990. À l’époque, il s’agissait de la 101e confrontation entre les deux équipes, et Naples détenait 30 victoires contre 35 pour la Roma. Surtout, le Napoli n’avait plus gagné contre la Roma au San Paolo, depuis le 3 janvier 1982. Huit ans après, il était temps de mettre fin à cette série, d’autant que Naples, à égalité avec le Milan en tête du classement (36 points), ne pouvait pas se permettre de perdre des points (Naples venait d’ailleurs de s’incliner 3-0 contre le Milan à San Siro). Et Milan affrontait la Cremonese, relégable, ce qui laissait présager une victoire relativement facile pour les Rossoneri.

Alberto Bigon, qui effectuait sa première saison sur la panchina du Napoli, avait décidé du XI de départ suivant :

_____CARNEVALE_______CARECA

______________MARADONA

CRIPPA______________________DE NAPOLI

____________FUSI______ALEMAO

FERRARA_____CORRADINI_____BARONI

_______________GIULIANI

Une équipe assez équilibrée, avec des joueurs de talent dans tous les compartiments du jeu. Alberto Bigon, dont le premier fils Riccardo Bigon, est aujourd’hui le directeur sportif du Napoli. Son nom revient régulièrement dans les brèves consacrées aux rumeurs et transferts. Côté giallorosso, Luigi Radice, anciennement entraîneur du Torino de 1984 à 1989, avait aligné la composition suivante : Giovanni Cervone gardien de but (il jouera 191 matches avec la Roma, jusqu’en 1997) ; Antonio Tempestilli, Sebastiano Nela (qui a disputé 281 matches avec la Roma, de 1981 à 1992, avant de jouer pendant deux saisons à Naples), Stefano Pellegrini, Thomas Berthold en défense ; Antonio Comi, Manuel Gerolin, Fabrizio Di Mauro, Giuseppe Giannini (meneur de jeu aux 47 sélections avec la Nazionale) au milieu de terrain ; Rudi Voeller et Ruggiero Rizzitelli en attaque. Le match était arbitré par Luciano Luci.

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L’affaire se présentait mal pour le Napoli. Dès la troisième minute de jeu, Corradini concédait un coup-franc stupide, en bloquant dans ses mains une ouverture de Giannini pour Rizzitelli. Giannini décalait Nela dont la frappe, véritable boulet de canon, terminait sa course en pleine lucarne. Roberto Carlos n’aurait pas fait mieux et c’est à peine si Giuliano Giuliani, le gardien du Napoli, avait le temps de lever les bras. Mais il restait du temps. Naples prenait le jeu à son compte et se procurait moult occasions. Maradona, d’abord, trouvait la barre transversale de Cervone sur un coup-franc excentré côté droit. Cervone qui était l’auteur d’une très bonne première période, et s’interposait peu après sur une frappe en pivot de Massimo Crippa dans la surface, puis sur une frappe de Maradona au premier poteau et une autre tentative de Carnevale à ras de terre. La Roma multipliait les fautes, pour stopper Maradona notamment, et Luciano Luci se voyait contraint de distribuer les cartons. Stefano Pellegrini, notamment, était exclu peu avant la mi-temps, après avoir écopé d’un deuxième carton jaune. À la pause, la Roma menait 1-0 contre le cours du jeu, et les Partenopei pouvaient regretter leur manque de réalisme devant les buts de Cervone. D’autant que l’AC Milan menait 1-0 contre la Cremonese. Mais à onze contre dix, il y avait des raisons de croire en la victoire ; les Azzurri n’avaient-ils pas dominé, déjà, à égalité numérique ?

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Dès la reprise, Naples mettait beaucoup d’intensité dans le jeu, et les joueurs arrières se montraient de plus en plus offensifs, à l’image du Brésilien Alemao. Les Giallorossi procédaient par contre, mais ne parvenaient pas à surprendre une défense napolitaine très performante. Rudi Voeller, notamment, était parfaitement repris par Baroni, d’un tacle plein d’autorité dans la surface de réparation. Alemao, au terme d’un de ses innombrables rushs, combinait superbement avec Carnevale, qui manquait le cadre pour quelques centimètres. Puis sur un coup-franc tiré par Maradona, Crippa était déséquilibré dans la surface et obtenait un penalty. Maradona se chargeait de le tirer et prenait le gardien à contre-pied. Enfin le Napoli concrétisait sa domination, à la 53e minute de jeu. Bien disposés à l’emporter, les hommes d’Alberto Bigon pressaient haut et gênaient les défenseurs romains dans la relance. De plus, le technicien faisait sortir Luca Fusi pour Massimo Mauro, soit un joueur à vocation défensive pour un joueur plus offensif. Un coaching qui se révélait gagnant, puisque Mauro, quelques minutes seulement après son entrée en jeu, trouvait Careca dans la surface, qui marquait dans un angle fermé. Cervone, pourtant si bon en première période, avait mal fermé son poteau. Le Napoli menait 2-1 à la 61e minute de jeu, mais le score n’allait pas en rester là. En effet Crippa, trouvé par Maradona dans la surface de réparation, s’empalait sur Cervone et obtenait un deuxième penalty, beaucoup moins évident celui-ci. Qu’à cela ne tienne, Maradona tirait de l’autre côté et marquait encore, pour ce qui était son 71e but sous les couleurs du Napoli, soit autant que le record détenu par José Altafini, troisième meilleur buteur de l’histoire du club. À la 72e minute, la messe était dite. Les Partenopei se montraient particulièrement solidaires en phase défensive, à l’image de l’implication défensive de l’attaquant Careca, ou encore de ce retour défensif de Fernando De Napoli sur Voeller dans la surface. Rudi Voeller dont les efforts étaient vains, et qui ramassait à peu près autant que Maradona. Les équipes n’allaient plus marquer mais le spectacle n’était pas mort : Careca trouvait Maradona d’une louche somptueuse, et El Pibe reprenait le ballon d’un ciseau retourné qui se dirigeait sous la barre de Cervone. Mais le gardien ne se laissait pas surprendre, et détournait le ballon en corner. Finalement le Napoli l’emportait 3-1, alors que le Milan s’imposait 2-1 contre la Cremonese. Les deux équipes demeuraient à égalité en tête du classement, et la lutte allait être acharnée jusqu’au bout, puisque finalement le Napoli remporta le Scudetto 1989-1990 avec deux petits points d’avance sur le Milan (51 points contre 49 points, victoire à deux points).

ARCHIVES DIVERS

Le match en intégralité ici.

Les notes :

Giuliano Giuliani (non noté) : Il ne peut rien sur le coup-franc de Nela. Quel boulet de canon, et quelle précision !

Ciro Ferrara (4/5) : Excellent dans les duels, il est régulièrement monté pour apporter le surnombre, à gauche, à droite, sur tous les fronts.

Giancarlo Corradini (2/5) : Il a concédé de trop nombreux coups francs, pourtant largement évitables pour la plupart.

Marco Baroni (4/5) : Tout aussi excellent que Ciro Ferrara dans les duels, il s’est signalé en deuxième période, par un tacle parfait sur Voeller dans la surface. Mais a dû céder sa place en fin de match, blessé. (Remplacé par Tebaldo Bigliardi : Bien sûr il fait le travail, mais on sent une certaine lassitude chez le joueur, abonné au banc des remplaçants. En coulisses, il se dit qu’il pourrait bien aller voir ailleurs en fin de saison, du côté de l’Atalanta notamment…).

Luca Fusi (3/5) : Travailleur de l’ombre, il sait compenser les montées de ses coéquipiers à vocation défensive. (Remplacé par Massimo Mauro : Le coach Alberto Bigon a tenté un coup, faisant sortir un milieu défensif pour un joueur plus offensif. Pari gagnant, puisque Mauro s’est signalé notamment, par une passe décisive pour Careca).

Alemao (5/5) : Excellent milieu box-to-box, il porte le ballon avec une sorte de grâce naturelle absolument éblouissante. De plus en plus offensif au cours du match, il a libéré des espaces pour ses coéquipiers et systématiquement apporté le danger.

Fernando De Napoli (2/5) : Un peu en dessous par rapport à ses coéquipiers. Il a manqué à peu près toutes ses passes en première période.

Massimo Crippa (4/5) : Un poison pour la défense romaine, sur son côté gauche comme dans l’axe ; c’est lui qui obtient les deux penaltys transformés par Maradona. Le deuxième au prix d’une simulation digne de Fabrizio Ravanelli.

Diego Armando Maradona (5/5) : Il a subi un nombre incalculable de fautes, et pourtant Claudio Gentile n’était pas là. Qu’importe, Diego a marqué deux buts, et rejoint José Altafini au classement des meilleurs buteurs de l’histoire du club. Tranquille.

Careca (4/5) : Le Brésilien marque toujours contre la Roma au San Paolo. Cela s’est vérifié encore une fois, avec un très beau but inscrit dans un angle fermé. Pour autant, il ne néglige pas le replis défensif, et c’est tout à son honneur.

Andrea Carnevale (3/5) : Oui, André Carnaval. Il est bon mais il a tendance à perdre ses nerfs, et cela se vérifiera par la suite. Quand, lors de la Coupe du monde 1990, il pétera les plombs façon Nicolas Anelka, après que le sélectionneur Azeglio Vicini lui eut préféré le jeune attaquant Salvatore Schillaci. Voici les détails de l’affaire : titulaire au premier match contre l’Autriche, Carnevale n’avait pas été décisif. Et Schillaci, qui l’avait remplacé à la 75e alors que le score était encore vierge, avait marqué le but de la victoire. Cinq jours plus tard, à l’occasion du match contre les États-Unis, Carnevale était encore titulaire, mais cette fois Vicini le faisait sortir à la 52e, toujours pour Salvatore Schillaci. Excédé, Carnevale adressait un aimable « vaffanculo » au technicien italien. Plus jamais Carnevale ne rejouerait pour la Nazionale.

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Diego Marulanda

6 thoughts on “Napoli – Roma 18/02/1990 (3-1) : La Napoli Académie fait de l’archéologie

  1. Waouh ! Alors, tu es passé à l’action ! C’est du tout bon, en plus.
    Bon, ben va falloir qu’on se remue sur les onze mondial et anal, nous.

  2. C’est un doux parfum de nostalgie. Rudi Völler, Maradona, Ferrara…
    Aaah.
    Merci monsieur.

  3. Ah, je savais pas que ce « Maradona » a eu un passé de joueur avant d’entraîner Montpellier.

  4. Je trouve ça sympa comme principe, des académies d’anciens matchs, ce serait bien d’en revoir de temps en temps !

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