France – Angleterre (2-1) : L’Académie française sauve le monde du péril anglais

0

Duel fratricide ? Un grand classique ? Pas vraiment au regard de l’histoire commune footballistique des deux pays. Mais, bon Dieu, qu’est-ce que c’est bon de foutre dehors ces cons-là.

Tout avait très mal commencé : à 15 minutes du début du match, votre serviteur était coincé dans la ligne 12 du métro parisien, de moins en moins convaincu de l’utilité de payer 84 euros un Pass Navigogo pour un service de transport public volontairement réduit à peau de chagrin par Pécresse afin de pouvoir en justifier l’ouverture à la mise en concurrence (#alltimeclassicfromTeamDroite).

Une course à pied plus tard, votre héraut est finalement arrivé pile pour entendre le God save the King entonné par le seul peuple capable d’être aussi génial que complètement con. Une mauvaise bière à la main, communhommage à nos adversaires du soir, et c’était parti.

La compo :

Le onze-type est reconduit, sans surprise. Sur le papier, ce onze tient évidemment la route face aux honnis voisins. Notre banc, lui, ne peut pas en dire autant : quand les Three Lions peuvent se permettre de faire rentrer des Rashford, Mount, Grealish, TAA, Sterling (hihi), on a juste un Coman voire un Camavinga.

Le derrière : ciblé par tous nos adversaires comme le point faible de l’arrière-garde – à raison –, Julot Koundé aura fort à faire face aux virevoltants et forts doués Phil Foden et Jude Bellingham, avec l’aide de son milieu. L’une des clés du match.

Le milieu : c’est LE match où Adrien doit affirmer sa nouvelle envergure en réduisant le milieu adverse en bouillie, appuyé par un Aurélien duquel on attend, enfin, qu’il sorte les crocs.

Le devant : si beaucoup se focalisent sur le duel Mbappé – Walker (ce dernier étant un très bon latéral, doté d’une vitesse a priori capable d’endiguer les chevauchés de Kyky), l’ensemble de notre attaque peut faire mal. Et je ne vois pas pourquoi Dembélé ne mangerait pas Luke Shaw à droite et pourquoi Giroud ne croquerait pas physiquement l’insipide Maguire.

Le match :


Malgré deux pertes de balles dès l’entame du match, ce sont bien les Bleus qui entrent le mieux dans la rencontre : le premier quart d’heure est appliqué et sérieux. On trouve la tête de Giroud mais ça atterrit dans les bras de l’infâme Pickford. La deuxième occasion est la bonne : alors qu’on fait tourner le cuir autour de la surface anglaise, Tchouaméni se prend pour Pogba et décoche une frappe tendue à vingt mètres. Petit filet, Pickford est battu (1-0, 16e).

Début de match on ne peut plus idéal donc. On a fait le plus dur, faisons attention à la réaction des Angliches. Las ! Les Bleus préfèrent directement se liquéfier : ils se disent certainement que 75 minutes en bloc bas dans leur surface, c’est une super idée pour garder le score. Les copains du magnifique Jordan Henderson se révoltent logiquement et sonnent la charge : Kane, par deux fois, oblige Captain Hugo à la parade, et manque d’obtenir un pénalty pour une faute d’Upamecano. Ca tangue sérieusement derrière, c’est fébrile, mais la baraque bleue tient jusqu’à la pause. Un bon secouage de puces par Deschamps et on repart comme en 40 ?

Que nenni ! La France débute la seconde période comme elle a terminé la première : la peur aux miches, les commissions dans le filet. Que l’Angleterre soit une bonne équipe, c’est un fait ; qu’elle soit dotée de nombreux talents offensifs, également. Mais rien, vraiment rien, ne devrait nous faire trembler des jambes à ce point-là. On est incapables de garder le ballon plus de 10 secondes, de trouver des relais et encore moins nos attaquants. A ce rythme-là, il est évident que…. ben voilà. Saka, le talentueux gunner, s’amuse une nouvelle fois côté droit, crochète Tchouaméni qui ne peut se retenir de lui faire un croche-pattes. Harry Kanenculé exécute le péno sans coup férir (1-1, 54e).

Peur sur la ville : si le temps restant à jouer se déroule de la même manière que les dernières minutes, on va rentrer à la maison. Un sursaut post-égalisation arrive à point nommé : Rabiot déboule plein axe et arme une très belle demi-volée sortie par Pickford puis Mbappé prend le dessus sur Kyle Walker mais son centre ne trouve personne. Un « sursaut », c’est bien le cas : à la fois subit et quasiment involontaire, notre regain ne dure pas.

Le temps s’égraine et la physionomie du match reste la même : les Anglais sont en totale confiance et nous dominent. Saka, Bellingham et Kane nous font des misères. L’équipe est aux fraises et manque cruellement d’agressivité : les hommes de Southgate ont toujours le temps de contrôler, de lever la tête et de s’appliquer pour centrer-tirer-passer. La maison bleue brûle mais il y a toujours un mais : une jambe qui traîne, un Lloris impeccable, un ballon qui effleure le poteau… Ça tient. On ne sait pas comment, mais ça tient.

Une incursion inédite de Dembélé côté droit met Giroud sur orbite mais la volée du Milanais trouve Pickford. Saurait-on jouer au foot ? Aurait-on envie ? Alors que Marcus Thuram s’apprête à remplacer Olivier, les Bleus se disent en effet que merde, après tout, ils ont bien envie de jouer au foot. Côté gauche, Griezmann s’avance, enroule son centre et trouve l’inoxydable, l’inénarrable, le sublime, le barbu, le christique, l’ancien Tourangeau : Olivier Giroud qui, passé devant Maguire, redonne l’avantage aux Bleus de la tête (2-1, 78e).

Si médiocres pendant si longtemps, les Bleus (Jordan) piquent fort avec ce deuxième but. Il reste un quart d’heure à jouer. Vu la physionomie du match, c’est incroyable d’être devant. Alors on respire, on se calme et on fait ce que toute équipe de haut niveau doit savoir faire : fermer boutique et tuer en contre. Arrive Théo Hernandez : patatras, boum, badaboum. Aussi bourrin qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine et aussi con qu’un balai, l’autre Milanais des Bleus expédie Mason Mount en Chronopost à la réception d’un ballon aérien peu dangereux. QUEL DEBILE. MAIS C’EST PAS VRAI.

Avec l’aide du VAR, un péno est logiquement sifflé, à l’image de la bière qui me restait entre les mains. Et c’est là qu’on aime l’Angleterre. Bloody hell. Harry Kanenculé envoie son pénalty au-dessus du stade, communhommage au rugby, sport dont les Anglais devraient se contenter. Malédiction anglaise, chatte à Deschamps, ce que vous voulez : c’est un nouveau moment de l’histoire du football qui s’est écrit, pour l’Angleterre c’est sûr, pour la France aussi, si elle va au bout.

Les dernières minutes ont l’odeur du souffre. Les respirations sont difficiles. A chaque ballon capté par Lloris, les Français gueulent « OUAAAAAAAAAISSS VOILAAAA GARDE LAAAAAAAA ». Un dernier frisson, causé par une faute stupide de Coman à l’entrée de notre surface face au but alors que Maguire voulait frapper (je veux dire, c’est Maguire, le gars a déjà du mal à épeler son nom), parcourt toutes nos échines quand le cuir propulsé par Rashford flirte avec la transversale.

La France boute les Anglais hors du Qatar, non sans avoir souffert, et le monde nous en sait gré. On remerciera Southgate d’avoir eu davantage peur de perdre qu’envie de gagner, comme un vulgaire entraîneur de Ligue 1. Certains comparent ce quart à la demi face aux Belges en 2018 : il y a de l’idée mais on avait bien davantage muselé les Belges, avec une maîtrise globale de l’évènement là où, face aux Anglais, le risque de cagade fut, à mon sens, bien plus réel. Mais on y est. Avec 25 minutes de football sur 90, comme des Champions, les Bleus sont en demi-finale de Coupe du Monde. RDV mercredi soir face à la surprise marocaine.

Les notes :

Lloris (5/5)

Plusieurs arrêts salvateurs, des interventions qui soulagent et un très solide jeu au pied (c’est-à-dire des dégagements lointains bien réussis) : taille capitaine.

T. Hernandez (0/5)

En comparaison, son frère Lucas sait faire plus de petites fautes de chien de la casse avec beaucoup moins de conséquences. Mangé par Saka toute la soirée et coupable d’un péno d’abruti à huit minutes de la fin.

Varane (3/5)

A tenu la baraque quand la maison était en feu sans pour autant dépasser ses fonctions en essayant de reconstruire la bicoque.

Upahhhhhhhmecano (2/5)

Il a contribué au premier but bleu et a souvent orienté le jeu, contrairement à son compagnon de l’axe. Mais derrière, ce fut beaucoup plus fébrile, ce qui est quand même dommage pour un défenseur.

Koundé (2/5)

Il a moins souffert que prévu et plutôt bien éteint un Phil Foden pas inspiré du tout. Mais dès que ça s’est tendu, on a retrouvé ici et là un marquage apocalyptique, des contrôles ratés (!!!) et, encore plus énervant, un manque d’agressivité affolant laissant le temps aux adversaires de centrer.

Tchouaméni (2/5)

Son but, qui n’est pas sans rappeler les mêmes frappes de Pogba à mi-distance, est plus que bienvenu pour éviter le zéro pointé. Pour le reste, beaucoup trop souvent en retard et à la masse sur pas mal de situations défensives.

Rabiot (4/5)

La confirmation. Je concède qu’il a aussi souffert par moments mais lui a été irréprochable dans l’engagement, le combat, les petites fautes qui font du bien. On lui a vendu un combat, il a répondu présent.

Dembélé (1/5)

Impossible de lui mettre plus que ça tant le fait de ne pas réussir à déborder Luke Shaw plus d’une fois est inimaginable. Il aurait dû se délecter dans son couloir : il s’est perdu. Remplacé par K. Coman (non noté).

Griezmann (5/5)

Pas les mots.

Mbappé (1/5) :

Une croix dans le carnet de liaison pour « absence impromptue ». Avantage : je pense que ça ne lui arrivera qu’une fois…

Giroud (5/5) :

Peu trouvé et peu influent pendant la plus grande partie du match, il surgit pour donner la victoire aux Bleus et marquer, sans aucun doute, le but le plus important de son histoire bleue. Ses conservations de balle sur les grandes saucisses envoyées en fin de match sont un modèle du genre. Le meilleur des meilleurs.

Suivez Horsjeu, suivez-moi, suivez le compte de l’Académie Française pour ne rien manquer de l’histoire des Bleus, abonnez-vous, faites des dons. BA,

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.