Montpellier – Angers (0-2) : la Paillade Académie démarre en fanfare

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Le MHSC en Angers de mort ?

     Voilà des semaines que le soleil frappait le Midi le plus chaudement possible, asséchant la terre, cloîtrant les hommes dans leur huis, amenant avec ses rayons les plus féroces espèces d’insectes hématophages.
Le mercure parvenait à se hisser régulièrement au-dessus de la barre des 35 degrés, l’air frais se raréfiait pour disparaître à certains moments. Pas de répit, pas de trêve pour les organismes, l’astre roi n’accordait aucune accalmie dans son bombardement.

     Et puis, dans l’après-midi de ce samedi 8 août, il s’est éclipsé. Les nuages noirs qui viennent du Nord ont coloré la terre, et il s’est mis à tomber des trombes d’eau sur le Clapas. Moi qui ne prête d’habitude pas grande importance aux augures cachées dans les signes de la terre, je commençais à douter. Une averse de tous les diables au moment de l’ouverture de la saison, ce jour-là et pas un autre, me semblait suspecte. Je regardais bien en l’air, vers ce ciel gris pleurant à chaudes larmes, et je lui hurlais une prière muette, comme pour dire : « oh compère, quelle farce nous joues-tu là ? »

      Oui, parce que je me dirigeais du côté de la calembredaine moi, bonne poire. Il y avait là quelque facétie céleste qui nous dépassait tous sûrement, et dont finalement nous n’aurions pas trop à nous occuper, tellement cela nous dépassait.

      Ce n’est qu’après avoir éteint ma télévision que la théorie du calembour divin tomba, si je puis dire, à l’eau. Non, je ne pouvais plus y croire après le spectacle qui venait de m’être offert. Jugez plutôt.
Une bande de branquignols infoutus de mettre en place un pressing, handicapés de la transmission, incapables de mettre de l’intensité dans les duels ni de construire ne serait-ce qu’une action. Une défense qui, avec la suspension de Hilton, ressemblait plus à un groupe ovidé en partance pour la transhumance qu’à un dernier rempart d’une équipe de foot, paniqué dès qu’un type en blanc se mettait à courir dans son dos. Deux recrues titulaires en-dessous de tout (voir les notes).

      Au fil du match, cette liste n’en finissait pas de grossir. Aussi je tentais une remise en question, me pensant trop sévère. Je devais sûrement voir tout en noir, il me fallait donc trouver un point positif, une source d’espérance. Voyez plutôt.
Le changement de système à la mi-temps (442 au lieu de 433) a réveillé l’animation offensive, notamment avec Bérigaud décrochant et tournant autour d’un 9 fixe, Camara à ce moment-là. La preuve, à des moments trop fugaces pour faire la différence sur ce match-là, qu’une ligne de récupération haute est ce qui convient à cette équipe. Et la facilité d’académiser un match comme celui-ci, puisque la méchanceté gratuite est mon fonds de commerce favori.

       Il faut reconnaître que les premières journées à domicile ne sont pas le fort des petits. Sur les 11 dernières occurrences, seulement 3 victoires. Le match contre Angers n’a donc pas dérogé à la règle, ni d’ailleurs à celle énonçant que Montpellier ne démarre pas vraiment bien ses saisons. Mais madone, est-ce vraiment une raison pour passer pour de parfaits pitres, pour une troupe de cirque ambulante en se prenant deux pions par un promu ? Le niveau affiché samedi soir par les petits relève d’un milieu de tableau de Ligue 2, ce n’est donc pas étonnant de voir le troisième de ce même championnat nous coller un joli duo dans la mouille à domicile.

        La sonnette d’alarme restera intacte, mais mon indulgence et ma patience risquent de ne pas voir leur titre de séjour renouvelé si une telle performance (oui, c’est une performance d’être aussi merdique) venait à se reproduire. Les frontières de mon esprit ont les accords de Schengen fragiles, surtout lorsqu’on les attaque à coups d’images aussi insoutenables qu’une feinte involontaire de dégagement de Daniel Congré ou qu’une glissade pinderiste de Mathieu Deplagne.


Le Cirque des 11 :

Jourdren obtient sans trop le mériter un 2/5. Il ne peut pas grand-chose sur les buts, et n’a pas eu vraiment de travail le reste du match.

Dabo atteint lui aussi le 2/5, notamment pour la régularité qu’il afficha, alors qu’il fut bringuebalé à tous les postes pendant la partie (latéral, central, milieu axial).

Deplagne ne mérite pas plus qu’un 0/5, vu l’application avec laquelle il s’est astreint à perdre tous ses duels et à rater toutes ses passes ou dégagements.

Bensebaini pourrait presque avoir une note négative, mais je lui laisse son 0/5, bon prince. Il provoque, avec un mauvais dégagement et une faute stupide, les deux buts. Le reste n’est qu’approximations. Il a dit être venu ici pour, je cite, « tout casser ». Se méfier de la polysémie, c’est un pays dangereux.

Congré reprend ses bonnes vieilles habitudes avec un joli 0/5. Insérez une pièce, actionnez la manette, voilà, vous pouvez récupérer votre toile défensive.

Marveaux doit son 2/5 à sa transparence dans l’entre-jeu. On appelle ça la stratégie Plexiglas. Son jeune remplaçant, N’Diaye, placé en latéral, fêta son premier contrat pro en se hissant difficilement à la hauteur de ses idoles.

Martin, promu capitaine pour l’occasion, devra se satisfaire d’un petit 1/5, tant son rendement fut maigre. Il se prit souvent les pieds dans le tapis et se releva souvent en chouinant. Lui qui voulait « apprendre à Angers ce qu’[était] la Ligue 1 », c’est réussi.

Lasne se voit accorder un 2/5, car il a montré un bel allant sur certaines actions, oubliant toutefois de redescendre pour densifier le milieu de terrain. Il sortit à la mi-temps, remplacé par Bérigaud, qui mérite donc une note de 2/5, pour avoir réveillé pendant 10 minutes l’attaque montpelliéraine, et pour avoir placé cette jolie tête sur le poteau.

Boudebouz n’aura pas plus d’1/5, lui la mauvaise allégorie de l’art contemporain : on vous répète à qui mieux mieux que c’est beau, que c’est de l’art, mais vous, malgré vos méninges creusées jusqu’à la mer, vous ne comprenez pas pourquoi.

Mounier se hisse laborieusement au 2/5, lui qui n’aura pas réussi, malgré ses gesticulations techniques, à prendre en main l’animation offensive.

Camara, la chambre en espagnol, se contentera d’un 2/5, lui qui se procura l’un des seules occasions en décochant cette volée sortie de nulle part. Il fut étonnament remplacé par Mounié, jeune attaquant issu du centre de formation qui n’a jamais réussi à faire parler son gabarit.


Pensées marcelines :

  • En fait le numéro de cabaret de ce soir, c’était pour attirer ce Nîmois de Gourcuff, une meneuse de revue du plus bel éphèbe.
  • Le stade de la Mosson poursuit son processus de louisdeuxisation, avec notamment une nouvelle baisse des abonnements.
  • À quoi ça sert de claironner de partout que Boudebouz sera le 10 que Montpellier attend depuis longtemps, si c’est pour le foutre sur l’aile droite dès le premier match ?
  • Le cours du Djamel Bakar est en train de s’effondrer à mesure que la fermeture du marché des transferts se rapproche. On en est à 100 euros et un jokari offert dans la transaction. Vite.
  • Après palabres avec Loulou (La Fraîche), nous en sommes venus à ce terrible constat : Montpellier possède la paire de gardien la plus « née près de la centrale » de Ligue 1, avec Jourdren et Pionnier.

Un ivre, un jour :

     Désormais, chaque académie se clôturera avec le regard un peu flou d’un membre d’horsjeu sur le club de Montpellier. Expression libre, expression ivre, sans tabou ni censure.
     Pour inaugurer la rubrique, voici le Vert, roi des mises aux verres et dont la Verve reine coule dans ses vertes veines de Forézien acharné, j’ai nommé l’ami Roland Gromerdier.

Ah Montpellier. Le MHSC. Personnellement, ça m’évoque d’abord Loulou la quenelle, cet amoureux du ballon rond qui est né footballistiquement du mauvais côté de l’A47, et qui ne peut s’empêcher d’envoyer des fions sur notre maillot vert. Quand il ne se vante pas d’avoir crevé les pneus des Stéphanois aux abords de Geoffroy. Aujourd’hui c’est aussi Rolland (avec 2 ailes pour mieux voler, au propre comme au figuré) Tournevis et son daltonisme qui l’empêche de voir des maillots verts sur la pelouse. Mais c’est aussi 2 matches mythiques, qui ont plusieurs points communs : ils ont été joués à Sainté, y’avait de la neige, y’a eu des buts et Sainté a gagné. D’abord ce match fou le 16 février 2000 : menés 2-0, les Verts passent devant à 4-2 une vingtaine de minutes plus tard. Montpellier revient tout de suite après la mi-temps, la neige tombe et Sainté marque en fin de match pour arracher la victoire. Ensuite, plus près de nous, en 2013, le match du déblayage de terrain. Les Verts mènent 2-0 à la mi-temps, la neige se met à tomber très fort, René Girard envoie des doigts au ciel (sa prière à lui) pour arrêter le match, mais non : 45 min d’interruption ; Brandao, Lemoine, Aubame, Mignot, Nicollita qui déblaient le terrain ; le match reprend et victoire 4-1 de Sainté au final. J’aime bien ces matches contre Montpellier, il se passe toujours quelque chose. D’ailleurs, le Sainté-Montpellier est programmé le 19/03. Avec un peu de chance, on aura de la neige…


Le bisou vigneron,
Marcelin Albert

4 thoughts on “Montpellier – Angers (0-2) : la Paillade Académie démarre en fanfare

  1. Le dernier paragraphe est le meilleur moment de cette académie. Ça va, c’est bon, on le droit de se lancer des compliments, sinon personne ne le fait !

    Ça fait plaisir de retrouver la prose marcelinienne pour cette nouvelle saison de Ligain. Rendez-vous dans pas longtemps au stade de la Mousson cher ami.

  2. Et ben vas-y, on t’écoute. C’est quoi ? Il faisait à la Mosson tellement chaud que tu transpirais des épaules à cause de ton pull ? Tu t’es déjà pris un tir de Bakayoko en plein tronche alors que tu étais à l’Olympic ?

  3. Une fois j’étais à Montpellier, il faisait chaud, oui, mais ça allait pour la saison.

    La ville est plaisante, je me souviens de cette batîsse étrange sous les voûtes arc-boutées de laquelle nous échangions nos regards, nos fluides et quelques verres d’une boisson sirupeuse indéfinie. Les montpelliérains sont des nazis au soleil, des fascistes de la baignade dans l’Hérault, avec l’accent juste ce qu’il faut du bon côté de la frontière, et cette frugalité typiquement occitane de celui qui pèse ses tranches de saucisson avant de faire un treck dans l’arrière-pays du côté de Saint-Bauzille-de-Putois.

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