Monaco-OM (2-1) : La Canebière Académie ne voudrait pas s’éterniser
Rubber.

Aïoli les sapiens,
Puisque la rouste amicale de dimanche ne représentait qu’une aimable préparation des matchs à venir, et tant pis pour les ringards qui y voient une désuète question de fierté, il était temps de voir ce que l’OM avait enfin dans le ventre dans ces rencontres qui comptent vraiment. Place donc à la dernière édition de la coupe du pneu, ultime avatar de la coupe moustache et vouée à une disparition encore plus certaine et rapide que l’ambition de notre club.
Du moins, c’est l’approche de la rencontre qui semblait se dessiner dans les jours précédents, jusqu’à ce que l’attitude de nos joueurs une fois sur le terrain nous le confirme : en fait, la coupe du pneu, c’est comme le match à Paris, on s’en bat comme de notre première panisse. Non, ce qui importait vraiment, c’était un nouveau match amical qui nous permette d’être bien, mais alors là bien, préparés pour les échéances vraiment, vraiment importantes.
En toute logique, ces deux oppositions disputées en marchant sans trop risquer la blessure ou le carton devraient nous permettre d’arriver dans un état de fraîcheur idéal pour affronter Lille, et si des circonstances favorables l’autorisent, emporter la victoire ou eu moins le nul par le biais d’une escroquerie quelconque. En vertu de quoi nous irons, gonflés d’orgueil et d’une fierté légitimes, affronter Lyon la fleur au fusil, et alors, sublimes, nous effondrer comme des merdes en voyant Dehors, désormais entraîneur du club honni, pisser en riant sur le tas de fumier que vous avez fait de l’OM.
Ce scénario écrit d’avance, il faut avoir la volonté de l’infléchir et, c’est là que le bât blesse, « vouloir » n’est pas le verbe qui vous caractérise le mieux ces derniers temps. On aimerait vous croire capables de choisir vos matchs, connaisseurs de vos forces et faiblesses, et aptes à arriver à 100% de vos capacités le moment voulu, ni avant ni après. Mais l’avantage d’un effectif qui bouge si peu, c’est qu’on vous connaît ; on vous connaît même bien trop pour ne pas voir dans ces démissions précoces les prémices du moment où vous achèverez de nous chier à la figure de la manière la plus sublime qui soit.
Être nul, cela se conçoit. Être nul et ne manifestement pas vouloir faire en sorte que le cours des choses s’infléchisse, c’est déjà plus incompréhensible. Jalousies de vestiaires ? Querelles amoureuses ? Dépression latente ou flemme intersidérale ? C’est l’entraîneur qui vous fait trop travailler, c’est ça ? Mais dites-le nous, nom de nom, ce qui vous empêche de ne pas a minima courir derrière le ballon, vous qui tout petits rêviez d’être payés pour le faire. Ne me dites pas qu’à 10 ans, votre fantasme c’était déjà les bagnoles et les putes, à l’époque vous imaginiez bien en train de gagner des trophées, non ? Ou au moins des matchs ? Ou réussir, je ne sais pas moi, une passe ou un contrôle ? Ne mentez pas, à 10 ans on ne rêve pas de se faire fesser 4-0 en une mi-temps sous les yeux du monde entier ou presque ; à 10 ans on ne rêve pas de marcher pendant 95 minutes sur un terrain en se faisant la gueule et se faire sortir sans gloire au premier tour d’une coupe ridicule, par un adversaire qui a tout juste eu à faire l’effort de se montrer moins nul que nous.
A 10 ans, on ne rêve pas que des dizaines de milliers d’abrutis n’aient que pour seule attention que de nous dire d’aller nous faire enculer (voir un exemple ici), on aurait plutôt tendance à les voir nous admirer. Qu’est-ce qui vous empêche d’au moins tenter d’essayer de faire le nécessaire pour y parvenir. Je ne parle pas pour l’autre idiot qui aura réussi sa vie s’il rachète le parc Chanot, mais vous, vous, vous aimez un peu le football, à la base, non ? Alors quoi ?
L’équipe
Mandanda
Sakai – Kamara – Caleta-Car
Sarr (Radonjic, 46e) – Sanson – Strootman (Khaoui, 67e) – Amavi
Payet
Germain – Aké (Rongier, 46e)
Malgré le peu de prestige de la compétition, Villas-Boas se refuse à aligner une équipe B, le fait que nous n’en disposions pas en étant peut-être la raison. Petites innovations tout de même, avec cette défense à trois (Alvaro est toujours absent), et la titularisation du prometteur Aké en pointe, soutenu par Germain (Benedetto purgeant un match de suspension).
Comme souvent ces derniers temps, André le tacticien est contraint à un sévère redressement de barre en seconde période, voire ici une quasi-table rase avec le retour à un 433 des plus classiques.
Le match
Dix minutes de pur walking-football permettent de ne garder devant la télévision que les plus intégristes, toute les autres personnes saines d’esprit préférant réorienter leur soirée vers le film des Minions, l’alcoolisme ou une randonnée naturiste nocturne dans la garrigue, ou en tout cas n’importe quelle activité plutôt que la purge qui s’annonce.
A ce non jeu, c’est l’OM qui domine légèrement, une pression qui culmine à la 13e avec une passe subtile de Sarr pour Aké, qui croise d’un rien trop sa frappe. Fabregas se donne une blessure musculaire dans la foulée, ce qui amène les Monégasques à revoir à la hausse leur investissement dans la partie (« Ah mais on avait dit qu’on jouait pépère sans se faire mal, mais alors là si on doit commencer à se blesser, autant jouer vraiment au football à ce compte-là, puisque c’est comme ça, non mais ho. »).
Les Monégasques se mettent alors à marquer un temps de suspension occasionnant entre leurs pas une perte de contact avec le sol, tout en pliant la jambe pendant le moment où celle-ci touche le sol et revient à sa position verticale : ils courent. Si le fait de courir est un motif de disqualification pour Yohann Diniz, il procure en revanche un avantage certain au footballeur (c’est d’ailleurs ce qui le différencie de la chiasse, qui n’avantage ni l’un ni l’autre). Par le truchement de cette simple astuce, nos adversaires prennent modérément le contrôle de la partie, émaillée de quelques gestes cocasses propres à relever l’attention. Si vous êtes assez masochistes pour vous infliger une rediffusion, je vous conseille particulièrement le « bras-roulé-échappé » de Lecomte suivi d’une « chandelle-dévissée-arrière » de Sanson à 19 min 04 s.
Plus classique en revanche est cette action voyant Amavi défendre à deux mètres du centreur. Echaudé par sa mésaventure de dimanche, avec Icardi, Kamara montre sa trouvaille pour qu’aucun attaquant ne le surprenne plus jamais dans son dos : il se place derrière. Les réseaux sociaux regorgent de telles astuces, qui sont généralement illustrées par cette photo drôle du type noir qui se touche la tempe avec l’air de se dire : « pas con, le mec ». Notre génie se voit donc passer devant à la réception du centre par Jean-Kévin Augustin, qui n’en demandait pas tant pour fusiller Mandanda (1-0, 25e).
L’ancien parisien s’abstient de toute provocation, en souvenir du temps où il nous arrivait encore de fermer le claque-merde de quelques cuistres. Son équipe n’a pourtant pas grand chose à craindre de nous, tant nous nous montrons inoffensifs. C’est d’ailleurs sans opposition que les passes franchissent notre milieu de terrain pour trouver Augustin face à la défense. Sakai montre trop tard et laisse l’attaquant envoyer une sèche, que Mandanda repousse péniblement du pied. Complètement lâché par Amavi lors de sa montée et pas plus surveillé par Caleta-Car, Aguilar conclut sans opposition (2-0, 40e).
Villas-Boas passe donc un gros coup d’éponge sur son tableau noir ou, comparaison moins élégante mais plus proche de la réalité de ses débuts de matchs actuels, un coup de brosse sur la faïence. Exit Aké, qui n’a pas démérité pour autant, et Bouna Sarr, d’une lexomilité assez sidérante compte tenu de l’énergie qu’on lui connaît d’ordinaire. Rongier et Radonjic entrent pour reformer un 433, dont nous pouvons dire sans trop tuer le suspense qu’il a à peu près aussi largement foiré que la composition initiale.
Quelques étincelles de Radonjic font illusion dès la reprise, avant que la sinistrose ne s’installe définitivement. Non seulement les joueurs ne peuvent pas, mais ils ne veulent pas. Loin de la glande grandiose d’un Big Lebowski, c’est même la déprime malsaine qui s’installe, cette rupture de cerveau qui empêche même d’attraper un paquet de chips sur le chemin qui mène du lit au canapé. Nous contemplons l’équivalent d’une bande de onze contrôleurs de gestion en instance de divorce, dont la nullité et l’apathie sont si éblouissantes qu’elles empêcheraient presque de constater qu’en face, Monaco ne va guère mieux. Sauter ? A quoi bon. Courir ? Pour quoi faire. La seule flammèche de vie qui émane encore de cette équipe vient des engueulades muettes entre Amavi et Payet à chaque incompréhension. Si encore ils en venaient aux mains, s’ils se disaient les choses, nous serions fixés ; mais non, tous se contentent de ne pas jouer au football en se faisant la gueule.
Comme ça lui arrive parfois, Payet veut se muer en sauveur du monde et entreprend de débouler dans la surface adverse après un long raid individuel depuis le côté gauche. Parvenu à l’orée des six-mètres, il délivre un centre puissant que Benjamin Lecomte (assurément la meilleure recrue olympienne de l’été) a la gentillesse de dévier contre son camp (2-1, 77e).
L’OM intensifie la pression ou, pour être plus correct, Monaco s’inflige lui-même une pression disproportionnée, le slipomètre en ébullition à l’idée de se faire rattraper par de telles branques. Hormis un extérieur de Radonjic au ras du poteau, l’OM ne menace guère. Nous pouvons donc faire nos adieux prématurés à cette coupe dispensable, mais qui aura au moins eu le mérite de nous faire rouvrir l’armoire à trophées en 2010. Et à voir le respect que notre club attache désormais à la notion de compétition, quelque chose nous dit que Mc Court n’aura pas besoin du Hall 6 pour entreposer les coupes qu’il s’apprête à gagner.
Les notes
Mandanda (2/5) : Honnêtement, s’il replonge dans le Jack Daniels, on le comprendra.
Sakai (2-/5) : Du tréfonds du Japon ancien, le dit des Heike Monogatari , transporté par le luth des moines aveugles, a soufflé ses mille histoires aux enfants de l’Empire. Ceux-ci s’ouvrant au vaste monde, ont emporté avec eux ces contes, et c’est ainsi qu’Hiroki-san narre chaque soir le dit des Sots, du Sage et de l’Etang :
Pendant la guerre des Heike et des Gengi, il advint qu’un bataillon dût traverser un étang envasé. Ce bataillon était composé des pires sots que comptait l’armée des Gengi, des incapables que le général n’eût à aucun moment voulu proches de lui dans la bataille, et qui ne se voyaient donc confier que des missions subalternes. Les soldats se mirent en devoir d’abattre quelques arbres pour confectionner des bateaux frustes, qui tenaient à peine l’eau boueuse. Ils se mirent à l’eau mais, pressés de parvenir à l’autre rive, ils pagayaient à toute force, s’agitaient, tant et si bien que leurs embarcations s’alourdissaient, se disloquaient, et finissaient happées par la vase. Deux soldats, un jeune et un vieux, demeuraient sur la rive. Ils n’étaient pas plus doués que les autres mais réfléchissaient un peu plus. « Notre bateau n’est pas meilleur, dit le plus vieux. Et nous ne sommes pas plus habiles. Mais vois tes camarades, jeunes soldats, plus ils s’agitent, plus ils risquent de commettre l’erreur qui les précipitera dans l’étang. Le sage est celui qui connaît ses limites, et la patience est l’apanage du sage. Mettons notre radeau à l’eau, acceptons notre sort avec le sourire et laissons-nous glisser sans prendre de risques. Il arrivera bien un moment où nous serons parvenus au terme du voyage. »
Le jeune soldat, voyant bien ce qu’avaient enduré ses camarades, s’abstint de tout mouvement précipité, si bien que la traversée dura d’interminables minutes. L’humidité valut aux deux hommes de tomber malade, certains racontent d’ailleurs que le vieux soldat en est mort peu après. Le jeune, lui, poursuivit son voyage seul et rejoignit l’armée affamé, en haillons, et bien sûr trop tard pour être de quelque utilité dans la bataille. Mais du moins n’avait-il pas été happé par la fange comme ses compagnons, et pour cela il gardait le sourire comme le lui avait enseigné son maître.
Et c’est ainsi que, de semaine en semaine, Hiroki-san applique les principes du vieux Sage et sort indemne des monceaux d’immondices qui s’abattent sur ses camarades. Alors qu’il faut bien le reconnaître en toute honnêteté, ces derniers temps il est autant à chier qu’eux.
Kamara (1/5) : Si tu me dis que c’est parce que tu es amoureux, je te pardonne tes égarements. Mais à ce tarif-là, j’espère quand même qu’elle a de gros nichons.
Caleta-Car (2-/5) : J’espère très fort que le tirage au sort de la coupe de France nous enverra en Bretagne : quel meilleur hommage à sa vitesse, que de pouvoir enfin constater que t’as Caleta-Car à Vannes.
Sarr (1+/5) : Bip-Bip dans ses meilleurs moments, Forrest Gump dans les plus difficiles, Bouna connaît en tout cas une constante : même quand il ne sait pas quoi faire, il court. Le voir aussi amorphe ce soir est donc plutôt inquiétant.
Radonjic (46e, 2/5) : Sarr étant à son tour tombé au champ d’honneur des dépressifs, Nemanja demeure le seul étendard de ceux ce qui ont la fierté de faire souvent n’importe quoi, certes, mais au moins de faire quelque chose.
Strootman (1/5) : C’est rigolo, autant Sakai t’es limite prêt à le voir s’enfiler des 51, jouer aux boules et voter Ravier, autant Kevin a l’air de vivre un gros choc culturel, un peu comme les Asiatiques qui débarquent à Paris et découvrent que ça ne ressemble pas vraiment à Amélie Poulain.
Khaoui (67e, 1/5) : Je suis prêt à parier qu’il s’est plus marré les deux dernières années, en ratant le maintien avec Troyes puis avec Caen, qu’en revenant jouer avec nous.
Sanson (1/5) : Prenez l’un de vos cheveux. Prenez un microscope à balayage électronique. Repérez un acarien et isolez-le. Nourrissez-le d’endives cuites à la vapeur. Consignez dans un carnet tout bruit ou odeur que vous percevez venant des pets de votre acariens, et ce pendant 90 minutes. Consultez les notes prises sur votre carnet : vous avez la teneur du match de Morgan ce soir.
Amavi (1+/5) : A l’auto-école, il a commencé par emboutir toutes les voitures situées devant et derrière lui à chaque fois qu’il tentait un créneau. Maintenant qu’il s’est fait engueuler, il ne tente plus rien sans une marge de sécurité de deux mètres. Et pour défendre au football, c’est pareil.
Payet (1+/5) : Si c’est pour faire la gueule tout le long du match maintenant que tu es revenu, tu peux tout aussi bien te remettre à insulter les arbitres.
Germain (1/5) : Excellente analyse de Villas-Boas qui n’a pas voulu laisser Marley Aké en pointe, les incertitudes sur sa réussite à ce poste étant bien trop importantes. Voici pourquoi il y a propulsé Valère, qui s’y montre un vier marin avec une certitude absolue depuis maintenant deux ans.
Aké (2+/5) : Une deuxième fois de suite, il passe à deux doigts de se révéler la seule satisfaction de la soirée. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose qu’il n’ait pas marqué d’ailleurs, au vu du climat actuel ce n’est pas plus mal de lui éviter toute enflammade.
Rongier (46e, 1/5) : A passé une mi-temps à repenser aux circonstances brumeuses qui l’ont amené à s’asseoir à la terrasse de l’Intercontinental avec Andoni Zubizaretta, à boire plus que de raison puis à signer des documents flous faisant que, de fil en aiguille, il se retrouve avec 10 autres paumés en train de s’ennuyer comme des rats morts pendant que ses copains restés à Nantes collent des 8-0 à leurs adversaires du soir.
L’invité zoologique : Benoît Badiéchidné
Assemblage mal branlé de morceaux d’animaux hétéroclites, l’échidné ne ressemble à rien de cohérent. Il ne fait pas grand chose de sa vie d’ailleurs, à part choper les termites assez lentes pour se laisser avoir. L’échidné était donc bien l’invité approprié pour livrer ses observations sur ce premier tour bizarre d’une compétition biscornue :
– Les autres : d’un niveau affligeant, ne parvenant à rien si ce n’est à ramasser les cadeaux que nous leur avons laissés.
– La suite : finissons cette période difficile avec Lille et Lyon, avant de savourer la crise comme il se doit.
– Les boutons : as-tu seulement remarqué les boutons qui figurent sous cette académie et qui t’invitent à nous donner respectivement de tes mots et de tes sous. Vois comme ils sont beaux, attrayants et doux au cliquer.
– Les réseaux : Ton dromadaire blatère également sur Facebook et Twitter. L’expérimenté Didier A. remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.
Merci pour le conte
Allez l’OM ! A 1-0 je suis allé me coucher Allez l’OM !
Et on a perdu.
Honnêtement c’est déprimant. Mais je rappelle qu’aujourd’hui encore, des gens naissent dans des pays où le sport-roi est le cricket.
C’est vrai. Soyons forts.