Analyse du test match des bleus contre les Turcs

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Chronique d’un test match annoncé…

Pour ceux qui n’ont pas lu l’analyse de France – Nigéria, faites le tout de suite en cliquant ici, d’abord parce qu’on la trouve bien, et ensuite parce que cette lecture est nécessaire à la compréhension de celle qui suit. Et ouais, on vous prend pas pour des ânes.

L’analyse tactique

1ère mi temps :

L’équipe se présente dans une configuration classique, un échec ce soir serait malvenu. En effet, outre le 4/5/1 de Jacquet, on retrouve les paires Mexès-Boumsong et Abidal-Malouda. Comme Escudé-Squillaci, et faute d’avoir trouvé des formules optimales, ces paires de clubs garantissent un rendement minimum, un socle sur lequel travailler. L’effet est immédiat et l’équipe de France dégage une puissance et une maîtrise tactique sans rapport avec les tâtonnements de St Etienne. Le côté gauche s’affirme d’entrée comme le côté fort, multipliant les combinaisons en petit périmètre qu’affectionnent Malouda et Abidal, bien relayés par Diarra et Benzéma. Toutefois, ce rendement minimum présente le risque de déséquilibrer une animation collective victime des automatismes de certains. Ainsi, la paire Sagna-Anelka, le positionnement de Toulalan (vampirisé par l’activité de Diarra) et surtout celui de Gourcuff (trop haut) s’annoncent comme le grand chantier de cette première mi temps. Dès lors, si mardi nous a semblé être une tentative maladroite de copier l’animation de Manchester, c’est cette fois-ci l’ombre du système mis en place par Mourinho et pérennisé par Hiddinck (notamment en Ligue des Champions) à Chelsea qui plane, sous l’impulsion du duo Malouda-Anelka. En effet, le 4/5/1 se mue en 4/3/3 (autour de la 25ème minute), Malouda n’étant plus le milieu offensif de 2006 mais l’attaquant gauche voulu par Mourinho, tandis qu’Anelka dévore le côté droit. La paire est d’autant plus complémentaire que le côté gauche combine dans les petits espaces tandis que le côté droit préfère les appels en profondeurs, bien servi, et c’est là le génie de ce joueur, par un Gourcuff repositionné (à sa propre initiative ? Merci papa…) en milieu relayeur côté droit. Ce repositionnement exigé par les automatismes des deux Blues semble être la clé de la bonne tenue de l’équipe de France dans cette première période. L’animation alterne autour de deux triangles, Abidal-Diarra-Malouda et Sagna (à la peine)-Anelka-Gourcuff (qui n’est donc plus 10 axial mais relayeur côté droit), le premier construit sur la percussion et les combinaisons dans les petits espaces tandis que le second propose un style de jeu direct fait d’ouvertures dans l’espace . Dans ce système, Toulalan enfile le costume de sentinelle devant la charnière centrale, rôle besogneux loin des consignes offensives que Domenech et Puel lui confiaient jusqu’alors. Le projet de voir le lyonnais se muer en Lampard ou Gerrard semble avoir vécu (Puel cherche un véritable milieu créateur, Hleb ?) Dans ce contexte, Benzéma occupe une place à sa main, en 9 ½, avant-centre « flottant » offrant au couloir gauche un point d’appui et au couloir droit une cible pour les centres (possibilité trop peu exploitée.) Dès lors, vu le profil technique et rapide de Benzéma, on peut imaginer que, tout comme le fait Guardiola à Barcelone, Malouda et Anelka puissent inverser leur positionnement afin de les mettre sur leur pied de frappe. L’attaque serait ainsi une transcription du trident Henry-Eto’o-Messi.

Le problème de cette première mi temps est lié à cette « mourinhisation » accidentelle du système. En effet, le repositionnement du milieu de terrain français peut être considéré comme un fait de jeu, une adaptation naturelle induite par le profil des joueurs. Aussi, en phase défensive, retrouve-t-on un Gourcuff en 10 axial, inutile puisque trop haut et faisant doublon avec Benzéma, un Toulalan abandonnant l’axe pour le côté droit. L’équipe défend donc à 10 voire 8, tant Benzéma, Gourcuff et même Anelka n’assurent pas le pressing et le replacement. L’occasion turque de la 32ème minute illustre ce trou axial.


2ème mi temps :

La première mi temps a révélé un système adapté aux profil des joueurs. Les changements opérés en deuxième, face à une Turquie à 10, réaniment le traditionnel 451, que Ribéry malmène par son envie et son talent. Gourcuff s’illustre par son sens tactique, inventant des postes au fur et à mesure que Ribéry invente des actions, Toulalan confirme son handicap offensif, Gignac son profil de Baticagoal au combien original et précieux, et Govou son indéniable talent à se situer sur la droite d’un terrain de football.

Domenech a aimé la première mi temps et il peut. Le 451 de Jacquet a connu une modernisation peut-être décisive sur la route de l’Afrique du Sud. Le 433 de Mourinho, amélioré par Benitez, socle du grand Lyon de Houiller, objectif du futur Marseille de Deschamps (qui cherche à récupérer Lucho Gonzales comme rampe de lancement) vient d’apparaître en équipe de France, sous l’influence des joueurs (plus de 5 ans après son triomphe sur la scène européenne…ça bosse à la DTN) Reste à affiner le système en sélectionnant les joueurs susceptibles de s’y intégrer tout en l’enrichissant. Varier la composition des tridents, en intégrant Henry et Ribéry (absent de la 1ère mi temps ; virevoltant mais déstabilisant tactiquement en 2ème), travailler le replacement des milieux (placer Gourcuff plus bas, en Juninho ou Ballack ; parfaire le replacement défensif), adapter les latéraux en fonctions de l’animation (Evra et Sagna n’ont pas besoin d’ailier, Fanni et Abidal fonctionnent en doublette.) Ainsi, on peut imaginer copier le milieu de Chelsea (Ballack/ Gourcuff et Diarra/Lampard en moteur des triangles de couloir, Toulalan ou Vieira en Essien) et alterner avec une ligne offensive calquée sur celle des Blues (Malouda et Anelka pour lesquels un Gignac semble plus adapté) soutenue par des latéraux défensifs (AbidalFanni), ou copier le trident offensif du Barça, Henry-Benzema(Eto’o)-Ribéry(Messi) (sur leur pied de frappe) soutenu par des latéraux plus offensifs (Evra-Sagna pour centrer…d’où l’intérêt de Guardiola pour Evra.)

Dans un entretien accordé à So Foot, Domenech confiait ne pas avoir de schéma défini et compter sur une dynamique qu’imposerait (qui s’imposerait) au groupe. Dans cette logique, il ne s’agit donc pas de copier pour copier, mais d’utiliser les joueurs sur ce qu’ils savent faire, ce qu’ils travaillent tous les jours en club et ce pour quoi de grands tacticiens les utilisent. Si Jacquet avait saisi quelque chose de l’air du temps en 98 avec son bloc en 4/5/1, Mourinho a su adapter ce système aux évolutions décisives du tournant du siècle (phase de construction plus directe, repli défensif quasi immédiat, une équipe coupée en deux escouades, 1  ou 2 rampes de lancement reculées façon « quaterback », une sentinelle offensive), et par chance, la plupart des joueurs français apprennent ces schémas en club, assurant la transition/ transmission. Et Domenech inventa la sélection en autogestion.


Si vous avez des remarques, écrivez à editeur@horsjeu.net

9 thoughts on “Analyse du test match des bleus contre les Turcs

  1. Intéressant comme toujours
    Sinon, en voyant Gourcuff jouer très bas, je me suis demandé un moment si après avoir jouer à la Ferguson, Rainman n’essayer pas une formation en sapin de Noel! Cette formation pourrait bien coller aussi à l’équipe de France, non ? Le problème comme d’hab ce sont les 2 milieux defs incapables de produire du jeu.
    Pourquoi Anelka ne serait-il pas un bon couloir droit ? A chaque fois que je le vois jouer à ce poste il est souvent très bon. C’est juste une question de capacité défensive ? Et Riolo qui dit qu’il a des carences techniques !!! Il est vraiment chéper ce mec.

  2. La turquie était moins forte qu’il y a un ans ils ont fini 10 nous aurions du inscrire un second but !D’autre part, Gignac a encore montré qu’il a avait sa place en edf, et des mecs comme Govou,Llorris,Anelka et Malouda ont marqué de nombreux points.Voici quelques suggestoons poour les bleus :
    1)Garder Llorris dans les buts regarde les statistiques en 2 match les bleu n’ont pas perdu et pas encaissé de but avec lui
    2) meme si raymond n’a pas de projet de jeu trouver au moins une défense type
    3)ne pas aligner deux numeros 6 en meme temps devant la défense
    4)virer benzema de l’équipe et garder gignac

  3. Je pense plutôt que c’est un psychothérâpute pour une autonomie sei dirigée des groupes…

  4. bien joué pour cette analyse du match les gars…
    big bisous à la redaction!!!
    JB votre premier fan…

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