Il avait calculé avec précision les chances. Elle le sentait dans ses paroles. C’était comme si l’esprit de Paul s’était brutalement éloigné du sien, comme s’il voyait plus loin qu’elle, maintenant. Elle avait participé à son éducation mais, à présent, elle avait peur du résultat.

 

Après la victoire du match aller, les légendes de remontées du Real ont été sorties du formol. Mais Dortmund arrive à Madrid avec un mélange de certitude et de confiance, une sorte de « la qualification serait formidable, et on sait ce qu’on doit faire pour y arriver ». Même avec les plans de Mourinho.

 

L’esprit continue de fonctionner quoi que nous fassions pour l’en empêcher, se dit-elle.

Si la composition de départ du Real laisse quelques surprises, avec les titularisations d’Essien en latéral droit et de Modric en milieu central, le début de match n’en a pas. Le Real met la pression et semble avoir retenu les leçons de la semaine dernière : ils jouent haut. Ils obtiennent de nombreux corners dans le premier quart d’heure. Et les trois milieux offensifs profitent de l’espace laissé dans le dos du duo Bender-Gündogan, partis au pressing. Cristiano Ronaldo (11′) et Özil (14′) ratent des occasions nettes de faire douter Dortmund – Lewandowski aussi, juste avant CR.

Götze doit alors sortir sur blessure après une dernière accélération…

 

Elle soupesa les mots qu’il venait de prononcer : « Je m’y attendais. » Que s’était-il passé en lui ?

Cependant, le bloc Borussen redescend. La prise de risque devient minimal. Großkreutz et Blaszczykowski participent au verrouillage de leurs côtés. Les contres sont joués… lentement. Reus devient un maestro de la lenteur, calmant le rythme intelligemment, empêchant Madrid de s’exciter trop, endormissant le public de Bernabeu. Dortmund se procure quand même de bonnes opportunités en jouant ainsi (mais Piszczek fait de mauvais choix) ; le Real, plus du tout.

En début de deuxième mi-temps, Dortmund peut revenir conquérant et lancer ses flèches pour assommer le match, enfin, définitivement. Madrid coule. Lewandowski (50′) trouve la barre transversale. Gündogan (62′) a Lopez sur sa route. Lewandowski (63′) est poussoté alors qu’il s’apprête à reprendre le ballon dans la surface et fait une tête foireuse. Le centre de Kuba (65′) est contré par Ramos, alors qu’il filait vers un Marco Reus esseulé.

La réaction du Real ne consiste qu’en des frappes non-cadrées de Ronaldo et Kaka. « À l’image de la reine Beatrix, ils [les supporters du Real] abdiquent. » Seulement voilà… Benzema, homme-fantôme depuis son entrée, marque un but sur un superbe centre d’Özil. On a dépassé les 80 minutes de jeu. Il en reste une petite dizaine pour stresser.

 

Aux voix Atréides se mêlaient des appels exultant en langage de combat harkonnen. Des ordres brefs, des rapports d’engagements. Tout était trop bref pour que Jessica pût enregistrer et découvrir le sens exact des mots, mais le ton était suffisant.

Il clamait avec éloquence la victoire des Harkonnens.

Ramos marque un deuxième but sur une passe de Benzema. Tout cela est bien trop improbable pour ne pas être réel et le Malaga-inversé se rapproche. Dortmund ne panique pas mais doit subir ce qu’il aurait dû connaître depuis bien plus long : l’énergie du désespoir. Bernabeu se réveille. Madrid chante la victoire. Tout cela est calculé par Mourinho, qui a subtilement évité de « marquer trop tôt ». Seule erreur tactique : la blessure de Bender, qui calme les ardeurs définitivement.

 

Paul secoua le paquet posé à côté de lui et entendit glouglouter l’eau des deux jolitres. Il inspira à fond et son regard se tourna vers l’extrémité transparente de l’abri, vers les rochers silhouettés sur le fond des étoiles. Sa main gauche se posa sur la fermeture du sphincter d’entrée.

L’aube sera bientôt là, dit-il.

 

DIE NOTEN :

Weidenfeller (5/5) : « Le meilleur gardien du monde à n’avoir pas jouer pour son équipe nationale » pour Klopp. Avec Lionel Charbonnier.

Piszczek (4/5) : pas les meilleurs choix offensifs, ce qui a gâché deux-trois occasions de bons contres, mais impérial pour verrouiller son couloir.

Subotic (4/5) : oublions ses petits instants nerveux. Il a été grand et solide pour un point faible.

Hummels (5/5) : quel match ! Il n’aura été au sol qu’une seule fois, pour dévier un ballon de la main, soit sa nouvelle spécialité depuis le week-end dernier. Quand même solide et bel homme pour un point faible.

Schmelzer (2/5) : première mi-temps compliqué, Di Maria a fait ce qu’il voulait de lui, bien aidé par le fait qu’il était souvent dans les vapes… C’est aussi sur son côté que part l’action et le centre du premier but madrilène. Soirée particulièrement compliquée. On me demandait sur SportDub ce que devenait Dede justement. Et bien il joue toujours en Turquie, il paraît.

Bender (4/5) : très grosse première mi-temps. Il paraît que sa blessure n’est pas trop grave, et tant mieux, il sera utile le 25 mai face à un Schweinsteiger.

Gündogan (4/5) : tu le méritais ton but, tant ton match était bon. Pourquoi l’avoir loupé alors ?

Reus (4/5) : tempo lent en première mi-temps, pour calmer les ardeurs des Madrilènes. Puis des mouvements très beaux en deuxième qui auraient dû amener un ou deux buts.

Götze (non noté) : pas même sûr de le revoir au Westfalen avec un maillot jaune sur le dos…

Blaszczykowski (4/5) : avant le match, Jakub ‘Rainbow Dash’ Blaszczykowski parlait de l’importance de « la magie de l’amitié ». Il a fait double-corps avec son ami Piszczek pour boucher le côté gauche, et être clairement au-dessus d’un CR7.

Lewandowski (3/5) : il s’est fait frapper comme un collégien mal dans sa peau et que les autres victimisent. Logique pour un gamin de 6 jours. Mais il a pas cafté, il a fait le dos rond et, lui, il va réussir sa vie. Il va en finale déjà.

 

Les remplaçants :

Großkreutz (4/5) qui a couru, couru, couru, couru, couru, couru, couru, couru ; puis Kehl et Santana pour casser le rythme.

 

Et comme l’a peut-être dit Siegfried Held : « BIS DANN IM FINALE IM WEMBLEY ! » (et peut-être pas : « Cette fois-ci on se fera pas arnaquer par un tir sur la barre transversale. »)

Jean Colère, qui fait des bisous à SportDub pour l’invitation et la soirée et à Luke Seafer pour sa maîtrise du commentaire et sa connaissance parfaite de l’allemand.

10 thoughts on “Real – Dortmund (2-0) : La Borussia Akadémie s’installe à Londres

  1. Avant toute chose et vu les toutes premières lignes je pense qu’il s’agit d’un extrait de Dune.

    à tout à l’heure

  2. Voilà je le savais.

    Je suis étonné par les notes. On n’a pas vu le même match apparemment. En tout cas pas moi vu que j’ai pas BeIn

  3. J’trouve les notes un peu hautes aussi pour une équipe qui a quand même pris 2-0
    Mais t’étais très chouette sur SportDub, bisoux anals

  4. C’est possible pour les notes hautes. Je vais pas le nier. J’ai toujours tendance à noter élevé. Encore plus quand j’ai une équipe qui se qualifie pour une finale de Ligue des Champions.

    Mais surtout, en revoyant le match hier après-midi, je me suis surpris à voir une équipe très peu mise en défaut. Un quart d’heure difficile au début, une fin de match où le Real joue son va-tout. Mais en-dehors de Schmelle, les mecs en défense font pas de franches erreurs non plus.
    Dortmund qui partait avec un 1-1 voire une victoire aurait pas été honteux.

  5. Chantivlad : Wir werden euch abflachen?
    Jean Colere : Meme si depuis hier soir les allemands n’ont toujours pas fini de se masturber, (toute l’allemagne – la Baviere) supportent d’ores et deja le Borussia pour la finale. Ouais. Tu pourras toujours ressortir cela au Rekordmeister.

  6. D’ailleurs, parlant du Rekordmeister, on vous prépare peut-être quelque chose de grand pour cette finale.

  7. On espère bien, c’est quand même pas de la roupie de sansonnet cette finale!

    FC Bayern, Stern der Himmel,
    du wirst niemals runtergehen…

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