Les coulisses de la Juve :

Avant d’entrer sur la pelouse, les joueurs terminent de se préparer dans le vestiaire.

Pirlo demande à Conte s’il peut garder le costume officiel du club pour jouer. Conte refuse. Pirlo insiste, au moins les Weston ? Non plus. L’ex-Milanais décide alors de repasser son maillot sous les yeux d’Estigarribia, qui découvre la civilisation occidentale chaque jour davantage. Vidal, lui, ne tient déjà plus en place. Alors que Conte donne les dernières consignes avant le début de la rencontre, le Chilien se détend sur un vélo d’appartement mis à disposition par le club. Il disait qu’il commençait à avoir des fourmis dans les jambes depuis l’échauffement. De son côté, Bonucci reproduit à l’identique tous les gestes de Chiellini, son modèle. Mini-moi envisage même une opération du nez pour assurer sa place de titulaire. Néanmoins, le sosie n’est pas tout à fait terminé niveau connexion cérébrales. Pirlo poursuit sa préparation individuelle : Il s’asperge d’Eau Sauvage de Dior : deux pressions, pas plus. Puis vérifie que ses chaussettes soient bien remontées cinq centimètres en dessous de son genou. Ce sont les détails qui font la différence. Pirlo est fin prêt. Assumant pleinement son statut d’homme le plus classe du monde. Vucinic de son côté en est encore à plier ses quatorze slips kangourou soigneusement dans son casier. Vidal, toujours aussi excité tel un pré-pubère rongé par les hormones à son premier rendez-vous, s’adresse à Pirlo « Echauffe-toi, échauffe-toi, allez » Ce dernier l’ignore poliment. En effet, Andrea n’a jamais couru depuis ce cours de sport en CM2 lorsque son professeur l’avait obligé à courir un 50 mètres en sprint. Il s’était décoiffé. Intolérable pour un homme de goût. Vidal n’a pas ce problème. Sa crête de collégien reste bien en place comme un symbole d’un bloc-équipe en L1. Pendant ce temps, Conte en profite pour verser de la camomille dans la gourde personnelle d’Arturo. Ca ne peut pas faire de mal, comme disait ma grand-mère.

Matri, quant à lui, est scotché à son smartphone. Il vérifie le tracé GPS de sa copine, une application révolutionnaire permettant de vérifier à chaque instant où se situe Federica Nargi. Balèze hein ? Problème, le signal indique qu’elle se situe à quelques mètres. Alessandro s’interroge. Puis, voit apparaitre la Veline, en provenance du jacuzzi réservé à l’après-match, Gianluigi ferme la marche, une clope au bec. « Bah quoi ? Ma femme à deux gosses, je peux même plus la toucher, sois collectif Ale. Et puis, je suis ton capitaine. Ce qui est à toi, est à moi également. » Matri acquiesce naïvement. C’est ‘achement balèze l’esprit d’équipe.

Alors qu’à quelques dizaines de kilomètres, Toni est une nouvelle fois resté à la maison. Il traine son spleen jusqu’à déambuler en slip dans son appartement. Luca va mal. Luca est affalé devant sa télé à tubes cathodiques. Un paquet de chips dans une main et une Moretti dans l’autre. Son activité physique se limite à glisser sa main dans le froc, puis s’en gratter une sans faire bouger l’autre avec succès se jurant qu’il n’en a que faire de ce match. C’est trop pour lui. Il décide de se repasser la VHS de ses 32 buts avec la Fiorentina lors de la saison 2006-2007. « Merda, je peux encore jouer » s’insurge-t-il. C’était avant que son arthrose de la jambe gauche ne se réveille et ne brise ses vieux souvenirs. Luca est mort pour le football.

Dans la Juventus Arena, Quagliarella est déjà bien installé sur le banc de touche. Consciencieux, il a son coussin personnel anti-hémorroïdes, l’ancien Napolitain est prêt à suivre ces coéquipiers pendant 90 minutes. Iaquinta, en tribune a les yeux rivés sur son téléphone. Il attend désespérément un appel de son agent ou d’un entraineur qui serait resté bloqué dans une faille spatio-temporelle. Après tout, il a gagné la Coupe du Monde 2006, et des simulations comme celle contre le Ghana, il en est encore capable. La technique, ça ne se perd pas disait Jean-Michel Largué. Alors, depuis 3 semaines il checke (Tu l’as pas vu venir ce vocabulaire de jeun’s ?) inexorablement ses messages dans l’attente d’une réponse d’un certain Didier D. Il l’a même cherché sur Copains d’avant. Après tout, ils ont un club en commun. Peut-être que Didier aurait l’idée de se tourner vers le Piémont pour trouver cet attaquant qu’il réclame tant. Pourtant, le répondeur lui laissait de l’espoir : « Salut, c’est Didier Deschamps. Si tu es un grantattaquant capable de marquer des buts, au moins 15 ou 20 par ans, laissez un message après le bip. En revanche, si vous êtes André-Pierre Richard ou Marlon Brandao,  c’est un faux numéro. Merci. »

Elia, lui, n’a pas ce problème. 45 minutes au compteur en 10 journées cela semble lui convenir, et il profite de ce temps libre pour actualiser sa culture série-télé. Sur le banc, il en profite pour twitter. Oui, les nouvelles générations sont passionnées par leur métier.

Milos Krasic n’est pas dans la même situation. Le Serbe ne joue plus, et il ne le supporte pas. Les médias disaient de lui qu’il était le nouveau Nedved. Milos l’a cru. Alors, aujourd’hui il veut des explications. Un dictionnaire italien à la main, il est bien décidé à s’entretenir avec Antonio Conte. La discussion est un échec. Dommage, Milos pensait avoir tout juste. Il avait lu dans une interview que Ben Arfa lisait du Nietzche. Problème, il avait poussé le mimétisme jusqu’à lire à l’envers le dictionnaire.

 

Les compositions :

Les paysans de Rome, un peu fascites.

Marchetti – Konko, Diakhité, Stankevicius, Radu – Brocchi, Ledesma, Lulic – Hernanes – Rocchi, Klose.

Reja change de module tactique. Exit Djibril Cissé et son unique but en championnat. La Lazio évolue en 4-4-2 losange avec Hernanes aux manettes.

Pour les amateurs des Laziali, Michel vous propose cet article de Johann Crochet. Un Romanista qui parle de la Lazio, c’est concept, mais plutôt pas mal.

 

Juve, Storia di un grande amore.

Un commentaire ? Non, aucun. Tu commences à avoir l’habitude de cette équipe.

 

 

Les notes :

BUFFON (5/5) 370e match avec la Juventus. Plusieurs arrêts de grande classe, notamment face à Rocchi. Concentré sur les nombreuses frappes lointaines des Biancocelesti. Il a même retrouvé sa vivacité en jaillissant dans les pieds des attaquants en deuxième période. C’est Alena Seredova qui doit être contente. Cette saison est celle de Gianluigi indéniablement. En plus, le poteau est avec lui. Ah, ça, il les attend les Cavani, Lavezzi et compagnie.

LICHTSTEINER (3/5) The Swiss Express a débuté la partie à grande vitesse. Trois débordements en quinze minutes dont un centre parfait pour Marchisio qui ne trouva pas le cadre. Ensuite, il a reculé sur le terrain à l’image de l’équipe le reste du match, se contentant de défendre. De fait, il a bien contenu Lulic dans son couloir. Indéboulonnable.

BARZAGLI (4/5) Sa nouvelle victime ? Miroslave Klose. Pas moins. Il accumule les prestations de haute-volée comme André-Pierre Gignac les casseroles. Quelle renaissance pour cet éternel espoir qui n’avait jamais confirmé son talent depuis sa période sicilienne et son titre de Champion du Monde 2006. Pour être objectif, le ballon détourné par Buffon sur la tentative de Rocchi lui revient sur le bras de manière involontaire. Invisible à vitesse réelle.

BONUCCI (3/5) Faire une Bonucci est en passe de devenir une marque déposée. A chaque rencontre, il nous gratifie d’une erreur défensive. Ainsi un ballon lui retombe sur la cuisse, il perd l’équilibre et n’arrive pas à dégager la gonfle. Rocchi en profite, mais se heurte sur Buffon. Je commence à demander comment la Juve parvient à rester invaincue avec lui sur le terrain. Heureusement, il s’est révélé solide par ailleurs, ce qui est paradoxal j’en conviens. Et il a même progressé dans sa relance. Leonardo s’en tire avec les encouragements du conseil.

CHIELLINI (5/5) Quel régal. Taille patron. Arbitrage, placement, autorité, jeu aérien et leadership. Enorme d’autorité, n’hésitant pas à lâcher un tacle que n’aurait pas renié Di Meco dans la surface. Il s’est occupé de tout. De l’arbitre de touche avec le sourire, de la ligne du hors-jeu pour piéger Klose, qui est loin d’être un idiot. Taulier dans le jeu aérien également. Il s’est même distingué en attaque d’une talonnade pour Vucinic et de tentative de débordement.

VIDAL (4/5) Arturo s’est aventuré aux quatre coins du terrain. Ce n’est pas nouveau. Ses passes sont précises. Ce n’est pas nouveau non plus. Point d’ancrage pour ses partenaires afin de démarrer les actions offensives, il a évolué plus bas sur le terrain. Je suppose que c’était une consigne de Conte pour soutenir Andrea Pirlo convalescent. Les fins de match lui plaisent, quand ça sent les hormones et la tension. Mobile, technique, endurant et capable de « manger de la viande » dixit Rami. Le milieu de terrain moderne.

PIRLO (4/5) Un délice. Je connais des joueurs qui sur deux jambes ne font pas le quart de la moitié de ce qu’il a fait ce soir.  Même le genou strappé, ses diagonales sont chirurgicales et il n’hésite pas à régaler ses partenaires d’ouvertures prodigieuses. Pour exemple, une louche de Pirlo devrait être remboursé par la Sécu tellement c’est revigorant. C’est simple, même avec un handicap, Andrea reste le boss de fin. Il m’a plus émoustillé que les liens vidéo de Fernando Nandrolonas.

MARCHISIO (3/5) Moins en vue ce soir. Il a loupé l’ouverture du score de la tête alors qu’il était démarqué dans les cinq derniers mètres au bout de quelques minutes de jeu. Néanmoins, les statistiques affirment qu’il a réussi 27 passes sur 28 en première mi-temps. Ce qui en dit long sur le fait que même s’il est moins brillant, ça reste propre. Cependant, Michel est en colère, comme un symbole de Jean : Il sera suspendu pour le déplacement à Naples ce mardi. En plus, la faute n’était pas très nette ni méchante. Et vous savez que Michel ne parle jamais d’arbitrage. Seulement, comment peut-on être cynique et froid en privant un joueur du match de la saison qui se profile trois jours plus tard ? Bon, je reconnais que j’en rajoute un peu. Mais quand Claudio se permet un sombrero sur son adversaire puis une passe de l’extérieur du pied en pivotant sur lui-même pour solliciter le une-deux, vous en conviendrez que ce type est le fils de l’homme le plus classe du monde.

PEPE (3/5) Il a commencé son match en tentant deux frappes du gauche après avoir feinté du droit son adversaire direct. Puis, il a su se placer au bon endroit et au bon moment pour reprendre le centre de Matri dans la surface. Pas classe, mais efficace. En fin de match, il a cassé les reins de Radu. C’est dire s’il était on fire dans son style très personnel. Michel n’est pas trop pour les joueurs dont on dit « qu’ils courent sur le terrain », après tout, c’est le minimum. On parle de sportif quand même. Un dernier mot : lorsqu’il a inscrit son but, on m’informe que Krasic aurait tenté de s’immoler à la Vodka. Claude Pèze apprécie en connaisseur. Cette saison, si même Pepe marque, c’est qu’il ne peut vraiment rien arriver à la Vieille Dame.

MATRI (3/5) Il a clairement progressé cette saison. Plus complet comme le prouve son action sur le but : course côté gauche et centre de son mauvais pied à destination de Pepe. Alessandro est en confiance et aurait pu ajouter un pion en seconde période sur une frappe soudaine sans contrôle qui frôla le cadre de Marchetti. Etant donné les blessures de Cassano et Giuseppe Rossi en Azzuro, Matri a une carte à jouer en vue de l’Euro 2012.

VUCINIC (2/5) Mirko a bien fermé le couloir, ça c’est pour le positif. Pour le reste, hormis son bon ballon pour lancer en profondeur Matri sur l’unique but du match, ce n’est pas satisfaisant. Le Monténégrin a fait le coup du type qui joue dos au but dans le couloir gauche. Donc, qui se contente de contrôler et de remettre à son latéral. Et le mouvement, c’est en option ?

 

Sostituzioni :

GIACCHERINI (1/5) Que fait-il dans l’effectif de la Juventus ? Non lo so. Il a 26 ans, et jouait pour Cesena la saison dernière. Même pas capable de tenir le ballon en fin de match. Et surtout il a raté une belle occasion de mettre l’équipe à l’abri. Et Del Piero, bordel ?

ESTIGARRIBIA (1/5) Pas mieux. Il n’a pas provoqué en duel Konko alors qu’il a été recruté pour déborder. Une entrée pour la forme davantage que pour le fond.

QUAGLIARELLA (non noté) Entré à la 83e minute de jeu. Pas le temps de donner du kiff.

 

Les autres apparitions :

Djibril Cissé est entré. Une accélération de tout droit, une tête bien captée par Buffon et une charge de Pepe. C’est peut-être ça le plus traumatisant. Sinon, toujours deux mois sans marquer.

Alessandro Del Piero ne jouera pas son 700e match de sa carrière en professionnel, ni sa 686e rencontre avec la Cougar. Sur un malentendu contre Naples ?

 

L’Allenatore :

ANTONIO CONTE (5/5) L’ancien milieu défensif attendait sagement sa vengeance face à la Lazio, c’est chose faite. Sa philosophie se traduit dans ses déclarations d’après-match : « A la mi-temps, j’ai dit aux joueurs de ne pas se contenter de défendre le but d’avance sinon on perdra. » Prends ça la Ligue 1. Il possède une capacité de motivation surprenante pour un jeune entraineur et il est déjà parvenu à insuffler à cette équipe un réel caractère. En quatre mois de travail, la Juventus est transformée. En outre, Antonio Conte fait même dans le social en remettant sur pieds Pepe et Bonucci. C’est autre chose que l’Unicef.

 

Michel Panini.

La bise à El Piojo dans sa lutte contre les hinchas type « cr7du94 » qui n’ont pas encore l’esprit assez développé pour connaitre la signification des mots classe, respect, valeur et élégance. Enfin, ils ne sont pas seuls, Laurent Blanc non plus.

 

Résumé du match.

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4 thoughts on “La Bianconero Academie note Lazio-Juventus (0-1)

  1. Merci pour Mme Matri. Très instructif
    à noter qu’elle semble avoir un tatouage à positionnement variable http://www.passeenprofondeur.fr/wp-content/uploads/2011/03/federica-nargi-la-velina-mora-di-striscia-la-notizia-89679.jpg
    les retoucheurs n’ayant toujours pas compris qu’une photo inversé se voit rapidement dans ces cas là…

    Et pour ton passage sur George Abit… Andrea Pirlo, c’était très mignon, comme un jeune garçon qui ne touchera jamais sa prof de physique mais qui en salit ses draps tous les soirs.

  2. Ainsi donc en plus d’être capitano futuro l s’appellerait donc Claudiomarchisio Abitbol. Quelle classe !!

  3. Mèch Tuyot

    Tu dois avoir l’habitude des suppléments jeune fille dans mes académies.

    Pirlo et Marchisio, c’est simplement savoir reconnaitre des esthètes dans un fooball robotisé mes amis.

    Claudio Abitbol, c’est bieng.

  4. Marchisio va manquer ce soir…
    J’attends de voir Pazienza face à son ancien club, mais bon ce ne sera pas le monstre du moment Marchisio.
    Par contre c’est le genre de match, où Vucinic sort son habit de furioclasse.

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