Sur le papier, le déplacement à Beauvais pour affronter Chambly n’était pas le plus sexy, ni le plus attendu. Et pourtant. Récit.

C’est dans doute la période la plus excitante de l’année. Noël ? Non. Un anniversaire ? Non. Juste le moment de la saison où l’AC Ajaccio enchaîne deux déplacements de suite en cinq jours. Mais en 2019, la LFP ne nous a pas gâté en nous faisant jouer à Beauvais et à Niort dans la foulée. Tous mes respects aux Beauvaisiens et aux Niortais, mais ce n’est pas forcément attrayant. Tant pis. La 106 est mise en route tôt le matin. L’objectif beauvaisien est atteint aux alentours de 18h. Plus qu’à attendre l’ouverture du parcage visiteurs et l’arrivée des autres supporters ajacciens.

Particularité du stade Pierre-Brisson ? Cette maison, qui se trouve juste à côté du parcage. Les habitants sortent de chez eux, ils sont dans le stade.

Il est 19h quand je m’avance vers les stadiers de notre tribune. Je me dirige vers les deux personnes chargées de la fouille, après avoir gentiment acheté ma place 5 euros. Et là, la première chose que me dit la fille de la fouille, c’est : « Tu veux que je te la tienne ? ». Alors là, je suis pris de court. Je commence à enlever mes gants et à descendre ma braguette… Mais en fait, elle parlait de mon appareil photo. Après la fouille corporelle, voici l’inspection de la bâche. Une bâche qu’on voit dans tous les stades de Ligue 2 et de Ligue 1 depuis 15 ans. Et toujours les mêmes questions : « c’est quoi ? C’est écrit quoi dessus ? Ça veut dire quoi ? » Vous allez me dire que c’est normal, c’est leur taf. Et je suis d’accord avec vous. Sauf que là, le premier stadier valide. Mais il veut le montrer à la caméra. On la tient cinq minutes pour que les délégués valident. Ils valident. Mais le stadier me dit : « On va quand même attendre l’aval du directeur de la sécurité, il arrive ». Il est arrivé, il a regardé la bâche une demie seconde et il a validé. Tout ça pour ça.

Un directeur de la sécurité très sympathique, qui nous propose de nous accompagner sur le terrain pour pouvoir bâcher plus tranquillement et pour que nos couleurs soient plus visibles. Agréable. Surtout qu’il nous aide également à bâcher. Avant le début du match, direction les chiottes.

Les chiottes du stade Pierre-Brisson de Beauvais sont deux vulgaires cabines de chantier. Vulgaires ? Pas vraiment. Et pour cause, au contraire de Saint-Flour, ces chiottes de chantier sont des éditions luxe. Du rose pétant à l’extérieur et un intérieur exigu mais complet. Il y a du PQ, une brosse à chiottes, du savon et du papier pour les mains. Et en plus, ça sent bon et l’ensemble est propre. Bon ok, ça reste des chiottes de chantier, mais elles sont plus complètes que certaines « vraies » toilettes de stade. Note : 2,25/5.

Le parcage ajaccien est bien garni : 18 supporters ont fait le déplacement, dont la vieille garde d’I Sanguinari. On retrouve Vadim, Manufrankin et surtout Luc Nostrada-Leca, de retour dans un stade avec nous après une longue période d’absence (les deux dernières fois qu’il avait voulu venir, il avait fait demi-tour, ne trouvant pas l’entrée du stade). Il est un peu moins de 20h et le speaker lance les hostilités au micro : « Les joueurs étaient accompagnés par des escortrices et les putes 12 ». C’est du moins ce que l’on a compris du parcage. Bon, il a sans doute dit « U12 » et non « putes 12 », mais on ignore ce qu’il a voulu dire par « escortrices ». Le match commence.

Et les macagnes de Manufrankin également. Face à la forte corpulence des stadiers, il blague : « À Chambly, ils font un concours de raclette et celui qui en mange le plus, il est embauché comme stadier ». Plus tard dans la rencontre, en découvrant le nom du gardien de but de Chambly (Simon Pontdemé), il se moque : « Lui, il est né entre le 1er et le 8, non ? ». Vous l’avez ?

Mais son masterclass reste le moment où il nous a expliqué la raison du récent AVC de Catherine Deneuve : « Je te jure, Catherine Deneuve elle vient s’acheter des sandwichs dans mon épicerie. C’est bien elle. J’osais pas lui demander mais j’ai regardé sur sa carte bleue et c’est bien elle. D’ailleurs l’autre jour, je lui vends un sandwich le lundi midi et le lendemain matin, je lis sur internet ‘Catherine Deneuve, victime d’un AVC’. Ça se trouve, c’est à cause de moi ! ».

À côté de tout ça, il y a le match, bien évidemment. Une rencontre entamée de la meilleure des manières par l’ACA, qui a ouvert le score par Gédéon Kalulu, son premier but en pro, juste devant nous. On explose de joie dans le parcage et les joueurs célèbrent avec nous. Appréciable. On joue la 9e minute quand I Sanguinari lancent ses fameux : « Oh arbitre, oh PD, siffle, c’est finiiiiiii ». À la pause, les Acéistes mènent 1 but à 0. Le moment parfait pour aller nous substanter.

Les + :

  • La buvette est ouverte (ça peut paraître con, mais elle ne l’était pas la saison dernière)
  • L’accueil des deux types de la buvette est sympathique et souriant. L’un d’eux remplira même notre verre de bière plus que prévu.
  • Il y avait donc de la vraie bière ! (Bon, c’est de la Heineken, mais c’est mieux que de la Kro sans alcool)
  • On avait du choix au niveau des sandwichs : jambon, fromage et panini.
  • Mon choix s’est porté sur un fromage : il était bien garni et plutôt bon.

Les – :

  • Il n’y a pas eu assez de paninis pour tout le monde
  • Le sandwich était quand même un peu écœurant avec ce mélange fromage et beurre (beaucoup de beurre)
  • Le pain était mou

Note sur le guide Michelin/Perfettu des buvettes de Ligue 2 : 3/5. Un verre collector, une bière 33cl et un sandwich fromage pour 7 euros et 50 centimes. C’est raisonnable. Et c’est surtout bien mieux que la saison dernière. En 2018/2019, nous étions allés à Pierre-Brisson pour Red Star-ACA. On avait eu droit à des sandwichs Aldi bien dégueulasses emmenés par des types (très sympas) dans un chariot de marchandises. En 2019/2020, la vraie buvette était ouverte, on a eu de la vraie bière, l’accueil était cool et on a plutôt bien mangé. On en conclut que Chambly est mieux organisé et plus soucieux du confort de ses visiteurs que le Red Star. Bravo.

La deuxième période peut débuter, avec l’arrivée d’Antoine et son drapeau napoléonien qui nous en aura fait baver. Mais c’est surtout autre chose qui nous a fait mouiller : le deuxième but de l’ACA, par Mounaïm El Idrissy, à la 83e minute. Une réalisation qui intervient alors que les Ajacciens avaient reculé, alors qu’ils étaient à 11 contre 10 suite à l’expulsion de El Hriti à la 72e minute. L’arbitre de la rencontre siffle la fin du match. L’AC Ajaccio s’impose 2-0 à l’extérieur après une première période maîtrisée sur le plan du jeu et une deuxième maîtrisée sur le plan défensif, avec un jeu organisé en contre. L’AC Ajaccio est troisième de Ligue 2, avec dix matchs de suite sans défaite en championnat. Benjamin Leroy, lui, vient de signer son dixième clean-sheet de la saison. Avec 17 points hors de ses bases, l’AC Ajaccio est la meilleure équipe de Ligue 2 à l’extérieur, à égalité avec Lorient et Troyes. Des statistiques qui font tourner la tête. Non, pas la vôtre ?

Après cette victoire, tous les joueurs ajacciens sont venus saluer le parcage visiteurs en folie. Il est désormais l’heure de partir. Enfin, pas vraiment pour Matthieu et moi. Le directeur de la sécurité nous a oublié et les stadiers présents avec nous ne veulent pas nous laisser aller récupérer la bâche I Sanguinari de l’autre côté du grillage. Nous attendons bien une quinzaine de minutes avant de pouvoir la replier et déguerpir. Avant de quitter cette belle ville qu’est Beauvais, on souhaitait rejoindre nos collègues, non loin de la délégation acéiste. Je me gare sur un parking avec la 106 et je vois une dizaine de mecs louches, avec visiblement des écharpes de Chambly. Je change de place une fois. Puis une deuxième fois. Les mecs me suivent, capuchés et le visage caché. Ça n’augure rien de bon. Je change une troisième fois de place, bien plus loin, mais les types me suivent toujours et lancent des « il a rien à faire ici ». OK, je me casse. On se revoit à Niort, très vite !

Perfettu

1 thought on “Chambly-AC Ajaccio (0-2) : pas un Beauvais déplacement pour I Sanguinari

  1. Les Ajacciens sont intraitables en Ligue 2 cette saison. Après avoir battu Chambly le vendredi 29 novembre, ils ont enregistré une nouvelle victoire contre Niort lors de la 17e journée du championnat.

    Quelle performance !

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