La Borussia Akademie note Dortmund-Olympiakos (1-0)

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Jean Colère fait peur aux fesses de l’OM.

Jean s’offre une plongée dans le passé.

 

L’Histoire :

En 2003, le Borussia plonge dans une crise sportive et financière. La mise en bourse du club aura eu des conséquences catastrophiques. Le club est criblé de dettes. Les actions chutent. Le sportif perd les pédales.

Alors Jean prévient, il oubliera un instant les blagues sur la dette grecque. Même s’il en est friand quand même. Pour un match au Westfalen, face à une équipe du berceau de la philosophie, Jean préfère rendre un hommage à cet art du dialectisme et au grand homme qu’était Socrate. Malheureusement, celui-ci était indisponible mardi soir. Jean ne voulait pas subir 90 minutes en présence d’Alain Finkielkraut. Jean a donc visionné le match avec un de ses amis, l’étranger d’Elée, Théétète, qui dialogue avec Socrate dans Le Théétète puis dans Le Sophiste notamment.

 

Le débat philosophique :

Jean : Salut Théétète ! Toi qui est Grec, tu préfères regarder le match entre l’Olympiakos et Dortmund au lieu de manifester dans la rue ?

Théétète : Oui.

Jean : Tu pronostiques quoi sur ce match ?

Théétète : Dans quel sens ?

Jean : Ba, tu penses que l’Olympiakos va encore gagner ?

Théétète : Tout à fait.

Jean : Salaupiaud de Grec. Tu vas voir tiens…

Les supporters du Weistfalenstadion se font entendre. Les joueurs rentrent sur le terrain. Dortmund semble avoir une motivation comme jamais ils n’ont encore montré en coupe d’Europe cette saison. Schmelzer tente une première frappe à 25m pour tester la résistance de Costanzo. Puis, sur une passe géniale de Großkreutz, Götze peut déborder et mettre la balle en retrait à Perisic. Le Croate envoie la balle aller se faire voir chez les Grecs.

: C’est déjà chaud pour les Grecs.

T : Oui.

J : Ca ne t’étonne pas ?

T : Non. Je vois ça tous les jours dans la rue, dans ma banque et à Mikonos.

Großkreutz envoie une frappe de l’extérieur qui frôle Lewandowski et rentre facilement au fond. Dortmund mène déjà 1-0 et le soulagement se sent un peu partout. La saison européenne peut commencer.

J : Ah, ba, enfin. C’est plaisant de revoir l’équipe qui joue, qui bouge dans tous les sens, qui ose..

T : Tu dis de façon juste.

J : N’est-ce pas ? Maintenant, il s’agit de continuer. Les Grecs ne peuvent rien faire tant qu’on jouera comme ça.

T : En effet.

Un quart d’heure plus tard, Dortmund baisse une première fois le pied. Ce sont les premières percées de l’Olympiakos sur l’autre moitié de terrain.

(24′) J : Dis-moi, tu as vu cette touche ?

T : Oui.

J : Les lignes de touche font partie du terrain, c’est bien ça ?

T : C’est ça.

J : Toujours à tricher avec tout, les Grecs.

(29′) J : Par contre, notre jeu aérien est calamiteux. Entre Weidenfeller qui rate ses sorties et les défenseurs incapable de faire une tête… On se met en danger tout seul.

T : Tout à fait.

J : Tu penses que l’Olympiakos peut égaliser si ça continue ?

T : Oui.

J : Il est temps de repartir à l’attaque là. Sinon ça va commencer à sentir la moussaka.

Jusqu’à la mi-temps, contrairement aux souhaits de Jean, il ne se passe plutôt rien. L’Olympiakos continue de grapiller de la domination territoriale. Modesto fait un centre incongru, qui, comme une scène de Didier, manque de justesse de retomber dans les buts de Weidenfeller.

A la mi-temps, la discussion dérive sur le rôle des supporters. Théétète soutient qu’un club sans public ne devrait pas être en Ligue des Champions et que l’AS Monaco n’était qu’une faille spatio-temporelle. Puis, il s’énerve tout seul et part à la recherche d’un gyros. Jean regarde le début de la deuxième mi-temps seul.

A la 50′, Mellberg obtient son jaune. Lewandowski a accompli son travail de sape, depuis la première mi-temps. Il aura beaucoup pesé sur la défense centrale grecque, en se plaçant juste de manière à les empêcher eux de jouer. Quel génie !

Kehl distribue le jeu à sa guise. Dortmund se redresse légèrement et montre un peu d’agressivité offensive. A l’heure de jeu, Lewandowski récupère un ballon qui traîne, dribble Costanzo… Et frappe sur le poteau. Lewandowski encore, quelques minutes plus tard, est arrêté par Mellberg en dernier défenseur. Il ne se passe rien. C’est la dernière occasion de Dortmund. Commun symbole, c’est le retour d’un Théétète rassasié.

J : Tu reviens que maintenant ?

T : En effet.

J : Tu n’as pas raté grand chose. Le Borussia a repris ses mauvaises habitudes. L’Olympiakos rôde mais n’a pas vraiment de quoi être inquiétant.

Perisic profite de la discussion pour frapper un panneau publicitaire. L’espace d’un instant, les rôles s’inversent.

Théétète : Très belle action.

Jean : En effet.

Théétète : C’est fort à propos de voir une équipe allemande frapper une banque dans un match contre une équipe grecque. Le problème ne serait pas seulement Grec ?

Jean : Je crois que tu as raison.

Théétète : La dette grecque est comme ce tacle de Perisic. Idiot, crétin, mais un jaune est suffisant. On va pas expulser notre pays de la zone Euro pour ça quand même ?

Jean : Oui.

La fin de match n’a plus vraiment d’intérêt. Le Borussia défend à tout va, avec cinq défenseurs, tandis que les Grecs n’attaquent presque pas. Seul moment d’émotion : la sortie de Leitner à cause de crampes (et après avoir été lâchement abandonné par Hummels, qui a pris peur en voyant des rouges et blancs venir vers lui.) Le match se termine avec un petit 1-0, qui suffit au Borussia pour reprendre de la confiance.

 

Epilogue.

J : Tiens, je me rappelle d’une seule phrase en Grec ancien. C’est ton ami Socrate, qui aimait bien poser des questions conceptuelles. « Ti esti to kalon ? », Qu’est-ce que c’est le beau ?.

T : Oui, c’est exact.

J : Tu répondrais quoi aujourd’hui à cette question ?

T : Großkreutz.

 

Si c’est Théétète qui le dit…

 

Les soldats :

Weidenfeller (2/5) : Il a quand même fait des sorties foireuses ce soir.

Piszczek (2/5) : Comme un symbole d’une équipe mangée progressivement par l’enjeu, il a été discret et défensif, exactement à l’inverse de son habitude.

Schmelzer (3/5) : Par rapport au match aller, Schmelle a été parfait ce soir. Par rapport à son potentiel, il a été dans la moyenne.

Subotic – Hummels (3/5) : Qu’ils continuent. Par pitié, qu’ils continuent comme ça. Ils sont solides, propres, beaux. Enfin… tant qu’il s’agit de ballons au sol.

Kehl (4/5) : Encore un match de Sebastian, encore une réussite. Il aura accompli tout comme un chef d’infanterie, veillant au respect des consignes, liant les lignes pour une efficacité maximale.

Leitner (4/5) : Lancer le petit jeune pour une première titularisation en Ligue des Champions, il fallait oser. Etant donnée son envie, c’était parfaitement joué. Il a été dans un rôle plus offensif qu’à l’habitude, presque à hauteur de Götze, et a donné le change pendant 80′ et 12km, jusqu’à craquer sous le poids des crampes. Jean demande plus souvent.

Götze (3/5) : En position axiale, il a plus de difficulté. Il a souvent cherché à combiner sur les côtés, ce qui a donné de bonnes phases avec Großkreutz notamment. Rien de transcendant toutefois.

Großkreutz (5/5) : Frappe magnifique, but, débordements, changements incessants, imprévisible. Il a retrouvé son niveau de l’an dernier. Son style punk va bientôt faire à nouveau des ravages. Le beau, aujourd’hui, c’est lui.

Perisic (2/5) : Notre Marc Zuckerberg. On ne sait jamais trop s’il veut nous faire plaisir ou s’il a des arrières-pensée. Saleté de Facebook.

Lewandowski (3/5) : Il a pourri les deux défenseurs centraux. Il a obtenu un jaune pour chacun d’entre eux. Avec le ballon ? Rien, ou presque.

 

Les réservistes :

Kagawa (non noté) : Aussi invisible titulaire et remplaçant. Le BVB songerait à lancer un jeu concours à chaque match du Borussia : où est Shinji ?

Santana (non noté) : Entré pour suppléer le pauvre Leitner. Il a pris place entre Hummels et Subotic et joué au pompier pendant 10 minutes. C’était long, mais nécessaire dans une équipe qui ne songeait plus qu’à défendre.

 

Le maître ès tactique aura laissé les clefs au public pendant 30 minutes. Résultat : de l’envie, un jeu offensif d’excellente facture, du mouvement à tout va et une domination dans la possession de balle. Ensuite, la peur européenne a repris le dessus. L’expérience de ces matchs, Jean l’espère, permettra d’aborder les prochaines échéances avec un peu plus de sérénité et surtout avec le même esprit qu’en Bundesliga : sans arrière pensée, à tout va, par le jeu.

 

 Jean Colère.

Une fois n’est pas coutume, le résumé est commenté en français.

3 thoughts on “La Borussia Akademie note Dortmund-Olympiakos (1-0)

  1. Ca dépend. Contre Mainz, il a fait partie des meilleurs, oui. Mais la plupart de ses matchs titulaires me laissent sceptique.
    Sur ce match là, il rentre dans un mauvais contexte, je lui reproche pas tellement… Mon commentaire est peut-être trop lapidaire effectivement. Mais généralement, je sais qu’il peut mieux faire alors qu’il a un rôle très important pour le jeu du Borussia.

  2. Il traverse sa première vraie période de doute, il n’avait jamais connu ça. Les macths en EN sont très importants pour lui, et tant qu’il maintient ce niveau avec les samouraï blue, je me fais pas de soucis. Il lui suffit d’un but, de deux bons matchs et il sera reparti.

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