Vendredi, 20h10 :

Retour à la maison, semaine de boulot terminée. Je jette nonchalamment dans un coin du salon ma sacoche PC, ôte mes pompes d’un geste sûr et précis et dépose mon manteau sur un dossier de chaise. Madame est invisible, mais un bruit provenant de la cuisine laisse supposer qu’elle n’est pas loin. Junior dort déjà d’un sommeil lourd fait de petits gazouillis et de pets malodorants. Le WE peut commencer.

 

20h10, et 34 secondes :

Fin du WE paisible et reposant.

« ça s’est bien passé ta journée mon chéri ?, demande madame sans même tenter d’écouter mon début de réponse fait de « moué », de « bof » et de « chuis crevé ».
–  t’as pas oublié que mes copines Anne-Bérangère et Quitterie-Eve venaient manger à la maison ? enchaine-t-elle sournoisement.
–  Ah putain, si, fait chier, j’avais déjà choppé un lien pour mater le foot ce soir, elles arrivent à quelle heure les connasses ? Euh…. Non, tu penses… ?
–  Moué, bon, allez sert toi un coca et aide-moi à finir les verrines.
–  Les ?
–  Les verrines, fais pas l’idiot, tu avais déjà eu l’air d’un con quand on en avait mangé chez Anne-Bé et que t’avais trouvé ça ridicule.
–  C’est ridicule, chez moi, on mange dans des assiettes, ça permet d’en mettre plein et de pas se faire chier avec des présentations dont tout le monde se fout.
–  Oui, bon, tais-toi et finis les verrines au Quinoa.
–  Au Quinoa ??? c’est quoi tes copines, des merles ? elles bouffent des graines ??? Hors de question que je mange cette merde.
–  Bon, tu m’énerves, va t’occuper de ton foot, je vais me débrouiller. »

 

20h12 :

Le PC est installé, le lien vers Eurosport trouvé, le coca décapsulé, les verrines sont déjà loin.
Soudain, coup de stress : « elles viennent avec leurs mecs tes copines ???» (précision utile, j’habite Lille, et vu le pedigree des deux pintades, y a 99% de chances que si mecs il y a, ces cons soient pro LOSC.) Hors de question de faire rentrer des pédés des types pareils chez moi.
– Nan, elles sont en pleine rupture, c’est pour ça qu’on se fait cette soirée, ça sert à ça les amis.
– Ahhh, ben voilà une bonne nouvelle ! »

Regard noir de madame.

A peine ai-je le temps de m’expliquer sur cette dernière phrase, que débute le live d’Eurosport. Déjà, la compo fait un peu flipper : Ben Saada & Pollet cirent le banc, Sow, Cichero, Touré, Ducasse, Mathlouthi, Maurice et Hazard ne sont pas sur la feuille de match.

 

Du coup, on a ça :

 

20h22 :

Pas le temps de tergiverser ni de s’attarder sur la compo du Havre, le commentateur s’ébrouant à répéter 54 fois qu’ils viennent d’en passer 4 à Lorient en coupe, car, pas d’bol : ça sonne.

La première des deux greluches est déjà là, tout en bouche en cul de poule et en  « ta table est FA-BU-LEU-SE ! », « oh comme t’es belle, t’as déjà récupéré ta ligne pré-grossesse, c’est dingue… », « oh lala, c’est vrai que c’est la première fois que je vois votre maison, qu’est ce qu’elle belllllle, FA-BU-LEUX ».

Pas le temps de me débarrasser les joues de la couche de 3 centimètres de rouge à lèvres Glossy-Gloss, bim, second coup de sonnette.

« Oh, ça doit être Anne Bé, glousse Machine.
–  (tain, sérieusement, vos parents ont perdus un pari pour chier des prénoms si hideux ?)
–  Oh, j’ai une super idée
–  (Eh bé)
–  Laisse moi aller ouvrir, on va voir sa tête, hihihihi….
–   … »

N’en pouvant plus, je lance un regard de détresse à ma douce, l’informant que je ne tiendrai pas très longtemps sans balancer deux ou trois vérités à ses deux boudins de copines, qu’accessoirement, elle n’avait jamais eu la mauvaise idée de me présenter.

–  « Bon, va juste dire bonjour. Sois au moins poli, et va t’installer devant le PC, on va faire le tour de la maison, papoter un peu, de toutes façons, on a plein de trucs à se dire. » Ma femme est géniale. Elle.

 

20h30 :

C’est donc parti à Déchaseaux, sur un rythme plus que tranquille. Ca joue à la baballe, et il ne se passe pas grand-chose pendant 10 bonnes minutes. Ca permet à nos hommes au micro de nous rappeler LA bonne nouvelle de ce début d’année : le départ d’Eduardo à Ajaccio. Il enchaîne ensuite sur le transfert d’Omrani à Newcastle et de Situ à Swansea. Savoir que ces deux-là, qui ne jouaient pas chez nous, rejoignent la Premier League me fait un peu bizarre. Du coup, je me jette sur un paquet de TUC,  ce dernier n’attendant que moi.

Les premières « occasions » sont pour Lens, avec un coup de tête tout foireux de Toudic, et une frappe non cadrée de ce même Toudic, à l’entrée de la surface. Néanmoins, l’impression est bonne, et j’en suis à me demander si C. Gourcuff n’avait pas aligné Monnet-Paquet dans les buts pour que cette équipe en mette 4 à Lorient.

D’autant que leur attaque fait vraiment flipper : James « j’ai mis 3 buts en 320 matches pro, dont 2 sur penalty » Fanchone et une espèce de gros bourrin, Alo’o Efoulou. Ce dernier ne démentira d’ailleurs pas du match cette première impression.

La fin de la 1e période est néanmoins havraise, avec deux frappes croisées non cadrées de Fanchone, ce dernier ayant pris de vitesse Yahia… et deux énormes mines, l’une envoyée en Angleterre, l’autre à côté du cadre de Fabre. A noter que Queudrue me paraît très suspect sur cette période, alternant relances croquées, air-marquage et cagades en tout genre.

Un ballon d’Aloo Efoulou a été aperçu par
Le téléscope Hubble.

 

21h20 :

Tout ce beau monde rentre au vestiaire et je me dirige de mon côté vers la salle à manger, où gloussements et pintaderies ont laissé place à un début d’apéro.

Ca traite les ex « qui ne vont pas tarder à se rendre compte de se qu’ils ont perdu », ça traite les nanas qui les ont remplacées, « ces salopes », et ça traite aussi le fait que les dernières mésaventures de nos deux sympathiques dindes ont entraîné une prise de poids non contrôlée. Et là où c’est con, c’est que madame Luissette doit faire 47 kilos toute mouillée et que votre serviteur ne dépasse par les 70 kilos. Alors certes, on bouffe tous les deux comme quarte, on s’enquille raclette, tartiflettes, frites – welsh, on boit de la bière quand on en a envie, et sacrilège, on n’a pas de balance à la maison…

Heureusement, j’ai astucieusement ramené un second paquet de TUC, et je me plonge dans ce dernier, préférant m’interroger sur l’intérêt de faire des petits trous dans ces biscuits plutôt que de goûter les verrines « SU-CCU-LEN-TES » au Quinoa et au Boulgour.

Cet instant de réflexion profond me permet d’éviter d’entendre quelques poncifs sur le fait qu’elles vont se reprendre en main, monter les projets qui nous tenaient à cœur, faire du bénévolat, faire la promotion de produits bio… bref, leur faire regretter de s’être barrés avec des poufs qui font pas 50 kilos.

« Ben, ma femme aussi fait moins de 50 kilos…
– Oui, mais c’est pas pareil, elle se fait pas vomir au moins. »

Bon. Voyant que la conversation aura autant d’intérêt qu’une analyse littéraire de Frédéric Lefebvre, j’abandonne ces dames pour me replonger dans la vie, la vraie : Le Foot.

 

21h35 :

La 2nde période reprend sur une stat ahurissante : lors des 45 premières minutes, les Lensois ont réussi 72 passes sur 199 tentées… Alors, je ne sais pas si le stagiaire chargé du décompte avait bu un peu trop de calva, mais si c’est vrai, ça dépasse l’entendement.

D’emblée, le Racing pose le pied sur le ballon et écarte au maximum ses actions. Sur la première, Kondogbia centre au second poteau pour Cuvillier, qui envoie une mine de volée vers les cages havraises, bien défendues par leur gardien, Placide.

Lens insiste et n’est pas loin de trouver la faille sur un débordement de Bergdich. Celui-ci dépose littéralement son vis-à-vis avant de centrer à raz-de-terre au 1e poteau. Toudic se faufile entre les deux arrières centraux et envoie un tir juste au-dessus. Placide était battu.

Les Havrais ne montrent rien et ne se procurent qu’une seule occasion, sur un enchaînement de Alo’o Efoulou : « Air intervention de Yahia, tentative de rien de Queudrue, frappe 10 mètres au-dessus, trois morts dans la tribune haute ».

La dernière occasion sera lensoise, avec une nouvelle tentative de Toudic, une nouvelle fois sereinement sortie par Placide.

Lens reste donc à une belle 15e place et voit ses dernières illusions s’envoler peu à peu. Votre serviteur avait annoncé en début de saison qu’on finirait 7e. Force est de constater, que même ça, c’est loin d’être fait.

 

Epilogue :

02h45 :

4 bouteilles de Karmeliett, la bière la plus traitre du monde, ont été descendues, deux paquets de Tuc gisent à côté de reste de saucisson. La conversation a dévié sur la mode du bio.

« Je songe à installer des chiottes sèches chez moi.
– Ah bon, vous ne faites pas de composte avec le reste de vos repas ? »

Bref, c’est passionnant. Heureusement, la soirée se termine, les deux copines repartent, heureuses d’avoir passée une soirée si « MER–VEI-LLEU-SE », sur une dernière promesse : «  la prochaine fois, on fait ça chez moi, j’ai une recette de Tofu au curry arrosé de lait de coco que vous allez adorer. »

Espérons juste qu’il y aura match ce jour-là…

 

Les gars :

Brett Fabre : 3. Les Havrais n’ayant pas cadré une frappe, ce n’était pas son match le plus compliqué. A noter quelques suées lors des tentatives ratées d’alignement de sa défense. A noter que ses dégagements sont systématiquement côté gauche, ce qui n’a aucun intérêt quand Pollet ne joue pas.

Franck Queudrue : 2. La crise de la dette oblige les vieux à travailler plus longtemps pour survivre. Franck en fait partie. Constamment pris de vitesse, mal placé, il a perdu la seule qualité qu’il avait le bon goût de conserver jusque là : sa relance. Quelques belles sorties de la têtes pour dégager le danger, mais rien d’autre.

Ala Eddine Yahia : 2. Forme avec Franckie la paire axiale la moins complémentaire du monde, vu qu’ils ont les mêmes défauts. Une belle présence néanmoins sur les corners aurait pu nous amener un penalty. Placide ayant décidé de dézinguer Yahia en plein vol. Mais bon, comme c’est Yahia…

Zakaria Bergdich : 3. Aligné sur le côté gauche, il a alterné belles montées et passes faciles ratées. L’une de ses chevauchées aurait pu… mais non.

Serge Aurier : 3. En mode Golgoth 13, il rattrape toutes ses erreurs au physique. Autant ça passe face à un Fanchone, autant faudrait éviter de se mettre des levels de difficultés inutiles à l’avenir…

Pascal Bérenguer : 3. L’homme au Cachou n’a pas été très en vue sur ce match, devant constamment boucher les espaces laissés par la charnière. Une belle activité, mais trop bas pour réellement peser.

Ludovic Baal : 2. Comme Bérenguer, il me fait penser à Cachou, mais cette fois à l’ « actrice ». Aucun charisme, aucune technique, aucune initiative, c’est tout juste s’il n’a pas montré ses seins en fin de match.

Geoffrey Kondogbia : 2. Dans un rôle un peu inhabituel de milieu offensif, il a passé sont temps à tenter des trucs compliqués, à tricoter et à chercher le geste le plus infaisable avec une réussite toute relative. -1 pour sa coupe de cheveux, particulièrement atroce.

Yoyo Démont : 2. Censé jouer ailier, il s’est retrouvé défensif droit. Peu d’initiatives offensives, avec toujours cette faculté à centrer en regardant ses godasses, histoire d’être sûr que ça n’amènera rien.

Eric Cuvillier : 4. Il doit vraiment se demander ce qu’il est venu faire dans cette galère. Techniquement et physiquement bien au-dessus des 11 autres, il a toujours cherché à construire (raison pour laquelle il n’avait plus sa place à Nancy ?) et à combiner, notamment avec Toudic. Une belle volée en seconde période aurait pu en faire l’homme du match et récompenser sa prestation. Mais non.

Julien Toudic : 4. Le seul vrai danger lensois, c’est lui. Toujours en première intention, il s’est procuré les plus belles occasions lensoises. Dans une équipe aussi inoffensive que soporifique, sa spontanéité fait plaisir à voir. Reste plus qu’à claquer.

 

Prochain match : Lens-Clermont.

 

Luissette Attaque.

Luissette est sympa, il vous offre le lien du match.

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7 thoughts on “La Lens Académie note Le Havre-Lens (0-0)

  1. Luissette. Je compatis avec ta soirée de merde. J’ai une question qui va peut etre t’envoyer encore plus bas : alors tu le kiffes notre Jean-Eudes national ou bien ?

  2. Luissette is back ? Pour de bon ?

    Et je ne sais pas si c’est si sympa que ça de nous filer le lien du match, Lens – HAC, 0-0…

  3. tres bon choix de biere qui il es vrais et traitre comme une ex…
    par contre pour Clermont prepare du lourd (genre trappe quatriple) car vous allez y prendre sec comme un symbol de t’es future chiotte…

  4. Bizarres les copines de ta femme… Moi avec mes copines, on parle sex-toys et on adore regarder le foot pour décortiquer les physiques de ces messieurs footballeurs en buvant de la vodka, fumant des pétards et en mangeant des pizzas.
    Bon en même temps, on est toutes célibataires…. ceci explique peut-être cela! On devrait peut-être se mettre au boulgour finalement.

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