OM-PAOK Salonique (2-1), La Canebière académie garde la tête froide
On n’allait pas se rendre le retour facile, non plus.
Aïoli les sapiens,
Pas de doute, les grands soirs européens sont de retour. Si le trophée en jeu n’est pas le plus prestigieux, les 3 000 supporters grecs descendus foutre le oai en ville se sont chargés de faire monter la pression dès la veille, sous les yeux effarés d’une préfecture capable de prendre toutes les mesures privatives de libertés pour un OM-Lorient au prétexte qu’un Marseillais se serait mis un merlu dans le cul devant le parcage breton en 1972, mais incapable d’anticiper le fait que des centaines de hooligans, se comportant comme des hooligans et se revendiquant hooligans se montrent irrespectueux des règles édictées.
Véritables barulaïres de tous les stades d’Europe où on peut recevoir des trucs sur la tête, on ne peut que souhaiter à nos joueurs de gagner leur ticket pour le tour suivant, qui les emmènerait contre le Feyenoord poursuivre leur test comparatif des différentes formes de bouteilles appliquées sur un cuir chevelu. L’histoire réclame donc que l’obstacle grec soit franchi.
Les Longorious Basterds
Mandanda
Lirola (Rongier, 63e) – Saliba – Caleta-Car– Kolasinac (Kamara, 63e)
Guendouzi – Gueye – Gerson
Ünder – Bakambu (Dieng, 46e) – Payet
Milik est toujours blessé, Alvaro sous le coup d’une obligation de quitter le territoire marseillais et De La Fuente perdu dans le triangle des Bermudes. Mandanda conserve en coupe d’Europe a place de titulaire et le brassard qui va avec. Deux vrais latéraux encadrent nos centraux habituels, Gueye remplace Kamara et Bakambu est aligné en pointe.
Le match
Une récupération haute dès la première minute permet à Bakambu d’ouvrir les hostilités. Pourtant, les Olympiens mettent quelques minutes à faire du ballon leur propriété. Après une ou deux approches aguicheuses, Payet trouve Gerson à la limite du hors-jeu : de l’entrée de la surface, le Brésilien enchaîne sans se décoiffer petit contrôle en pivot, contrôle de la poitrine et frappe enchaînée extérieur du pied en toute décontraction (1-0, 13e).
La domination de l’OM est totale et, comme toujours cette saison, se traduit par un nombre famélique d’occasions. On aimerait tellement que les joueurs, dans ces moments de facilité, sachent se faire violence pour pousser leur avantage, surtout face à des faibles dont on sent bien qu’il ne faudrait guère plus de pression pour exploser totalement. Par exemple, à la demi-heure de jeu, il suffit que Bakambu fasse « coucou » à un défenseur central pour que celui-ci le serve sur un plateau : prenant l’espace, Cédric décale en bout de course Ünder, qui ne parvient pas à battre le gardien. Plus tard, Cédric est lancé seul dans l’axe par Payet mais, faute de spontanéité, se fait reprendre par un excellent retour. Il y récolte au passage une blessure qui semble à l’origine de son remplacement à la pause.
Finalement, un nouveau coup de panique offre à l’OM un corner gratuit juste avant la mi-temps. Cengiz le joue en retrait pour une volée fouettée après rebond de l’extérieur du pied signée Payet, dont la qualité ne saurait être retranscrite justement par nos mots dérisoires. A la rigueur, si l’on pouvait publier ici un opéra incluant des paroles de Garcia Marquez sur une musique de Verdi dans des décors de Rembrandt et filmé par Stanley Kubrick, là on aurait une chance de rendre compte de ce que tout Marseille a résumé plus sommairement par un « OOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOH » unanime. Bref, prenez trois rouleaux de sopalin et revoyez la vidéo (2-0, 45e).
Tout chef d’œuvre qu’il soit, ce deuxième but n’empêche pas l’OM de faire de l’OM. Le PAOK appuie dès la reprise et, après avoir évacué d’un tacle une première alerte, Gueye joue la relance courte pour Payet attendu au tournant par trois Grecs. Tout leader technique qu’il soit, Dimitri explose au pressing devant notre surface. Trouvé d’une talonnade, El Kaddouri réduit le score d’un but ma foi lui aussi fort joli (2-1, 48e).
Nous connaissant, ce but est a priori un mal pour un bien, puisqu’il nous évite le schéma habituel de longues minutes soporifiques suivies d’une panique en fin de rencontre. Du reste, Marseille semble valider la théorie de l’accident en se réveillant pour retourner faire parler sa domination. Ünder s’essaie ainsi au but fantastique mais manque sa volée, avant de connaître un nouveau tir contré. La catastrophe passe près quand, peu avant l’heure de jeu, un attaquant est lancé plus qu’à la limite du hors-jeu mais pique son ballon juste à côté du but. Pour autant, si le parcage adverse est bouillant, il ne devra pas nous faire oublier ce constat de base : les membres du PAOK sont nettement plus intimidants avec une barre de fer dans les mains qu’avec le ballon dans les pieds.
Sampaoli transforme son équipe en sacrifiant les latéraux pour passer à trois défenseurs. Quoique moins maîtrisé qu’en première période, le jeu abonde en occasions : Dieng et Caleta-Car sont tout d’abord trop courts pour reprendre un centre d’Ünder, avant que Payet ne frappe fort à côté. Guendouzi est tout près de marquer littéralement du cul sur un corner au premier poteau, ce à quoi le gardien oppose logiquement une RAIE, suivie d’une re-RAIE sur la reprise, que Saliba ne trouve rien de mieux à faire que d’expédier droit sur lui.
Le fait de ne pas accroître notre avantage s’avère frustrant mais doit être nuancé par la certitude que, même avec trois buts d’avance, nous ne serions pas plus sereins au moment d’aborder le match retour. Les Grecs nous promettent l’enfer, et ils auraient tort de se priver tant le dernier quart d’heure leur exhibe notre facilité à perdre nos nerfs. Gerson inaugure ainsi le bal des cartons jaunes, suivi par Sampaoli. Nous continuons à gâcher des occasions, notamment par Gueye qui tente une talonnade improbable au lieu d’exploiter lui-même le service trois-étoiles d’Ünder. A une minute de la fin, Kamara y va de sa faute bête, qui le privera lui aussi du match retour. Pire, sur un ultime corner en notre faveur, la contre-attaque s’enclenche et Rongier se prend soudain de pudeurs de pucelle au moment de commettre la bonne grosse faute utile de porc qui s’impose sur la ligne médiane. Bien joué l’artiste : quarante mètres plus bas, c’est Gerson qui finit obligé de s’y coller et nous fait toucher le jackpot – coup-franc dangereux, deuxième carton jaune, et carton-bonus pour Dieng qui sera lui aussi suspendu.
Alors que l’on cherche en vain notre entraîneur en train de conjurer les joueurs de garder leur calme, Jorge Sampaoli est en train de montrer un exemple de self-control en cherchant à tout prix à déboîter l’entraîneur adverse, seulement retenu par Abardonado et l’attachée de presse. Certes, sur le fond, les déclarations aussi imbéciles qu’incendiaires de Lucescu après le match auraient peut-être justifié a posteriori deux claques dans la gueule. D’un point de vue pragmatique, on ne peut en revanche que regretter notre propension à nous faire engrainer, ce qui répond parfaitement aux intérêts d’adversaires qui ne pourraient trouver aucune supériorité balle au pied. Certes plus facile à dire qu’à faire lorsque tout le stade Toumba vous balargue l’intégralité du magasin Ikea de Thessalonique à chaque corner, mais il faudra ne pas se laisser hanter par le Ronquinquant et garder la tête suffisamment fraîche pour se souvenir que, sur le terrain, il demeure un gouffre d’écart entre les deux équipes.
Les joueurs
Mandanda (3/5) : Quelques sorties de bon aloi pour égayer son match, oscillant la plupart du temps entre ne rien avoir à faire et se manger un but imparable.
Lirola (2/5) : Un latéral chez Sampaoli c’est comme Christine Boutin sur un plateau porno, même en y mettant de la bonne volonté il a du mal à se sentir à sa place.
Rongier (63e, 2-/5) : Le petit coup de lâcheté pour éviter le carton jaune, mais qui aboutit à faire punir plus sévèrement à la fois Gerson et Dieng, on attendait mieux de la part du courageux Rongieur.
Saliba (4-/5) : Passons sur sa prestation défensive, il a géré du Grec une main dans le slip, c’était très bien, on verra surtout ce que ça donne sous pression jeudi prochain. En revanche, emporquéjer systématiquement les bonnes positions pour marquer de la tête, c’est un peu comme les face-à-face ratées de Guendouzi naguère, ça va finir par nous nifler un tout petit peu, à force.
Caleta-Car (3+/5) : Acquitté au bénéfice du doute des présomptions pesant sur lui concernant le but et la grosse occasion grecques (accord de proximité, faites pas chier sinon la prochaine fois c’est le point médian dans vos faces). Ces deux incertitudes mises à part, l’ours des Balkans a posé ses grosses patasses sur les attaquants qui n’ont dès lors pas réussi à faire grand-chose.
Kolasinac (2+/5) : Un vote Jadot : c’est cohérent et respectable mais ça ne sert pas à grand-chose contre les affreux.
Kamara (63e, 2+/5) : Alors le carton idiot de la 89e, si le match retour se passe bien, cela deviendra finalement une bonne affaire. Mais pour l’instant, ça reste surtout une grosse boulette.
Gueye (3-/5) : Ébloui comme nous tous par Dimitri, il lui adresse une passe slipométrique, à l’image de la petite fille qui s’émerveille de l’artiste de cirque et lui demande « Et maintenant, tu peux jongler avec des tronçonneuses allumées s’il te plaît ? ».
Guendouzi (2+/5) : Inhabituellement mouligasse pendant une bonne partie du match, contemplant les gesticulations des tribunes avec un bâillement blasé. Monte en température en même temps que l’ambiance en fin de match, et sera sans doute à maturation idéale pour niquer des mères dès le coup d’envoi du match retour.
Gerson (4-/5) : Étincelant pendant une heure, avant de baisser de pied et de prendre ce carton fatal. Quel dommage, on aurait tellement aimé le voir dans le stade de Thessalonique faire ses petits pas de danse avant d’envoyer un délice dans la cage du PAOK suivi de plein de bisous vers les tribunes.
Ünder (4-/5) : Remuant et insaisissable, il gagne l’honneur d’être désigné pour servir la passe décisive à son altesse extérieurissime Dimitri Payet. Le seul geste de Cengiz couronné d’une réussite chiffrée, d’ailleurs, malgré ses multiples tentatives de tirs pour de centres.
Payet (4/5) : Oui, oui, oui, il perd le ballon sur la réduction grecque, oui. Et alors ? Et les grands artistes, Vermeer, Van Gogh, Rocco Siffredi, Cézanne, tu ne crois pas qu’eux aussi avaient besoin d’essuyer leurs pinceaux après un chef d’œuvre ?
Bakambu (3-/5) : Rate certes des occasions mais sans nous amener cependant à crier « rhâ mais putain qu’est-ce qu’il fait encore ce mastre, eh mon vier ah ». Cela représente donc un indicateur fiable d’un match intéressant de la part de Cédric.
Dieng (46, 1/5e) : Un match discret et un carton jaune si stupide qu’il nous a fait penser à Jo le Sconse, il y a dix ans. Oui, dix ans. Rien que pour ce coup de vieux je te sacque, tiens.
L’invité zoologique : Douglas Langousto
Contrairement à une idée largement répandue, la langouste se nourrit exclusivement de fruits de mer. Ce qui ne l’empêche pas de rester très humaine. Plutôt que de nous attarder sur les clubs violents, regardons plutôt des documentaires sur les langoustes.
– Les autres : vingt classes en dessous de nous, excepté leur gardien qui n’a rien fait qu’à faire le contrariant. Même transcendés par un public de tarés, ça se doit démonter sans problème (sauf si bien sûr nous-mêmes nous trouvons en couches-culottes devant ledit public).
– Coming next : Montpellier, PAOK, le PSG. Il se peut que ces Pâques s’avèrent dantesques.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte encore le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.