Strasbourg-OM (0-2), La Canebière académie a fini de plaisanter

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Ciseauphrénie.

Aïoli les sapiens,

Nous sommes deuxièmes du championnat au terme d’un match emporté 2-0 sur la pelouse d’un rival direct. Un premier but orgasmique, pour une fois rehaussé d’un second, et la meilleure attaque d’Europe rendue aussi muette qu’un journaliste télé devant les Pandora Papers. Indépendamment de ce qu’il s’est passé pendant le reste de la saison, il faudrait être plus pisse-froid qu’un expert-comptable suisse-allemand pour ne pas être heureux du dénouement de la soirée.

On s’est assez agacé ici du manque d’efficacité olympien pour ne pas saluer le réalisme montré cette soirée. Celle-ci nous a vus acquérir notre score le plus large depuis des mois, avec certes des ambitions offensives et spectaculaires proches du néant. Pour tout dire, si Sampaoli nous servait le même type de plat à chaque match au sommet, on s’en accommoderait : si problème il y a, c’est surtout dans notre incapacité à écraser proprement les plus petits que nous. C’est effectivement un souci, mais certainement pas celui du soir : on attendra donc les réceptions de l’Entente sportive Cannet-Rocheville puis de Reims pour recommencer à se plaindre, en attendant laissez moi m’enfermer tranquille toute la nuit avec la vidéo du but de Dieng et un rouleau de Sopalin.


Les Longorious Basterds

Lopez
Lirola (Ünder, 66e) Saliba – Caleta-Car – Luan Peres
Rongier (Balerdi, 86e) – Kamara– Gueye
Luis Henrique (Gerson, 79e) – Payet – Dieng (Guendouzi, 66e)

Pour un match de cette importance, la composition fleure pourtant l’expérimentation douteuse. Sans doute dans le but de préserver les organismes après le match de jeudi contre Moscou, Sampaoli met notamment Guendouzi et Gerson au repos. Titulaires naguère, Milik, Ünder et De La Fuente sont également sur le banc. La principale surprise vient de la ligne d’attaque où, entourant Payet en faux-neuf, ce sont nos deux jeunes en manque de temps de jeu qui sont alignés.


Le match

Misère. Alors que le championnat de France s’est enfin décoincé la raie pour la première fois depuis 20 ans, en proposant spectacle et buts en pagaille, il fallait aller chercher un Argentin pour nous voir offrir du blocquéquipe Label Rouge à l’ancienne bien dégueulasse. Ceci dit, on n’est pas dans le « posons les couilles et advienne que pourra » : si infâme soit-elle, il existe bien une intention (se référer à l’académie précédente). L’OM fait tourner le ballon jusqu’à faire vomir adversaires et public, maîtrisant une possession à visée essentiellement défensive. Nous sommes confortés dans cette attitude par le le refus absolu de Strasbourg de presser nos premiers relanceurs, ce qui n’aide pas le match à trouver son rythme. Le hors-jeu est correctement joué contre le jeu direct alsacien, une bonne idée qui évite de voir validée l’ouverture du score strasbourgeoise dès le quart d’heure. A l’instar des cobras – ceux des bandes dessinées, les vrais ne font jamais ça – l’OM hypnotise puis pique. Au terme d’une demi-heure d’échanges Saliba-Lopez-Caleta-Car-Luan Peres-Lopez-etc., l’OM verticalise soudainement vers Payet , lequel fait franchir aussi rapidement l’autre moitié du terrain au ballon. A la réception de l’ouverture, Dieng perd son sang froid en sentant la défense revenir et précipite son tir hors cadre.

Avec cette première mi-temps placée sous le signe de l’horrible, seul le résultat peut sauver nos deux heures passées devant la télé. Autant dire qu’avec notre inefficacité légendaire, on regrette par avance de ne pas avoir accompagné ses enfants à la fête du poney. L’OM essaie timidement de tremper un orteil dans la surface adverse, encore par Dieng, avant que Strasbourg ne manque de plonger la soirée dans la déprime. Ajorque profite ainsi d’une perte de balle de Saliba dans la surface bute sur Pau Lopez. Pas plus séduisants que nous, les Alsaciens se montrent ainsi de plus en plus pressants.


Alors que les changements se préparent de part et d’autre pour secouer un peu cette morosité, Perrin manque son contrôle dans le rond central, ce dont profite Dieng pour transmette à Payet. Dimitri lance Luis Henrique sur le côté droit, le jeune homme nous gratifiant alors d’un mouvement particulièrement inhabituel de sa part : un centre en première intention. Gourmand, Payet scrute la balle en criant à Dieng : « LAISSEahbah non, pardon ». Le Sénégalais, en effet, ne laisse le soin à personne d’autre de recevoir cette passe et surtout de la convertir d’une authentique papinade (0-1, 62e) sous nos cris de gorets en plein orgasme.

Déjà peu porté sur le pressing haut, l’OM abandonne totalement l’initiative aux Alsaciens. En cas d’égalisation, les insultes à base de couilles molles et autres digressions alopophobes sont déjà prêtes face à un tel manque d’ambition, seulement voilà : nous tenons. Ajorque se trouve bien à la réception d’un centre consécutif à une combinaison ayant proprement dispersé Rongier et Saliba, mais une nouvelle fois l’attaquant se trouve facilement mis en échec par Lopez.

C’est alors que survient l’impensable : un deuxième but. Les théoriciens du complot analyseront le cas de ces équipes joueuses qui se trouvent battues après avoir séduit la planète et tiré 25 fois au but, pendant que d’autres sont capables de rouster leur adversaire en ayant passé une narine dans son camp seulement deux fois dans le match. Lorsque vous appartenez à l’équipe cocufiée, ce phénomène est particulièrement agaçant. Lorsque ces deux attitudes surviennent dans la même équipe d’un match à l’autre, cela devient surtout déconcertant. Ainsi, Payet y va de sa traditionnelle passe décisive en adressant un corner pour Caleta-Car, dont l’appel au premier poteau et la conclusion de la tête sont remarquablement habiles (0-2, 82e).


Les couilles ainsi posées sur le nez de « la meilleure attaque d’Europe », l’OM retourne à son train-train défensif, se contentant de subir les centres adverses avec d’autant moins de peine que les Strasbourgeois, écœurés, cafouillent soigneusement leurs tentatives. Les moments de gros bordel se succèdent dans notre surface et, après que le dernier d’entre eux a été renvoyé on ne sait comment, Gueye exécute une somptueuse roulette pour transformer la situation en trois-contre-un en notre faveur. Lancé à droite, Dimitri adresse un centre à ras-de-terre un peu long pour Guendouzi. De peur de procurer une hydrocution aux supporters par une victoire trop nette, Mattéo ne tente pas de tacler le ballon et s’éloigne précautionneusement au poteau de corner en attendant que l’arbitre siffle la fin. Une victoire tactiquement maîtrisée, donc, que l’on validera seulement si l’OM ne s’accoutume pas à cette mentalité de gagne-petit, a fortiori dans des matchs réputés plus faciles. L’histoire récente montre bien que la peur et le confort entraînent rapidement des équipes animées des meilleures intentions vers le côté obscur du jeu chiant.


Les joueurs

Lopez (4-/5) : Hormis quelques dégagements douteux, une sécurité de tous les instants pour Pau, qui a même pu se dégourdir les jambes en allant participer à nos relances à 40 mètres de son but.

Lirola (2/5) : Un latéral c’est comme Jolly Jumper, c’est fait pour galoper, tacatac tacatac, un point c’est tout. Avec ces histoires de milieutéralhybride qui rentre intérieur, notre Pol est tout perdu.

Ünder (66e, 2/5) : Entré pour voir les ballons lui passer au-dessus de la tête.

Saliba (3-/5) : Pour l’instant, il n’est pas sanctionné à la hauteur des boulettes qu’il peut commettre. Je ne dis pas ça pour lui faire peur, mais prétendre rejoindre Arsenal avec un tel karma, c’est de la provocation.

Caleta-Car (4/5) : On a vu l’ours des Balkans sourire pour la première fois depuis 6 mois (ou depuis 2 ans, si l’on excepte la naissance de son enfant).

Luan Peres (3+/5) : Toujours pas reposé, toujours pas à son poste, toujours sous les ordres d’un entraîneur prêt à crever plutôt que de faire jouer Amavi. Mais l’un dans l’autre, comme on a bien compris que les latéraux sampaoliens n’étaient pas faits pour déborder, tacatac, tout ça, il faut bien reconnaître que Luan fait le boulot convenablement.

Rongier (3-/5) : On pourrait davantage lui reprocher de ne pas avoir produit de jeu. Néanmoins, les seules fois où on l’a vu se projeter balle au pied, Valentin s’est trouvé sans personne devant lui, puis s’est frappé le front en disant « ah oui c’est vrai, merde » avant d’adresser la passe en retrait réglementaire.

Balerdi (86e) : Entré au milieu du Bronx dans notre surface, où la seule loi qui valait était d’arriver le premier pour mettre un coup de pied dans le bon sens dans chaque ballon qui traîne.

Kamara (4/5) : Sentinelle option repli défensif, soit le rôle exact du camarade envoyé à l’avant pour surveiller les charges de flics, et qui revient au milieu des copains bras-dessus-bras-dessous pour former la première ligne de dockers CGT quand la menace approche.

Gueye (3-/5) : Suite à plusieurs appels de nos lecteurs, la rédaction tient à apporter cette précision utile s’agissant de Pape : en mentionnant sa roulette de la 93e minute, nous parlons bien du geste technique de football et non de l’outil médical destiné à charcuter des dents.

Luis Henrique (3-/5) : Un match que nous n’aurons pas peur de qualifier d’absolument à chier, jusqu’à ce qu’il retrouve cette fonction de passeur décisif de l’improbable : l’an dernier il faisant marquer Michaël Cuisance, là il fait marquer le but du mois un type infoutu de mettre un pointu à deux mètres de la cage trois jours plus tôt.

Gerson (79e) : Entre, reçoit le ballon sur le côté gauche, n’a pas de solution, tape dans les tibias du défenseur pour obtenir un corner, but. Ayé, j’ai fait mes trucs.

Payet (3+/5) : Dépositaire sacré du privilège unique et imprescriptible de tenter des passes vers l’avant (pourvu qu’elles soient en nombre limité). Une nouvelle passe décisive sur corner, comme quoi c’est pas mal quand les spectateurs le laissent en tirer.

Dieng (4-/5) : Aussi intelligent dans les appels que maladroit à la finition, excepté ce chef d’œuvre tout à fait inattendu. Je ne vois pas ce qu’un certain Ibrahima B. aurait fabriqué au Sénégal à l’été 1999 mais je demanderais quand même un test de paternité, au cas où.

Guendouzi (66e, 2/5) : J’imagine que Matteo éprouve une confiance mitigée quant à son efficacité devant le but, mais s’il ne tente pas le tir quand il se trouve seul face à la cage en menant 0-2 à la 93e minute, ça ne risque pas de s’améliorer.


L’invité zoologique : Kévin Gamhéron

Le héron est un échassier au port d’autant plus noble qu’il se croit intouchable. Fatale erreur : il ne se méfie pas assez du chasseur provençal, qui n’en a rien à faire des règles de bienséance ni des règles tout court, et qui le farcit de plombs sans même se lever le cul de sa chaise.

– Les autres : « Meilleure attaque d’Europe » mais infoutue de sortir au pressing sur une défense qui joue à la baballe dans le rond central, gardien compris. Lorsque deux équipes livrent ce genre de match de couillons, on a envie de dire de celle qui perd que c’est bien fait pour sa gueule.

Le classement : Dans ce championnat où aucune équipe n’est capable d’enchaîner des séries (sauf Saint-Étienne), notre deuxième place est pour l’instant tout sauf significative.

Coming next : Ok, les coups tactiques, les victoires moches mais solides, c’est très bien. Mais nous en revenons à notre problématique principale du début de saison : quand se présente une équipe inférieure, on la victimise, point. C’est ce que nous attendrons des deux dernières rencontres de 2021, contre l’Entente sportive Cannet-Rocheville (dans six jours) puis contre Reims.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Olivier L. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

3 thoughts on “Strasbourg-OM (0-2), La Canebière académie a fini de plaisanter

  1. En fait Sampaoli, c’est un super héro : Guardiola le jour, Villas-Boas la nuit. Appelez-le Villasdiola.

    Les strasbourgeois ont dû avoir comme une impression de déjà-vu.

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