Angers-OM (0-3) : La Canebière Académie est gavée

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C’est beau un monde qui joue.

Aïoli les sapiens,

Nous voici de retour après cette trêve de deux semaines qui nous a néanmoins permis d’assister au meilleur du football : agressions physiques sur des coéquipières, agressions sexuelles sur mineurs couvertes par la fédération, harcèlement et agression sexuelles de la part de cadres de cette même fédération, maraboutages et extorsion, le tout rythmé par des matchs internationaux sans aucun autre enjeu que de distinguer les forfaits diplomatiques des authentiques blessures contractées par des joueurs tombant comme au chemin des Dames.

Tout ceci est maintenant derrière nous, puisqu’après cet interlude les diffuseurs ont promptement ressorti l’entonnoir à matchs, nous gavant jusqu’à l’écœurement de rencontres disputées selon un calendrier absurde, que les autorités ont ménagé à seule fin de permettre coupe du monde humainement et environnementalement obscène. On a vécu les années Tapie, c’est dire si l’on est capable d’endurer un certain niveau de contradiction entre la passion qui nous anime et le monde de dégueulasserie dans lequel vivent ceux qui la gèrent. On n’en est certes pas rendus au point de nos homologues du PSG Qataris, dont les semaines suivantes viennent de révéler les tréfonds de la gangrène dans lesquels s’abîme leur club, entre affaires de corruption, violations criminelles des droits de l’homme par le propriétaire, soutien du joueur vedette à un leader fasciste. On croyait que l’avènement des clubs tenus par des émirats divers ferait entrer le football dans un cirque à grande échelle, on se rend compte que la chose est pire encore : le football est bien tenu par des clowns, mais ces clowns de films d’horreur dont les masques grotesques dissimulent des charniers.

Mais attention, ce n’est parce que le pire est à côté de nous qu’il nous faut nous croire les plus vertueux. C’est jusque dans nos foyers que s’installe ce football-Netflix, dont l’essentiel consiste à fixer le spectateur sur son canapé en nourrissant son cerveau d’une perfusion continue de nutriments à basse qualité. L’importent n’est plus le beau, l’important n’est plus le sens, l’important c’est de consommer, consommer, consommer encore, et tant pis si les acteurs du spectacle vont bientôt être condamnés à se charger comme des mules pour tenir ces cadences surréalistes. Finalement, le bonheur de l’Olympique de Marseille, c’est de comporter dans son nom le mot « Marseille », sans quoi nous n’aurions guère d’argument pour ne pas plier les gaules et cesser d’être complices de cette mascarade.

Les Longorious Basterds 

Lopez
Mbemba – Balerdi (Touré, 75e) – Gigot
Kaboré – Guendouzi – Veretout – Clauss (Ünder, 75e)
Payet (Rongier, 67e) – Gerson (Harit, 67e)
Suarez (Dieng, 84e)

A peine remis de blessure, Bailly n’est toujours pas apte à la titularisation, alors que Kolasinac s’est récemment blessé. Nuno Tavares est quant à lui suspendu, ce qui oblige à un certain bricolage. Clauss est donc aligné à gauche, Kaboré le remplaçant à droite. Guendouzi recule au milieu de terrain, laissant Payet et Gerson disposer d’une seconde chance au soutien de Suarez. Alexis Sanchez est en effet ménagé en vue des prochaines échéances.


Le match

Le match débute pépère, comme si l’OM avait intégré la nécessité d’économiser la moindre de ses forces en vue du marathon qui l’attend. La nette supériorité technique de nos joueurs devrait suffire à plier l’affaire, du moins serait-ce le cas si Kaboré ne ratait pas bêtement un contrôle en situation idéale à la réception d’un centre de Clauss.

L’affaire se corse cependant au quart d’heure, quand on s’aperçoit que ladite supériorité technique s’avère ce soir toute théorique. Une interception dégueulasse subie par Veretout offre ainsi aux Angevins le loisir de titiller notre poteau. Nos relances son fébriles, nos adversaires s’enhardissent, notre jeu est hésitant, bref : l’OM perd tout doucement les pédales. Alors que le match s’installe dans la franche médiocrité, un très joli contrôle orienté de Suarez au milieu du terrain déchire le premier rideau angevin ainsi que l’ennui ambiant. Servi sur la gauche de la surface, Jonathan cherche désespérément un partenaire à qui faire la passe puis, devant le peu de solutions constatées, déclare : « nique, j’y vais tout seul ». Une accélération et une sacoche du gauche poteau rentrant plus tard, voici l’OM qui mène au score (0-1, 35e). Suarez manque immédiatement après l’occasion d’enfoncer nos adversaires, mais place sa tête à côté de la cage.

Ceci est une coupure publicitaire. Notre attachée de presse (mon épouse) m’a dit qu’il fallait en ajouter pour faire #FootballModerne


Cette saison semble confirmer une amélioration que nous désespérions de constater les années précédentes : même en produisant un jeu plus que moyen, l’OM sait faire parler sa supériorité pour ne pas se laisser emmerder par les petites équipes. Qu’est-ce qu’une petite équipe, me direz-vous ? Eh bien, c’est par exemple celle qui offre à Clauss une interception dès la reprise, permettant à Jonathan de débouler à gauche et de centrer pour Suarez, tandis que Gerson avait amené tout le monde au premier poteau. Malgré tous les doutes que l’on peut émettre sur son adresse, Luis est si seul qu’il n’a aucune difficulté à enchaîner contrôle et frappe : un soulagement pour tous les supporters, tant il est vrai que ce genre d’action nous fait seulement rire quand c’est Julien Odoul qui les rate (0-2, 50e).

Bien qu’à l’instar d’autres équipes comme Reims, Ajaccio ou Lyon, Angers n’ait rien à faire de ses milieux de semaines, nos adversaires semblent lâcher l’affaire pour récupérer et se concentrer sur les matchs à venir. Cela nous autorise de beaux mouvements, telle cette déviation de Gigot dans la course de Clauss. Après quelques échanges de politesses entre les deux compères, Jonathan centre pour Gerson, qui en une fraction de seconde oublie sa dépression pour conclure d’une reprise toute en décontraction, célébrée par le retour de ce sourie si longtemps attendue et qui déchire à lui seul le ciel pluvieux de cette région de merde (0-3, 59e).

Ce but suffit à retransformer le traîne-misère brésilien en machine à funk. Dans la minute qui suit, Gerson récupère et part à gauche avant de dérouler un tapis rouge pour Issa Kaboré et de lui apporter la balle en moonwalk sur un plateau d’argent. De la confiture à des cochons, pour le coup, mais ni cette occasion ratée ni son retour sur le banc ne suffisent à renfrogner le king. La soirée est définitivement belle, et ce ne sont pas de trop nombreuses pertes de balles idiotes qui viennent la gâcher, puisque les Angevins sont infoutus de trouver le cadre malgré nos cadeaux. Surtout, Dieng refait enfin son apparition sous les couleurs olympiennes, qu’il est d’ailleurs tout près de célébrer d’un but dans le temps additionnel.

S’il reste certes à redire sur la manière, Marseille a la satisfaction de remporter proprement le premier match de cette série dantesque, sans y laisser trop de stress ni d’énergie : tel était bien l’enjeu principal de la soirée.


Les joueurs

Lopez (3-/5) : Coupable d’une horrible relance contrée, mais bon, comme c’était face au SCO d’Angers ça passe pour cette fois.

Mbemba (3/5) : Il a fait dans le sobre et l’efficace devant les attaquants angevins, un peu comme ce patron qui pose une pancarte « non » sur son bureau.

Balerdi (4/5) : Se blesse bêtement en contrant un tir en toute fin de match, suscitant aussitôt la crainte de nous voir privés de lui en Ligue des Champions. Pour qu’on en arrive à penser cela, c’est que Leo a fait un match particulièrement bon.

Touré (75e) :  Il y a des contextes plus difficiles pour gagner du temps de jeu.

Gigot (4/5) : Tout reste à prouver face à une plus forte adversité, mais si Samuel arrive déjà à terroriser tous les petits clubs comme il a terrorisé Angers ce soir, une grande partie de sa saison aura été réussie. Faut dire, quand on fait 1m90 avec une barbe de 20 centimètres de long c’est relativement facile de terroriser un Angevin, le dernier homme qu’ils avait vu avec cette dégaine, c’est le bolchevik avec le couteau entre les dents que M. le curé avait placardé sur les murs au catéchisme pour édifier les enfants.

Kaboré (2+/5) : Des occasions ratées et du slipomètre à foison, comme par exemple sur cette touche qui a failli se transformer en passe décisive directe pour un Angevin. Mais bon, comme le dit la maîtresse de Dromadine : « il faut valoriser l’erreur ». On retiendra donc plutôt l’enthousiasme d’Issa et son activité permanente, considérant le reste comme de très pardonnables défauts de jeunesse : Leonardo Balerdi ou Jordan Ayew peuvent en témoigner : à la Canebière Académie comme plus généralement à Marseille, ici on sait être patients avec les jeunes.

Guendouzi (3/5) : Le milieu de terrain Rongier – Veretout roronnait autant qu’un Vivement Dimanche avec François Bayrou interviewé par Michel Drucker. Mattéo est revenu apporter sa vie et ses cheveux gras pour secouer un peu tout ça.

Veretout (2/5) :
« Maître Cuisance ! Maître Cuisance ! J’ai réussi ! J’ai réussi à perdre une balle de but ! Je suis prêt !
Marqué le but a-t-il été ?
Euh non, mais c’est parce que c’était un Angevin en face.
Donc, réussi tu n’as pas, jeune apprenti. La route vers la Perte de balle longue est difficile est. La Perte de balle flotte autour de toi, partout elle est. La Perte de balle sans rlâche ressentir tu dois. Alors quand de vrais ballons de but tu perdras, la Perte de balle maîtriser tu sauras.
D’accord, je retourne essayer.
– Non ! Perds la balle ou ne la perds pas. Il n’y a pas d’essai. »

Clauss (4/5) : Passés quelques réglages défensifs plus ou moins slipométriques, Jonathan s’est adapté à ce côté gauche avec une réussite spectaculaire si l’on se rappelle ses débuts calamiteux à se poste. Autant il a fait comme le Schtroumpf coquet dans « Le centième Schtroumpf », il est passé à travers un miroir pour s’invertir s’inverser.

Ünder (75e) : Il avait l’air content d’être là.

Payet (2/5) : On quitte le franchement honteux pour se rapprocher du pas terrible. Objectivement c’est un progrès, subjectivement ça reste pas trop la joie.

Rongier (67e) : Il va réussir à finir pas la mettre, cette lourde de 25 mètres. Chaque match s’en rapproche un peu plus, c’est mathématique.

Gerson (3-/5) : Une première mi-temps excessivement gênante et pourtant, c’est là, au pays des Ducs d’Anjou et du missionnaire lumière éteinte, que le Dieu du Groove est apparu à Gerson sous la forme d’une boule à paillettes descendue du ciel gris. Alors Gerson s’est souvenu, et la brebis égarée est revenue parmi nous pour nous montrer le chemin. Nous revoici prêts à le suivre, à son rythme chaloupé (ne me dites pas qu’il va appeler Bolsonaro, lui aussi, sinon je casse tout).

Harit (67e) : Une ouverture qui aurait pu être décisive pour Dieng.

Suarez (3+/5) : Marseille a résolu beaucoup de choses depuis les dernières saisons, mais pas ce problème de « l’attaquant-qu’on-met-seul-devant-alors-qu’il-a-pas-l’air-fait-pour-ça ». De fait, si Luis s’avère très performant pour déménager ses adversaires d’un bout à l’autre du terrain, il a plus de mal avec la subtilité que réclame la conclusion des occasions de but. Cela étant, avec une passe décisive et un but, on va tout de même y aller mollo sur les réserves.

Dieng (84e) : L’histoire aurait pu être très belle (Cheikh convertit son occasion et croule sous les hourras du public et ses embrassades de ses adversaires) comme elle aurait pu être très gênante (Cheikh convertit son occasion et se précipite devant la tribune présidentielle pour faire un doigt d’honneur à Pablo Longoria). Finalement, on retient un face-à-face perdu devant le gardien et surtout la satisfaction de voir Cheikh pleinement réintégré au groupe.


L’invité zoologique : Amine Calamar

Usuellement consommé après avoir été battu, tronçonné et frit, le calamar a donné son nom à un innocent jeu d’enfant coréen consistant pour l’essentiel à venir sur l’aire de jeu, trucider les concurrents et repartir avec le magot. Bref, le calamar est par essence le symbole de la victime, ce qui en fait l’invité approprié pour évoquer le match de ce soir.

  • Les autres : On va faire bref : c’est de la chair à Ligue 2.
  • Le classement : Ouverture du week-end aidant, nous voici premiers au moment où je vous parle. Ce n’est pas rien, quand on y pense.
  • Coming next : Sporting du Portugal de Lisbonne (je laisse Homerc nous confirmer l’appellation exacte), Ajaccio, re-Sporting, PSG, Lens, Francfort, Strasbourg, Tottenham, Lyon, Monaco. Soit, en comptant celui du soir, 11 matchs à disputer en 44 jours, avec pour récompense de notre vaillance, la Coupe du Monde de la honte. Avouez que ça fait envie.
  • Le rappel : Le salon du jeu « Instants Ludiques », c’est ce samedi 1er octobre toute la journée à la bibliothèque Méjanes d’Aix.  On y présentera le Flubupte en distribuant des autocollants Monsieur Lapin aux vainqueurs.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah

6 thoughts on “Angers-OM (0-3) : La Canebière Académie est gavée

  1. marrant cette levée de bouclier contre le Qatar..elle était où lors du mondial en Russie?
    elle était où lorsqu’au même moment les avions de Putin bombardaient les civils en Syrie?
    elle était où lorsque ce même Putin aidait et continuer à aider le criminel de guerre Assad a tuer les syriens?
    d’ailleurs sans cette aide le dictateur sanguinaire serait déjà tombé, et on aurait pas eu les centaines de milliers de morts, de disparus , on aurait pas eu en Syrie Daesh, le Hezbollah et autres assassins et celle chose qui vous affecte vous, les millions de réfugiés.
    la Crimée (signe avant coureur de l’invasion de l’Ukraine) était déjà occupée et l’attaque contre la Géorgie, le génocide en Tchétchénie pas si lointains que ça)
    et les droits de l’homme en Russie on en parle?
    la situation catastrophique des homosexuelles?
    c’est vrai que c’est beaucoup plus facile de taper sur un petit pays comme le Qatar que sur la Russie de Putin (sachant qu’il a déjà dans sa poche vos leaders chéris tel que Mélenchon et Marine

    1. Pour rappel : le Qatar finance le PSG, l’Ennemi absolu. Et rien que ça, ça suffit pour taper dessus.

      1. sauf qu ici ou ailleurs chez vous on tape dessus soit disant à cause des abus des droits humains.
        blah est marseillais , mais même sur ce site d’autres tapent dessus…
        c’est de l’hypocrisie pure

  2. La situation en Russie est dramatique, mais tragique au Qatar. Jusqu’à preuve du contraire, il y a pas eu 6000 ouvriers morts pour construire des stades en Russie. Puis j’ai pas vu notre camarade dromadesque se réjouir de l’attribution du mondial aux Russes.

    1. y’a pas eu 6000 ouvriers morts en Russie?
      t’es tu sérieux là?
      prends en compte juste les civils syriens et c’est plus qu’assez!
      lors du mondial en Russie les russes étaient entrain de détruire Alep..
      et j’ai jamais dit qu’il se réjouissait, juste que personne ici ou ailleurs de ceux qui sont outrés par le mondial qatari ne le furent par celui en Russie…

  3. Rami me rappelle un certain Stéphane…

    Sinon on en est où du nombre de points dehors restant à Igor mon cher Blaah ?

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