Aioli les sapiens,

Malgré tous les efforts entrepris par tous les peuples de bonne volonté, il semble que l’extinction de l’humanité sur notre planète, quoiqu’en bonne voie, soit prévue à une échéance qui ne nous dispensera pas de suivre cette atroce saison de football.

Il fallait ainsi nous rendre chez les Niçois, dont l’on ne peut que saluer les efforts pour se rendre chaque année un peu plus antipathiques. C’est que le club de cette ville aimable vient d’être racheté par les non moins aimables gens de chez Ineos, société connue pour œuvrer dans les domaines si glamour de la pétrochimie et du cyclisme sous oreillette. Mais peine perdue, il manque encore aux Niçois ce petit détail pour parvenir à ce qu’on les déteste tout à fait : gagner contre nous, ce qu’ils ne réussissent pas à faire depuis désormais 6 matchs.


Les transferts


L’équipe

Mandanda
Sakai – Kamara – Alvaro – Amavi
Sanson – Strootman – Lopez (Germain, 70e)
Sarr (Caleta-Car, 88e) Benedetto (Luiz Gustavo, 81e) Payet


Thauvin toujours blessé, l’équipe s’aligne dans un 433 où s’installent nos deux recrues, mais pas Luiz Gustavo. Ce dernier est ménagé sur le banc, en attendant de savoir quel tournant va prendre sa vie : soit « c’est l’amour fou et éternel même qu’il va intégrer l’équipe technique à la fin de sa carrière », soit « il dégage à Fenerbahce contre 7 M€ si on a de la chance ».


Le match

L’affaire part sur des bases pas franchement enthousiasmantes, le léger surcroît de détermination affiché par nos joueurs étant vite annihilé à force de passes en touche, centres à la trajectoire remise entre les mains de Dieu et slipomètre défensif régulièrement huilé.

Sans être dominés outre mesure, le destin du match paraît pour le moins aléatoire. C’est alors que Clément Turpin interrompt la partie pour laisser se disputer le vrai affrontement qui tient la France en haleine depuis des semaines : le jeu du plus con entre les autorités et les supporters, dans lequel les Niçois viennent de placer une attaque digne de leur désormais collègue Christopher Froome dans le Ventoux.


Il est délicat de se mouvoir dans ce débat complexe où menacent deux écueils particulièrement rudes : d’une part, une homophobie qu’il faudrait être sacrément hypocrite pour ne pas considérer comme latente – avec un e je vous prie – dans le milieu du football, et de l’autre des instances qui aimeraient bien ajouter à leur panoplie d’autoritarisme l’éradication indignée de toute parole non conforme. Le football, c’est comme le carnaval, un moment rabelaisien où l’on peut bien s’autoriser quelques outrances comportementales et langagières, certes. C’est sain. Mais bon, d’un autre côté, si cela contribue à rendre un peu plus merdique qu’elle ne l’est déjà la vie des diverses minorités, cela devient déjà plus dispensable. Nous voici donc à deux doigts, jour après jour, d’appeler la VAR pour nous aider à l’exégèse du terme « enculé » afin de vérifier à quelle acception du mot dans le Littré correspond l’invective : à une pratique sexuelle (pas acceptable), ou juste à un enculé (acceptable quoi que pas poli). En résumé, les paroles homophobes, c’est comme les mains dans la surface, on n’est plus trop sûr de rien. Un doute, un flou, des nuances, donc, que les Niçois ont décidé ce soir de résoudre : à leur manière, c’est-à-dire entre autres d’un subtil et coloré « pédale » déployé sur une banderole de 10 mètres de long.

Le chiffon rouge agité par la LFP et Marlène a donc fonctionné à merveille : les cons sont lâchés. Eux-mêmes peuvent se féliciter du succès de leur propre banderole-appeau à connards, matérialisé dans un délai de dix minutes par l’inévitable tweet indigné de Marlène qui n’a jamais autant regardé de football que ces derniers temps (sauf du football féminin, faut pas déconner non plus).

Mais bon, comme on a pu le lire ça et là, ces banderoles n’étaient qu’une innocente provocation à prendre au second degré, cela va de soi. De la part de Niçois réputés pour leur amour du prochain, leur esprit de tolérance et leurs idéaux sociaux-démocrates, je ne comprends même pas que l’on puise imaginer autre chose. Personnellement j’y ai lu du Desproges, même si ça manquait un peu de Juifs.


Bref, une fois purgé cet intermède désolant mais qui n’aura surpris personne, le vrai match peut enfin commencer. Et là, mâtin ! l’OM se remet à faire n’importe quoi, mais le fait bien. Jordan Amavi manque de perdre le ballon dans son camp en conduisant trop loin sa balle, mais obtient le contre favorable avant que Sanson ne fasse plus ou moins la même chose. Au centre, Payet nettoie cette action dégueulasse d’une remise bien sentie pour Strootman. Kevin y va de sa passe à la one-again, qui trouve néanmoins Benedetto, lequel lance astucieusement Sarr dans le dos de la défense. Bouna fait ce qu’il sait faire le mieux : courir vite et centrer en fermant les yeux. Dévié par un Niçois, son centre pour dégun se transforme en passe décisive pour Dario, qui reprend sans contrôle. Dante foire son intervention puis Benitez son arrêt, pour une ouverture du score d’une sublime analité (0-1, 31e).

Hormis une confiance limitée en nos latéraux devant les attaques niçoises et deux actions rattrapées par le bout du slip dans notre surface, nous ne souffrons guère en cette fin de première mi-temps. Au contraire, nous passons tout près du second but quand Payet distille un délice d’extérieur du pied pour Sanson qui, trouvant qu’il manque d’insultes en ce moment, place sa tête à bout portant pile sur le gardien.


Rien de bien nouveau à la reprise, Nice menace sans parvenir à tirer, et l’OM voit ses contres sabotés par quelque maladresse à un moment où à un autre. À l’heure de jeu, l’entrée d’Atal côté azuréen marque le réveil en fanfare de nos adversaires. Sitôt sur le terrain et lancé en profondeur, l’Algérien envoie une lourde superbement détournée par Mandanda, qui offre en bonus l’arrêt-réflexe sur le corner qui s’ensuit. Mais même un Steve en état de grâce ne peut rien contre le double facteur Amavi-Turpin ; non, ce n’est pourtant pas la plus grosse cagade de Jordan ; non, ce n’est pas la plus grosse enculerie (pardon) arbitrale dont nous ait gratifié Clément Turpin. Mais quand les deux se rencontrent, quand le plus-que-léger accrochage d’un Jordan en retard croise l’œil acéré-quand-ça-l’arrange de l’arbitre, survient ce qui doit survenir : pénalty. Cyprien transforme d’un modèle de tir en lucarne (1-1, 66e).

Nice a Youcef Atal, nous avons Valère Germain. Sisi, on ne dirait pas, comme ça,mais attendez plutôt. Valère entre en jeu quelques minutes après l’égalisation, et l’un de ses premiers ballons est une remise de la poitrine après un duel autoritaire de Sakai. Sarr profite de la passe pour courir très vite s’empaler dans la défense, et qui surgit pour récupérer le premier ce ballon qui traîne ? Germain lui-même, à point nommé pour récupérer et subir une bonne faute de benêt de Pelmard en pleine surface. Payet s’applique et place le pénalty hors de portée du gardien (1-2, 73e).

Brièvement transformé en 442 à l’arrivée de Germain, le schéma passe peu après en 4231 avec l’entrée de Luiz Gustavo, puis à 5 défenseurs quand Villas-Boas est pris de cette rétractation gonadique si familière à Rudi Garcia. Nous subissons assez paisiblement cette fin de match, aidés par un Mandanda efficace et des supporters Niçois très prévenants. Jugeant peut-être que leur comportement au cours du match risquait d’être insuffisant pour l’obtention d’un prix Nobel, ceux-ci en rajoutent une couche en bombardant Payet d’objets divers, laissant joyeusement s’évaporer l’une des cinq minutes de temps additionnel. Le score reste inchangé, de même que la propension de l’OGC Nice à nous sortir de l’ornière saison après saison.


Les joueurs

Mandanda (4+/5) : On jurerait que sa parenthèse adipo-dépressive n’a jamais existé, un peu comme si Elvis Presley revenait maintenant et démarrait une nouvelle tournée en disant « je vous ai bien eus, hein ? »

Sakai (3-/5) : Si comme moi vous n’êtes pas très à l’aise en voyant Villas-Boas devoir confier notre côté droit à Sakai et Sarr, rappelez-vous que certains ont confié l’arme atomique à Donald Trump et Boris Johnson. Je vous assure, ça aide à relativiser.

Kamara (3/5) : Les enfants c’est ça, on a beau les prévenir assez tôt qu’ils faut reprendre le rythme de l’école, ils continuent à faire les cons tous les soirs du mois d’août. Là, visiblement, Bouba a enfin fait sa rentrée.

Alvaro (3+/5) : Il n’a pas réussi à contenir les Niçois dans leur temps fort, mais a permis de faire en sorte que ce temps fort ne dure pas plus de trois minutes.

Amavi (2/5) : Pas si mauvais mais bon, une nouvelle fois the wrong man at the wrong place comme on dit . Quand c’est Turpin qui arbitre ou qu’on a un match important, il devrait tenter un truc : faire sa cagade défensive ou concéder un pénalty dès la première minute du match. Comme de toute façon c’est inévitable, la formalité serait expédiée le plus vite possible et il pourrait se concentrer sereinement sur le reste de la rencontre.

Strootman (3/5) : Semble peu à peu retrouver le bonheur de défoncer du milieu adverse, même si cette renaissance s’accompagne encore de quelques maladresses, duels incongrus et passes tartinées à la va-vite.

Lopez (1/5) : Si si, il a joué, c’est juste qu’il faut aller sur le site des CIQ du 8e arrondissement pour voir ses stats.

Germain (70e, 4/5) : Une entrée, un péno obtenu deux minutes après, une belle tête malheureusement parée par le gardien. Valère Germain pourrait légitimement dire « si je ne suis pas dans le onze je suis comme Solskjaer : un joker, un super-sub ». Enfin non, il ne pourrait pas le dire, mais c’est l’idée.

Sanson (2/5) : Des efforts louables pour hisser son impact au-dessus de l’éctoplasmique. On l’a vu, on l’a bien vu, on l’a beaucoup vu, mais le problème est que l’on a aussi vu ses ratés en proportion. C’est qu’il existe deux sortes de passes ou d’occasions ratées : celles, anodines, au cours d’une action floue ou sans intérêt et dont le supporter dit au maximum : « oh, flûte ». Et celles , pas beaucoup plus grossières pourtant, dont la manière d’être filmées ou le moment auquel elles surviennent semblent plutôt nous dire : « niquez donc la mère de ce joueur ». Pour son malheur, il semble que Morgan soit voué à pratiquer surtout les secondes.

Sarr (2+/5) : Oui, oui, il a débordé. Le lait aussi, il déborde, mais ça ne l’empêche pas de casser les couilles quand ça en fout partout.

Caleta-Car (88e) : Définitivement pas fan de ce genre d’entrée censée rassurer la défense et qui rassure absolument dégun : ni l’équipe (on va se préparer à subir notre race), ni nous (un défenseur de plus, un joueur de plus potentiellement apte à faire une cagade), ni même l’entraîneur (qu’est-ce que je vais prendre si c’est lui qui coûte l’égalisation). Mais bon, tout s’est bien passé cette fois.

Payet (4-/5) : Pas dans le registre « maestro », il a plutôt distillé à intervalles divers quelques fulgurances qui nous rappellent que le Beau existe et qu’il peut survenir à tout moment (sauf dans les grands matchs, on sait, mais c’est pas le sujet bande de philistins).

Benedetto (4-/5) : Une montée en puissance physique qui se traduit sur le plan du jeu, avec le brin de réussite (non scientifique de la grosse moule improbable) qui lui fait obtenir ce que l’on attend de lui en priorité : le but.


L’invité zoologique : Christophe Hirondelle

Connue pour sa régularité l’hirondelle est bien l’invité approprié pour raconter ce match contre des Niçois nous rencontrant depuis mai 2017 avec le même esprit conciliant, un désanussage bimestriel qui leur a jusqu’ici coûté, justement, six rondelles. Nous nous reverrons au printemps.

– Les autres : Maladresse devant, naïveté derrière, la proie rêvée pour nous refaire une santé du moment que l’on se montre un tantinet sérieux. Bon, au match retour, leurs recrues de club nouveau riche seront sur le terrain et plus en tribune, ce qui risque de ne plus nous jouer tout à fait la même musique.

– Le classement : Bienvenue, la défaite de Lyon nous permet de nous trouver à deux points de ces derniers, de même que du PSG et de Lille, tandis que Rennes domine et que Monaco continue à pédaler dans la choucroute.

– Le classement qui nous concerne vraiment : Cette victoire solide nous extirpe simultanément du groupe des équipes à chier et du groupe des équipes dépressives. Puisse cette situation durer.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, et sur Twitter. Florent L. réalise la passe de deux au concours zoologique. En pariant sur une interruption de 10 minutes, Johny Kreuz remporte quant à lui le bonus Marlène Schiappa.


Bises massilianales,

Blaah.

L’important, c’est que le dialogue progresse.

7 thoughts on “Nice-OM (1-2), La Canebière académie la joue fine

  1. Non mais il y avait quoi sur la banderole au finale ?
    Par ce que moi j’ai rien vue de choquant.

  2. Cyclisme et pédales chez Ineos, ça se tient.
    J’ai raté notre belle victoire.
    Allez l’OM !!!

  3. Peut-on être interdit de tribune quand on manie la plume plutôt que le mégaphone? Roxana Roxana et en route pour la joie

  4. tu m’avais manqué.
    comme toutes les occasions de ces deux dernières jour… non rien
    juste tu m’avais manqué.

    1. Je m’attendais à une qualité d’acad moindre avec le retour de la victoire, et il n’en est rien… bravo, continuez !

  5. Allez, je sens qu’une série commence, j’espère que votre lancée ne sera pas interrompue par une trê… Non, rien, oublie…

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