OL – Rennes (2-0) : La Gones Académie livre ses notes

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On reste au contact des mastodontes de la Ligue 1. Comme Caen.

Contexte

Les deux dernières académies avaient le goût de la saison qui reprend, des matches à enjeu, et des scores qui comptent. Forcément, le résultat du match aller, bien que satisfaisant, niquait un peu l’ambiance pour ceux qui espéraient retrouver jeudi le frisson de l’Europe, de ces matches qui peuvent sonner le glas d’ambition continentales en 90 minutes ou moins. Loin de moi l’idée de se plaindre d’un 4-1, évidemment, d’autant qu’ils ne seront certainement pas légion dans une saison qui s’annonce, une fois encore, placée sous le signe de la résistance aux deux ennemis que sont les adversaires et les comptables. Si Hollande annonçait en 2012 que la finance était son ennemi, c’est bien OL qui se bat. Disons seulement que le supporter inquiet, qui compte les jours jusqu’au Grand Stade, espère voir le plus tôt possible dans la saison de quel bois les gones se chauffent, afin de savoir à quoi s’attendre. Une fois l’obstacle tchèque passé, il sera donc intéressant de suivre les performances de l’équipe dans la compétition qui, même si elle ne nous offre plus les heures de gloire d’antan, reste évidemment la priorité du club : notre bonne vieille Ligue 1.

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Et il parle pas d’Allemagne-Brésil.

Justement, alors que la saison débute, que peut-on attendre de la compétition nationale reine ? Pour le titre, toute personne annonçant autre chose que le PSG est au mieux un fan un peu trop zélé, au pire un inconscient pur et simple. Et même si la saison nous réservait une surprise incroyable, l’OL n’en serait très certainement pas le responsable. Evidemment, derrière le PSG intouchable, la tentation serait de viser la Ligue des Champions, et ainsi la victoire du championnat à peu près normal. Pour autant, cette issue me paraît elle aussi incongrue : si l’OL ne s’est pas affaibli cette année en se libérant de joueurs aux salaires largement supérieurs à l’apport sportif, il ne s’est pas pour autant renforcé, avec deux recrues certes utiles mais loin d’être flamboyantes. Quant au changement d’entraîneur, avant de consacrer l’arrivant Saint-Hubert, il va falloir que ce dernier tartine d’habiles feuilles de match au cours de la saison. Bilan : le cru 2014/2015 s’annonce sensiblement égal à son prédécesseur. Bien sûr, la présence de jeunes dans l’équipe rend possible l’émergence surprise d’un joueur, comme Ferri l’année dernière. Bien sûr, avec la longue tradition de blessures (et la tentative de l’endiguer par un changement de staff), il est très difficile de prédire le niveau de l’équipe à l’avance, ne serait-ce que sur le papier. Pourtant, difficile de voir en la prévision d’un OL sur le podium autre chose qu’un optimisme, si ce n’est béat, au moins candide. Pour la dernière saison sans le Grand Stade, c’est-à-dire une des dernières saisons au cours de laquelle l’austérité se fera aussi mordante qu’un tacle de Dabo, accrocher l’Europe me semble un objectif à la fois raisonnable et suffisant. Si certains cèdent à la tentation de se voir trop beaux après une séduisante deuxième partie de saison et un effectif rajeuni, je préfère me souvenir que cet OL fait le dos rond, pour mieux poser, paradoxalement, les fondations du stade. Plutôt que de vouloir rebondir le plus haut possible après des moments difficiles, tel un Claude Puel qui claque 72 millions en un été pour voir son nom au palmarès de l’Hexagoal comme au bon vieux temps du club, jouons la stabilité à un niveau convenable, qui permettra de reconstruire sainement quand l’environnement le permettra. En attendant ces jours aussi dorés qu’hypothétiques, c’est donc Rennes qui prend la ligne B pour venir rendre visite. Rennes, sa rue de la Soif au chiffre d’affaires étroitement lié aux espoirs déçus des supporters, et son mercato ambitieux, en tout cas sur le plan quantitatif. C’est donc une équipe dont on ne sait pas grand-chose qui se dresse devant l’OL, le genre de matches généralement peu appréciés par les locaux. Si tant est qu’il y ait encore des matches qui inspirent la confiance, d’ailleurs, tant l’OL semble évoluer dans une obscurité seulement dérangée par le point, au loin, du Stade des Lumières.

 

Composition

Petite subtilité sur ce point, pour une fois. L’astuce ne se situe pas dans les joueurs utilisés, qui constituent un onze relativement classique au vu des blessés, mais dans leur placement. Expliquons-nous en commençant, une fois n’est pas coutume, par devant : Lacazette et Yattara sont secondés par Fekir en 10, lui-même soutenu par Ferri et Mvuemba dans l’entrejeu : jusque-là, on se situe sur quelque chose d’aussi extravaguant que les goûts vestimentaires d’Alain Juppé. Seulement, derrière, si Antho Lopes, Jallet et Rose ont bien leurs places respectives, trois joueurs sont plus dans le flou : Umtiti, Tolisso et Gonalons. En l’absence de Bedimo, et ne souhaitant peut-être pas l’opposer à Ntep en étant sur son mauvais pied, Fournier a préféré ne pas mettre Tolisso arrière gauche, préférant le placer en 6. Du coup, Gonalons descend en défense centrale, comme au retour contre Mlada Boleslav, et Umtiti passe ses armes à gauche. Seulement, après 20-30 minutes, Hubert comprend que Gonalons sera mieux en 6 et que Tolisso peut tenir un couloir, et il opère donc le changement qui a pour conséquence de remettre Umtiti au centre. Les deux formules étaient possibles, il les a expérimentées, pourquoi pas.

Si vous avez bien suivi, le onze de départ était donc le suivant :

compo rennes

 

Match

S’il fallait trouver un avantage à la première mi-temps, ce serait certainement qu’elle permettait de prendre des nouvelles des amis tout en sirotant tranquillement une bière, sans être dérangé par la télé. Lacazette a bien tenté d’enflammer le match dès les premières minutes, mais pour être tout à fait transparent, je cherchais encore à ce moment-là le bar où j’avais rendez-vous, perdu comme un Romain Danzé au milieu du terrain. Une fois arrivé, j’ai donc pu assister à un match relativement calme, où les imprécisions techniques des lyonnais étaient tout de même surpassées par un manque de sérénité totale de l’arrière-garde bretonne, notamment dans les relances. Si Ntep faisait vibrer les lyonnais, Armand et Mexer, eux, se chargeaient de donner des frissons à leurs propres sympathisants. Dans ce joyeux bordel, Lacazette se régalait dans ses dribbles et ses déplacements, faisant notamment répéter à Benjamin André ses pas de danse sur le côté droit. Trois moments particulièrement intenses sont nés de cette pression lyonnaise : la bonne occasion de Ferri, repris par un M’Bengue aussi aventureux que juste, la chute de Yattara qui aurait bien pu valoir un penalty sans la perte d’appui très assidue du rhodanien, et surtout la blessure de Fekir, dont l’épaule danse après un duel viril mais correct avec le même Cheick, décidément le roi du pétrole dans sa défense. Le beau Nabil sort donc sur civière, remplacé par Malbranque, qui pourrait commencer à se faire à ce poste de numéro 10. Quoiqu’il en soit, si la mi-temps se termine à 0-0, il serait illusoire de penser que l’OL reste serein : les rennais, bien que brouillons dans les transmissions, se projettent vite vers l’avant, et on sait l’amour traditionnel des défenseurs lyonnais pour les espaces dans leur dos. Prudence donc.

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La défense rennaise sur les centres lyonnais, allégorie.

Heureusement, les gones reviennent du vestiaire avec les intentions que les rennais ont visiblement perdues. Sans pour autant que les occasions se fassent pesantes sur le but rennais, on sent une maîtrise grandissante du ballon, tant et si bien que je passerai 10 bonnes minutes à dire que toute cette petite chose manque quand même d’un but. Il viendra par Malbranque, après un bon décalage de Ferri et un encore meilleur de Mexer, le défenseur rennais anticipant un mouvement de Steed dont on ne saurait dire s’il était seulement possible. En tout cas, sa tentative de boucher un angle incongru en ouvre un autre, à savoir celui du petit filet opposé et du match en bonne voie. Un peu plus tard, M’Bengue fera malheureusement l’erreur qui ternit son match en emportant Njie à la place du ballon sur un dégagement, permettant à Lacazette de se récompenser d’un gros match par un penalty maîtrisé. Entre temps, Rose aura lui-même descendu un rennais dans la surface, geste impuni pour une raison qui échappe encore à pas mal de monde. C’est donc dans la satisfaction que l’OL l’emporte 2-0 après un dernier frisson, en sentant que si le match nul aurait eu un goût vraiment amer, ce score a le parfum sucré de ceux dont on savoure l’existence, à défaut d’avoir pu patiemment le construire et le mériter. Savoir l’emporter même quand on ne domine pas outrageusement, c’est aussi cela que l’on attendra de l’OL cette année : l’important, c’est l’étroit gain.

 

Notes

Lopes (2/5) : Un seul tir rennais cadré, et pour tout dire, je ne m’en souviens plus. Attention quand même à se débarasser de cette fâcheuse tendance à penser que tous les ballons qui rentrent dans sa surface sont sous sa responsabilité. Un jour, ça va nous coûter cher, cet excès de zèle.

Jallet (2/5) : Pas trop de problème en défense, même s’il s’est un peu fait balader par les ailiers rennais rapides (et ce n’est pas raciste que de dire cela, comme le disait très justement le grand Jacques). Toujours plutôt bien placé en attaque, mais ces crochets intérieurs répétitifs et à 2 à l’heure, pitié… la calvitie ne fait par l’Arjen.

Rose (2/5) : J’ai vu beaucoup de lyonnais lui donner des bons points après ce match, et là je dis stop. Certes, Rose a un profil plaisant, et a parfaitement géré sa communication d’entrée au club. Certes, il est une recrue à un prix modeste dans un secteur qui en avait besoin. Mais dimanche, il n’a pas été bon, point. Et ce n’est pas le Rennais qu’il a déboîté en pleine surface qui dira le contraire. Il faut rester lucide, et ne pas se satisfaire d’une prestation Eco au nom de la rose.

Umtiti (3/5) : Plus à l’aise que son collègue de défense, avec en plus la difficulté de changer de poste en plein match. Un peu moins en démonstration technique que contre Mlada Boleslav, mais tout de même plus à l’aise que lors de son dernier match contre Rennes. Pour rappel :


umtiti
Oups.

Tolisso (3/5) : Lui aussi a été trimbalé à des postes différents, mais lui a fondamentalement l’habitude. Ça se voit d’ailleurs : un match propre dans toutes les zones du terrain, à quelques centimètres d’être récompensé par une tête victorieuse. S’il ajoute la régularité à ses prestations, on va vraiment bien s’entendre.

Gonalons (4/5) : Le plaisir de le voir à l’aise dans son rôle est décuplé par le souvenir qu’il y a quelques mois encore, on s’était résigné à le voir partir. Les plus prévoyants auront d’ailleurs remarqué que si Gonalons veut disputer l’Euro, il pourrait être bien inspiré de rester dans un club qui lui fait indéniablement confiance. Ne nous interdisons pas de rêver et de voir à Gonalons terme.

Ferri (3/5) : Rien de révolutionnaire, une prestation plaisante, avec des actions bien senties et techniquement justes (comme celle qui mène au beau sauvetage de M’Bengue), mais aussi des pertes de balle à trop vouloir verticaliser. Pour un joueur qui garde peut-être dans un coin de sa tête l’Euro en ligne de mire, il serait de bon ton de se souvenir qu’ « horizon » fait aussi partie d’ « horizontal ».

Mvuemba (2.5/5) : Moins en vue que son collègue du milieu de terrain, il a traversé ce match sans pour autant faire de grosses erreurs. Ceux qui pensent toujours qu’il peut exploser (dont je fais secrètement partie) ne se réjouiront pas de cette timide prestation, mais +0.5 quand même pour des coups de pieds arrêtés bien tirés, à part ce coup-franc droit dans le mur suivi d’une volée honteuse.

Fekir (2/5) : Une petite demi-heure prometteuse, au terme de laquelle la prise d’intervalle la plus réussie sera celle réalisée par son épaule. Remplacé par Malbranque (3/5), transparent jusqu’au moment de son but. Un peu plus de cheveux et de centimètres, et on aurait cru voir Clément Grenier.

Yattara (2.5/5) : Un peu maladroit, pas assez décisif, pas hyper présent dans le jeu. Mais quand même, impossible pour moi de mettre moins de la moyenne à un joueur qui, mine de rien, dépasse les (faibles) attentes qu’on avait de lui en pré-saison. Peut-être s’éteindra-t-il un peu plus tard, mais en attendant, on goûte notre plaisir d’avoir un attaquant simple et sans fioritures que l’on n’osait plus trop attendre. Mieux vaut Yattara que jamais.

Lacazette (4/5) : L’homme du match à mon goût, et je ne suis pas le seul. Au-delà d’un but plutôt facile à marquer, il a été omniprésent sur le front de l’attaque, entre frappes propres à défaut d’être efficaces, et surtout des déplacements et dribbles qui ont fait beaucoup de mal aux adversaires. Le Lacazette de l’année dernière avait tendance à être énervant (et énervé) quand il n’était pas décisif : s’il arrive à gommer ce défaut, on ne répond plus de rien.

A noter les bonnes entrées de Bahlouli, qui a fait bondir la part d’audiences auprès des ménagères de moins de 50 ans et a distillé des gestes techniques plutôt efficace (au grand bonheur du clan Bahlouliste), et de Njie, qui, s’il n’a pas montré un QI football franchement supérieur à celui très faible montré jeudi, a quand même pour lui d’avoir été présent au contact, notamment celui du tibia de MBengue. On n’en demandait pas plus.

Gérard Côlon

3 thoughts on “OL – Rennes (2-0) : La Gones Académie livre ses notes

  1. Acad sobre, niquel, pourvu que la saison continue comme elle a commencé, enfin sauf pour les blessures, comme d’hab quoi.

  2. Merci Gérard, on en viendrait presque à commencer cette saison avec un optimisme raisonnable et raisonné.

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