Southampton – Chelsea (0-3), le 1er Janvier 2014 en direct du St-Mary’s Stadium.

Ca fait maintenant près de 5 ans que mon cousin, Morgan Schneiderlin, évolue au club de Southampton en Angleterre. Formé dans mon club de cœur, le Racing Club de Strasbourg, où il est arrivé à l’âge de 5 ans, Morgan a depuis roulé sa bosse chez les Saints. S’il a connu des galères au début, le club ayant été relégué en 3^ème division nationale en 2009 suite à des problèmes financiers, il est maintenant devenu un titulaire indiscutable d’un club de PRL. Alors que jusqu’à 18 ans il avait évolué dans un rôle plus offensif, il évolue maintenant comme sentinelle du milieu de terrain. Lors de la dernière saison, il a disputé 37 rencontres de PRL comme titulaire et a signé des performances de tout premier ordre, en terminant en tête des statistiques du nombre de tacles décisifs et d’interceptions (devant des clients comme Sandro, Ramires, Touré et autres Fellaini). Il s’est même permis le luxe de marquer des buts importants, notamment contre Manchester United (bon c’est vrai en dominant de la tête Patrice Evra…). Morgan est très apprécié des supporters, il est avec Adam Lallana et Ricky Lambert, le seul joueur à avoir connu les 2 montées. Cette année il confirme son statut de titulaire indiscutable, à 24 ans son nom est cité régulièrement comme un potentiel candidat pour intégrer le groupe de l’équipe de France. L’équipe des Saints a flirté avec le podium en début de saison, mais depuis le mois de Novembre ils ont enchaîné les matchs contre les grosses équipes. Ils sont actuellement bien calés en milieu de tableau à la 9^ème place. J’ai eu la chance de passer les fêtes du nouvel an chez Morgan et de partager pendant une semaine la vie d’un joueur professionnel. J’ai eu l’occasion de côtoyer certains de ses coéquipiers, très sympathiques et humbles au demeurant. Cerise sur le gâteau, un Southampton – Chelsea était programmé pour le 1^er janvier. Voici donc comment j’ai vécu ce match particulier.

14h30, arrivée au stade St-Mary de Southampton. Malgré le temps exécrable, les rues jouxtant le stade sont bondées, les échoppes de fortune posées sur les trottoirs avoisinant grouillent de supporters des Saints. Apparemment, ça ne gène personne que dans cette foule des jeunes de 12-13 ans sifflotent des pintes. En sortant de la voiture, j’arbore fièrement mon maillot des Saints floqué du N°4 ; ça y est les odeurs des saucisses, de la friture et de la bière envahissent mes narines. Je m’approche de l’entrée des joueurs (Players Entrance) et profère quelques insultes en passant devant le bus des Blues garé à quelques pas. Je montre mon ticket VIP à une femme d’une cinquantaine d’année qui garde l’entrée. Le couloir menant au Players Loundge est moins fréquenté, mais les bruits provenant de la salle du fond suggèrent que ce n’est que temporaire. Je chemine à travers des photos et des tableaux retraçant l’historique du club, je reconnais notamment Matthew Le Tissier, star de Southampton des années 90 qui avait éclairé mes premières soirées dominicales passées devant l’EDD. Les canapés du Players Loundge sont occupés en majorité par les femmes des joueurs et leur marmaille. Il faut se frayer un chemin entre les poussettes et les landaus pour atteindre le minibar. Dans le coin droit de la pièce, les marmots les plus âgés s’écharpent sur les 4 consoles de jeux mis à leur disposition. La classe hein ? Après avoir récupéré ma pinte au minibar, je me dirige vers les accès menant aux tribunes, les premiers chants se font entendre au loin …

Je pénètre dans l’enceinte. Ma place est située à mi-hauteur, à coté du virage réservé aux supporters des Blues. Le bruit est assourdissant, les chants des supporters des deux camps grondent et résonnent dans le stade. La pluie et le vent redoublent de violence, et on commence à se demander comment les 22 acteurs vont pouvoir jouer au foot. Mais je me rassure immédiatement, je suis en Angleterre bordel ! Ici on joue par tous les temps et la pelouse semble ne pas souffrir de l’averse. J’ai à peine le temps de reluquer les femmes des joueurs que l’hymne des Saints retentit. Les joueurs pénètrent sur la pelouse. Je reconnais de loin l’entrée du Spécial One qui se retourne illico vers ses supporters pour les applaudir. En retour, les chants vantant les mérites du Mou s’élèvent des tribunes. Compte tenu des blessés et des suspendus, les compositions d’équipes sont celles qui étaient plus ou moins attendues, à savoir :

Davis – Chambers, Fonte, Lovren, Shaw – Cork, Schneiderlin – Lallana, Davis, Ramirez – Rodriguez.

Cech – Azpillicueta, Cahill, Terry, Cole – Ramires, Mikel – Mata, Hazard, Schürrle – Torres.

Il est pile 15h quand l’arbitre siffle le coup d’envoi. Je me mets à chanter avec le stade version Jean-Michel Apeupré. Les premières minutes sont clairement à l’avantage des blues qui étouffent complètement les joueurs de Pocchetino. La défense des Saints peine à se dégager sous la pression et les attaquants rouges ne voient pas l’ombre d’un ballon. Le jeune latéral gauche Luke Shaw souffre le martyr face aux assauts répétés de Mata et Torres. La première occasion est logiquement pour les joueurs de Chelsea ; Ramires lance parfaitement Torres en profondeur dans le dos de Shaw, mais le portier Davis s’interpose sur la frappe puissante de l’attaquant de la Roja. Le corner qui suit ne donne rien. Petit à petit, les Saints refont surface sous l’impulsion du trio Cork – Schneiderlin – Davis. Après le premier quart d’heure, le match a clairement changé de physionomie : les saints dominent territorialement et imposent une pression constante à leurs adversaires mais sans se créer de véritables occasions … jusqu’à la 25^ème minute. Sur une superbe ouverture lobée de Schneiderlin, Rodriguez se présente seul face à Cech, mais il manque son duel. Dans la foulée, suite à un cafouillage dans la surface londonienne, les joueurs de Southampton réclament un penalty pour une faute de main de Cole, mais l’arbitre ne bronche pas malgré la bronca du stade. J’insulte copieusement Cole, mes voisins se marrent puis suivent le mouvement … Quelques minutes plus tard, sur un corner botté par Gaston Ramirez, la tête de Lovren passe à quelques centimètres des montants de Chelsea. Enfin quelques minutes avant la mi-temps c’est au tour de Fonte de planter une tête qui passe au dessus de la barre transversale. A la pause, les Saints peuvent avoir quelques regrets, car hormis les 10 premières minutes, les Blues n’ont jamais été dangereux et les coéquipiers de Lallana ont finalement eu les meilleures opportunités. Hazard, Mata et Schurrle ont progressivement disparu de la circulation, et il n’y a guère que Torres qui a surnagé.

Je profite de la pause pour me rassasier, une bonne saucisse grillée et une pinte feront l’affaire. De retour dans les tribunes, j’ai soudain une envie folle … Je descends tout en bas, à proximité des places les plus proches de la pelouse et réservées aux handicapés. Ca y est, je suis à quelques mètres du Special One, je l’insulte avant de me faire refouler par les stadiers qui me demandent gentiment de regagner ma place en tribune. José ne se retourne pas face à mes invectives, qu’à cela ne tienne, j’aurai quand même eu une photo du dos de Mourinho !

A la mi-temps, Clyne remplace le jeune Shaw visiblement diminué … Dés l’entame de la 2^ème mi-temps, les Saints ont une nouvelle opportunité, suite à un cafouillage dans la surface de réparation le ballon revient sur Lallana qui d’une frappe sèche vient inquiéter Cech. Ce sera la dernière occasion pour les Saints … Le tournant du match intervient à la 55^ème minute, le Mou opère deux changements décisifs : les deux prodiges brésiliens Oscar et Willian remplacent Mata et Schurrle. L’effet est immédiat. Sur son premier ballon, Willian lance Oscar dans la surface des Saints. Ce dernier contrôle et tente d’embarquer le gardien de Southampton et puis s’effondre dans la surface … L’arbitre siffle, mais au grand soulagement des supporters rouges et blancs, il sort un carton jaune à l’encontre du milieu offensif brésilien coupable d’une simulation flagrante. Les ralentis lui donneront raison. A la 60^ème minute, Oscar se joue de Chambers et adresse un centre dans la surface. Le ballon, dévié par Fonte, se transforme en centre-tir, lobe Davis et vient heurter le poteau, le ballon revient sur Torres qui reprend et marque. Coup de froid au St-Mary Stadium. Dans la foulée, Pocchetino décide de faire entrer Ricky Lambert en lieu et place de Jack Cork. Décision surprenante, car le milieu international anglais avait été bon lors du premier acte alors que Gaston Ramirez semblait errer comme une âme en peine et avait été pris en grippe par une partie du public. Après le match, Morgan me confirmera que c’était un choix tactique, le  néo-international n’étant pas blessé. Après l’ouverture du score des Blues, leurs supporters donnent de la voix et allument quelques fumigènes. Les stadiers interviennent et quelques échauffourées éclatent, mais sans conséquences … Pendant ce temps là, Willian et Oscar continuent de torturer l’arrière-garde des Saints et les joueurs de Pocchetino vont craquer une nouvelle fois. Après un petit numéro de Oscar sur le flanc gauche, il adresse une passe à Willian qui a l’entré de la surface surprend Davis d’une frappe parfaitement placée, 0-2. A 10 minutes du terme, Oscar s’en va inscrire un 3^ème but anecdotique à la suite d’une belle action collective et d’une passe bien sentie d’Eden Hazard. Voilà, 0-3 pour les visiteurs. Score très sévère si l’on tient compte de la 1^ère mi-temps où les blues ont souffert. Les entrées de Willian et surtout d’Oscar ont été déterminantes. A la fin du match, le Mou et Petr Cech viennent saluer les 2000 supporters londoniens qui ont fait le déplacement et qui entonnent leur hymne favori à la gloire du Special One.

Après le match, je retourne dans le Players Loundge pour tenter de noyer ma déception dans la bière. Je croise Arthur Boruc qui accepte gentiment de poser pour la postérité … Je suis à deux doigts de lui demander comment va Begovic, mais je m’abstiens … Finalement, je quitte le stade, heureux d’avoir pu assister à un match de PRL très agréable et rythmé, mais frustré de la tournure des évènements. Chelsea sera un client sérieux pour le titre et Southampton mesure l’écart important qui le sépare d’un candidat à l’Europe.

Axel Remaster