Montpellier-OM (3-0), La Canebière académie entend des sifflets
Entre ici, la Crise, avec ton cortège de Monsieur Lapin.

Aïoli les sapiens,
Au creux de la litanie des rivalités sportivo-géographiques qui nous opposent aux multiples villes et clubs de merde qui peuplent l’hexagone, les affrontements contre Montpellier relèvent presque d’un moment de fraternité : c’est plus fort que moi, je ne puis me résoudre à haïr cette ville, bien au contraire. Une académie de l’ami Marcellin nourrie au même rude soleil de la Méditerranée, une session de Mauresca dans la galaxie du oai massaliote, une langue commune quoi qu’en disent les enculeurs de graphies, tous ces signes ne trompent pas : nous sommes proches voire, il pourrait arriver que nous puissions nous entendre.
Ceci étant dit et toute notion d’amitié entre les peuples mise à part, il était plus qu’urgent de leur ramoner le fondement, d’une part pour atténuer leurs prétentions sportives qui commencent à nous embarrasser, et d’autre part pour enfin donner des vacances à Monsieur Lapin dont la charge de travail prend en ce moment des proportions jupitériennes.
L’équipe
Mandanda
Sarr – Rami – Kamara – Amavier
Strootman (Caleta-Car, 74e) – Luiz Gustavo
Thauvin – Sanson (Ocampos, 59e) – Payet
Germain (Njie, 68e)
Hormis l’absence de Sakai, qui réintègre cependant le banc de touche, c’est une équipe-type qui est alignée pour contrer des Pailladins en pleine bourre. Strootman, Luiz Gustavo et Sanson sont alignés au milieu, ce dernier en position un peu plus avancée que les autres (du moins en début de rencontre).
Le match
Nous nous permettons de mettre en exergue cette citation post-match de Rudi Garcia : « mon équipe, c’est celle de la première mi-temps, pas celle de la deuxième. »
Soit. Convenons que cette seconde mi-temps était indigne d’un prétendant au haut de tableau, c’est un fait. Mais bordel de nom de dieu de bite de muge, en quoi n’importe quel entraîneur chargé de mener un Projet® ambitieux saurait-il se satisfaire de ces 45 premières minutes de viers moisis ? Alors oui, vu que le rigolo qui lui fait office de hènneplussun, comme on dit chez les cons, s’est permis de qualifier « d’exceptionnelle » notre première période accomplie sans encaisser de buts contre un PSG qui tournait sur trois pattes, on peut sans trembler de la narine s’accorder à considérer notre entame de ce soir comme « solide ». Du blocquéquipe, du quadrillage, et deux heures de colle promises à qui s’autoriserait une prise de risque offensive : en effet, c’était du solide. J’irais même jusqu’à dire que l’on s’est solidement fait chier devant la purge monumentale proposée par les deux équipes, le pire étant malgré tout que l’OM aurait pu virer en tête à la pause.
Ainsi, quand un Montpelliérain perd la balle en confondant tout bêtement le maillot de l’arbitre avec celui d’un coéquipier, l’action aboutit à une tête pas assez maîtrisée de Germain sur un centre pourtant idéal de Luiz Gustavo. Pire encore, sur une contre-attaque née d’une subtile remise de Valère, Thauvin lance Sanson qui adresse de la droite un authentique caviar à Payet. Seul aux six mètres, Dimitri pense tellement à pladupiésécuriser sa reprise pour éviter de tirer en tribune, qu’il fait rebondir la balle au sol : le tir file alors au-dessus de la barre.
Peu soucieux de participer à cet hommage à Ibrahima Bakayoko, les Montpelliérains se contentent malgré leur domination d’une seule vraie occasion, une volée de Mollet en angle fermé bien repoussée par Mandanda.
Bref, si Rudi Garcia prétend réellement que sa mentalité s’incarne dans ces 45 premières minutes, on ne peut qu’en déduire que notre entraîneur est un fétichiste du lavement anal. À la pause, cet enseignement est à peu près le seul que l’on puisse tirer du match.
Les interviews de la mi-temps montrent des joueurs partageant plus ou moins cette autosatisfaction ahurie de n’avoir pas encaissé de but, excluant toute préoccupation de voir notre jeu ressembler à quelque chose. Après tout, le non-plan a déjà fonctionné à Nice, pourquoi ne pas le rééditer ?
Pourquoi ? Eh bien parce qu’en vertu d’une loi statistique, il semblerait qu’une équipe constituée présentement d’une bande d’abrutis dont l’estime d’eux-même est inversement proportionnelle à ce qu’ils démontrent sur le terrain ait peu de chances d’enchaîner les succès. Qui sait ? Peut-être que revisionner ce premier but aidera joueurs et staff technique à prendre conscience qu’il manque beaucoup de choses à notre équipe pour se hisser à haut niveau ? Ou si le ridicule de la soirée n’est pas assez consommé, on pourra peut-être accompagner les ralentis de la musique d’entrée des artistes à Pinder, pour que ce soit plus compréhensible ?
Tout commence quand Thauvin, lancé dans la profondeur par Luiz Gustavo, s’arrête brusquement de jouer après avoir entendu un coup de sifflet intempestif – à moins que ce ne soit Michèle Torr en train de chanter l’hymne de la Ligue des Champions, avec Florian on ne sait pas trop les trucs bizarres qu’il entend dans sa tête en ce moment. Cet événement perturbe notre équipe pendant toute la durée de la contre-attaque si bien que, à l’approche de notre surface, les Montpelliérains tripotent librement la balle avant d’adresser un centre. Communsymbole de la communication du club ces temps-ci, l’intervention de Rami est à contre-temps, hors de propos et affligeante : monté trop tard pour placer Laborde hors-jeu, il laisse le loisir à l’attaquant de devancer Sarr et ajuster Mandanda de la tête (1-0, 51e).
Il faut encore dix petites minutes de n’importe quoi pour que Rudi Garcia ait l’idée incroyable de replacer Payet en meneur de jeu. Quoi que tardive, cette révélation semble porter ses fruits, avec une situation chaude initiée par Dimitri à peine deux minutes plus tard. Nous n’avons guère le temps d’en apprendre davantage sur nos chances réelles d’égalisation puisque, juste après, notre bande de peintres se charge d’ouvrir en grand les portes à la Crise. Le déroulement de cette action est dantesque, c’est plus que de l’art, c’est une action postmoderne, la Septième compagnie revisitée par Michael Bay. Attention, concentrez-vous, ça va vite : Kamara se troue, Rami tacle, Amavi se troue, Kamara tacle, Amavi se re-troue, Laborde marque. La Crise pointe son nez, Monsieur Lapin fait des burn sur la grille de départ en attendant le feu vert, les vendeurs du rayon télé chez Darty se réjouissent de revoir si vite Mohammed Henni, et en attendant Montpellier mène 2-0 (62e).
Le troisième but est manqué de peu dans la minute qui suit, et finit par survenir assez rapidement. Amavier perd alors le ballon, notre respect, et le droit de quitter la Commanderie autrement que dans le coffre de sa voiture. Total contraire de nos tripoteurs stériles, Delort change d’aile d’une passe tendue, puis Mollet donne à Lasne dont l’enchaînement contrôle-frappe ne laisse aucune chance à nos défenseurs : Mandanda est battu au ras de son poteau (3-0, 70e).
La suite n’est d’aucun intérêt, si ce n’est de voir Amavier puis Thauvin échouer à sauver le peu d’honneur qui nous reste en tirant sur le gardien, puis Mandanda mettre en échec une dernière contre-attaque. Ayant remplacé Strootman par Caleta-Car à la 76e minute, Rudi Garcia pourra trouver du positif grâce à ce changement nous ayant autorisé un dernier quart d’heure sans but, un quart d’heure solide aurais-je envie de dire.

Les joueurs
Mandanda (2+/5) : En partie responsable du fait que notre nombre de buts encaissés approche celui de Guingamp, et en partie responsable du fait que notre nombre de buts encaissés n’ait pas encore dépassé celui de Guingamp.
Sarr (2/5) : Fraîchement intronisée dans la confrérie des latéraux, princesse Bouna a suscité l’émerveillement et l’attendrissement de tout ce petit monde. Sauf que Paul Lasne, lui, n’était pas là pour assister au bal des débutantes : en quelques interventions bien senties, deux dribbles casseurs de slips et un but pour finir, la reine de la soirée chez les latéraux, c’était le Montpelliérain et personne d’autre.
Rami (2-/5) : On va créer un camp de travail rien que pour toi, ça va te faire passer ta nostalgie de la Russie.
Kamara (2/5) : Au moins, les enfants-soldats, on les drogue avant de les envoyer au front. Ça leur évite de faire prendre conscience des horreurs qu’on leur fait vivre.
Amavier (1-/5) : « Dites-moi Josiane, vous qui connaissez bien la ville, vous savez si l’Arabie Saoudite a un consulat à Marseille ?
– Euh… je ne sais pas Monsieur le Président, mais je peux me renseigner si vous voulez. Pourquoi ?
– Oh, pour rien… comme ça… »
Strootman (2/5) : Solide en première période, heureux comme Obélix dans une belle bagarre entre sauvages, avant cette liquéfaction collective qu’il a peu contribué à enrayer.
Caleta-Car (74e) : Entré alors que la défense prenait l’eau. Résultat : zéro but encaissé. Si ça, ce n’est pas ce que l’on appelle un coaching gagnant, je me coupe une couille (j’hésite à rappeler Monsieur Lapin, mais je me dis que ça ferait peut-être un peu trop).
Luiz Gustavo (2/5) : En première période, comme Danton, il est allé de l’avant en réclamant, seul, « de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. » En seconde période, comme Danton il est allé à l’échafaud en disant « oh et puis merde, tiens. »
Sanson (2/5) : Au moins, c’est son tour de voir ce que ça fait quand un coéquipier salope une belle passe décisive.
Ocampos (59e, 1/5) : Entré parmi des démissionnaires pour être mis au chômage technique.
Payet (1/5) : Vous voyez Syd, dans Toy Story ? Ce petit morveux qui s’amuse à torturer les jouets en les démembrant puis en les remontant n’importe comment ? Eh bien Rudi Garcia fait pareil, mais avec des footballeurs. Maintenant que contraindre Luiz Gustavo à la défense ne l’amuse plus, il épanche désormais son sadisme en exilant Dimitri sur un côté gauche où celui-ci n’a rien à faire (et où il ne fait d’ailleurs rien).
Thauvin (1/5) : Tu aurais dû te séguer un peu plus avec cette histoire de Ligue des Champions… peut-être que tu serais alors devenu sourd et que tu n’aurais pas été gêné par ce coup de sifflet venu des tribunes, mmh ? Non, allez, je te taquine, tu nous as tellement donné, je comprends que tu veuilles changer d’air pour rejoindre l’élite. Tiens, il y avait peut-être des émissaires de City ou du Barça à la Mosson, qui sait ? Si c’est le cas, ils ont dû être ébahis de ton niveau ce soir, dis donc.
Germain (1+/5) : Dans notre rétrospective « 11 novembre », revoyons Les sentiers de la gloire, ce chef d’œuvre dans lequel des pauvres types sont envoyés en mission-suicide par des officiers incompétents, imbéciles et malhonnêtes.

Njie (68e, 1/5) : Aucun intérêt, aucune explication. Ah, si, faire chier Mitroglou.
L’invité zoologique : Andy Delorque
Flasque et adipeux quoique non dénué de la singulière prestance que lui confèrent ses dents longues, l’orque incarne ainsi cette lignée de présidents montpelliérains à l’IMC généreuse. Mais parfois, loin des tas de graisse pour Marineland que l’on connaît, l’orque est aussi à l’état sauvage un prédateur ultime, passé expert dans l’art de bouffer tout crus ces connards de phoques trop sûrs d’eux. Cette particularité fait de l’orque l’invité approprié pour évoquer ce match contre nos joueurs « tellement pinnipèdes qu’on aurait dit des Nîmois », d’après les mots d’un expert local.
– Les autres : En première mi-temps, c’était aussi moche et improductif que nous. J’aimerais dire qu’eux ont su réagir mais en réalité ils n’ont eu besoin que de savoir ramasser les cadeaux qu’on leur offrait. On sent malgré tout, malgré la mocheté de l’ensemble, une cohérence d’équipe que l’on ne serait pas loin de jalouser.
– Le classement : Nous dégringolons à la sixième place, à six points d’un podium dont on s’efforcera de parler le plus longtemps possible.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Sylvain C. frappe vite eyt fort dans ce concours zoologique encore une fois très disputé.
Bises massilianales,
Blaah.
Les boules. Match de merde au possible.
ALLEZ L’OM ! Les boules. ALLEZ L’OM !
On comprend pourquoi Garcia a été prolongé ! « On se régale » comme dirait ce cher Michel !