Ahoj ! Je suis de retour pour vous conter le football tchèque. Après Prague, dont vous pouvez retrouver la présentation des différents clubs de la ville ici, et  des matchs du Sparta,  des Bohemians 1905, et du Viktoria Zikov, j’avais décidé d’explorer la tchéquie plus en profondeur avec Mlada Boleslav, avant de rentrer à la capitale avec le Slavia.  Et attention aujourd’hui c’est chaud, car il s’agit du derby!

Logo du Sparta PragueLogo du Slavia Prague

Contexte

Le match aller avait eu lieu une semaine après mon arrivée.  Encore puceau de Prague, je n’avais su comment me procurer des places. « En allant au stade » m’avaient plus tard indiqué mes amis danois. Je m’étais donc fait la promesse de ne pas rater le retour, histoire de pouvoir assister au seul match qui nous parle vraiment en France lorsqu’il est fait mention du football praguois. Le Sparta accueillait donc le Slavia. Pour le Sparta, il y a deux enjeux majeurs. Déjà, laver l’affront du match aller, où un Slavia moribond l’avait battu et éloigné de la première place du championnat. Ensuite, c’est de cette même place de leader dont il est question. Le Sparta a rejoint le Viktoria Plzen en tête il y a deux semaines grâce à sa victoire lors du match au sommet (désolé, apparemment il est toujours de bon goût de mettre de la musique sur les résumés). J’y étais, le stade était complet, l’ambiance pas mal, parfois un peu tendue, notamment quand des ultras de Plzen ont réussi à sortir de leur parcage. Les locaux s’étaient eux surtout focalisés sur Lymbersky, plongeur au match aller avec pénalty à la clé. Le Sparta s’était imposé sur une tête de Lafata, meilleur buteur du championnat, débarqué cet hiver en provenance de Jablonec. Bref, je n’avais pas fait de résumé par manque de temps, et je m’étais en plus dit que le derby serait plus attractif pour tout le monde. Pour revenir au contexte, le Sparta n’est devancé qu’à la différence de buts, et c’est donc un véritable affrontement à distance qui a lieu dans les hauteurs du championnat. Pour le Slavia, il s’agit juste d’essayer d’emmerder un peu leur rival, en leur laissant le moins de points possibles dans la course au titre.

Résumé

C’est avec toute une armée que j’ai rendez-vous à l’arrêt de tram Sparta. Enfin une armée… Je me comprends… Ça me change de mon expédition solo à Boleslav, c’est sûr en tous cas. Nous sommes donc un Allemand, un Finlandais, deux Français, et la copine de l’autre Fançais à nous fondre dans la foule tchèque en ce samedi soir. Ce qui est top, c’est que la température annonce enfin que le printemps a décidé de bouger son cul. J’ai laissé les gants et le bonnet à la maison, et même mon gros manteau ne décolle plus de la chaise où je l’ai négligemment posé. Aux abords du stade, l’ambiance est encore bon enfant. Quelques supporters du Slavia se baladent par ci par là, sans être pris à partie. Des hélicoptères survolent la zone, qui est quadrillée par de nombreux policiers. Un fort afflux de personnes arrive par Letna Park. Je suis bien placé pour savoir pourquoi : le tramway dans lequel j’étais a connu une panne, et forcément, bloque les suivants. Heureusement on avait prévu assez d’avance, et il n’y a pas besoin de se presser outre mesure.

Spot touristique: aujourd’hui, le Letna Park et son métronome

A la sécurité, pas la moindre fouille. Quand même étonnant pour le derby, et avec autant de forces de l’ordre déployées… On fait la queue pour une première bière. Dix minutes. On ne rate que l’échauffement, ça va. On rejoint nos places. Comme face à Plzen, nous sommes justes à côté des Ultras du Sparta, ceux du Slavia sont à l’opposé du stade. Sur toute la longueur du terrain, des mecs agitent des drapeaux aux couleurs du Sparta, histoire de montrer de quel territoire il s’agit. Le speaker annonce les titulaires des locaux, que je commence à connaître à peu près. Puis c’est au tour de l’hymne du club, chanté par un mec sur la pelouse. Repris par la foule, ça ne vaut pas le Celtic, mais c’est quand même pas trop mal. Les supporters du Slavia en profitent pour donner de la voix, alors que les équipes font leur entrée sur la pelouse. Par réponse, deux mecs qui étaient avec des drapeaux sur la pelouse iront les agiter devant le kop des visiteurs. Après les serrages de main, le toss, une minute de silence a lieu, sans qu’on arrive à en capter la raison. Les Slavistas la gâcheront, en lançant des chants, qui seront couverts avec des sifflets, puis par d’autres chants d’insultes, bref, il n’y aura de silencieux que les dix dernières secondes.

Le coup d’envoi est donné, les deux kops se rendent coup pour coup. Sur le terrain, le Sparta s’approche une première fois des buts. Au bout de dix minutes, tifo du Sparta, avec le chiffre 12 (pourquoi? Je n’ai toujours pas réussi à savoir…) La partie est faussement équilibrée, on sent les locaux supérieurs tandis que les visiteurs sont laborieux et semblent se contenter de tenir en espérant un but chanceux. Pas de chance, au bout de 20 minutes cette stratégie précaire tombe à l’eau lorsque le malheureux Hubacek détourne un centre plutôt anodin (les attaquants ne cherchent même pas à aller couper le ballon) dans ses propres filets. Le Sparta avait bien réussi quelques incursions, mais le Slavia n’était tout de même pas acculé, et le but paraît vraiment stupide. Les décibels augmentent d’un cran  dans le stade, et les Ultras de Slavia continuent de pousser les leurs sans relâchement. Hélas pour eux, nouveau coup sur la tête quelques minutes plus tard, avec un nouveau but à la con encaissé. Dans le rôle du corniaud, Hubacek encore, qui glisse sur un six mètres de son gardien, le pressing du Sparta fait le reste, et Kadlec, le grand espoir tchèque peut tranquillement battre le dernier rempart adverse d’une frappe pure.

Ha ben zut!

La fin de la première mi-temps est accablante pour les visiteurs, incapables de réagir et de faire quoique ce soit de bien. C’est même les locaux qui sont proches d’un troisième but, on sent la défense des rouges et blancs très faible. Le stade entame même une ola, alors que je me demandais pourquoi les Slavistas s’étaient rassis, ce qui n’est pas dans leur habitude. Bref, ça se permet de chambrer. L’arbitre siffle la pause sur un dernier corner, la course à la bière est lancée. Déjà les files sont grandes, on en prend une au pif. Intuition pourrie sur le coup, mais on s’en rendra compte qu’à la fin. Car l’attente est interminable, on a le temps d’entendre les joueurs revenir sur le terrain, le public se concentrer de nouveau sur le rectangle vert. Bizarrement, il ne semble plus il y avoir de chants, et notre angle de vue sur la tribune visiteuse nous confirme un certain calme… Jusqu’au but de 2-1… Putain, mais le seum, rater un but, qui relance le match, fait chier, qu’est-ce qu’elle branle la serveuse ?

On attend encore un peu, on arrive enfin. Ah ok, elle est obligé d’aller chercher les bières chez les autres, parce que y’en a plus dans son fût. C’est con ça. Je commande une saucisse et des bières pour tout le monde, lui file la monnaie, le compte tout rond. Il manque une bière. Je lui dis. Elle m’en apporte une autre. Elle me demande de l’argent. Je suis niqué. C’est avec une certaine amertume que je rejoins ma place, avec dix minutes de jeu manqués à cause de ces conneries. Heureusement, mon pote français me raconte que sa copine a célébré le but du Slavia, emportée par l’euphorie naturelle du spectacle, ce qui lui a valu les regards noirs de toute la tribune. Ben oui, moi le cliché de la femme qu’on ne peut pas emmener au stade, ça me fait marrer ! En tous cas, ce but promet de maintenir l’intérêt du match, et une certaine pression sur le Sparta. Mais les joueurs semblent parfaitement s’en accommoder, et on ne peut pas dire qu’il y’ait de grands frissons de peur qui traversent les tribunes.

Le jeu se hache, pas de quoi vibrer. Même pas la présence Tomas Micola et de sa chevelure blonde, ou du grand Kweuke à quelques mètres pour leur échauffement. Une frappe de Lafata vient bien mourir sur le poteau, mais non, dans cette seconde mi-temps, on s’amusera notamment du grand nombre de fois où le speaker a demandé de ne pas utiliser d’engins pyrotechniques, on notera le moment où tous les fans du Slavia ont enlevé leurs maillots pour le brandir fièrement, et les autres animations dans les tribunes, mais rien d’enthousiasmant sur le terrain. Les coachs sont eux-mêmes attentistes et attendent la 80e minute pour faire un changement. En vain pour les visiteurs, qui encaisseront un nouveau but. Hubacek, toujours, est impliqué avec cette passe qui lui passe entre les jambes sans qu’il ne puisse la dévier. Le gardien ne peut rien, le match est plié. Les spectateurs commencent à quitter le stade. J’ai aussi oublié de préciser qu’il pleut depuis environ 15 minutes et que le toit ne va pas au-dessus de la totalité des gradins.

Le feu de l’action, le flou artistique, l’intensité dramatique: Fred Godard likes this

L’atmosphère est donc particulière, entre Sparta heureux et Slavia dépité. Des changements ont enfin lieu, mais l’arbitre décide de ne pas en tenir compte et accorde une seule minute de temps additionnel. Les rouges et blancs poussent mollement pour revenir plus près au score, mais ils n’y parviennent pas, c’est la fin du match, grosse exultation de joie sur le banc des locaux. On quitte les tribunes, je m’arrête aux toilettes. A la sortie, alors que les autres sont encore en train de se soulager, je retourne voir ce qui se passe dans l’arène. La scène est belle. D’un côté, l’effectif du Sparta célèbre sa victoire, et danse face à ses ultras qui leur répondent par des chants. A l’opposé, les joueurs du Slavia sont prostrés face à leurs supporters, à genoux, comme s’ils demandaient leur repentance. Là aussi, les Slavistas leur rendent hommage par des chants. Dans la victoire comme dans la défaite, on ne peut qu’être admiratif de ces démonstrations de communion entre équipes et fans. C’est sur cette note que je décide de sortir du stade, et que je traverse le Letna Park dans le sens inverse pour retrouver la raison de vivre des Erasmus : la bière.

Les bonus

Les notes: J’ai déjà noté ce qui concernait le Sparta. Bon c’est sûr que par rapport à la dernière fois, l’ambiance était bien meilleure, et il y avait aussi plus de meufs. Bon par contre, cette histoire de bière m’a énervé. Les prix des places étaient plus chers que pour un match normal, même si ça reste raisonnable (170Kc, environ 7 euros). Il valait évidemment mieux s’y prendre en avance pour en obtenir, à moins d’être adepte de la vente à la sauvette. Niveau joueurs, Lafata est pas mal mais un peu vieux, Kadlec a vraiment un petit quelque chose, et Hubacek a passé une soirée de merde. En même temps, mettre un mec d’1m74 en défense centrale, c’est généralement que tu cherches les problèmes. Sinon, qui dit samedi soir, dit multiples possibilités de faire la fête: réfugiez-vous dans un bar de Prague 7, consultez les programmes des clubss environnants (Cross Club, Kokpit Cafe pour l’alternatif, Mecca, Sasazu pour ceux qui aiment les trucs énormes et commerciaux).

Les liens: – Un résumé du match

– Quelques images des ultras

– La journée des Fans du Slavia

– La page youtube lorsqu’on tape « Sparta-Slavia 2013« , pour les amateurs de vidéos.

– Le calendrier sexy du Slavia Prague

Je vous paye une bière pour m’excuser!

Voilà le classement. C’est tout pour ce Rendez-vous en foot inconnu! N’hésitez pas à repartir pour le Mexique avec Rigoberto Pirès, ou en Macédoine avec Tristan Trasca.  Si vous voulez me suggérer des améliorations pour cette rubrique ou si vous voulez que je note d’autres choses dans le stade, dites-le-moi en commentaire. Si vous avez envie de football à Prague, contactez-moi par mail tristanbourrepif@gmail.com. Merci, et à bientôt sur Horsjeu.net !

Anàl Kiss,

Tristanec Bourrepifèc

5 thoughts on “Rendez-vous au Derby de Prague: Sparta-Slavia

  1. Pour le tifo, il semble qu’il y ait eu une trilogie, et que celui-ci en soit la conclusion. Contre Chelsea c’était la date de création du club (1893, 120 ans d’existence), contre Plzen l’entité du club (ACS), et contre le Slavia ce serait le nombre de titres effectivement (ils en visent un 12e, contre 7 au Slavia (Période post Tchécoslovaquie)) http://www.spartaforever.cz/images/fotoalbum/2656/d3e148d510450b7.jpg

    Pour un petit récapitulatif des confrontations: http://en.wikipedia.org/wiki/Prague_derby

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