Feyenoord-OM (3-2), La Canebière académie se complique la tâche

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L’OM n’emporquège pas ses chances.

Aïoli les sapiens,

Nous y voici, à ces grandes soirées européennes que nous affectionnons tant. Une phase de poules laborieuse voire navrante en Ligue Europa, quelques tours faisant office de mise en bouche contre Qarabag, Bâle et le PAOK, et nous y arrivons, à ce jeudi soir où les portes du Vélodrome s’ouvriront sur un brasier et deux heures de fureur et de slipomètre intégral, que l’on espèrera conclue en apothéose avec Canebière en furie et sauts à poil dans le Vieux-Port pour fêter le gain d’une finale que l’on espèrera pour une fois ne pas saloper, dans ce mélange d’espoir, de fébrilité et de phrases d’introduction interminables qui montre que oui, cette fois ça y est, c’est bien une vraie coupe d’Europe.


Les Longorious Basterds

Mandanda
Rongier (Lirola, 85e) – Saliba – Caleta-Car (Harit, 69e) – Luan Peres
Guendouzi – Kamara– Gerson
Bakambu (Gueye, 46e) – Payet– Dieng (Milik, 85e)

Pas de surprise dans la composition d’équipe. Réputé friable en contre-attaque, le Feyenoord se voit opposer nos attaquants de profondeur Bakambu et Dieng à la place du plus statique Milik.


Le match

Vous avez aimé Manchester City-Real, tout en admettant que leurs défenses, c’était un peu le cirque ? Réjouissez-vous : Feyenoord-OM, c’était ça au carré. Habitué en Ligue 1 à se triturer la nouille devant des blocs bas peureux et imbitables, l’OM se fait ici rentrer dans le lard dès l’entame de match. Les défenseurs sont harcelés et le milieu se fait démonter par l’impact incessant des adversaires, se jetant sur chaque ballon comme si leur vie en dépendait. Pour mémoire, il s’agit ici d’une demi-finale de coupe d’Europe, et en vue du match retour, il serait bon que nos joueurs aient ceci à l’esprit : si on veut gagner, il faut ça. Comme prévu par les analystes, l’intensité et l’allant offensif des Néerlandais se paient de jolis boulevards derrière, ce qui permet à Payet de profiter de son premier dixième de seconde de liberté pour envoyer Dieng Pol Lirola face au gardien, pour un premier échec. Deuxième chance pour Cheikh Pol Lirola au quart d’heure de jeu, dans la même situation : une nouvelle fois, notre attaquant se ferme des possibilités par un contrôle un peu long et, cette fois-ci, rate son face-à-face en tirant à côté.

Ces deux énormes occasions ne masquent pas le fait que les Néerlandais nous rendent le match irrespirable, notre habileté à jouer le hors-jeu limitant les dégâts pendant un moment. Il s’avère cependant que le stade De Kuip s’apparente ce soir au bureau de Patrick Poivre d’Arvor : après un quart d’heure de patience pour faire le gentleman, le Feyenoord entreprend d’aller au bout de ses intentions. Nos hors-jeu farouches sont culbutés à coups de faux appels et projections depuis l’arrière, et les Hollandais nous font reluire la tulipe sans le moindre relâchement. Au milieu de la multitude de longs ballons expédiés dans le dos de notre défense, un attaquant résiste à Caleta-Car pour remettre en retrait à Dessers, lancé plein pot à l’entrée de notre surface : celui-ci pénètre et résiste à Kamara pour glisser le ballon au fond des filets (1-0, 18e). Face à ces flottements défensifs plus qu’inquiétants, Sampaoli procède en séance à des ajustements, dont le résultat s’avère immédiat : on passe du flottement à la noyade pure et simple. Invité à jouer plus haut , Luan Peres sprinte ainsi vers l’avant pile au moment où un ballon est lancé en profondeur à gauche. S’avançant dans un quart de terrain aussi vide que l’avenir du parti socialiste, un Rotterdamois centre en retrait pour Sinisterra, dont la frappe pas terrible est replacée hors de portée de Mandanda par une déviation malencontreuse de Rongier Pol Lirola (2-0, 20e).


Si ce n’est pas la première fois que l’OM est mené 0-2 cette saison, tous les ingrédients semblent à ce moment-là réunis pour une grosse branlée des familles. Les attaquants sont maladroits, les milieux sont dépassés, et surtout les défenseurs sont en pleine dérive individuelle comme collective. Et pourtant, c’est alors que l’on s’attend à voir le robinet à buts continuer de couler, que l’OM revient une nouvelle fois de nulle part. Passé côté droit, Dieng est une nouvelle fois servi par Payet ; cette fois-ci, le fait d’être à la lutte avec un défenseur pousse Cheikh à ne pas trop tergiverser, et il conclut l’action d’une grosse sacoche au premier poteau (2-1, 28e).

A coups de relances dans les pieds de l’attaquant et de corners concédés par des retours au poil de slip, la défense olympienne continue de malmener à peu près tous les organes vitaux et non vitaux des supporters. Même Funky G. se trouve navré devant le manque abyssal de coolitude d’une telle soirée, et opte pour sa tenue « chaleur ». Virées les pattes d’eph’ et les colos pelle à tarte, on part ici sur un pantalon serré et un gilet cuir ouvert sur une toison abondante : enfin paré à aller au baston sur la piste, Gerson décale admirablement Payet, qui peut lancer Guendouzi sur la gauche. Mattéo adresse un centre puissant à ras-de-terre que le gardien ne peut que repousser devant lui. Gerson déboule et expédie une reprise tout sauf décontractée droit dans la cage : pour le cool on repassera, mais en tout cas ça soulage (2-2, 40e).

Un communiqué officiel de l’OM à la mi-temps de ce match


Inespéré, ce résultat est appelé à évoluer très rapidement eu égard d’une part aux errements défensifs de l’une et l’autre partie, et d’autre part à nos débuts de seconde période notoirement calamiteux. Caleta-Car Pol Lirola décide d’ailleurs d’épargner nos nerfs en transformant notre traditionnelle analité de reprise en simple formalité : dix secondes de jeu, passe en retrait directement à Dessers qui n’a plus qu’à crocheter Mandanda, au moins comme ça, c’est fait (3-2, 46e).

Cette péripétie ne nous a même pas laissé le temps de constater un changement tactique, consistant en un replacement de Kamara au milieu de la défense, tandis que Gueye remplaçait le fantôme de Bakambu pour densifier le milieu de terrain. La mesure apporte quelques satisfaction, d’abord en défense où Bouba permet enfin un certain colmatage. Surtout, le Feyenoord n’a pas non plus la même préparation physique qu’une équipe cyclisto-guardiolesque, et baisse de pied comme n’importe quels humains normaux le feraient. L’OM desserre l’emprise et retrouve une possession de balle un peu plus habituelle, ce qui n’empêche pas des moments de panique défensive absolue peu après l’heure de jeu. Caleta-Car est ainsi remplacé par Harit dans le cadre d’un protocole commotion (« Mais Doc, je n’ai pas reçu de coup à la tête, je vais très bien ! – Oui ben permets-nous d’en douter. »). Dieng est une nouvelle fois lancé dans la surface mais n’a pas le temps d’armer son tir qu’il est expédié dans les airs par un tacle objectivement magnifique. De l’autre côté, une perte de Guendouzi amène un tir à ras de terre sur lequel Mandanda est masqué, mais réussit tout de même un bel arrêt.

Pour varier les plaisirs, nous ratons également des occasions sur corner, avec une tête anale d’un Saliba pourtant bien placé (Gueye produisant à peu près la même dans le temps additionnel). Un amour d’ouverture de Gueye envoie son compatriote vers un nouveau face-à-face, mais son enchaînement contrôle tir parvient droit sur le gardien, qui détourne avec pas mal de chance au passage et un ricochet entre des jambes. Ce même gardien se montre bien plus souverain ensuite, au moment d’empêcher un enroulé sublime de Payet de nous procurer l’orgasme auquel nous étions en droit de prétendre. L’OM peut ainsi se mastiquer les gonades d’un tel manque de réalisme offensif comme défensif, mais peut néanmoins à sa table les joueurs du Feyenoord : à la 92e minute, l’un d’entre eux se voit offrir une occasion monumentale de 4-2 mais, servi seul avec le but grand ouvert, ne parvient qu’à tirer sur Mandanda.


Devant un tel scénario, le temps n’est pas à se lamenter ou à imaginer ce que le match aurait pu donner sans erreurs aussi énormes. Le 0-0 au retour est plus qu’improbable : le match s’apparente davantage à du handball voire (dieu m’en garde) à du basket-ball, où les trois-quarts de l’opposition ne servent qu’à ne pas emporquéger ses chances avant le money-time. Quoi qu’aient manqué les uns et les autres ce soir, il est probable que ce soit au retour, voire dans les toutes dernières minutes du match retour, que les joueurs soient appelés à réaliser LE geste décisif qui fera basculer ce qui n’est encore pour l’instant qu’un gros foutoir incertain.


Les joueurs

Mandanda (3+/5) : Alors que sa pathétique tentative de récupérer le tir dévié par Rongier nous a rappelé les pires heures de son attitude de morse, Steve nous a montré que, à l’image de l’équipe toute entière, il a changé : même dans la tourmente, on ne s’effondre pas et on fait le nécessaire pour revenir d’entre les morts.

Rongier (2+/5) : En tant que milieutéral et contredisant la blague de Pierre Desproges sur Heinrich Himmler, le Rongieur s’est trouvé à la fois au four et au moulin. Malchanceux et en souffrance, mais on ne peut s’empêcher de penser que sans son activité, ça aurait été encore pire.

Lirola (85e) : Le temps de se procurer deux actions dans la surface, l’une très moyennement négociée et l’autre traduite par un très bon centre. Par contre, et heureusement que les lecteurs me l’ont signalé, tous ces face-à-face manqués avec le gardien et la passe en retrait ratée pour Mandanda à la 46e, ça c’est vraiment plus possible, enculé.

Saliba (1/5) : Évite de se voir concéder un pénalty par un arbitre anglais, ce qui confirme qu’il n’est définitivement pas prêt pour Arsenal. Ses errements et relances foireuses montrent aussi, malheureusement, qu’il n’est pas encore prêt pour le niveau auquel son talent certain lui permettra de prétendre. Et pour finir, parce qu’il m’a vraiment agacé hier, contredisons une idée reçue encore émise hier par ces ânes de commentateurs :  non, William Saliba n’est pas bon de la tête, il est juste grand (à la différence de Valbuena qui était petit, mais bon de la tête, si si). Le jour où il sera bon dans le jeu aérien, il évitera de paner lamentablement l’intégralité de ses têtes offensives sur corner.

Caleta-Car (1-/5) : Lamentable au point d’en susciter davantage de peine que de colère. Ceci dit, heureusement que mes lecteurs attentifs m’ont signalé que ce n’était pas lui mais Pol Lirola qui avait réalisé cette passe en retrait abominable, j’aurais risqué d’être insultant sinon.

Harit (69e) : Une entrée intéressante qui coïncide avec une domination plus franche de notre part. Les analystes vidéo sauront nous dire si cela a réellement tenu à son activité ou à une baisse de régime néerlandaise (non, je déconne, les analyste vidéo vont encore se faire envoyer chier par les deux entraîneurs, comme cela a manifestement été le cas avant le match aller).

Luan Peres (1+/5) : Plusieurs heures après, je ne parviens toujours pas à déterminer qui de Sampaoli ou des ailiers hollandais lui ont fait passer la plus sale soirée.

Kamara (2+/5) : Comme de nombreux joueurs ce soir, on peut hésiter entre critiquer un match passé le slipomètre au taquet, avec force pertes de balle et duels perdus, ou louer l’absence de renoncement et l’abnégation nécessaire pour éviter la catastrophe.

Guendouzi (2/5) : Impressionnant comme, même à l’agonie, il s’arrache pour extraire les dernières gouttes d’énergie qui lui restent. On dirait la reine Elizabeth qui insiste pour exercer les devoirs de sa charge malgré ses 96 ans et ses couches Tena étanchéité max. Et encore, elle, elle sait qu’il y aura le prince Charles derrière, alors que Mattéo n’a même pas cette source de motivation à rester en vie le plus longtemps possible.

Gerson (3+/5) : Il est presque encore plus beau quand il est grognon.

Bakambu (1/5) : Mort cette semaine à 95 ans, l’ancien ministre Bernard Pons restera surtout dans les mémoires pour son rôle dans la demi-finale de Conférence Ligue 2021-2022 Feyenoord-OM, un rôle à peu près similaire à celui exercé par Cédric Bakambu.

Gueye (46e, 2+/5) : Une ouverture de l’espace malheureusement emporquégée par Dieng, seul éclair d’un match besogneux.

Payet (4/5) : Un match d’Hannibal Lecter : les Néerlandais ne lui ont laissé quasiment aucune liberté, mais ce « quasiment » s’est transformé en coups de scalpels et dévorages de rates au moindre cran desserré sur la muselière.

Dieng (2+/5) : Magnifique pour se procurer de nombreuses occasions MAIS d’une maladresse à se cogner la tête sur un réverbère en chantant du Nolwenn Leroy MAIS une unique réussite au moment crucial, quand l’OM menaçait de couler définitivement. Bref, encore un qui va pas être bon pour nos nerfs.

Milik (85e) : Sa titularisation aurait assurément été inadéquate ; en revanche, à partir du moment où l’OM a mis le pied sur le ballon en seconde période, il eût été judicieux de le voir pointer son nez affamé avant la 85e minute.


L’invité zoologique : Cyriel Decerf

Le cerf est un noble animal doté d’un incroyable instinct de survie. Régulièrement, alors que le naïf chasseur croit envisageable une mise à mort élégante et dans le respect des usages, il est finalement nécessaire de sauter les clôtures les couteau entre les dents pour aller poursuivre l’animal réfugié dans l’abri piscine de Jordan Ronpoint, 23 lotissement des Mirabelles, derrière le Bricomarché de Toul. Bref, le genre d’animal qui nécessite de se salir un peu si l’on souhaite un trophée.
Les autres : une intensité au niveau requis (eux), un jeu volontariste et parfois séduisant, et un balécouilles défensif de belle facture. Il y a fort à parier que leur entraîneur Arne Slot et Jorge Sampaoli se rouleront des pelles à la fin du match retour, du moins s’ils ne se sont pas battus avant.
Coming next : fait inhabituel, la réception de Lyon fait presque figure de moment de détente au milieu de cette double confrontation. Il sera certes indispensable de faire tourner l’effectif et d’éviter toute déperdition d’influx dans cette rencontre. Pour autant, cela reste un club de milieu de tableau que nos ambitions exigent de taper pour progresser encore vers la deuxième place, sachant que les points qui ne seront pas pris ici devront l’être devant Rennes et Strasbourg.
Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

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