OM-Reims (2-1) : La Canebière Académie se met en place

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Le rodage c’est bien, le rodage avec la victoire c’est mieux.

Aïoli les sapiens,

Faut que je vous narre une anecdote, dans mes folles années j’ai fait un stage chez Marcel Rufo (comme étudiant, pas en tant que patient). Le fameux pédopsychiatre relisait à l’époque les épreuves de son best-seller à paraître : « L’enfant, ce casse-couilles si mystérieux ». Prenons l’exemple d’un repas du soir, banal. Il y a de la pizza, celle que l’Enfant apprécie d’habitude, si ce n’est que le cuistot a pour une fois mis de l’origan dessus. Le goût ne change que de manière minime, mais rien à faire l’Enfant a vu l’origan et il bloque. Et là ce qui devait être une soirée banale se transforme en cauchemar dantesque. L’Enfant disposait pourtant de deux options relativement évidentes : 1°) ne pas faire chier et manger, c’est facile, l’affaire est résolue en deux minutes et en plus c’est un plat qu’il aime, d’autant que les parents ont consenti à ôter chaque feuille de l’ingrédient honni une par une à la pince à épiler ; 2°) pourrir la soirée de toute la famille contre son propre intérêt, hurler et pleurer, se rouler par terre se faire priver de dessin animé sachant de toute façon que l’horloge a atteint 22h30 le temps que se déroulent des négociations interminables.

Que dirait Marcel Rufo de l’OM, cette autre entité parfois mystérieuse et souvent casse-couilles, à laquelle dans un moment d’inconscience nous avons lié notre existence pour quasiment toute une vie. Après la défaite inaugurale contre le Panathinaïkos, l’OM se trouve dès l’ouverture de la Ligue 1 confrontée à deux options : 1°) tomber dans la crise et se faire huer par tout le stade dès le deuxième match, se faire lourder de la Ligue des Champions dès le troisième, perdre tous ses espoirs en championnat avant la rentrée scolaire, voir la Commanderie saccagée en octobre et comme cadeau de Noël se faire brader par McCourt à un conglomérat sino-ivoiro-maltais qui liquidera l’effectif au mercato d’hiver ; 2°) ne pas faire chier et remporter le match pour s’éviter des problèmes.


Les Longorious Basterds 

Lopez
Clauss – Gigot– Mbemba – Renan Lodi
Mughe (Sarr, 50e) – Rongier (Veretout, 67e) – Kondogbia– Ounahi (Guendouzi, 83e)
Ndiaye (Aubameyang, 67e) – Vitinha (Harit, 83e)

Les enjeux du mercato font disparaître Malinovski et Ünder de la feuille de match aussi sûrement que des dignitaires communistes en disgrâce sont effacés de la photo de famille du Parti. Par rapport au match précédent, nous constatons les apparitions de Mbemba à la place de Balerdi, de Mughe à la place de Sarr et de Vitinha à la place d’Aubameyang.


Le match

Si la première offensive olympienne est lancée par un hippopotacle monstrueux de Gigot, les impressions confirment ce que la tête de CPE dépressif de notre nouvel entraîneur laissent présager : le style de l’OM, ça ne va pas être la fête du slip tous les jours. La fantaisie est finalement apportée par nos absences d’automatismes défensifs, qui conduisent par exemple chaque offensive développée sur notre gauche à se conclure par un centre dangereux. Ne sachant pas s’il doit serrer en défense centrale ou couvrir les arrières de Lodi, Memba fait l’essuie-glace dans la surface où il finit par laisser Ito seul à la réception d’une remise de la tête. Le Rémois ajuste Lopez d’une volée adroite (0-1, 10e).

Avec la tête froide, n’importe quel collectif expérimenté sait traiter l’incident pour ce qu’il est : une simple péripétie qui ne doit pas entraver la marche en avant de l’équipe. Et c’est alors que, contre toute attente, l’OM repart de l’avant plutôt sereinement au lieu de paniquer en faisant n’importe quoi, comme il était pourtant d’usage ces dernières saisons au Vélodrome. Même Vitinha à qui la fin de saison dernière prédisait une reconversion rapide comme taraillette géante en enseigne du salon de la poterie d’Aubagne, ressemble désormais à un joueur de football, ce qui n’est pas le moindre de nos facteurs d’espoir.


Nous nous mettons même à remporter des seconds ballons et à réussir des pressings dans le camp adverse : devant tant d’audace, Marcelino frissonne jusqu’à devoir réprimer des petites fuites urinaires, comme cette fois à la boum du camp scout où sous les yeux de Jenny il a profité de l’absence momentanée d’Arturo le DJ pour passer un disque des Clash. Sa jeunesse défile devant les yeux de l’entraîneur, qui revoit Arturo lui péter la gueule pour avoir touché à ses disques avant de partir dans les buissons rouler des pelles à Jenny. C’est à peine s’il voit Ounahi, après un pressing de Vitinha, récupérer le service de Ndiaye pour placer un superbe enroulé de l’entrée de la surface (1-1, 23e).

L’égalisation ainsi acquise, l’équipe reprogramme aussitôt le limiteur de vitesse de la Mégane à 109 km/h. Reims monopolise le ballon et continue de nous taquiner le slip, notamment sur la gauche. Zombifiés, nos milieux et défenseurs laissent Reims développer une action qui se conclut par le second but d’Ito, refusé cependant pour une sortie en touche. Dans la foulée, Ounahi intercepte une mauvaise relance et sert Vitinha dans la profondeur : notre avant-centre réussit une percée de troisième-ligne conclue par un piqué subtil, mais l’arbitre assistant vient à son tour gâcher la fête.

Si la mi-temps se conclut sur une impression visuelle mitigée, les statistiques affichent un cruel 33 % de possession de balle pour les nôtres. L’OM a dès lors tout intérêt à afficher par la suite une maîtrise un peu supérieure afin de se ménager, sinon la victoire, du moins un peu de patience de la part des supporters.


Blessé, Mughe doit rapidement se voir remplacé par Sarr. L’OM remporte plus de duels, maîtrise davantage la balle, joue un peu plus dans le camp adverse : pressé par les circonstances, Marcelino prend ainsi tous les risques, ce qui n’est pas sans lui rappeler ce fameux jour de juillet 1999 où le conteneur jaune était plein ce qui l’a conduit à jeter au conteneur vert son pot de Flamby non emballé dans un sac plastique. L’heure de jeu est laborieusement franchie sans occasion notable d’un côté ou de l’autre. Toujours combatif, Vitinha redevient pourtant l’homme-pot-de-ficus l’espace d’un dixième de seconde, juste le temps de gâcher un bon service de Clauss. Dans la foulée, notre jeune attaquant n’en montre pas moins une force de caractère certaine pour inscrire ce que, pour en avoir nous même subi une palanquée dans un passé récent, nous pouvons sans discuter classer parmi les « buts à la con ». Une bête touche est ainsi envoyée à Sarr, qui protège admirablement son ballon dans la surface, avant de le donner en retrait. Premier sur l’affaire, Abdelhamid est pourtant victime d’un accès de maladie du sommeil et se voit pourri par Vitinha. Plus vif, le Portugais fume le défenseur et bat le gardien de près (2-1, 73e).

Samuel Gigot hurle alors « On recule pas les gars », aussitôt recadré par Marcelino qui se tape le front de l’index : « Mais bien sûr qu’on recule coño, il est fou lui !? ». Rétractation gonadique de bon aloi, l’OM célèbre son avantage en formant un blocquéquipe discipliné, charge aux offensifs de décocher leurs flèches en contre-attaque. Sarr notamment s’en charge d’une manière intéressante, ses actions étant cependant avortées par cette curieuse tradition olympienne consistant à disposer toujours d’au moins un joueur trépané dans son équipe.

Rendons néanmoins justice à cet OM malgré les moqueries, la fin de rencontre et son interminable temps additionnel ne sont marqués par quasiment aucun incident slipométrique. La défense maîtrise son sujet d’une façon relativement sereine, d’autant que cette année les tirs désespérés de 30 mètres de nos adversaires ont l’air d’enfin vouloir retrouver leur habitat naturel : le virage. Le futur dira si les difficultés de l’OM à faire le jeu ne dureront que le temps de montée en puissance du collectif, ou bien si 2023-2024 sera placée sous le signe du soporifique moyennement maîtrisée. Dans l’immédiat, l’impression reste donc mitigée, ce qui s’avère toujours mieux que le niquage de mères unanime qui n’aurait pas manqué de suivre un nul ou une défaite.


Les joueurs

Lopez (2/5) : Se recroqueville sur sa ligne en pleurant quand Mbemba lui protège la balle. Mbemba, merde quoi, le mec fait 80 kilos de muscle pur, le moindre attaquant qui essaierait de le presser se verrait promettre de compiler ses sept vertèbres cervicales en une seule, Chancel, s’il était garde du corps de journaliste mexicain les narcos viendraient lui rendre leurs armes en sanglotant. Bah Pau Lopez, quand Mbemba lui protège la balle, il a peur de sortir. Même la gerbille de mes filles a moins peur que Pau Lopez, et pourtant le chat fait la sieste sur sa cage.

Clauss (4/5) : Pablo Longoria a fait placer des sentinelles chargées de tirer à vue sur tout acteur de télé-réalité qui s’approcherait à moins de 100 mètres de son domicile. Les performances de Jonathan s’en ressentent.

Gigot (3/5) : Un style qui incarne à merveille l’expression « chasser les mouches avec un bazooka » (à ne pas confondre avec Martine Vassal dont l’action incarne à merveille l’expression « enculer les mouches avec une pompe à vélo »).

Mbemba (2/5) : « Tiens Chancel,je te rends ton passeport, je viens de te le faire tamponner de visas pour la Turquie, l’Arabie Saoudite, le Royaume-Uni, les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, le Brésil, l’Algérie et Singapour, on sait jamais ce qui peut se passer au mercato. Mais en attendant on compte sur toi pour que tu sois concentré à 100 % sur les matchs, hein. »

Renan Lodi (2+/5) : Aux choux et victime de la désorganisation collective, il se fait désosser par son adversaire Japonais en première mi-temps. Renan a retourné la situation en seconde avec ce qui représente l’équivalent de l’arme nucléaire pour tout footballeur expérimenté : la Daronnerie. Les Adidas noires, le T-shirt Domyos Décathlon, la calvasse « Turquie moi jamais », et c’est parti pour faire pleurer les jeunes pendant 45 minutes d’intelligence et de vice.

Mughe (2/5) : Rappelons que le temps nécessaire à voir François-Régis s’installer au plus haut niveau est doublé du fait de la règle du prénom composé. Jurisprudence George-Kevin et André-Frank, c’est pas moi qui fais les règles.

Sarr (50e, 3-/5) : Une passe décisive qui prolonge sa lune de miel actuelle, celle où les supporters le voient accélérer avec le ballon en criant « oh là là, qu’est-ce qu’il va nous faire ? ». A lui d’être plus efficace pour éviter la période de désillusion, celle où les supporters le voient accélérer avec le ballon en criant « oh là là, qu’est-ce qu’il va nous faire ? »

Rongier (3/5) :Il a passé la saison dernière à courir partout pour boucher les trous occasionnés par les fous furieux qui l’entouraient, autant dire qu’il accueille avec soulagement le premier entraîneur qui tire ses lignes de 442 avec le soin qu’on offre d’habitude aux parterres d’hortensias à Giverny.

Veretout (67e, 3/5) : Equilibre, hygiène et géométrie.

Kondogbia (2+/5) : Manque encore d’automatismes pour que son compère et lui verrouillent complètement le blocqéquipe chiant efficace souhaité par Marcelino.

Ounahi (4/5) : Un joli pétard que n’aurait pas renié Dimitri Payet, à qui l’on souhaite tout le meilleur pour son dernier défi brésilien. Quoi que l’on dise, le romantisme dans le football n’est pas mort, Messieurs.

Guendouzi (83e) : Un temps de jeu dont on ne sait pas bien s’il est défini par l’entraîneur pour les besoins de l’équipe ou par Longoria au titre d’échantillon promotionnel pour clubs acheteurs.

Ndiaye (2/5) : L’inconvénient d’avoir effarouché les influenceurs de télé-réalité autour du domicile de Jonathan Clauss, c’est qu’ils risquent de se rabattre sur d’autres proies. Pablo Longoria songe à installer des patous devant l’hôtel d’Illiman, spécialement dressé pour mordre tous les mollets tatoués qui passent trop près.

Aubameyang (67e, 2/5) : Toujours appliqué à éviter l’erreur d’un bon nombre d’attaquants marseillais, à savoir susciter trop d’espoir en marquant trop tôt.

Vitinha (4/5) : D’énormes progrès accomplis aussi bien en football qu’en français. C’est ici qu’on constate la force de caractère propre au sportif de haut niveau, moi à sa place, si j’avais passé six mois çà subir des vannes faciles de la part de connards écrivant sur des sites d’humour douteux, je me serais roulé en boule sous l’évier jusqu’à la fin de mon contrat.

Harit (83e) : On n’a pas davantage tenu le ballon à son entrée, mais de toute façon ce n’était pas le but apparemment.


L’invité zoologique : Azor Tatousiwa

Le tatou est un animal assez agaçant pour les ingénieurs en construction, du fait de sa propension à creuser des trous partout où il passe (et aussi pour être le porteur du bacille de la lèpre, mais ce n’est pas le problème qui nous intéresse ici). Malgré tout, il s’agit d’un commensal peu nuisible au-delà du raisonnable et dont on arrive toujours à s’accommoder.

  • Les autres : Alors quelque chose me dit qu’on ne va pas être les seuls à en chier contre cette équipe généreuse et ambitieuse (ou alors, comme le football est une pute, ils prennent défaite sur défaite après des matchs pourtant encourageants, virent leur entraîneur et se maintiennent avec Frédéric Antonetti et un bloc à 30 mètres de leur but).
  • Le classement :Les deux autres matchs de la journée (dont celui du PSG) s’étant soldés par des matchs nuls, nous sommes ce matin en tête du championnat et par conséquent fondés à déclarer que nous visons le titre. Eh oui.
  • Coming next : Eh bien nous voici déjà devant un match-couperet ce mardi 15 août, avec le retour contre le Panathinaïkos. Un match assurément fondateur, pour le meilleur comme pour le pire.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter, où se déroule aussi le concours zoologique. Le Géranal y remporte l’édition du jour, d’ailleurs.


Bises massilianales,

Blaah

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