Bon appétit Pelé : l’épaule d’agneau aux épinards est une salope

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Mais c’est aussi une très bonne épaule d’agneau.

(Episode 25/32) Après avoir excité nos papilles tout au long de la Coupe du Monde 2014, Parie-Maule revient munie d’un défi de taille : vous proposer une recette par jour, une pour chaque pays qualifié. Aujourd’hui, Parie-Maule met à l’honneur nos amis espagnols.

Hébonjour,

Alors forcément, ici à Lalbenque, on n’est pas loin de l’Espagne, donc pour la recette espagnole, j’ai bien une demi-douzaine de gens qui ont voulu me proposer la leur. Ya Martine, du comité des fêtes, qui a déjà été en vacances à Torremolinos, elle m’a proposé une paëlla-choucroute ; si si, ils en préparent, là bas, apparemment, pour contenter le touriste germanique. Ya Raymond, dont le père avait fait la guerre d’Espagne, il m’a proposé la tortilla au plâtre ; soi-disant que dans la clandestinité ils n’avaient que ça à manger, que c’était ça l’Espagne authentique et que jamais il ne mangerait autre chose qui vienne des bourgeois franquistes. Bon. Soit.

 

Même les petits jeunes ils sont venus me faire leurs propositions. Dylan, le fils du garagiste, c’est un rebelle, hé, les jours de match de l’Espagne il a mis plein de drapeaux catalans pour faire sa provocation, avec de la musique ponque à fond dans son autoradio, du squapé, il m’a dit que ça s’appelait. Bon, niveau géopolitique je sais pas s’il maîtrise tous les enjeux, m’enfin j’avais écouté sa proposition, aussi, hé, alors il m’a proposé le gaspacho, juste parce que c’est vegan. Il ne mangera jamais de viande, sauf des couilles de torero, il m’a dit. Bon, nous dans le Lot, on fait surtout des toro-piscine avec les vachettes landaises, hé, donc des couilles de torero on ne doit pas en trouver tous les quatre matins, et un gaspacho tout seul, comme ça, ça risque de faire un peu fade. En tout cas, j’ai pas eu le temps de discuter, il était déjà reparti dans sa voiture avec l’autoriadio à fond, je crois même qu’il m’a fait un doigt en partant, il paraît que c’est comme ça qu’ils saluent, les jeunes, maintenant.

Et puis il y a Sofiane, lui c’est le fils de l’épicier. Il fait Sciences-Po Toulouse, lui il a un discours plus construit. Lui, ce qu’il veut, c’est un tajine, en hommage à l’Andalousie d’antan, il m’a dit. « Ah oui, l’Andalousie, ses prairies bordées d’arbres et de cactus », je lui ai dit pour faire ma cultivée. « Oui, et le califat, surtout », il m’a répondu. Bon, quoi qu’il en soit, un tajine j’en a déjà fait un, pour la recette marocaine, j’allais pas en refaire. Là je me suis souvenu d’un truc, j’ai dit « aaaah oui, de cette période on m’avait parlé des borekas, c’est une recette séfarade, ça pourrait être sympa, non ? ». Hébé là le petit il a rien dit, il a tourné les talons en marmonnant un truc en arabe, que j’ai pas compris. Vraiment, ils ne sont pas très polis, les jeunes, chez nous.

 

Bouducon, mais c’est bien sûr ! Une épaule désossée, qu’est-ce qu’il peut y avoir de plus espagnol que ça ! Gustave c’est un guique, il a réussi à me sortir toutes les compilations cunilaires de ce Monsieur Sergio Ramos, et dieu sait qu’il y en a, je pense qu’après deux heures de vidéos j’ai assez bien saisi l’âme espagnole pour bien vous écrire leurs recettes. J’ai fait un bisou sur le front de Gustave, et zou, j’ai filé aux fourneaux.

 

L’épaule d’agneau aux épinards de Sergio Ramos

1 épaule d’agneau désossée en faisant mine de jouer le ballon
2 oignons rouges émincés en douce
2 gousses d’ail pilées dans le dos de l’arbitre
500g épinards frais
1/2 cc cannelle en poudre
2 cc origan
2 cc paprika
1/2 cc piment de Cayenne
2 cc cumin
40g de raisins secs hachés sans recours à la VAR
2 cs pignons de pin grillés à sec dans le tunnel des vestiaires
1 cs farine (ou fécule de maïs)
125 ml vin blanc sec
250 ml bouillon de volaille
1 cc sucre en poudre
Huile d’olive

Alors, vous commencez par faire cuire les épinards à la vapeur, et vous les égouttez le plus possible. D’après mes vidéos, la méthode espagnole c’est de les presser dans une passoire, de préférence en insultant leur mère de préférence pour qu’ils rendent leur eau plus vite. Quand ils sont bien secs, vous attendez que personne ne regarde dans la cuisine, et vous les hachez avec plein de petits coups de pieds vicieux.

Ensuite, vous faites chauffer 1 cs d’huile dans une sauteuse, et vous faites revenir oignon, ail, épices, origan pendant 5 minutes. Vous ajoutez raisins secs et pignons de pin, et vous laissez revenir encore 1 minute. Si vous n’êtes pas certain du temps, pensez à simuler une blessure pour faire écouler le minuteur plus vite.

 

Étalez l’épaule d’agneau que vous avez désossée et, tout en faisant mine de prendre de ses nouvelles, vous l’aplatissez au maillet à viande. Dessus, vous étalez les épinards hachés et le mélange oignons-épices. Quand l’épaule d’agneau ne se doute de rien et que tous les regards sont tournés ailleurs, vous la roulez et vous la nouez à la ficelle de cuisine.

Versez 1 cs d’huile dans une sauteuse, et faites dorer l’épaule sur tous les côtés. Ensuite, vous faites cuire 40 min au four à 200°C.

 

Sortez le plat du four, ôtez et réservez la viande au chaud. Dans le plat, saupoudrez la farine, chauffez le mélange jusqu’à frémissement et mouillez avec le vin, le bouillon de volaille, ainsi que quelques larmes de crocodile en prétendant que le plat vous a porté un mauvais coup. Toujours remuer.
Ajoutez le sucre, portez à ébullition. Vous servez la viande coupée en tranches épaisses nappées de sauce. La preuve que c’était réussi, hé, quand j’ai servi ça au banquet du comité des fêtes, tout le monde s’est foutu sur la gueule avant la fin de la soirée. Alors à Monsieur Sergio Ramos, je vous dis merci pour cette découverte, et aux autres, bon appétit bien dur.

Voilà,

Parie-Maule

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