Renvoyée spéciale au Brésil : la finale des JO en immersion

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Le futebol comme vous ne l’avez jamais bu

Retour sur l’expérience « voir la finale de futebol Brésil – Allemagne à Rio »par Ingrid Bar.

 

 

 

On l’avait choisie lors d’un entretien au Balto, alors qu’elle venait d’enchaîner sa énième pinte devant le regard terrifié du rendez-vous tinder qu’elle avait entraîné dans le troquet. Elle nous a séduits avec son discours plein d’entrain sur le foot. Enfin on pense. C’est flou.
On lui a tout payé : les billets d’avion, le logement, les places dans le stade et les faux frais sur place. Elle devait nous faire un papier tous les deux jours sur le tournoi de foot des JO.
Bon bah au lieu de ça, on a pas eu de nouvelles jusqu’à hier soir, jour où on a reçu un mail avec ce texte. Sur la finale. Dans un bar. Mais bon c’était au Brésil au moins.

 

 

 

 

Étape une : aller au bar.

Dit comme ça ça peut paraître facile mais Rio est une grande ville et ses transports te font regretter les rer parisiens. Du coup, Uber est ton ami quand tu arrives à avoir le wifi ! Enfin ça et le fait d’être toujours un peu lent en vacances, le résultat est qu’on a écouté la première mi-temps à la radio, dans le Uber.
Je me disais : « Quand même c’est vachement dommage, c’est la seule fois de ma vie où je veux voir un match et je ne le verrai pas en entier… » Mais comme ça a finalement duré environ deux heures, j’étais pas en manque.

J’espérais juste qu’ils n’allaient pas marquer, mais apparemment ils étaient trop pressés de montrer leur supériorité sportive. Bref, écouter un présentateur radio commenter un match de futebol c’est quand même quelque chose, surtout quand tu parles pas portugais (enfin je dis ça, mais, quand on m’a expliqué deux trois trucs, je comprenais rien quand même). Ça ressemble à quelqu’un qui parle vite, mais alors vraiment très vite, c’est le Flash ou le Bolt (choisis ta référence préférée) du discours. Ce qui est amusant c’est que toutes les
30 secondes environ tu entends des mots-clefs ; ça fait : « Brasiou… Neymar… Brasiou… futebol… futebol… Neymar » et puis, soudainement, un cri.

“GOAAAAAAL !”

Tellement long, tellement fort et tellement continu que tu te dis qu’il a une super cage thoracique pour ne pas mourir asphyxié. Tu comprends du coup à ce moment-là que le présentateur est en train de vivre le moment de sa vie et t’es presque plus content pour lui que pour le futebol.

 

Étape deux : le bar !

Enfin. La deuxième mi-temps n’a pas encore commencé mais on a plein de bières à rattraper alors il ne faut pas traîner. Quand ça commence, la tension est assez palpable. Mais, bizarrement, alors que je pensais que chaque être vivant allait être scotché devant la télé, les Brésiliens discutent entre eux. Je dois être la seule à regarder le match avec autant d’intérêt ; ensuite je comprends que voir des gens tomber sans arrêt, faire des grimaces et des « oh non, monsieur l’arbitre, c’est faux, c’est totalement faux ! », essayer parfois de faire des petits mouvements de danse (samba ou schuhplattler choisis ta team), courir sans fin derrière un ballon pour l’envoyer généralement dans le public (qui garde le ballon dans ce cas-là ?), c’est moins intéressant que discuter autour d’un verre, ou avec son verre.

 

Étape 3 : comprendre qu’on est à côté de la plaque.

En fait, c’est pas qu’ils suivent pas, c’est qu’ils doivent avoir un radar-futebol dans le crâne parce que, dès que le ballon fait un truc dangereux, ils regardent tous l’écran, les conversations sont moindres et l’attention à son maximum. Toi t’as suivi le truc depuis le début, t’as rien vu venir parce que t’as l’impression que de toute façon le ballon n’arrête pas de faire des allers-retours, mais eux savent qu’il risque de se passer quelque chose. Oui parce que 9 fois sur 10 il ne se passe finalement rien. C’est peut-être pas plus mal : quand il se passe quelque chose et que les Allemands marquent je suis mal. Expressions étouffées, cris rapides et peu nombreux, ambiance pesante, silence de quelques secondes… tout va mal et rien comprendre au futebol ne te dispense pas de ressentir la défaite. Après ça, ils suivent vachement mieux le match. Là ça y va des « mais quand est-ce qu’ils touchent le ballon ? », des « mais c’est n’importe quoi ils savent pas jouer ! », des « à sa place j’aurais fait ça ! » et d’autres choses semblables, que je ne saurais pas dire en portugais mais qui se comprennent facilement.

 

Étape 4 : la demi-heure chiante.

Bon du coup 1-1, et c’est reparti pour une demi-heure identique à celle précédente. C’est plutôt dans le bar que ça devient intéressant, la tension n’arrête pas de monter j’en ai presque le cœur qui bat un peu plus vite, la bière aidant à comprendre les émotions des autres.

 

Étape 5 : (la précédente étape était courte mais les souvenirs peuvent être confus aussi) la libération !

Évidemment j’étais pour les Brésiliens. Déjà apparemment le Brésil c’est dangereux mais je pense qu’il vaut mieux se balader avec un gros équipage d’appareils électroniques visibles que se déclarer favorable aux Allemands en ce moment. Les tirs au but. On m’explique rapidement les règles : là je commence par contre vraiment à stresser à fond, j’en ai presque la chair de poule et je veux savoir quand et comment ça peut finir. Pendant la petite pause, pause toilettes (oui parce que j’ai pas osé y aller avant par peur de rater quelque chose – au moins je saurais maintenant que la probabilité est bien faible). Les filles aux toilettes se concentrent juste sur faire pipi (je crois qu’elles sont toutes dans mon cas, ne pas oser faire le déplacement avant tout ça pour pas grand-chose) (sauf quelles semblent vachement plus au taquet que moi, notamment celles qui arborent les couleurs brésiliennes). Bref ça recommence : là, j’ai même des frissons. Avoir des frissons devant un match de futebol, honnêtement ça ne m’était jamais arrivé, peut-être même devant un match en général. Mais il y a beaucoup de monde qui s’est, peu à peu, rassemblé devant le bar : la pression doit être communicative ! Moins que celle du bar en tout cas, ici comme ailleurs c’est chacun son verre, chacun sa bière. À chaque but, cris d’insultes ou cris de joie : ça fait plaisir à voir toute  cette solidarité ! Les barmans aussi s’arrêtent pour regarder, et entre chaque but ils reprennent leur service. Quand le fameux but ne passe pas, là ils sont sûrs d’avoir gagné (moi j’avais un peu peur quand même, j’imagine la pression du dernier futeboleur qui tire, elle doit bien peser sur ses épaules).

Mais GOAAAAAAAAAAAAAL et donc là partout c’est cris de joie totale et absolue. Tout le monde saute partout, on est contents on est fiers on sait qu’on va passer une bonne soirée.

 

Étape 6 : après avoir bien crié et sauté partout on commence la soirée dans un club où on rentre vip et où la bière est open-bar.

Je crois que le futebol porte bien chance au Brésil. Grosse nuit, petite journée, petit mal de crâne en souvenir des caïpirinhas mais ça va on sait qu’on a gagné. À défaut d’être carioca, on est brésilien le temps d’une nuit et ça nous le rend bien !

 

Étape 8 : devoir faire ce compte-rendu à 4h du matin, en escale à l’aéroport, avant de rentrer à Paris.

Se rappeler encore une fois du beau Brésil. De rien. Il est 4h47 du matin pour moi exactement alors j’ai pas relu donc peut-être c’est nul.

13 thoughts on “Renvoyée spéciale au Brésil : la finale des JO en immersion

  1. Beleza

    Elle m’a l’air de quand même de mieux comprendre le foot que Gromerdier ou que le gros arabe non?

  2. Je ne sais pas encore a quel degré je vais prendre cet article, c’est perturbant.
    Sinon je connais une Ingrid aussi.

  3. Bon ben je crois qu’il est pas trop tard pour vous envoyer le résumé de la Russie lors du dernier Euro

  4. C’est vraiment du foutage de gueule. L’éditeur s’est bien fait niqué sur ce coup là.
    Je lance donc ma condidature pour dans 2 ans en Russie, moi aussi je vous promet des supers compte rendu tous les deux jours coinché dans un bar.

  5. Pour la Russie je me propose aussi. Pas de problème de vous écrire un compte rendus coincé dans une russe.

  6. Je candidate aussi: je peux vous envoiyer un compte-rendu dès cette semaine, et vous m’envoyez des billets pour le Brésil, c’est ça?

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