Moi qui me morfondait de ne pouvoir faire le déplacement à Gibolin, quand j’ai appris le résultat je me suis dit que c’était peut-être pas plus mal. Quitte à rater un match, autant que ça en soit un qui ne reste pas légendaire dans la saison de la montée. J’ai pas encore eu trop d’écho, excepté le score, mais ça a pas l’air d’être le match qu’on évoquera autour du barbecue cet été, le soir de notre sacre. Puis comme j’ai laissé une image plutôt négative de moi là bas, y a deux ans, ça me fait une double raison de me consoler de mon absence.

Je suis mal vu chez eux, mais si je fais preuve d’honnêteté je peux envisager de le concevoir. Oui, il y a deux ans, en plein rhume carabiné, j’avais craché en pleine trogne d’une gamine de 11 ans. Voilà, je peux aussi admettre mes torts. Pour ma défense, je tiens tout de même à dire que je pensais que c’était la fille du président de l’AS Gibolin. Forcément comme j’ai fait erreur sur la personne, mon acte a été mal interprété.

 

Mais c’est bien pour une autre raison que je n’ai pu accompagner les ptits gars, parce que ça j’aurai su le gérer en adulte. J’ai pas trop le droit de vous dire la cause de mon manquement, ce sont des histoires mi-privées, mi-professionnelles. Alors en gros, considérez que j’étais parti avec une petite patrouille renardienne faire un petit repérage près de Tours, afin de prospecter les techniques innovantes des buvettes. J’ai pas vraiment appris grand chose niveau buvette, la plupart des infrastructures ne pouvaient pas fonctionner avec nos chiffres de vente, mais c’était très sympa de visiter un peu le Pays. Aux buvettes, c’est là qu’on croise les vrais. Ceux qui, par exemple, peuvent vous sortir de gros dossiers sur le passé des uns et des autres. Je n’en dirai pas plus, mais figurez-vous qu’on a même entendu parler de Gérald Gourguendin. Drôle de coïncidence. Je garde les gros dossiers pour un ami, mais je vous lâche une info croustillante quand même : Le mec il a pleuré quand il a eu son brevet alors qu’il l’avait déjà avant de le passer. J’ai pas trop pigé comment on pouvait avoir un diplôme avant de le passer, mais ça change rien à l’histoire. Putain c’te fiotte sérieux !!! Ça confirme vraiment mes craintes…

D’ailleurs cette semaine il est agréable de travailler au bureau. Moi qui craignais de me retrouver dans de grands débats politiques compliqués à gérer, j’ai eu la joie de constater un certain scepticisme face à l’idéologie de celui que je surnomme désormais « La Pleureuse ».

Les gens en parlent peu finalement, on sent que c’est le coach Remoulade qui dictera le rythme de la campagne. Mais dès lors que le sujet vient sur le tapis, avant même de rentrer dans un débat qui nécessite de sortir mes munitions, les gens témoignent d’une crainte d’être représenté par un mec dont toute la région pourrait souligner son gabarit « nouvelle star ».

 

En fait les clients du bureau sont plutôt venus me taquiner sur le foot. Là dessus pas de soucis j’ai des arguments, donc je me suis aucunement senti déstabilisé malgré notre période creuse. Je constate d’ailleurs que je gère de mieux en mieux mes coups de nerfs contre les jaloux du club, comme je le souhaitais pour la bonne année. Jigme me faisait remarquer encore la semaine dernière qu’il trouvait que mon nouvel emploi me donnait confiance en moi. Il a peut-être raison. Ah oui je vous ai pas dit qui est Jigme !! C’est un gars avec qui j’ai partagé beaucoup de temps en cellule. Depuis je lui écris toutes les semaines, je lui raconte ma vie, pour l’aider à tenir le coup parce qu’il en chie sévère le pauvre. En plus il a vraiment rien fait, mais bon tout le monde s’en bat les glaouis ; forcément il baisait pas une trafiquante de drogue. J’espère qu’au moins il est fier de ce que je fais dehors. Pour le faire un peu rêver, je déforme parfois certains détails : il pense que le club est en CFA et que je suis embauché. J’ai juste avancé un peu le scénar pour le faire kiffer, tout en sachant que si il sort un jour il se rendra pas compte de mes ajustements de l’histoire. On sait tous que les ajustements de l’histoire deviennent l’Histoire, c’est pas moi qu’ai inventé l’idée.

 

J’ai du reporter certains gros projets que je comptais lancer pour le club cette semaine. Je suis obligé de me tenir prêt pour la patrouille si jamais on m’appelle pour entamer certaines actions ou mener certaines enquêtes. Je veux pas trop en dire, une nouvelle fois. Cerise sur le gâteau à ma posture d’astreinte, le Pôle Emploi m’a téléphoné pour me demander de venir impérativement le vendredi. Ça faisait longtemps que j’avais plus de leur nouvelles, je sentais que mes problèmes de santé me laissaient en paix. Avec leur appel, gros coup de stress qui me rappelle le chômage, et surtout qui met un point d’interrogation sur ma disponibilité pour le club.

J’ai tenté de passer le temps à oublier ce rendez-vous autour de quelques godets. J’avais calmé la tise depuis la semaine dernière en traînant à la bibliothèque, mais dorénavant les circonstances m’autorisaient une séance de rattrapage. J’ajouterai que c’est essentiel de conserver son corps en bon équilibre et j’allais pas tarder à pencher. J’ai entrecoupé mes verres de petites tâches répétitives pour la patrouille : création de faux comptes pédophiles au nom de Gérald Gourguendin, création de faux arbres généalogiques, diffusions de rumeurs sur des forums et au bar des sports.

 

Le vendredi fut long à arriver. J’ai regardé neuf fois ma finale du Juste-Prix, maté douze fois le clip When the rain begins to fall et écouté en boucle mes albums de Pierre Bachelet, quand je fais ça c’est que ma tension dépasse le 15,5. Mais j’ai fini par devoir affronter la réalité. Ça devait finir par arriver qu’ils veuillent me voir, no souci, j’avais décider d’ assumer et de pas faire mon Gérald.

Arrivé à l’agence, queue de bâtard. Classique, à l’ancienne. La crise ? Wallou ça a toujours été comme ça. La mère de Lucie l’australopithèque faisait la queue à l’ANPE. Ce qui m’a saoulé c’était pas tant d’attendre, c’est plus que les pères des gamins qui jouent au club me voient ici. Je me fais chier à passer pour le plus professionnel aux yeux de tout le monde, notamment pour l’image de marque du club auprès des parents, et ces enculés d’assedics qui m’affichent !!

Heureusement qu’au final je suis resté que 20 secondes au comptoir d’accueil, ça fait un peu moins galérien. J’ai speedé, j’ai demandé cash si ils m’avaient trouvé un job ou si l’usine arrêtait le chômage partiel. La petite jeune m’a répondu que j’étais juste convoqué parce qu’un courrier de Tours était arrivé avec ma carte à l’intérieur. Coup de pression dans ma tête… J’imagine Kévin devant un adversaire faire une double feinte de corps en pleine course… « Oui oui je suis allé à Tours, j’élargis mes recherches d’emplois pour augmenter mes chances de trouver ». Pfff… Elle m’a souri, elle était autant contente que moi, je crois, qu’on parte pas sur le sujet « offre d’emploi ». Quel soulagement. En franchissant la porte de sortie de l’agence j’ai levé la tête droit vers l’horizon, et souri en pensant que j’allais pouvoir savourer un match à la maison dimanche. La vie m’appartient.

 

Vous pouvez me retrouver sur Twitter @JeanRenGrosDare (système paypal mastercard ultra-sécurisé de dons anonymes au Club des Supporters du FC Renardin)

2 thoughts on “Derrière les mains courantes du FC Renardin, épisode 11

  1. Je m’étonne de lire ici qu’un soutien du très honorable M.Remoulade soit un de ces assistés qui se complaisent dans leur situation de chomage.
    Vous etes bel et bien l’un de ces fardeaux qui empechent à notre si beau pays de connaitre le rayonnement international qu’il mérite.

    Et l’on voit très bien à travers votre récit aue vous n’etes ni plus ni moins au’un GOURGUENDINISTE !

    Forza Pat’

  2. Je vois pas le rapport. J’ai cotisé à l’usine toute ma vie, alors je reprends l’argent qu’on m’a volé. Vous confondez tout.
    Malgré tout, je suis heureux de constater vos prises de positions politiques.

    Au revoir.

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