Lyon-OM (honte), La Canebière académie doit faire la fête et être fair-play*

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Et rou la la, bouteille sur bouteille
Et rou la la, bouteille à tour de bras

Aïoli les sapiens,

On va pouvoir se permettre d’être bref, puisque dans les instances footballistico-sécuritaires il est acquis qu’il ne s’en trouve aucun pour rattraper l’autre.

Sur le terrain, c’est vite vu : premier corner obtenu par De La Fuente au bout d’une minute trente, Dimitri Payet se fait bombarder une première fois, interruption, il y retourne quand ça se calme, et se prend alors une bouteille d’eau en pleine tête sous l’hilarité et les insultes de la tribune. Sur la pelouse, le rideau est tiré au bout de 7 minutes. Dans les couloirs, le spectacle dure lui deux bonnes heures, et il franchit encore un cap dans le navrant.


La première réaction qui s’impose est d’apporter un soutien inconditionnel à Dimitri, qui pas plus qu’un autre n’a signé pour se prendre des projectiles dans la gueule. Pour le reste, pas grand-chose n’est à sauver donc. Les supporters lyonnais, les insultes à un mec à terre, on ajoute le raffinement de décompter le temps de jeu théorique pour quand même sortir la Marseillaise de la 88e minute. Jean-Michel Aulas, dont les interventions médiatiques n’ont rien à envier à celles de Maryse Joissains cette semaine pour ce qui est de nous rappeler que la vieillesse est un naufrage. Les joueurs lyonnais, dénués de la moindre solidarité professionnelle et qui eux non plus n’ont pas songé un seul instant à proposer d’arrêter le match. Et bien sûr, champions toutes catégories, la LFP et la Préfecture du Rhône qui se défaussent mutuellement de leurs responsabilités quant à la reprise ou non du match, qui plus est publiquement à coups de communiqués et de tweets. Quand on parvient à un tel manque de dignité dans le comportement de nos dirigeants, on peut légèrement douter du fait qu’ils contribueront un jour à améliorer la situation.

À ce jeu, et malgré tout le mépris que l’on éprouve pour Snooker Master, on s’arrêtera un instant sur l’attitude du Préfet du Rhône, dont on n’aura jamais bien compris tout au long de la soirée s’il agissait dans le souci de l’ordre public ou dans l’intérêt de son voisin de loge. Le compte Twitter d’une institution républicaine a quand même été utilisé pour publier des messages d’une lâcheté incroyable sur un enjeu de sécurité publique qui, à l’échelle de la région, n’est quand même pas des plus prépondérants. Je veux dire, si le préfet est habitué à se faire complaisamment humilier dans son département d’un côté par les descentes régulières de l’extrême-droite violente, de l’autre par les provocations des Dalton, on aurait pu au moins espérer qu’il se montre un minimum à la hauteur de sa fonction sur ce sujet somme toute mineur. La logique républicaine voudrait que son supérieur hiérarchique lui demandât fermement des comptes mais bon, se rappeler qui est ledit supérieur suffit à mettre un terme à l’idée.


Qui sauver donc ? D’une part l’arbitre Ruddy Buquet, dont l’intervention au micro n’aura pas permis de tout éclaircir, mais qui aura au moins eu le courage d’assumer une position sous une pression que l’on imagine monstrueuse de la part des lâches sus-cités. Malgré le passif de la personne à notre encontre et le peu de sympathie qu’elle nous a inspirés jusqu’à ce jour, on espère néanmoins que tout ce cirque ne lui retombera pas sur la figure, et qu’il ne soit pas envoyé arbitrer des derbys Chambly-Amiens jusqu’à la fin des temps.

Et enfin, mention à Pablo Longoria qui aura eu le mérite de ne pas rentrer dans ce concours de microbites mais de poser la seule question qui vaille : que fait-on ensemble pour éviter que ça se reproduise – encore ? Sachant comme on a pu le voir qu’il reste un gouffre à combler avant que la notion de dialogue ne s’infiltre jusqu’au cerveau de nos dirigeants, on ne saurait trop encourager notre président à mettre déjà en pratique cette démarche chez nous. Jean-Michel Aulas a incarné cette attitude consistant à donner des leçons du haut de son piédestal lorsque les incidents se produisent chez les autres (Nice-OM), et à trouver les moindres prétextes pour nier ses responsabilités lorsqu’ils ont lieu chez lui : cette attitude représente l’exemple à ne pas suivre, il s’agit juste d’une question de dignité humaine minimale.

Or donc, tant que l’on réduira ces incidents à des actes isolés sans considérer que le football dans son ensemble a un problème, rien ne progressera. Un jet de bouteille constitue un acte isolé. Plusieurs jets de bouteille sous les acclamations d’une tribune alors que le club n’a pas mis en place des filets propres à limiter les incidents, c’est une responsabilité collective. Et ces mêmes incidents répétés dans plusieurs stades en France, c’est une responsabilité collective.


Cette saison, les incidents dont l’OM a été victime sont sans commune mesure avec ceux dont été responsables ses supporters. Le club peut aussi se targuer d’avoir mis en place des dispositifs de sécurité inexistants ailleurs (filets, vente de boissons en gobelets et non en bouteilles…). Pour autant, chacun sait que nous ne sommes pas des saints (qui ne devient pas un abruti fini au milieu d’une foule, d’ailleurs ?) et que le stade Vélodrome ne sera jamais à l’abri d’un projectile un peu plus lourd ou lancé avec plus de précision que les autres. La question formulée hier par Pablo Longoria se pose donc dès maintenant : que fait-on ensemble pour éviter au maximum qu’un incident survienne, et que prévoit-on ensemble pour le traiter avec dignité si malheureusement il survenait ? Je ne veux pas que les joueurs de l’OM ne manifestent aucune solidarité pour un adversaire agressé. Je ne veux pas qu’un virage continue à traiter d’enculé un adversaire qui vient d’être agressé. Je ne veux pas que nous, dirigeants et supporters minimisions des incidents qui seraient aussi graves que celui subi hier. Je ne veux pas qu’après un incident aussi grave, se déroule pendant deux heures une mascarade aussi improvisée et navrante que celle d’hier. En gros, je m’en bats les couilles que les autres soient des abrutis, je veux plutôt en profiter pour me demander si je n’aurais pas également été un fieffé connard à leur place.

Personne ne souhaite avoir à affronter une telle situation, mais il serait utile dès maintenant que Longoria réunisse les forces vives du club pour s’assurer collectivement du fait, si cela devait malheureusement se produire, que nos comportements se montreraient à la hauteur. Si l’on souhaite changer le football, ce n’est pas en demandant à la Ligue ou à Jean-Michel Aulas de se montrer moins estrasses qu’on y arrivera : c’est en se donnant l’ambition d’être exemplaires. Une telle démarche n’est bien sûr pas exclusive de ce que nous attendons de notre président en externe : réclamer les actions et les sanctions idoines pour que nos joueurs arrêtent une fois pour toutes de se faire éclater la figure dans les différents stades de France, ce qui entre autres désagréments va finir à force par poser comme un léger souci d’équité sportive.

*NB : pour ceux qui n’ont pas suivi les événements, « faire la fête et être fair-play » était le message du speaker adressé pour annoncer l’éventuelle reprise du match à ceux qui continuaient d’applaudir quand le meneur de jeu adverse venait de se faire éclater le mourre.


Bises massilianales,

Blaah.

6 thoughts on “Lyon-OM (honte), La Canebière académie doit faire la fête et être fair-play*

  1. Alors qu’on a Lionel Messi dans notre championnat on se conduit comme ça en France ? Honte.
    Je donnerai match gagné à l’équipe adverse, ça les calmerait J’espère.

    Allez l’OM !!!
    Droit au but !

  2. Pour les plus chafouins, sourds aux arguments de l’esprit et du cœur, on peut aussi résumer l’enjeu à la protection de la valeur du produit L1, des assets joueurs, et immobilière.

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