Dépucelage réussi du côté du stade d’Ornano pour moi, avec I Sanguinari.

La journée a commencé par une coupure de courant généralisée dans mon quartier. Elle a continué par un blocage au milieu de la route par un camion qui ramassait des troncs d’arbres, puis par un blocage au milieu d’un rond-point au fin fond du pays par la CGT et des gilets jaunes. Au terme d’un voyage rythmé, la 106 a fini par faire son arrivée à Caen en milieu d’après-midi, pour la première fois.

Ce n’est pas seul, mais accompagné que j’ai fait ce long voyage de 6h45 jusqu’en Normandie. Fan de Benjamin Leroy, qu’il suit partout ou presque, Jordan a fait le voyage avec moi. Habitué aux trains, il a cette fois-ci dû se résoudre à trouver une autre solution pour rejoindre la ville où son gardien de but préféré jouait : il a donc quitté sa ville de Chamonix, en Haute-Savoie, le jeudi pour me rejoindre et partir avec moi le vendredi. Vous suivez ?

Petit passage par un centre commercial pour acheter des tripes à la mode de Caen, petit détour par l’hôtel des joueurs acéistes pour boire une petite Ciney blonde et il est déjà l’heure de se rendre au stade. Car oui, pour cette rencontre, le Stade Malherbe de Caen, via son très sympathique CM, m’avait invité à rencontrer mon homologue caennais, qui fait tous les déplacements pour suivre son club, et de participer à une petite visite du stade, avec immersion dans les vestiaires, visite dans les travées de la tribune officielle et approche au plus près de la pelouse. J’ai donc rencontré Salah, un retraité discret qui suit le SM Caen partout (ou presque, il rate un ou deux déplacements à l’année) depuis… 1988. Il a fait tellement de déplacements qu’il ne peut plus les compter. À hauteur de 20 déplacements par saison depuis 1988, cela ferait environ 640 déplacements. Respect et merci à tout le monde !

19h, la petite visite est terminée, je reprends ma voiture et me dirige vers le parking visiteurs. En général, dans les stades que je ne connais pas, trouver le parcage visiteurs est un cauchemar, surtout avec des stadiers qui ne connaissent rien. Mais cette fois-ci, tout s’est bien passé : pas d’embouteillages, de bonnes indications et des stadiers qui connaissent leur boulot et leur stade. Un vrai plaisir. Il n’est même pas 19h15 quand je me gare sous le kop. Une bonne odeur de nourriture m’enivre, elle émane des camions de bouffe garés dans les rues adjacentes. Mais je m’interdis d’aller goûter à ces burgers au camembert et ces sandwichs aux andouillettes, pour me préserver pour la buvette du parcage à la mi-temps.

Sur place, je retrouve Maxime et sa copine, les fameux supporters de l’ACA venus de Niort. Jusqu’à maintenant, l’accueil avait été parfait… Et bien il a continué à l’être. Les stadiers du parcage ont été très accueillants, souriants et sympathiques. Même au moment de la fouille : ils n’ont même pas cherché à savoir ce qu’il y avait dans mon sac. Ils m’ont fait entrer tranquillement, sur le principe de la confiance. Pas de zèle, de la gentillesse et de la confiance : un trio de qualités qui fait plaisir.

Le stade Michel d’Ornano est magnifique, l’un des plus beaux de Ligue 2, incontestablement. Le parcage visiteurs est bien situé, proche de la pelouse et le bâchage n’y est pas trop compliqué : les barres de fer du grillage sont assez espacées pour y placer les pieds et un excellent niveau d’escalade n’y est pas requis. Avant le coup d’envoi, direction les chiottes.

La première impression dans les chiottes du parcage visiteurs du stade d’Ornano ? L’odeur nauséabonde, surtout que deux stadiers viennent de sortir des toilettes pour chier un coup. Le sol est sale, on voit qu’il n’a pas été lessivé depuis plusieurs semaines. Mais bizarrement, les pissotières et les toilettes sont propres. Attention, il s’agit de toilettes turques, ce qui n’est pas très courant dans les parcages. C’est un malus. Autre malus : pas de plafond bas mais un haut plafond qui laisse apparaître des trucs pas très beaux et qui laisse se diffuser la chaleur. Niveau confort, il y a du PQ, du savon et de l’eau. Mais pas de chiffon pour s’essuyer les mains (ou alors je n’ai pas su utiliser la machine). L’ensemble est plus que potable, mais dans une enceinte si récente et peaufinée il n’y a pas si longtemps, on pourrait s’attendre à mieux. Note : 3/5.

Le coup d’envoi approche. Et c’est Benjamin Nivet, ancien Caennais, qui vient donner le coup d’envoi fictif. À la 14e minute, les spectateurs lancent une minute d’applaudissement en mémoire d’Emiliano Sala, ex joueur du club, décédé il y a un an. Dans la foulée, les Malherbe Normandy Kop chantent à la gloire de l’attaquant argentin. Sur le terrain, ce n’est pas le match de l’année : c’est brouillon, nerveux, la défense caennaise relance n’importe comment et les occasions se font très rares. Mais à la 35e minute, Benjamin Jeannot vient relancer le tout en se faisant expulser pour avoir chambré l’arbitre. Juste après, Cédric Avinel sauve l’ACA en détournant un ballon de but sur sa ligne d’une aile de pigeon. Première fois de ma vie que je vois un sauvetage de la sorte. De quoi réchauffer les mains, les pieds et le cœur des 5 supporters acéistes présents en parcage visiteurs ce soir-là.

C’est la mi-temps. Buvette ? Buvette ! Les stadiers nous préviennent que la buvette du parcage ne sera pas ouverte, et qu’il faut nous escorter de l’autre côté du grillage, au comptoir au milieu de la foule caennaise. Après une petite dizaine de minutes d’attente, me voici servi.

Les + :

  • Il y avait un choix incroyable, à tous les niveaux, salé comme sucré, boissons froides comme boissons chaudes. Il y avait des chips, des confiseries (M&M’s et autres joyeusetés), des sandwichs froids, des sandwichs chauds (merguez et saucisses), des frites, du café, de la bière pression, de la bière sans alcool, du Fuze Tea, du Powerade, du Coca et bien d’autres choses. C’est la première fois que je vois autant de choix dans une buvette.
  • J’ai pris une barquette de frites et un sandwich merguez : c’était très copieux. J’ai même pas pu tout finir, et ça, c’est extrêmement rare. À noter que le sandwich était incroyablement garni avec trois merguez, du jamais-vu. Pas radins, les Caennais.
  • De la bière avec alcool (edit : on me dit qu’en fait, ce n’était pas de la bière alcoolisée) !
  • Les merguez avaient du goût, bien piquantes. Et les frites étaient bien cuites et bien salées.

Les – :

  • OK, il y avait de l’alcool (en fait non du coup) dans la bière mais c’est peut-être la bière la plus dégueulasse que j’ai bu de ma vie (j’exagère à peine). (Si elle n’était pas alcoolisée, ceci explique cela)
  • J’ai failli m’étouffer avec le pain du sandwich, trop bourratif.
  • Je ne sais pas ce qu’il y avait dans les merguez mais elles étaient anormalement écarlates. J’ai eu des brûlures d’estomac toute la soirée.
  • Aucune sauce disponible pour les sandwichs. C’était un peu sec.
  • L’attente.

Note sur le guide Michelin/Perfettu des buvettes de Ligue 2 : 3,25/5. On va commencer par le malus : ne pas avoir ouvert une petite buvette dans le parcage visiteurs. La qualité première de la buvette de d’Ornano ? Le choix astronomique qui est proposé aux spectateurs. Il y en a pour tous les goûts, vraiment. Pour 10 euros, j’ai pris un sandwich chaud bien garni, une bière et une barquette de frites. Mais à vouloir trop en faire, n’en perd-t-on pas de la qualité ? Plutôt que de proposer un panel de produits extraordinaire pas extra, ne serait-il pas mieux de se concentrer sur moins de produits mais plus de qualité et de détails ? (Je vais passer pour un relou, c’était très bon mais j’attendais mieux. En réglant juste quelques trucs et en proposant des produits meilleurs, cette buvette serait la meilleure de Ligue 2).

La deuxième période peut reprendre, toujours dans le froid. En parcage, nous sommes engourdis. Sur le terrain, les Acéistes sont plus dégourdis que les Caennais. C’est une véritable attaque-défense qui se met en place, sans réussite pour les visiteurs, qui butent sur le poteau, sur le gardien ou sur la défense. On s’est résigné à prendre le point du match nul, seulement. C’était sans compter sur la dernière action. Sur Mohamed Youssouf. Sur la chance. Sur le talent. À la dernière seconde, notre latéral droit, qui n’en est pas un, inscrit le but de la victoire. Et quelle victoire ! En parcage, c’est l’explosion de joie, la folie (là encore, j’exagère à peine). L’AC AJACCIO L’A EMPORTÉ !

C’est la septième victoire ajaccienne à l’extérieur de la saison, ce qui fait de l’ACA la meilleure équipe de Ligue 2 hors de ses bases, avec 23 points en 11 journées. Cet enfoiré de Bartolomeu Varela siffle la fin du match. Toute l’équipe vient fêter sa victoire vers nous, en chantant et en applaudissant. Comment ne pas être fier de cette équipe si solide, si solidaire et si attachante ? Mohamed Youssouf, Gaëtan Courtet et Qazim Laçi distribuent leur maillot dans le parcage. On peut repartir de Caen le sourire aux lèvres, le cœur palpitant, l’estomac retourné, des étoiles dans les yeux, mais surtout les mains gelées. Vous en saurez bientôt plus sur ce déplacement. Restez connectés.

Perfettu

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