OM-Francfort (1-2), La Canebière académie fait des cadeaux

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Ach, gross malheur.

Académie garantie sans Monsieur Lapin, mais c’est parce qu’il se réserve pour dimanche.

Aioli les sapiens,

L’OM recevait Francfort ce soir pour des retrouvailles avec l’Europe à haut risque sportif : un statut de finaliste sortant à assumer, un groupe bien plus relevé que l’an dernier, et pour finir cette entame à huis-clos sanctionnant le goût pour la pyrotechnie et les défécations hors-zone de nos supporters. Gageons que la sévérité de l’UEFA servira de leçon à nos turbulents spectateurs, qui la prochaine fois se contenteront de faire d’innocents saluts nazis, comme tout le monde.

Sans déflorer le déroulement du match pour ceux de nos lecteurs qui tiennent à le découvrir progressivement dans le récit ci-après (en même temps, vous avez vu le score, hein), nous nous permettrons néanmoins de placer un modeste préambule d’ordre général. Rigueur de l’analyse, élégance du verbe, ordonnancement de la pensée : une académie, ça se construit, ça se façonne d’où, en l’espèce, paf, préambule :

Amis joueurs, je vous aime vraiment énormément, mais si je puis me permettre cette familiarité, il vous arrive parfois de vous comporter comme de sacrés putains d’enculés d’abrutis de mes couilles. Je veux dire, en général, quand on prend une claque, une rouste, un gros gadin, on apprend de ses erreurs. En général. Or donc, pourquoi n’est-ce pas votre cas, bande de viers marins ? Pourquoi, comme ça, périodiquement, en plein match, vous arrêtez soudain de faire des efforts. E.F.F.O.R.T.S. Vous l’avez entendu, ce mot, dans votre formation, vous n’êtes pas comme Gaston Lagaffe, on peut le prononcer devant vous sans que vous fassiez une allergie ? Un cheval a le cerveau suffisamment développé pour se livrer au sport de haut niveau, par conséquent, quoi qu’on dise sur les footballeurs, j’imagine que le vôtre s’y prête aussi ? Comment se fait-il donc que, dans l’espace confiné de votre boîte crânienne, vous arriviez à perdre de vue une équation que même Christophe Castaner pourrait comprendre : « effort = chance de gagner / pas d’effort = aucune chance de gagner » ?

Ah oui, je sais, vous avez vaincu brillamment l’En-Avant de Guingamp ce dimanche, et encore, en ne jouant qu’une mi-temps. Pardonnez-moi, l’expression, mais ouaaah. Si si, ouaaah, ils doivent être vraiment impressionnés, nos rivaux européens. Super. Vous avez battu un club dont la présence en première division est une anomalie bientôt résolue, une ville géographiquement si médiocre que la science aurait voulu qu’elle fût plutôt représentée par une équipe de basket-ball. Vous avez collé 4-0 à Guingamp, ce soir vous menez 1-0 contre Francfort, et du coup, plof, on revient des vestiaires une main dans le slip en croyant que la suite va se passer toute seule. Par le passé, cette attitude vous a systématiquement valu de vous ramasser de sévères coups de gourdins, mais c’est pas grave, on recommence. Mais mes cochonnes, on va finir par croire que vous aimez ça, ma parole, tellement vous le cherchez.

Tas de cons.

L’équipe

Pelé

Sakai – Rami (Luiz Gustavo, 6e) – Caleta-Car – Kamara

Lopez – Strootman

Thauvin (84e) – Payet Ocampos (Radonjic, 72e)

Germain

Tiraillé entre le besoin de performance et la nécessité de ménager les organismes, Rudi Garcia concocte ce schéma bâtard, ni totalement joyaux de la couronne, ni totalement fonds de tiroir.

 

Le match

A peine le temps de trouver un lien correct (ce qui fut paradoxalement très facile, les généreux pirates ayant anticipé le fait que plus personne ne continuerait à engraisser de nouveaux opérateurs pour bénéficier de leur dose de football régulière), très rapidement donc, Ocampos ouvre la marque d’une reprise poteau rentrant, sur un centre de Thauvin après un bon travail de Sarr (1-0, 3e).

Évidemment, seuls les naïfs voient dans cet heureux début le présage d’une soirée tranquille, du reste ne faut-il pas deux minutes de plus pour que le slipomètre passe en alerte écarlate suite à un débordement adverse. Pour être bien certain d’anéantir toute parcelle d’optimisme, Rami sort dans la foulée du fait d’une blessure musculaire qui le privera vraisemblablement du déplacement à Lyon.

Une fois passés ces préliminaires plutôt denses, le match s’installe dans un rythme pépère, ponctué de quelques beaux mouvements olympiens. Les Allemands font passer quelques inquiétudes dans notre milieu voire notre défense, mais leur maladresse les prive de nouvelles occasions franches.

En parlant de maladresse, la défense centrale adverse offre un amour de passe à Valère Germain, qui peut s’en aller dévier le gardien adverse alors que le premier défenseur est à dix mètres. Comme le premier Clinton Njie venu, toute cette aisance procure à Valère une crise d’épilepsie. Dans un style cependant différent du Camerounais convulsif, Germain panique dans la simplicité : il tape tout droit. Sauf que tout droit, évidemment, c’était le seul endroit où le gardien pouvait contrer la balle : Francfort s’en sort par miracle.

L’OM termine particulièrement bien la première période et se procure plusieurs situations de tir repoussées plus ou moins adroitement par la défense et Kevin Trapp. Bien que le score ne se maintienne qu’à un but d’avance, ces dernières minutes intenses offrent un certain soulagement après l’inquiétant faux-rythme qui les a précédées.

Soulagement ? Je t’en foutrai. Le genre de soulagement qui saisit les Olympiens à la sortie des vestiaires, c’est cet amorphisme béat qui suit les masturbations frénétiques. Les yeux vitreux, la gueule enfarinée et la démarche mal assurée, nos joueurs n’en foutent plus une. Les duels les plus basiques sont disputés avec la conscience professionnelle d’un ancien cantonnier municipal, à qui sa carte Force ouvrière a offert une reconversion comme gardien de la salle des arts papous au musée de la Vieille Charité (12 visiteurs par an, ouverte tous les jours de 11h à 12h30 sauf le samedi, le dimanche, le lundi et le mercredi). Le jeu ? Niveau kermesse annuelle de l’unité de soins palliatifs. Les courses ? On se ferait dépasser par Jean-Pierre Raffarin à dos de tortue des Seychelles.

Un énième décalage au milieu de terrain oblige Luiz Gustavo à se jeter pour contrer un tir. Sur le corner qui s’ensuit, Torro prend son élan devant Caleta-Car puis Sarr, et domine Strootman au premier poteau (1-1, 53e).

Notre salut semble alors venir de l’expulsion à la 59e de ce grand dadais de Willems, dont la charge de bourrin sur Payet lui vaut un second carton jaune. Par un effet mécanique plus que par une réelle hausse de son niveau, l’OM se met à dominer. Cela n’empêche pas Pelé de devoir sauver un tir après une combinaison passe en profondeur / centre en retrait dans une défense et un milieu inertes.

Hormis des actions litigieuses sur lesquelles l’arbitre dénie tout coup de pouce à notre nullité (une main jugée involontaire, une chute de Thauvin jugée trop exagérée pour être honnête), l’OM patauge. Quelques centres sont bien repris par Germain ou Thauvin, mais de manière insuffisamment précise pour réussir face à une défense faisant bonne garde.

Jusqu’ici peu remarqué depuis son entrée à la 72e, notre recrue Nemanja Radonjic s’illustre finalement. Tout Marseille exige aussitôt la réouverture immédiate du tribunal pénal international, tant la relance du Serbe à la 89e minute représente un crime de guerre à côté duquel Srebrenica ferait figure de comédie musicale. Depuis notre propre ligne de but, sans danger immédiat, Nemanja adresse ainsi à Francfort une saucisse plein axe, à placer n’importe quel éducateur U9 en arrêt cardiaque.

L’on découvre alors que, malgré le huis-clos, le stade compte bien des spectateurs assistant à la rencontre : nos propres joueurs. C’est ainsi que sans opposition aucune, les Allemands pénètrent dans notre surface de réparation où Jovic conclut la soirée par une lourde imparable (1-2, 89e). Sur ces entrefaites, on se surprend à penser aux heures les plus sombres de notre histoire lorsque, après avoir donné notre cul aux Allemands, il va falloir désormais nous colleter aux plus fervents admirateurs d’une certaine part de leur culture.

 

Les joueurs

Pelé (3-/5) : Son jeu au pied ne nous aura pas coûté davantage qu’un flacon de détachant surpuissant et une lessive supplémentaire à 60°C. On peut donc qualifier son match de globalement bon.

Sarr (2+5) : Lance son match par un grand-pont bounanesque, avant de se montrer plus intermittent. Un peu comme beaucoup dans l’équipe, pas franchement mauvais, mais des petites miettes (surtout défensives le concernant) qui, au final font beaucoup pour aboutir à ce résultat.

Rami (NN) : Après sa rupture amoureuse, Rami s’est résolu à retourner niquer la science. C’est toujours mieux que rien, et ce ne sont pas les autres académiciens qui me contrediront.

Luiz Gustavo (2+/5) : A du mal à bouger mais compense par son expérience. J’aimerais bien qu’il ressorte de ce schéma assez rapidement, il y a des élus marseillais qui ont fini soudés à leur fauteuil à ce jeu-là.

Caleta-Car (3+/5) : Solide et rassurant, notamment en un-contre-un. Sur des balles longues ou face à des attaquants plus vifs, il faudra peut-être néanmoins penser à s’adjoindre les services d’un pilote du port, pour l’aider à manœuvrer.

Kamara (2+/5) : Replâtrage correct faute d’autre remplaçant crédible à Amavi, mais replâtrage tout de même.

Lopez (2-/5) : Après sa bonne entrée à Guingamp, Maxime nous prémunit immédiatement de toute enflammade excessive à son sujet. C’est gentil de sa part.

Strootman (2-/5) : Le climat morose, la bouffe infecte : il faut se rendre à l’évidence, la déesse Erzulie se fait salement chier à Londres. C’est pourquoi elle revient de temps à autre nous rendre visite, et zombifier un de nos milieux de terrain en souvenir du bon vieux temps.

Thauvin (2/5) : Une passe décisive pour l’hygiène puis, comme d’habitude, des actions dispensables attendant de sauver la patrie par un ou deux buts. Sauf que cette fois-ci, il a tiré à côté.

Mitroglou (84e) : Mitroptard, surtout.

Payet (2/5) : Des extérieurs du pied à tomber en pâmoison, avant de prendre une RTT.

Ocampos (3-/5) : Un but excellent pour la confiance, avant de retourner à sa partition de guitariste métal dans un orchestre philharmonique.

Radonjic (72e, 1/5) : L’école Jérémy Morel du « je vais tâcher de commettre des débuts les plus immondes possibles, comme ça il suffira ensuite que je devienne juste passable pour que tout le monde m’aime. » Stratégie habile de Nemanja, il faut juste ne pas voir d’inconvénient à se faire insulter ses aïeules sur huit générations à chaque match.

Germain (1+/5) : Entendons-nous bien : je chie sur le macronisme. Ce nouveau monde triomphant où règnent les chiffres et de rentabilité, qui remplace la solidarité par la charité, ce dogme de la croissance qui nous conduit à notre perte, le mépris pour tout ce qui vit sans être performant : c’est droite, c’est caca. Nous sommes d’accord. Reste malgré tout qu’à un moment, Valère, et avec toute l’empathie qu’il nous est possible de manifester, on va être obligés de parler un tout petit peu de résultat chiffré et notamment de TA PUTAIN DE BORDEL DE MERDE D’OCCASION RATÉE QUI NOUS COÛTE SANS DOUTE LE MATCH.

 

L’invité zoologique : Sébastien Scalaire

Le scalaire est un poisson tropical majestueux, qui se meut en agitant lentement ses longues nageoires en forme de voiles. Le scalaire est le souffre-douleur préféré des petits poissons plus vifs, qui s’amusent à le martyriser en lui grignotant lesdites nageoires. Il arrive que, tout heureux de lui, un guppy soit assez inattentif pour passer à côté de sa gueule et se fasse gober quasiment par inadvertance. Ce genre d’incident est heureusement très rare : même chez les poissons, on trouve peu de spécimens suffisamment cons pour oublier à ce point toute méfiance élémentaire. Le scalaire était donc bien l’invité approprié pour commenter avec nous ce match de nos fracassés du bocal.

– Les autres : Lourds, maladroits, mais pas impolis au point de refuser les cadeaux qu’on leur offre.

– Le classement : La Lazio a battu Limassol 2-1 et partage donc la tête du groupe avec nos adversaires du soir.

– Les sanctions : Soucieuse de ne pas laisser à l’UEFA le monopole de la filsdeputerie, la préfecture a donc interdit l’accès à la ville de Marseille aux supporters de Francfort qui, ayant acheté leur billet avant le décret du huis-clos, prévoyaient de calmer leur douleur anale en profitant au moins du séjour dans notre belle ville. Parmi les motifs de l’arrêté préfectoral, le manque de force de l’ordre pour assurer la sécurité de ces gens… tout ceci pour que le jour venu, des myriades de CRS soient déployées afin de faire respecter l’arrêté pris au motif d’un manque de force de l’ordre. Kafka au pays du football, le tout avec la bénédiction du tribunal administratif : tout est raconté ici;, et c’est effarant.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Sylvain C. remporte le concours zoologique.

 

Devine qui vient dîner dimanche ?

 

Bises massilianales,

Blaah.

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