L’apprenti Footballologue analyse Espanyol-Barcelone

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Faites un accueil triomphal à l’apprenti footballologue dont on n’arrive pas à prononcer le prénom…

Notre Footballologue étant beaucoup pris par ses méditations transcendantales, il a décidé d’exposer au monde entier son jeune padawan, qu’il a formé lui même après lui avoir donné la chance de connaître l’occident. Découvrez donc l’apprenti Footballologue.

Adaptation d’une philosophie contre adaptation d’une stratégie. L’opposition entre les deux équipes de Barcelone a donné le spectacle habituel en Liga, une manita pour le FC Barcelone et un adversaire qui semble impuissant. Au-delà des considérations sur le niveau du championnat espagnol, cette partie montre bien pourquoi, comme les autres, l’Espanyol n’a jamais réussi à faire illusion.

Plutôt que d’entrer dans des considérations d’ordre général sur le modèle Michiels importé en Catalogne, il faut simplement regarder la manière dont chaque équipe envisage la récupération de la balle. Là où l’Espanyol part sur le principe de la prise à deux, envoyant sur le porteur de balle deux joueurs pour l’empêcher d’éliminer en un contre un, le FC Barcelone réagit de manière géométrique. Plutôt que d’aller au devant de l’équipe adverse, la première volonté est de priver le porteur de balle de solutions en coupant toutes les trajectoires potentielles. Et, contrairement à certaines rencontres antérieures, Barcelone n’a jamais effectué de pressing collectif sur ce match.

Pour aller dans l’analogie basket, qui parle de « playing the passing lane », on joue toutes les lignes de passe potentielles sur le modèle de l’anticipation, obligeant les adversaires à un travail énorme pour se démarquer. Illustration, cette action en fin de match où la défense de l’Espanyol enchaîne les passes sans aucun Barcelonais à proximité, et finit par envoyer une transversale improbable directement en touche. Essentiel, le jeu sans ballon proche de la perfection des Pep boys a annihilé toutes possibilités offensives de l’Espanyol, dans l’impossibilité de créer la moindre situation. Le passeur n’étant que l’exécutant d’une demande, celui qui répond à la solution proposée, s’il ne reçoit aucun signal il se voit obligé d’abandonner. Même Messi ne crée par à partir de rien mais se repose au contraire sur des appels divergeant de coéquipiers.

Mauricio Pochettino a fait le choix de cibler certains pions essentiels du dispositif de Guardiola : les deux milieux créateurs Xavi et Iniesta, ainsi que Messi. Dans un registre différent, les tacles en retard sur Busquets peuvent entrer dans une stratégie d’intimidation très « esprit derby ». Choix tout sauf payant. Aspiré dans l’axe du milieu de terrain, ses hommes ont été systématiquement pris dans le dos et sur les ailes. Qui dit pressing défensif dit défense haute, et la position de Messi en tant que faux numéro 9 à la manière de Totti dans un système créé à la Roma a été l’élément tactique essentiel. Leurre, relai, et attaquant arrivant lancé depuis la deuxième ligne, il a permis à Pedro et Villa de partir sur les ailes tandis que Didac tentait de contrôler Alves et que lui aspirait Forlin. Le choix de Guardiola de ne pas monopoliser le ballon et de ne pas le récupérer trop haut a conforté la défense dans son choix de jouer à 30-35m de son but. Conséquence directe, chaque action du FC Barcelone était directe, tranchante et extrêmement dangereuse. Pas de contre attaque, mais pas de longue attaque placée non plus.

Qu’aurait-pu faire l’Espanyol pour ne pas perdre ? La tactique du FC Barcelone semble avoir atteint une forme de plénitude, et les onze titulaires savent exactement quoi faire. Seul des moments d’égarement comme sur le but d’Osvaldo, où la défense joue le hors-jeu au lieu de jouer la trajectoire de la passe, ont permis aux locaux d’exister. Et si le Barca n’a pas semblé se balader, trois ou quatre actions ont été vendangées de manière presque inexplicable. Avant même de jouer, Guardiola avait en réalité déjà match gagné. La représentation symbolique de perfection qu’inspire son équipe oblige l’adversaire à créer quelque chose, à tenter un modèle différent. Mais là où Hiddink avait adapté le modèle de l’anticipation en offrant une contre-équation à résoudre, Pochettino s’est contenté d’offrir une réaction. Partant du présupposé que, même à domicile, il ne pouvait pas agir mais réagir, il n’a pas voulu prendre le risque de rester dans un jeu de un contre un. Laisser Didac seul face à Alves aurait peut-être tourné au massacre, et en ajoutant Callejon au marquage Pochettino a pu neutraliser le Brésilien. Il n’empêche, c’est un attaquant de moins qui aurait pu peser sur la défense du Barca, et Pedro a pu allègrement profiter de la focalisation sur un seul joueur.

A grande échelle, on peut en déduire que seule la volonté d’imposer son jeu peut marcher contre un FC Barcelone au complet et sérieux. Le manque de moyens physiques de beaucoup d’équipes espagnoles laisse pourtant face à un problème, celui de la marge entre volonté et possibilité. En ayant créé et recruté des joueurs à la totale polyvalence dans un système de jeu donné, Barcelone a créé un modèle. Et, pour l’instant, un seul contre-modèle efficace complet a fait ses preuves sur deux matches, celui du Chelsea de Hiddink (considérant que la démonstration de courage et d’abnégation de l’Inter au Camp Nou était imposée par les circonstances et n’a fait que réhabiliter un catenaccio qui a abouti sur une qualification mais aussi sur une défaite). Une seule formation a-t-elle les individualités pour mettre en place ce plan de jeu ? Pour l’instant, il semblerait que non. Et surtout pas en Liga.

10 thoughts on “L’apprenti Footballologue analyse Espanyol-Barcelone

  1. Bravo et bienvenue à toi jeune enfant. La photo de chantivlad me manquait et la moustache commençait à me démanger.

    Pour être honnête, ça parlait de Barcelone, alors je ne l’ai pas lu. J’attends avec impatience le prochain article. Dommage de pas avoir exploité l’Olympico, « qu’ils écrivent avec un Y en plus » comme dirait Fierrot. Le pauvre garçon est tellement fier de croire qu’il a inventé le mot « clasico » (balancé à tort et à travers pour un match de L1), qu’il en devient nerveux quand quelqu’un lui pique l’idée.

  2. Et si au lieu de nous abreuver de notes à la con, vous nous produisiez des articles d’analyse comme ça?
    C’est quand même bien mieux.
    Vive la footbologie

  3. Il y en a un qui se plaint, mais le jour où l’apprenti nous pondra l’analyse de Sochaux-Valenciennes, il sera le premier à demander les notes du Barça.

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