Le Journal de Gaby, épisode 1

Mon ami Gabriel Heinze dont je suis le fan numéro 1 m’a promis une chose lors de sa dernière visite à Verrières-le-buisson (racontée ici, sur mon Facebook : ) : me faire vivre la Coupe du Monde de l’intérieur, avec la sélection albiceleste. Pour que les mails de Gabi soit compréhensibles de tous, je me livrerai à une traduction frargentin – français. Mais le journal de Gabi devra être lu avec un accent à couper au couteau. Les photos figureront à la fin des mails ! A delante, vamos !

Cher estagiaire,

Je vais te raconter le début de la préparacion con l’Argentina. Je m’étais endormi depuis 4 jours dans un yacuzzi de bière et de champagne à l’estadio Vélodrome quand on m’a apporté une convocacion de Diego. Ca fait longtemps que je regarde plus les listes à la télé : je sais que Diego va me prendre de toute façon…jaja. J’avais déjà mon billet d’avion pour rentrer à la casa. Dans l’avion j’ai ouvert un journal et j’ai découvert la liste de Maradona… Et là je me suis dit : « Putamadre, Diego, c’est quoi esa lista ? Les joueurs du Colon Santa Fé et de Lanus, c’est un pari ? C’est pour leur faire des blagues de culo? Tu veux mettre l’ambiance comme ça pendejo ? »

En plus, entre Pastore du Palermo et Palermo de Boca, no entiendo nada… je comprends dégun (j’ai appris un poco le marseillais)… Et puis Cambiasso, Zanetti, Lucho, ils sont où mes amigos ? Vacaciones ? Y’étais rouge de colère. En descendant de l’avion j’ai appelé Diego sur son Iphone ; il m’a dit qu’il avait pas sélectionné Lucho à cause de son tatouage sur le mollet (ici) : il n’apprécie pas que ça soit une caricature de lui avec son gros ventre : il aurait préféré un portrait de trois-quarts de l’époque 1986, en général triomphant ou en dios grec. Ca tient à rien, une sélecion… jaja. Le pauvre Lucho, qui sait que je regarde jamais les listes de Diego, il a essayé de me faire croire qu’il y était. Alors j’ai pas compris pourquoi il partait Miami pour deux jours sans me dire au revoir.

Bueno, je suis donc arrivé au pays. Avec mon stock de tee-shirts « Legalize it », tu sais, de mon associacion pour que les arbitres arrêtent de siffler les coups de coudes. Y’en ai donné à mon ami Brandao, qui va faire du lobbying de son côté. Yé crois qu’il est chez sa mamma au Brésil, à moins qu’il soit dans sa résidencia secondaire de Tchernobyl – celle qu’il a gardée de son passage au Chakhtior Donetsk. C’est bizarre comme endroit mais ça lui plaît ; il est un peu espécial Brandao. Yé mé demande si ça ne l’a pas rendu invulnérable à la douleur, si ses poumons ne sont pas tapissés de poussières radioactives lui donnant un avantage indétectable aux contrôles anti-dopage, jajaja !

Bref, j’ai distribué tout mes t-shirts à mes coéquipiers, même ceux que je connaissais pas. Diego rentrait pas dedans, j’ai oublié d’en prendre un à sa taille. De toute façon, il s’en fout, Môssieur préfère le beau jeu. c’est un combat qui le touche pas particulièrement, mais c’est pas grave : no pasaran quand même.

Si, Diego, il est obligé de me prendre dans ses 23 mais on s’aime pas beaucoup ; je me permets beaucoup de choses avec lui que les autres n’oseraient pas faire. Tous les joueurs l’adorent, ils touchent son pied gauche avant chaque match, ils brûlent de l’encens sur son passage, allument des cierges autour de lui, le ventilent avec des feuilles de bananier, mais yé comprends pas pourquoi : combien de duels défensifs gagnés, de tacles réussis, de fautes tactiques dans sa carrière hein ? C’est ça le meilleur jugador de l’Histoire ? Jaja, laisse moi rire. Régarde, moi aussi hombre j’enroule des coups-francs du pied gauche maintenant. Au moins, votre Domenech, estagiaire, il savait faire des tacles… De toi à moi, y’ai toujours pensé que les meilleurs entraîneurs étaient d’anciens défenseurs, si tu vois ce que yé veux dire…

Mais trève de palabras, maintenant on est installés au High Performance Center de Pretoria, un truc où ils élèvent des gros bestiaux avec des farines animales  à l’année et où de temps en temps ils font pareil avec des rugbymen – une équipe assez fuerta qui s’appelle les Springboks, les boîtes du Printemps, qué ça veut dire.

Y’ai demandé à Diego de me mettre dans la chambre avec un arrière latéral, jé voulais pas d’un cabron d’attaquant qui écoute du rap argentino toute la journée. Je suis avec Otamendi l’arrière droit de l’équipo qué je surnomme Bernard Otamendi mais il comprend pas à qui yé fais référencia… Jaja.

Diego a fait en sorte qu’on ait tout le nécessario :  il avait déclaré à la Presse anglaise : « Les bidets sont légions en Argentine, mais c’est dur d’en trouver par ici. Nous sommes parvenus à dénicher des ersatz qui feront l’affaire, mais qui nous obligent à changer toute la salle de bain ». (voir ici) Il veut rester propre, el Manekenpiss de Oro… il dit qu’avec un cul propre, t’as moins envie de te gratter. Ca c’est pas faux. Et que si t’as moins envie de te gratter, tu seras plus concentrado. Là yé lui ai dit quand même que Rafael Nadal il se gratte le cul entre chaque point mais il gagne quand même…

Bueno, en préparacion comme tu  le sais, on a écrasé les reggaemen d’Haïti et les chanteuses à voix du Canada ; et Diego de son côté a écrasé une jambe de journaliste… una preparacion classique en somme. Et nous voici en Afrique du eSud avec una séleccion toute propre et pleine de personnalités fuertas dont je te parlerai au prochain épisode et notamment Diego dont je suis bien obligé de parler, cet idiot, mais aussi Messi, Tévez, Agüero, Higuain, etc…

Bueno, il faut que je descende manger, on se bouscule au buffet avec les gars pour avoir les premiers croissants…il faut jouer des coudes pour ne pas avoir que des miettes… C’est aussi ça la grinta argentina, nino, c’est pas comme ton appareil dentaire, tu peux jamais la laisser au vestiaire.

Hasta Luego nino.

Gabi.

PS : Voici quelques photos de la préparacion.

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