La Bohème Académie présente la République Tchèque pour l’Euro

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Sérieux et amateur de cacahuètes.

Il y a seize ans, la République Tchèque gagnait l’Euro. Sauf qu’un mec qui s’appelle Oliver Bierhoff, une espèce de Vennegoor of Hesselink un peu plus classe, s’est décidé à planter deux buts en finale dont le premier but en or de l’histoire (avec l’active participation de Petr Kouba aka mains trouées). Du coup, ben ils ont pas gagné. Heureusement tout cela a été effacé huit ans plus tard avec une victoire incontestable à l’Euro 2004 et une qualité de jeu qui restera dans les mémoires. Un succès mythique face aux Pays-Bas dans l’un des plus beaux matches internationaux du siècle, une petite raclée au Danemark en passant et… Non, en fait rien. Pavel Nedved s’est blessé, le sosie de George Clooney a décidé de tout arrêter, Jan Koller s’est lancé dans un vibrant hommage à Anthony Bancarel et Dellas a marqué le seul but de sa vie. Du coup, ben ils ont toujours pas gagné.

DONC, vu qu’on est encore huit ans plus tard, la République Tchèque devrait selon toute vraisemblance paumer n’importe comment. A la différence près que le groupe de cette année est un peu pourri, bien loin de la qualité de ceux dont j’ai parlé un peu plus tôt. Quand je dis le groupe, je parle de l’effectif, même si le groupe de la phase de poule est assez moisi aussi. Heureusement qu’il y a eu 1976 parce que c’est pas sûr qu’on gagne un autre truc un jour…

 

– Contexte de qualification :

Ni brillant ni trop laborieux non plus, on va dire que l’équipe a fait plus ou moins ce qu’on attendait d’elle. Deuxième, loin derrière l’Espagne (en même temps les mecs ont tout gagné donc bon…), elle s’est calée deux points devant l’Ecosse et un peu plus devant la Lituanie et le Liechtenstein. C’est vrai que sur le papier ça fait moyennement peur comme adversaires. N’empêche que les Tchèques ont quand même perdu à domicile contre la Lituanie leur premier match, et pas réussi à battre McFadden et ses potes chez eux. Qualifiés pour les barrages, ils sont tombés contre le Monténégro. Abordable, même si Jovetic et Vucinic devant ça peut faire peur. Demandez aux Anglais s’ils se sont amusés avec eux. Un 2-0 flatteur à domicile et un pauvre 1-0 sur un contre au retour et c’était plié. Plutôt bien payé quand on a fait huit tirs en deux matches.

 

– Les joueurs :

Pour espérer aller loin, mieux vaut avoir un gardien pas trop mauvais. De ce côté-là ça va à peu près, Petr Cech est solide. Bon, il a parfois des trous en sélection comme contre la Turquie en 2008, mais globalement ça tient la route. Et s’il se blesse, Jaroslav Drobny est plus que correct donc pas de souci. En défense c’est déjà plus compliqué. Certes, Theodor Gebre Selassie (aucun lien fils unique) est un bon, voire très bon latéral droit. Pour le reste, c’est solide sans être brillant. Sivok s’est encore mieux reconverti derrière que Jarosik, Hübschman a pas mal d’expérience européenne et un mec comme Kadlec est assez fiable sur le côté comme dans l’axe, en tout cas plus que Hubnik. Au milieu c’est plus intéressant, et Tomas Rosicky (s’il arrête de se blesser) joue vraiment son rôle d’organisateur du jeu. A ses côtés, Petr Jiracek est un excellent récupérateur encore assez méconnu. Rezek est un vrai détonateur et tentera de provoquer en un contre un mais c’est surtout de Plasil, placé un peu en retrait que devrait venir la lumière, au moins d’un point de vue technique. Devant, ben… on fait comme on peut. Baros tente de courir, Pekhart essaye de ne pas être qu’un Brandao tchèque et Necid se soigne du mieux possible. Reste Lafata, 30 ans déjà, qui éclate tous les records de but en championnat mais galère à scorer au niveau international. Un joueur correct mais pas une légende. Vous me direz, Charisteas…

 

– L’objectif :

De manière générale c’est toujours mieux d’aborder une compétition en voulant la gagner. Des éliminatoires c’est un autre problème, mais un tournoi en six matches peut potentiellement pas mal niveler les valeurs. Reste que le talent n’est plus trop là, ou pas encore si la génération des Tomas Kalas et Tomas Prikryl réussit mieux que la précédente, finaliste du Mondial U20 en 2007 (même si Suchy et Pekhart iront à l’Euro). Sortir d’un groupe avec la Pologne, la Russie et la Grèce semble largement faisable. Attention quand même, la colonie polonaise du Borussia risque d’être chiante à jouer. Une fois en quarts, ce sera probablement l’un des trois monstres du groupe B : Pays-Bas, Allemagne ou Portugal. Aller jusque-là et ne pas se faire démonter serait une performance correcte, tout le reste serait du bonus.

 

– Le truc en plus :

Cette capacité à passer les tours en étant mauvais et à se crasher en étant bon. Bizarrement, la première est surtout valable chez les jeunes et la deuxième chez les grands. Ce qui est un peu con, puisqu’on attend surtout des jeunes qu’ils soient brillants, ce qui leur laisserait présager un bel avenir, et des seniors qu’ils gagnent des titres. Sachant que l’équipe est assez limitée, elle a plus de chances d’être laborieuse qu’exceptionnelle. Comme Cech est en confiance dans l’exercice des tirs au but, la République Tchèque peut très bien passer les tours sans gagner un match. Oui, c’est à vous que je pense amis paraguayens.

 

– Le truc en moins :

Au-delà de toutes les petites carences ça et là et du manque de talent pur, la santé. Tomas Rosicky a toujours un physique aussi bancal, et sa saison sans grands problèmes à Arsenal signifie qu’il est en sursis. Déjà que quand il est sur le terrain le jeu de la sélection n’est pas toujours extraordinaire, si son mollet ne répond pas ça va vraiment être compliqué. Necid a l’air d’aller mieux, mais il manque encore de rythme, et n’est pas à l’abri d’une rechute. Et Baros, s’il n’est pas blessé à proprement parler, donne parfois l’étrange impression d’avoir des problèmes d’arthrose. Du Rigobert Song en fin de carrière. Avec 20 ans de moins.

 

– La tactique :

Rien de bien révolutionnaire pour une sélection nationale : le classique 4-2-3-1. Les défenseurs latéraux participent moins au jeu offensif que du temps de Grygera et Jankulovski, même si Kadlec et Gebre Selassie sont capables de monter. Dans l’axe, Sivok tente de compenser les erreurs de l’ami Hubnik. A moins que Michal Bilek soit tenté de mettre Kadlec dans l’axe, mais il faudrait alors mettre quelqu’un à gauche, sauf si Kadlec a appris la compétence ubiquité. A la récupération, Jiracek se charge surtout du sale boulot alors que Plasil fait le lien avec les joueurs offensifs, en essayant à la fois de neutraliser le milieu adverse et de fluidifier le jeu. Juste devant eux, Rosicky donne le rythme en tant que numéro 10, avec Pilar d’un côté et Rezek de l’autre, même si Petrzela ou Kolar pourraient avoir du temps de jeu. Devant, c’est Baros qui devrait évoluer seul dans un premier temps, avec Lafata, Necid et Pekhart prêts à le remplacer après l’heure de jeu.

 

– Pourquoi les suivre :

Parce qu’il ne restera bientôt plus rien de la fabuleuse génération de 2004, que l’on ne regrettera pas forcément les éliminés du groupe A et que, quand même, gagner un Euro sur un tir au but en feuille morte c’est super classe. Rien que pour ça, la Reprezentace restera légendaire quoi qu’il arrive.

 

Antonin Panika.

2 thoughts on “La Bohème Académie présente la République Tchèque pour l’Euro

  1. Bon allez, je décide de supporter la Bohéme cette année, rien que pour avoir fait une académie instructive sans non plus me prendre une matinée entière à lire.

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